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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 30 août 2023

Je ne sais pas pourquoi je dis que «mon orientation sexuelle s'est stabilisée»... Je n'ai jamais été gay, point final. Je n'ai jamais consciemment désiré un homme ou été en amour avec un homme ou même avoir voulu devenir une femme. Un gay qui a une aventure avec une femme, reste gay. Pourquoi un straight qui aurait une aventure avec un homme ne resterait-il pas straight? C'est bien connu qu'il arrive souvent qu'une prostituée soit lesbienne. Son orientation sexuelle ne change pas parce qu'elle doit coucher avec des hommes.

Je me suis donc trompé moi-même en croyant un temps, et en étant fier de le penser, que j'étais peut-être gay ou bisexuel. 

Chacun habite sa propre secte.

J'ai ce matin exercé le «rappel à moi-même», et ça a marché. Sinon, je tombais dans l'angoisse totale.

en cours...

dimanche 27 août 2023

Depuis 2006

Énormément de choses ont changé dans ma vie depuis 2006. Je ne suis plus le même homme, bien que je sois confronté souvent aux mêmes problèmes, comme la pauvreté, par exemple, mais c'est une donnée courante chez les écrivains, il faut en faire son lot. J'ai vieilli. J'ai pris un peu de maturité. Mon propos est devenu plus rassis, moins flamboyant ou polémique, davantage tourné vers la fin des fins: la mort. Et c'est bien normal, puisque je m'en rapproche à chaque jour, que des gens proches meurent autour de moi, que j'ai été malade, et le suis encore. Chaque jour je sens mon cœur prêt à lâcher, ou un caillot, ou un début d'hémorragie cérébrale. On se dit aussi que tout cela ne peut pas durer pour toujours. Néanmoins, loin de moi l'idée de vouloir mourir, j'ai toujours voulu vivre pour toujours, et cela continuera ainsi jusqu'à mon dernier souffle, si dernier souffle il y a. Je tiens à vivre pour l'éternité, je n'ai aucun désir de mourir, malgré la vie de merde que je vis depuis trop longtemps. Oui, je souffre beaucoup par moments. Je souffre souvent physiquement, mentalement, mais je m'accroche du mieux que je peux. Parfois je pars à la dérive, parfois je prends trop de médicaments. Parfois je me saoul et je fume un peu d'herbe, mais mon corps ne me le permet pas souvent, et j'en suis justement puni lorsque ça arrive. Mon corps ne tolère plus les abus, il ne tolère même pas les doses raisonnables.

Quelques choses importantes ont changé depuis ma vingtaine. Mon orientation sexuelle s'est stabilisée, ainsi que mes goûts en matière d'esthétique féminine: j'ai un archétype mental de la femme parfaite, quoique son visage puisse varier, c'est la femme élancée à peau blanche. Je ne consomme plus de drogues dures. Je ne bois pratiquement plus d'alcool, alors que j'ai déjà été disons «alcoolique», mais un consommateur toujours sous contrôle, qui avait certaines règles de consommation. Et c'était la même chose pour les drogues dures: j'avais certaines règles de consommation, qui m'ont sauvé la vie d'ailleurs et m'ont aidé à me conserver dans cette enfer. Je me devais de me conserver, car je me devais aussi d'en parler. Oui, j'allais aussi dans ce bas-monde en tant que reporter. C'était mon idée à l'époque, et que j'en ressortirais indemne, ce qui fut loin d'être le cas. Tout ce qu'on vit nous transforme, et ensuite, il n'y a plus moyen de reprendre son ancien «moi». Je me suis rendu compte de cela en retournant à la montagne du parc près d'où je vivais à Ville-Émard début vingtaine, le parc Ignace-Bourget, en ligne droite avec le métro et le 1909 rue Jolicoeur. J'avais fais des vœux importants sur cette montagne, assis au sommet. Quand je suis retourné m'asseoir au même endroit environ vingt ans plus tard, tout avait changé alentour, même la montagne n'était plus pareille, et j'avais perdu cette vision du futur que j'avais eu à l'époque. En fait, ça ne me faisait rien d'être assis là, encore vivant. Je réalisais tout d'un coup qu'on ne peut pas se projeter dans le futur et une fois rendu là-bas, revenir dans son ancien moi et trouver une certaine satisfaction. Cependant, je crois qu'en répétant l'expérience, un certain lien avec le passé pourrait me revenir, je pourrais peut-être trouver un certain chemin vers mon ancien moi, et vivre pleinement alors comme une sorte d'«accomplissement». Normalement, à ce moment, je devrais me sentir prêt à passer à une prochaine étape, sauf qu'aujourd'hui je resterais perplexe: je n'ai plus d'idée quoi faire... Je me sens comme au bout d'un certain rouleau. On dirait que j'ai vu le pire, et que suis incapable maintenant de voir le meilleur. Ma belle vie avec de l'argent et sans soucis, où est-elle? L'immortalité, où est-elle? Ces choses sont toujours hors de portée, alors que je croyais pouvoir les connaître de mon vivant, je n'y crois plus aujourd'hui.

Mes croyances ont aussi beaucoup changé. Toutes mes anciennes idées élitistes qui provenait de la secte de mon père ont foutu le camp. Et cela s'est fait très tôt dans ma vingtaine. Le déclic s'est fait lorsque j'ai failli laisser ma peau aux mains d'un fraudeur. Mon cerveau était mou, je semblais croire tout ce qu'on me disait, même si ça sonnait faux intérieurement, je ne sais pas pourquoi, j'étais comme hypnotisé. Quand j'ai réussi à échapper à ce malade, qui m'avait d'ailleurs fait part qu'il avait déjà fait des victimes dans la secte de mon père, j'ai décidé de scruter le gourou et son message en me disant qu'on ne me mentirait plus jamais comme ça. J'ai aussi décidé de scanner tous les possibles fraudeurs spirituels qui m'influençaient depuis trop longtemps déjà, même les philosophes que j'admirais ont subi une certaine relativisation. J'ai fait des choix difficiles, mais je me suis dit qu'en cas de doute, vaut mieux n'admirer rien que d'admirer un fumier sans le savoir.

Ma conception de la mort a aussi totalement changé, et elle va sûrement changer encore. À l'époque, je n'avais pas peur de mourir, même qu'on peut dire que je recherchais la mort, mais sans conviction. Je voulais vaguement mourir, parce que je refusais ce monde ennuyant. La mort était une forme de continuité pour moi, puisque je croyais que j'allais alors apparaître ailleurs, et que la vie continuerait. Ce n'est plus ma conception d'aujourd'hui. Aujourd'hui je me dis qu'il n'y a aucune preuve solide qui permet de penser cela. L'herbe m'a permis de percevoir l'unicité terrifiante et irréversible de la vie. Même si c'est une vision sous influence, c'est une vision possible. Il n'y a pas de sauvegarde de l'être humain, du moins, il n'y a rien qui le prouve, au contraire. Absolument tout semble voué à la disparition. L'esprit de l'homme est normalement bloqué à cette vision, ou on peut tout simplement dire qu'il est bloqué à la vision réelle de la réalité. L'homme est construit sur un schéma bloqué au départ. Il ne voit pas la réalité telle qu'elle est. Pleins d'illusions rassurantes dominent son esprit. Mais ce ne sont que des rêves. Rien ne peut nous sauver, hormis nous-mêmes, au moyen de la science. Oui, je crois à la science. À la limite, la religion n'est peut-être qu'une grande consolation. Mais il y a moyen d'atteindre ce que la religion promet au moyen de la science, cessons donc d'espérer et agissons afin que le paradis arrive un jour sur terre. On le voit, la terre est déjà un paradis par sa beauté, sa magnificence, c'est nous qui sommes l'intrus dans tout cela, qui n'y voyons pas ce qu'on devrait y voir.

Bref, beaucoup de choses ont changé dans ma vie, comme il se doit à un gars aventureux. Je n'ai toujours pas non plus encore en main de sens unitaire à ma vie. Je n'ai que de multiples sens possibles. Tout ce que je croyais auparavant a subi une forte critique et donc une forte relativisation. Cependant, quelques idées curieuses restent de tout cela, comme des phares dans la nuit totale: je suis pour la liberté, le savoir, la beauté, la bonté, la joie, la paix et la vie éternelle.

Je me promets de revenir autant qu'il le faudra sur les lieux où j'ai vécu, afin de faire le point avec le passé.

Ce que j'écris

Ce que j'écris ne correspond pas à la réalité. C'est avant tout, et ça a toujours été, une œuvre à vocation artistique. C'est-à-dire que je stylise, que j'exagère, bref, je fais comme si j'écrivais une sorte de roman, et il faut lire ce que j'écris absolument comme tel. Je ne pense pas non plus nécessairement ce que j'écris, c'est souvent une sorte de tentative, une expérimentation. Je vois l'écriture, mon écriture, mes écrits,  comme une série d'expériences. Quand j'écris, j'éprouve une énorme satisfaction, un réel plaisir, même si le contenu est entièrement négatif. Il serait donc faux de croire que si j'exprime ma tristesse je suis triste, ce n'est pas le cas. Au contraire, toute émotion extériorisée perd de sa vigueur, et l'acte de création comme tel, si le contenu est travaillé dans un sens artistique, apporte une certaine satisfaction, un sentiment d'accomplissement.

Bien que tout ce qui s'extériorise ne soit pas nécessairement conservé, tout ce qui reste intérieur est mort pour la conscience universelle.

À propos de mon blog

Depuis plusieurs mois, j'ai dans l'idée de gérer ce blog et de l'améliorer, mais je suis pratiquement incapable de faire ça, car c'est un monstre. Pour le dire simplement, je manque aussi de temps, et de volonté. Comme tous, j'aime la nouveauté, j'aime donc par-dessus tout créer, amener du nouveau, relire et corriger mes textes nouveaux, mais les anciens ne m'intéressent plus tellement, bien que je veuille les conserver et qu'ils soient lus. Bien évidemment, j'ai à cœur le lecteur, je veux donc qu'il lise mes textes au meilleur de leur état. Cependant, ce n'est pas possible dans l'immédiat, peut-être même pas dans un avenir proche. Je sais qu'il y a des textes pas terminés, d'autres qui doivent impérativement être améliorés, d'autres qui n'ont besoin que de quelques corrections mineures, et d'autres encore qui ont besoin d'être supprimés illico. Aussi drôle que cela puisse paraître, il y a aussi des textes qui n'ont pas encore été écrits et dont ne figure que le titre, cela traîne depuis des années.

vendredi 25 août 2023

Vivre et mourir animal

Il y a des jours où je me sens seul. Vraiment seul. Crissement seul. Ou des jours où je me rappelle que je suis seul, irrémédiablement seul, enfermé en moi-même, comme dans une ostie de coquille. Ça me revient comme dans la gorge, que je n'ai pas un allié au monde. Je réalise alors, à nouveau, pour la ixième fois, que ça ne change pas, que ça ne changera pas, que ça ne pourra pas changer, que ça n'a aucun espoir de changer, parce que je suis enfermé en moi-même, comme dans une ostie de coquille, et que je ne pourrai jamais en sortir, je ne pourrai jamais sortir de mon corps et dire: «Hé! Je suis là! Tu me vois tel que je suis. Un bon gars, qui pense à un million d'affaires. Qui aimerait aider, mais qui a des bâtons dans les roues. Mais qu'est-ce qu'aider veut dire pour vous? On n'a pas la même notion? Ah! et puis, qui s'en fout pas mal aussi de l'autorité à la fin! Il aimerait bien faire ce qu'il veut, mais il vous aime bien quand même, les comiques!» Non, ça n'arrivera pas. Je traverse toutes les valeurs, pour certains, je pourrais atteindre une valeur infinie, pour d'autres, couci-couça, mais pour la plupart, je suis un zéro, je suis moins que rien.

C'est vrai que je me fous de pas mal de gens. Mais ils le méritent bien. Et écoute, ça vient vraiment du cœur. Oui, du plus profond. Je fais ce que je veux de mon corps, je fais ce que je veux de ma tête. J'exerce une dictature absolue sur moi-même, personne n'est en droit de me dire quoi faire de mon corps, de ma tête, ce que je devrais penser, ce que je devrais mettre ou ne pas mettre dans mon corps. Personne n'est en droit de me dire non plus quoi faire de mon temps, quoi ressentir, quoi aimer, quoi haïr. Le social ne vaut plus grand-chose. Mais on dit ça. Mais peut-être qu'il n'a jamais vraiment valu grand-chose non plus. Les gens ordinaires, c'est les gens ordinaires, c'est la petite monnaie de la vie. Je veux dire, il y a des êtres d'exception, qui ne fitte pas dans le social, qui ne fitte pas dans tout ce que le monde pense, sent, ressent, aime, hait. Je ne suis pas du monde.

Je croyais avant que j'étais à part parce que j'avais des croyances à part, mais non: j'étais déjà à part avant d'être à part. J'étais doublement à part des autres. Personne n'a vraiment réussi à me comprendre là-dessus. J'ai fait des choses estimées «criminelles», mais que je ne croyais pas criminelles, comme vendre de la dope, comment vous le verriez, vous? J'ai toujours cru que les gens avaient le droit de mettre ce qu'ils voulaient dans leur corps. Même s'ils voulaient mourir. Que cela leur appartenait absolument. Comme avec qui ils couchent aussi. Ce qu'ils font de tout cela ne nous regarde pas. C'est antisocial, j'en conviens. Vraiment? Mais la société a fortement besoin de s'alimenter de l'antisocial, car c'est son fond, c'est sa source d'inspiration, son antimatière, c'est la vie. La vie sur les bords escarpés. Il ose. Il doute. Il expérimente. Il remet en question. Il garde éveillé, nous garde en alerte. Il n'est pas dangereux, ce n'est pas son but, mais il prend des risques pour être, pour vivre, pour faire les choses différemment, selon ce qu'il croit être juste. Il est prêt à mourir pour sa conviction de faire ce qu'il croit être la bonne chose à faire. Il le sait. Il essaie. La bonne chose à faire est de se sentir libre. Le vrai danger, c'est de se sentir trop libre. Le vrai danger, c'est de se sentir trop animal. 

De vivre et de mourir animal.