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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 24 juin 2009

Sur le plèbe catholique

Artaud disait que le Pape méritait de se faire pendre par les couilles. C'est un point de vue.

Je me suis déjà exprimé à maintes reprises sur la question de la croyance, des religions, des sectes, peu importe, le problème est le même : la croyance absolue, la confiance aveugle. Certaines personnes, un beau paquet en fait, trouvent louable de croire en une Force supérieure qui leur fournirait, outre les autres biens divins ou simplement terrestres, une morale toute prête (prête-à-penser) et faite sur mesure pour ces petites âmes pécheresses.

Ce qu'il faut comprendre c'est que les valeurs n'appartiennent pas à un ordre immuable, mais l'esprit de sérieux ne voit pas les choses de cette façon. Pour lui, il y a un ordre moral immuable à faire respecter, et il n'y a aucune place pour le doute. Voilà une partie importante du problème : ne laisser aucune place au doute... Comment peut-on être si certain de posséder la vérité? C'est précisément là que la faille est franchie un peu trop rapidement. Puisqu'il n'y a rien d'autre en vue et qu'on aime bien se faire croire et que ça nous prend un but digne d'éloges, alors on saute. Ainsi, on a l'impression d'avancer... En réalité, c'est notre égo qui a soif de récompenses et d'approbation de la part des bien-pensants et autres opportunistes.

Le problème de ces croyants, c'est qu'ils veulent «se donner», peu importe à qui ou à quoi, alors aussi bien choisir ce qu'il y a de plus respectable aux yeux de millions de personnes (s'ils étaient nés dans un pays musulman, ils seraient musulmans). C'est une des raisons profondes de la croyance pure et dure. Franchir d'un saut les problèmes permet de canaliser ses forces, d'agir, d'avancer, de se «donner». Se «donner» permet aussi de se donner un «but» dans la vie, de donner un «sens» à son existence troublée et à la merci du nihilisme moderne. Effectivement, l'ombre du Néant est là sur le coin et guette, ça fait peur le non-sens. On se dit : «Mais cette existence ne peut pas ne pas avoir de sens; elle doit donc en avoir un, et tiens voilà une Bible, c'est celui-là, c'est réglé.»

Et si l'existence n'avait pas de «sens»? Est-ce une option que l'on peut envisager chers croyants? Bien entendu, vous ne ressentez pas la libération qu'apporte une telle éventualité; vous avez besoin de chaînes, vous avez besoin d'agir. Dites-moi, la fleur a-t-elle un sens, un but, un pourquoi? - Elle rayonne, elle «est» tout simplement, elle n'a pas besoin de «pourquoi» contrairement à la plèbe très portée sur l'utilité pratique, à défaut de pouvoir s'élever. S'il y avait plus de beauté dans le monde, il y aurait moins de violence. Mais que faire lorsque cette beauté qui ne se laisse pas emprisonner dans le sens n'est plus perçue? Et si elle l'est, faut-il la condamner pour autant?

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