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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 23 juin 2009

Souvenirs

Je me souviens qu'assez jeune, disons vers 9-10 ans, j'avais déjà des fantasmes sados masochistes. J'avais un fantasme en particulier, que j'aimais beaucoup à me rappeler et qui m'excitait énormément : je m'imaginais dans la maison hantée au parc Belmont (parc d'attractions à Montréal, précurseur de La Ronde), j'étais attaché à un genre de croix, nu, et vis-à-vis moi se trouvait une fille nue, attachée elle aussi à une croix. Les croix se rapprochaient par une sorte de mécanisme produisant un bruit de cliquetis, nos corps se retrouvaient collés l'un sur l'autre, et nous étions forcés de nous embrasser. À chaque fois que j'allais dans la maison hantée, j'avais ce fantasme en tête avant d'entrer. Ce fantasme m'a suivi par après tout au long de mon adolescence.

Lorsque je me suis mis à fouiller dans mes souvenirs pour essayer de trouver le moment où j'ai commencé à avoir du désir pour les femmes, je me suis rappelé quelque chose d'étrange. Vers 3-4 ans j'ai fantasmé sur une amie de ma mère. Je m'imaginais avec cette femme, sur la banquette arrière de la voiture de mes parents. J'étais couché sur elle avec mon petit corps et je la minouchais. C'était de petites caresses, des becs naïfs, mais c'était un début de pelotage. C'était tout de même très affectueux et ça ressemblait à de l'amour. Lorsque j'ai pris conscience de ce souvenir, car je l'avais souvent à l'esprit mais de façon distraite, j'ai compris que la femme de trente ans était LA chose de ma vie, et ce, depuis un bon petit bout de temps.

À la petite école, je me souviens d'avoir été très différent des autres. C'était en 3e année, une journée d'automne magnifique. J'étais dans la cour de l'école, c'était la récréation avant le repas de midi. Il faisait tellement beau, le ciel était doré, il y avait une magie inexplicable dans l'air. Je jouais au ballon-chasseur, tout en réfléchissant au moyen d'échapper à la vigilance des gardiens. Il y avait beaucoup de jeunes et beaucoup de mouvement, je me tenais près du champ à l'arrière de l'école Saint-Paul à Laval, prêt à me pousser. Dès que j'ai vu qu'on ne me regardait pas, je me suis caché dans les hautes herbes et puis je me suis dirigé tout droit vers la sortie étroite à l'arrière du champ, qui d'ailleurs, existe toujours aujourd'hui. J'ai descendu les rues, ça sentait l'herbe fraîchement tondue, et je me suis dirigé vers le parc du Tremblay, pour me balancer. C'était tout ce que je voulais faire : me balancer et rêver, par cette belle journée d'automne. Ce fut une des plus belles journées de ma vie : je me sentais si libre dans ce parc, seul, j'avais l'impression que le monde m'appartenait. Je me suis balancé pendant environ une demie-heure, la magie s'estompait graduellement et puis j'ai commencé à marcher en direction de la maison. Lorsque je suis arrivé, ma mère m'a demandé ce que je faisais là, et je lui ai répondu du tac au tac que j'avais mal à la tête et qu'on m'a renvoyé à la maison. Elle savait évidemment que c'était un mensonge. J'ai commencé à écouter les dessins animés à la télévision comme si de rien n'était. Je n'ai pas été grondé. C'est la première fois où j'ai menti consciemment, et ce fut mes premiers débuts à la pratique de l'école buissonnière.

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