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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 24 février 2023

Aujourd'hui, je déteste tout le monde

Aujourd'hui, j'ai pris congé de mon travail. Parce que j'en avais assez. Oui, j'en ai marre de tout.

J'ai envie de lancer ma serviette au monde. Car je suis au tapis.

Franchement, je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus non plus où j'en suis rendu.

La santé, ça ne va pas bien. Le moral, encore moins. Y a de la rage en moi qui couve, j'ai besoin d'écrire, d'extérioriser tout ça.

Y a pas à dire, je vis beaucoup de frustration au niveau de ma vie en général. Je n'arrive pas à trouver ma place, ni à être heureux nulle part.

J'en ai marre de la «game». Non, je ne joue pas à un jeu. Et je veux qu'on arrête de me forcer à y jouer.

Je ne suis ni menteur, ni manipulateur, ni cupide. Par conséquent, il m'est impossible de réussir dans ce monde-ci. J'ai toujours su qu'à cause de cela, je serais un perdant dans la vie dès le départ. L'honnêteté, le désintéressement, la bonté, c'est bien pour les cons comme moi.

Et je suis plus con que jamais. D'autres me verraient comme suicidaire. Effectivement, être «vrai» est un suicide. Un suicide personnel, académique, professionnel, amoureux, social, familial. C'est échouer à tous les niveaux. Autrement dit, j'ai fait de l'échec ma profession. J'y réussis très bien d'ailleurs.

Mais je n'en ai rien à foutre. Je sais qu'il n'y a pas de solution à mon moi-même. Que je suis pris dedans pour la vie. Et que je vais mourir un jour, et tout sera fini. Tout ce que j'aurai été sera effacé graduellement et irrémédiablement.

Je cherche quelque chose à quoi me raccrocher dans tout ça, et tout ce que je trouve, c'est les petits moments de bonheur absolu avec mon chien. Si seulement ça pouvait durer toujours! Mais ça aussi, ça va se terminer un jour, mon chien va vieillir, tomber malade et mourir comme tous les autres animaux. Et j'ai pitié de lui.

Le même sort m'attend. Et alors, moi et mon chien on sera où?

C'est ce que je me répète tous les soirs alors que mon chien est lové contre moi dans le lit. J'adore son odeur, sa chaleur, sa douceur, ses petites pattes poilues, ses petits ronflements de satisfaction, de détente heureuse, les yeux mi-clos.

Je me demande c'est quoi le bonheur, si ce n'est de tomber dans un état d'inconscience, d'assoupissement, d'endormissement?

Chaque fois que je me réveille, c'est de nouveau l'enfer. Mais si je demeure inconscient de mon «bonheur», comment pourrais-je être heureux?

Ainsi, les réels moments de bonheur sont très fugitifs, et paradoxaux.

Je suis «bien» quand je perds conscience... Ce n'est pas une situation normale. Pourtant, c'est ce que vivent des millions de gens. Et c'est banal.

On aimerait tous se reposer, arrêter de courir après sa queue, se détendre à fond, récupérer à fond, mais ce n'est malheureusement pas possible. On aimerait bien réaliser ses rêves, faire ce qu'on aime, et en vivre, mais c'est rarement possible, et les statistiques sont là pour en parler.

Les gens survivent, au lieu de vivre. La société, le monde entier, est malade. Par conséquent, si tu es bien portant, c'est que tu es plus malade que jamais. J'ai toujours pensé cela. Que ce qui était «normal», au fond, était grandement «anormal».

On peut se le dire: le système dans lequel on vit est profondément débile. Et on se fait tous embarquer là-dedans, on s'y fait tous charrier et drainer de nos bonnes énergies.

Le système nous vide, me vide. 

Il me vole, il me tue, il me ment, il me bloque, il me manipule.

Accepter de jouer à son jeu, c'est carrément faire un pacte avec le diable. Le prix à payer sera votre temps, votre santé, votre bonheur, vos rêves, votre vie.

Vous ne ferez rien de ce que vous vouliez faire au départ, car vous serez toujours en train de faire des compromis, qui vous emmènerons toujours plus loin de vous-mêmes, et de vos rêves.

La société n'est pas «bonne». Elle est remplie de gens qui ne cherchent qu'à se manger mutuellement la laine sur le dos.

L'aide qu'on peut y trouver est toujours «intéressée». Bref, on n'y fait rien pour rien. La «cause publique», tout le monde s'en fout. C'est du chacun pour soi. Et les plus «forts» l'emportent.

Vous trouvez ça beau? Vous trouvez que ça a de la valeur, qu'on mérite d'exister?

Moi je trouve pas. À quoi ça rime cette absurdité de notre existence? On le voit bien qu'y a rien qui fonctionne. Mais on change pas. Les gens tombent toujours dans la même illusion, et ça recommence à l'infini.

Tous se disent que ça ne leur arrivera pas à eux, que ce sera différent pour eux. C'est ça l'illusion solide. En réalité, c'est du concret, c'est dur comme fer. Allez voir les jeunes qu'est-ce qu'ils pensent. Ils pataugent dans la quatrième dimension et sont bien contents.

Personne n'est là pour sauver qui que ce soit du naufrage. C'est dans les films seulement. Tout le monde sait qu'on s'en va vers la catastrophe, parce que le modèle économique lui-même est une catastrophe, mais rien ne change, parce que nous n'avons pas d'autre alternative pour nos egos surdimensionnés!

Le problème vraiment à la base de tous nos problèmes, et ce n'est pas près de finir, c'est la corruption de l'âme humaine.

Y a beaucoup de monde qui chiale sur le patriarcat, les hommes hétéros et les Blancs, mais ça change quoi de mettre des femmes, des ethnies et des gays à leur place pour faire le même sale boulot? Ces gens ne pourront pas faire mieux, parce que c'est le système qui est pourri dans l'œuf. C'est la fonction qu'on demande à ces gens d'exercer qui est le problème. Les individus changent, mais ça ne change pas la fonction: une police reste une police, un boss reste un boss. Ces gens sont là pour contrôler ce système sans âme, et ce n'est pas leur couleur de peau, leur sexe ou leur orientation sexuelle qui y fera une différence. Que le fascisme soit friendly, ça ne change rien au fait que c'est encore du fascisme. C'est une façade qui ne change rien au fond de l'affaire. Tout comme les autres présidents des États-Unis, Obama a été lui aussi obligé de commander des meurtres à l'étranger. Non, ce n'est pas un saint parce qu'il est Noir.

Le régime capitaliste, c'est le régime capitaliste. On essaie de changer le mal de place en changeant les faces et les styles, mais on s'illusionne. Quand les hommes ressentent le besoin intérieur de se déguiser en femme ou de sauter la clôture pour se faire considérer, plus rien ne marche. La tendance à la confusion des genres est dans la même mouvance de haine envers tout ce que les hommes représentent. On dirait que les hommes cherchent à se cacher, qu'il ne savent plus, non plus, qui ils sont. Qu'ils ont perdu leur identité. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la mentalité «macho» est un produit des femmes, qui dans une certaine culture, n'acceptent pas que les hommes montrent leur sensibilité émotive. Ce refoulement de la sensibilité des hommes est typique dans un monde dur, mais pointée du doigt dans un monde douillet. Le problème est qu'on associe cette mentalité aux hommes comme si elle leur était inhérente, alors que c'est aussi faux que de penser que les femmes sont toujours sensibles, douces, maternelles et compatissantes. 

Certaines femmes s'en prennent aux hommes en essayant de leur enlever une certaine «fierté masculine», une certaine crédibilité, comme une certaine autorité, en se riant d'eux par des jeux sexuels, au fond, qui sont méchants et mesquins. Je ne dis pas que ces jeux sexuels sont néfastes en soi, loin de là, mais que c'est la plupart du temps la volonté secrète d'humiliation qui est derrière qui peut être destructrice. Le pénis n'est pas un instrument de domination et ne l'a jamais été, et on dirait que la seule chose qui pourrait aider certaines femmes à se sentir mieux dans leur peau, ce serait de défoncer le cul d'un homme au moyen d'un gigantesque strap-on... On voit bien que celles qui le font y prennent un malin plaisir, et pourtant, elles ne sentent rien de cette pénétration et simulent même une sorte de jouissance stupide... Le seul plaisir qu'elles ressentent, c'est celui de dominer un homme, mais inversement, lorsqu'un homme fait l'amour à une femme, il ne la «domine» pas, alors je ne vois pas de «réciprocité» là-dedans, mais seulement une détestation de l'homme qui provient de l'ego meurtri de ces femmes frustrées.

Malheureusement pour moi, j'ai gagné le gros lot à l'envers: je suis un homme, blanc, hétérosexuel, et de plus, maintenant vieux. Je suis donc presque un déchet, un vrai «corrompu» du système. Je suis passé de mode, on peut dire. Comme une vieille paire de souliers, une vieille chemise, un vieux complet râpé. Mais je dois quand même constamment surveiller mes arrières, et ce n'est pas drôle.

Je suis un objet de haine, de mépris, presque une merde.

Cependant, qu'on soit de n'importe quelle couleur, sexe ou orientation sexuelle, c'est le même fond mauvais qui nous habite.

L'homme ne change pas. C'est toujours le même salopard sous des apparences différentes. Les gens pensent que Google ou Facebook sont leurs amis. Mais vraiment, il faut être complètement siphonné pour penser ça.

Les compagnies sont là pour faire de l'argent sur votre dos. Qu'elles le fassent «avec un sourire» ou avec des allures de volonté humanitariste, ça ne change rien à l'affaire: ce sont des dictateurs en puissance. L'argent et le pouvoir sont la clé de leur existence. Ils ne sont pas là pour sauver le monde de quoi que ce soit. Tous leurs efforts d'espionnage sur les particuliers ne nous mènera pas un jour dans une sorte de paradis. Pourtant, la plupart des gens pensent que c'est une bonne chose, puisque Google et Facebook nous font du bien, et puis, après tout, qu'est-ce qu'on peut y faire? Aussi bien accepter tous les termes du contrat. Acceptons finalement la dictature souriante, et sourions à notre tour, puisque nous sommes filmés...

Les gens sont trop occupés par le travail pour avoir le temps ou la force de se rendre compte de ce qui se passe.

Ils arrivent le soir à la maison vidés de leur cerveau. Y a donc rien qui peut changer.

Et les têtes que l'on a dans les universités et qui font de belles recherches, hé bien, ils se parlent entre eux, ils se congratulent mutuellement, ils sont dans leur propre monde de ouate, ils se racontent des fables et y croient. Ils cartonnent avec des livres qui restent sur la table de lit, parce que personne n'a le temps de se mettre à leur langue de favorisés et de dissiper le brouillard de leurs parades théoriques.

Oui, plus ça va et plus je me dis que je n'ai pas manqué ma carrière d'universitaire. Pas du tout. Parce que finalement, c'est tout autant de la connerie que tout le reste. Passer à l'histoire? Ben voyons donc. Franchement, ça rime à quoi? D'avoir son nom sur un beau livre que personne ne lira? Ta face est partout, mais toi t'es rien. Tu n'es que pâture pour les médias. Tu le sais au fond de toi-même que ce que tu fais n'a aucune importance, ni pour la génération présente, ni pour la génération future.

Parce que tous, nous nous mentons à nous-mêmes.

Nous vivons dans un rêve de succès, une apparence de succès, et pour finir, dans l'apparence tout court.

Et si à la fin la vie sur terre était un échec? Et si nous étions là absolument pour rien, sans aucune raison de souffrir, de mourir? Et si toutes nos religions n'étaient que foutaises, inventions d'hommes? Quelle sorte de justification trouveriez-vous à votre éphémère et douloureuse existence?

C'est face à ce problème que je suis.

Je n'affirme pas que nous soyons sans but, ni qu'il n'y ait quelque vérité dans les religions. Au contraire, je m'en remet souvent à une force supérieure, et j'essaie de rallumer une certaine espérance en moi, mais ça ne dure jamais longtemps. En fait, ça dure le temps que je m'endors au coucher.

Avec ma conscience normale, je n'arrive pas à voir la vérité. Et c'est ce qui me fait peur.

J'ai la certitude que j'ai un corps et un esprit, et ces deux entités sont très mécaniques.

Si nous sommes des machines, je ne vois quand même pas le but de notre existence...

Nous colonisons l'espace? C'est parfait, mais pourquoi donc? À quoi sert notre présence dans cette univers qui n'en a rien à foutre de nous? Pire encore: qui n'a même pas conscience de notre existence! Nous sommes un néant pour l'univers, et tout l'univers devient un néant pour nous quand nous mourons...

Bonne chance si vous vous couchez ce soir sans faire de l'angoisse!

Les plantes, les chiens, les corbeaux existent pourtant sans faire d'angoisse, mais qu'en savez-vous vraiment au fond? Peut-être appréhendent-ils eux aussi la vieillesse, la souffrance, l'isolement, la mort?

Bref, je suis en train de faire tout un travail de réaménagement de ma pensée. Et ce travail passe, on dirait, par beaucoup de souffrances dont, vraiment, j'aurais aimé pouvoir me passer.

Mais telle n'est pas la volonté, semble-t-il, de mon Dieu, cet esprit tout-puissant qui est aussi le papa des extra-terrestres.

Et j'ai encore beaucoup de chemin à faire sur la voie qui mène au vrai.

Mais encore là, toutes ces idées que je me fais sur ce «long» cheminement sont illusoires, car vu mon état de santé, je pourrais disparaître n'importe quand. On se conte de belles histoires, mais chaque vie a un début, un milieu et une fin. Et chaque étape est verrouillée: on ne peut pas revenir en arrière. On ne reste pas non plus le même après chaque étape, et il arrive que l'étape finale se présente soudainement: ce qui vient chambouler tout le récit qu'on s'était fait d'avance sur notre propre vie.

Je réalise aujourd'hui que je ne parviendrai peut-être jamais à ce que j'ai toujours voulu et cherché.

Et on dirait que, par moment, à cause de cela, toutes les valeurs volent en éclat. Tout perd son sens.

Je me retrouve avec mon chien, à le caresser, et lui et moi, nous sommes comme seuls au monde.