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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 24 juin 2009

Écouter les nouvelles plates

Je n'écoute pratiquement jamais la télévision. Pourtant j'ai le câble, alors pourquoi? Pour pouvoir écouter les rares bonnes émissions, et aussi pour me sentir en quelque sorte, connecté avec le reste du monde, avec l'actualité, même si je ne le suis jamais, puisque je passe mon temps à lire des livres du siècle passé.

Évidemment, pour l'opinion courante, les sujets dont traitent ces livres ne peuvent pas être actuels en aucune façon, et s'ils le sont, ils sont mal compris puisque la science n'était pas aussi avancée à cette époque. Nous sommes très suffisants sur ce point. Par exemple, nous nous entendons à dire que le nerf de la guerre c'est l'argent, alors que Machiavel réfute ce point de vue et démontre que le véritable nerf de la guerre ce sont les hommes... Mais il ne peut pas avoir raison, puisqu'il vivait à une autre époque, et que la nôtre ne peut pas être à ce point dans l'erreur, etc.

Je trouve que les nouvelles sont plates. On parle, par exemple, de la dernière tempête de neige, de mettre ses pneus d'hiver, du dernier effondrement de garage, d'un feu, de la prochaine tempête de neige, d'une paire de boules, d'un nageur qui a fumé un joint (pauvre toi, ça fait juste commencer), etc. J'appelle ça la sensibilité épidermique des médias. Ils sont à l'affût du moindre coup de vent, du moindre haussement de ton, du moindre sous-entendu, du moindre écart de comportement, etc. Ça me tape sur les nerfs, et ça me fait repenser au livre de Fukuyama qui proclamait la fin de l'histoire (il ne fait que répéter ce que Hegel disait à la suite de la Révolution française). L'histoire est effectivement terminée, il ne se passe plus rien, mieux, il ne peut plus rien se passer. C'est pourquoi le moindre coup de vent fait les manchettes nationales et que des niaiseries prennent une ampleur disproportionnée.

Tout le monde est terrifié par les médias. Si on fait parler de soi de travers par les médias, ça équivaut automatiquement à une crucifixion sur la place publique. Cette terreur que les médias exercent ne peut conduire qu'au conformisme et à la grégarisation de l'homme, en plus d'un nivellement massif vers le bas et d'un abrutissement collectif total. On ne se rend pas compte de ce qu'on demande aux individus : on demande à ce qu'ils correspondent aux critères des médias, aux critères de ce qu'il faut pour passer devant une caméra.

C'est le test de la caméra, sauf que celui-ci se passe en tout temps, nous sommes toujours et constamment sous surveillance, sous le regard d'un oeil invisible. Ça me fait penser à Dieu dans les consciences. Aujourd'hui, c'est la caméra qui le remplace. Ça me fait aussi penser à Big Brother du roman 1984 de George Orwell. Je sens cette pression tous les jours, de correspondre à ces critères de stérilisation, d'hygiène, d'attitude politically correct, de parler propre, de comportements propres, etc. Nous fixons l'individu dans un moule pour qu'il corresponde aux besoins de l'industrie. Sommes-nous des machines au service de la machine?

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