Il y a un parallèle à faire entre la musculation et la croissance économique. L'an passé je levais 75lbs d'un bras. Avec l'entraînement, je suis monté à 85, 100, puis finalement 120lbs; j'étais assez fier, car c'est bien au-dessus de la capacité moyenne habituelle. Les poids individuels arrêtent à 120lbs où je m'entraîne, je me dis donc que je devrai changer de gym pour «progresser», que ma musculature ne pourra plus se développer davantage si je reste là, car souvent aussi je «top» les machines. Avec un peu de recul, et en regardant les autres gars pour lesquels «the sky's the limit» et qui pourtant semblent au maximum de leur potentiel, j'ai compris qu'il y a une limite à la croissance, qu'elle soit physique ou économique. Mes bras ne peuvent pas indéfiniment grossir et je ne peux pas infiniment devenir plus fort. Il y aura un moment où j'aurai atteint une limite, et si je vais au-delà je risque davantage de me blesser que de devenir plus fort ou plus gros. Je n'arrêtais pas de me blesser depuis quelques mois, car je poussais mon corps au-delà de ses capacités, alors que j'avais atteint un plateau, ma limite naturelle (si je veux aller plus loin ça prend des stéroïdes ou alors je m'entraîne 8 heures par jour comme certains hommes forts, mais ça n'a aucun sens pour moi). J'ai alors conclu que mon état physique était excellent, que je n'avais pas à devenir aussi gros qu'un culturiste, et qu'il s'agissait maintenant de conserver la forme et ma musculature. J'ai atteint une sorte d'équilibre, de plateau.
Si l'économie s'effondre, c'est peut-être parce que nous croyons que la croissance est infinie, alors qu'en réalité il y a des limites. Nous voulons toujours plus de croissance utopique, mais nous n'avons jamais cherché l'équilibre. Pouvons-nous nous satisfaire de l'équilibre? ou est-ce trop demander aux forces irrationnelles qui animent l'économie capitaliste?
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