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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 23 juin 2009

Le statut érotique du pied

En tant que philosophe, je me questionne sur tout, et je veux le moins possible m'imposer de limites sous un quelconque prétexte, que ce soit scandaleux, sexuel, érotique, vulgaire, banal, inusité, immoral, etc.

Je me questionne actuellement sur le statut érotique du pied. Le pied n'attire pas la sympathie de tout le monde : certaines personnes le trouvent repoussant, laid, sale et malodorant, d'autres l'adorent, le trouvent beau et aiment aussi parfois son odeur. Comment comprendre ces divergences? Par exemple, à propos du sein, je ne crois pas que personne ne trouve le sein répugnant; certains vont avoir des préférences pour un sein plus gros, d'autres, plus petit, et je ne parle pas de la forme des seins, qui est souvent unique à chaque femme, et qui suscitent donc des préférences et des goûts différents.

Nous savons que l'odeur des pieds est provoquée par l'acide isovalérique. Généralement, cette odeur est désagréable pour tout le monde. Cependant, j'ai remarqué que certains hommes et certaines femmes homosexuelles aimaient cette odeur sur le pied féminin, et que le fétichisme du pied est assez courant, même s'il se fait souvent en cachette ou de façon honteuse et détournée. J'ai fait un peu de recherche et j'ai trouvé sur une page du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) le résumé d'une étude sur l'odeur des pieds et le métabolisme microbien :

« Afin d'expliquer l'odeur de pieds, nous avons analysé ses composantes par tests sensoriels, nous avons isolé et les micro-organismes qui le produisent et avons évalué le mécanisme d'apparition de l'odeur de pieds. De ces travaux, il fut déterminé que l'odeur de pieds était dérivée de l'acide isovalérique qui est produite lorsque Staphylococcus epidermidis, une bactérie indigène de la microflore cutanée normale, dégrade la leucine présente dans la sueur. De plus, Bacillus subtilis fut détecté dans la peau plantaire des sujets ayant une forte odeur de pieds et il fut démontré que cette espèce était fortement associée à l'augmentation de l'odeur de pieds. »

C'est bien beau tout ça, on est peu plus informés, mais ça n'explique pas le lien entre le pied et l'excitation sexuelle. Pourquoi dois-je valider mon âge lorsque je visionne un vidéo de fétichisme du pied, puisque c'est classé dans le porno? En quoi le fait de caresser un pied est-il un acte sexuel? C'est ce que je n'arrive pas à comprendre. S'il est classé dans cette catégorie, c'est qu'il doit susciter plus souvent qu'autrement une excitation sexuelle, non? Le fétichisme des mains ou des oreilles n'est pas très courant, mais si nous avions des vidéos montrant ces actes de fétichisme, seraient-ils classés dans le porno? J'en doute, mais c'est possible.

Il semble donc que la caresse des parties du corps autres que le sexe soit, par elle-même, essentiellement sexuelle, ou qu'elle suscite de façon immédiate une excitation sexuelle.

Autres facteurs : nous n'avons parlé que de l'odeur, mais il y a aussi des facteurs esthétiques et une composante psychologique. La forme et la couleur du pied sont aussi importantes et exclusives que les préférences pour certaines formes, couleurs ou taille des seins. Parmi les couleurs nous avons: rosé, rouge, jaune, orange, blanc, couleurs ternes, contrastées, très contrastées. Parmi les formes : long, mince, épais, étroit, large, dynamique, plat, arqué, creusé, élancé, compact, déformé, court, sculpté, délicat, proportionné. Pourquoi la simple vision du pied selon ces critères exclusifs produit-elle une excitation ou une attraction, et dans le cas contraire une indifférence ou une répugnance?

De même, dans l'acte de caresser le pied, il y a un rapport vague de l'inférieur au supérieur, de la partie commandante à la partie subordonnée, et c'est la raison pourquoi cet acte prend quelques fois cette forme de façon plus accentuée, avec des ordres et un facteur d'humiliation. La caresse du pied, symétrique de la caresse du pénis, implique ce rapport. Pourquoi ce rapport chez les sujets de l'inférieur au supérieur produit-il une excitation interdite, parfois vague et indéfinie, mais la plupart du temps enivrante pour les deux parties? Une partie a soif de pouvoir et l'autre a soif de soumission, et elles s'alimentent l'une l'autre, l'une en commandant et l'autre en obéissant?

Ces questions sont aussi faciles à résoudre que la question de savoir pourquoi certains préfèrent les grosses fesses et d'autres les petites. Jusqu'où peut-on aller avec une étude sur les formes, que ce soit celle du visage, la taille, les proportions, la forme des membres, le rapport du tout aux parties? Aussi, jusqu'où peut-on aller avec une étude sur les formes et les rapports de pouvoir? Le philosophe peut-il résoudre ces questions, y apporter une réponse, une explication plausible? ou doit-il les laisser à la science? Je ne crois pas que le fait d'apporter une explication mécanique à ces phénomènes risquerait d'en faire diminuer le désir ou l'attrait, ou encore la répugnance. Cependant, je crois qu'une explication philosophique serait beaucoup plus intéressante.

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