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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 24 juin 2009

Yo, fucking piece of shit!

J'arrive chez Urban machin au centre-ville, je cherche un t-shirt Lucky. On me dit que c'est au deuxième, alors je monte et tombe sur deux tapettes fashion qui me regardent de haut : je comprends immédiatement que ce sont les «vendeurs». Je cherche un peu par moi-même, puis décide de demander à un des gars qui ne force pas trop fort pour venir m'aider, plus occupé à jaser qu'à travailler. Je lui demande en français : «Je cherche les t-shirts Lucky, est-ce que vous en avez?» Le gars me regarde avec un air comme si je venais d'une autre planète et me répond : «What? Sorry, I didn't understand your question, could you repeat please?»

Là, je commence à rager en tabarnak parce que je sais qu'il fait exprès le p'tit crisse, mais je décide quand même d'être sympathique et de faire preuve de civilité envers ce pauvre con d'anglophone (un autre) qui visiblement n'a pas appris un sacré mot de français depuis qu'il est ici, pourtant exposé à la langue quotidiennement. Je lui réponds dans sa langue : «I'm looking for Lucky t-shirts. You know the brand, Lucky?» Le gars ne pige pas. Il ne comprend rien de ce que je lui dis. Alors je lui répète en français, en pensant qu'il va peut-être mieux comprendre, et à ce moment je vois dans son regard le mépris : il me méprise depuis le début parce que je suis un Québécois francophone...

L'expérience n'est pas nouvelle pour moi, surtout dans ce coin-là, et ça m'attriste profondément, car moi je ne méprise personne, pas même ceux qui ne font pas un tout petit effort pour apprendre le français. Cependant, mon attitude a changé après que je me suis rendu compte que les jeunes Italiens dans mes cours de jeu d'échecs au primaire me méprisaient secrètement : ils répétaient les propos de leurs parents qui leurs disaient quoi penser des Québécois : que ce sont des losers, et qu'on ne doit pas se lier d'amitié avec eux. Un des élèves se faisait ainsi mépriser par les autres parce qu'il frayait avec un jeune Québécois. Ça m'a dégoûté complètement de ces jeunes, je n'ai pas su comment réagir car j'avais déjà de la difficulté avec le groupe, par conséquent, je ne suis plus jamais revenu enseigner à cette école et ces enfants sont restés avec leurs préjugés.

Pour revenir à notre con de service, je lui répète le nom de la marque à plusieurs reprises :

-Lucky

-What?

-Lucky

-What?

Il finit par comprendre en suivant le mouvement de mes lèvres, il allume : «Ah, Laaaaky!» Il me tape tellement sur les nerfs que ça sort tout seul, assez fort : «Yo! Fucking piece of shit!» Là c'est la panique, le gars allume en tabarnak, no, we don't have this brand, sorry, alors que la sécurité monte les escaliers. De toute façon, je suis tellement bleu marin que je vais faire passer tout le monde par-dessus bord, sécurité y compris. Le gars en uniforme me cause : «Is there a problem sir?» Je lui réponds : «Oui, y a un fucking problem icitte. Je parle anglais, et ça ne me dérange pas de parler anglais. Sauf que quand je vois qu'on me sert en anglais parce qu'on me méprise en tant que francophone, ça je digère pas. J'espère que vous savez que je vais porter plainte.» Ensuite j'ai sacré mon camp en pensant «je devrais tout casser, mais un individu seul ne peut rien contre cette culture de mépris», et j'ai appelé à l'OQLF, en me jurant de ne plus jamais rien laisser passer.

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