Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 27 avril 2024

Sébastien Solaris


Le Catastrocène

Depuis les années 2000, on aime à parler dans les milieux académiques branchés de l'«Anthropocène», cette nouvelle ère dominée par l'homme et les problèmes qu'il cause à la planète, et qui commencerait au milieu du 18e siècle. Cependant, je crois personnellement qu'une nouvelle ère a déjà commencé en l'an 2000 précisément, avec la crainte de la catastrophe que pourrait engendrer le bug de l'an 2000.

Cette nouvelle ère je la baptise, l'ère de la Catastrophe: le «Catastrocène». Cette ère sera celle de la fin catastrophique du capitalisme, sur le point de se produire, au moyen d'un cataclysme nucléaire épouvantable impliquant les grandes puissances pourries (nous aurons donc deux gros cratères, un à l'est et l'autre à l'ouest), et faisant ainsi place nette pour les nouvelles idées, et un nouveau monde, plus humain, plus social, plus juste, et dont la science est orientée vers le réel progrès, les vraies solutions, et non le profit, la gestion des problèmes, la guerre et la destruction.

Selon moi, c'est l'ère après le Catastrocène qui devrait être appelée l'Anthropocène, car comment allons nous appeler cette nouvelle ère plus humaine maintenant que nous avons associé l'homme au mal?

L'appel de la nuit

C'est incroyable comment j'ai été seul toute ma vie. J'étais un beau jeune homme, intelligent, ouvert, curieux, sympathique, rêveur, et je ne rêvais que de pouvoir établir un rapport avec les autres, mais il ne s'est jamais rien passé. J'ai eu de rares amitiés, aucune relation avec toutes les filles que je désirais, je n'avais rien, à part mes rêves, la philosophie, la musique, le café et la nuit. Le café a été très tôt un véritable compagnon. En fait, dès que j'en ai bu, à ma demande, vers peut-être 10 ans, avec de la crème et du sucre, alors que mon père nous emmenaient moi et ma soeur à son bureau d'architectes pour chercher des plans ou du matériel la fin de semaine, j'étais accro au goût. Le moment où je goûtais à mon premier café dans un verre de styrofoam est resté gravé dans ma mémoire. Mon père était inconscient de ce qui venait de se passer en me permettant de goûter à cette boisson, dont j'étais maintenant amoureux.

Lorsque je vivais chez mon père, disons vers la fin des années 80, je partais marcher seul la nuit. Il m'est difficile de dire aujourd'hui quel âge j'avais, car les époques se mêlent dans mes souvenirs. J'avais, je crois, entre 16 et 18 ans. 

Je vivais donc seul avec mon père, depuis le départ de ma soeur chez ma mère quelques années après le divorce en 78, et on pourrait dire que je vivais complètement seul, car la relation n'était pas bonne avec lui, il n'y avait aucun rapport père-fils. Mon père a très tôt voulu me voir comme un genre d'«ami», à cause de sa secte, et ne s'est plus soucié de moi par la suite. Je faisais donc ce que je voulais de mes journées, et surtout, de mes nuits. Pendant qu'il dormait l'été, je me sauvais de mon immeuble de Promenade des Îles, l'appartement sur le coin, le 814. Un endroit magnifique, sur une petite île, reliée de chaque côté par deux petits ponts, et beaucoup de verdure tout alentour, et des endroits mystérieux, encore inhabités, des champs. Il y avait de la vie, des oiseaux, des odeurs de terre, de béton, d'asphalte mouillée, de ciment, de rivière, d'arbres, de chaleur et d'humidité, de mélanges d'herbages.

Je décidais donc de partir seul explorer la nuit, après que mon père se fut couché. Il était peut-être autour de minuit. Il n'y avait plus personne nulle part, tout était désert. Cela faisait drôle d'être encore debout à cette heure et de prendre l'ascenseur seul sous la lumière aveuglante des néons. Tout les bruits dans l'immeuble étaient uniques, parce que causés par moi seul. L'air dans les couloirs sentait la chaleur de l'été, mélangée au béton, un unique mélange de froid et de chaud. J'avais l'impression que j'allais découvrir des secrets dont personne, par inconscience, ne se souciait. J'emportais mon appareil à voyager dans le temps et les dimensions, mon walkman imperméable jaune, et parfois un livre. Je me souviens d'une fois en particulier où j'avais emporté «L'être et le néant» de Sartre. Je n'arrivais pas à déchiffrer ce livre, mais ses concepts d'«être-en-soi» et d'«être-pour-soi» me fascinaient, j'essayais de les comprendre. Déjà j'y découvrais la «phénoménologie», et bien sûr, cette science mystérieuse et profonde, c'est ce que je voulais maîtriser: je voulais devenir, oui, phénoménologue.

Je me dirigeais bien sûr vers la droite, vers le Parc du Tremblay, vers l'école St-Maxime, vers Montréal au loin. Et la nuit commençait... Vers le début de la marche, j'écoutais toute sorte de musique électronique, et parfois, au retour, j'écoutais de la musique classique à la radio. C'est surtout la musique classique qui m'a marqué, Chopin probablement. Ce sont les concerts que j'aimais, et les envolées au piano. Tout cela m'emmenait au loin, dans un autre monde. J'étais fasciné par les rues désertes, les parcs déserts, je pouvais marcher où je voulais, aller où je voulais, j'étais absolument libre. Je me recueillais dans tout cela, parfois je m'asseoyais quelque part pour lire un peu, en essayant de me pénétrer de certains passages de mon livre, de certaines paroles. Je m'imaginais en Europe, à Montréal, quelque part aux États-Unis, brillant scientifique, inspiré par Max Planck, probablement physicien nucléaire, ou encore, professeur d'université en philosophie spécialisé en métaphysique, j'étais dans tous les mondes à la fois.

Je partais de longues heures en marche, j'allais jusqu'au pont qui relie Chomedey à Montréal en longeant la rue Cartier, en passant par la piste cyclable derrière l'école Saint-Maxime. La fin de mon parcours était un grand et beau parc à Montréal, qu'on pouvait trouver en tournant à gauche sur le boulevard Gouin. Le signe du moment où je devais m'en retourner, c'était le début du chant d'un oiseau, à l'aurore, un oiseau dont je ne sais le nom. Cet oiseau ne chante qu'à l'aurore, seul, et se tait dès qu'il commence à faire un peu clair.

J'arrivais chez moi les jambes endolories, mais émerveillé, les oreilles pleines de musique, la tête pleine d'idées, gorgé de rêve et d'espoir. Je me couchais rapidement, mon père dormait encore et ne s'était rendu compte de rien.

J'ai entendu cet oiseau chanter à ma fenêtre ce matin vers 4-5 heures, et ces souvenirs enfouis me sont revenus plus clairement, je n'arrivais plus alors à me rendormir, voilà pourquoi j'écris ce matin, au lieu d'être dans mon lit comme je devrais.

mardi 23 avril 2024

Beauté

Je suis, en tout, à la recherche de la beauté. La beauté me rend heureux. Beauté architecturale, beauté philosophique, beauté physique, beauté musicale, beauté de l'univers, etc., la beauté est partout.

Si je peux mourir dans la beauté, je serai mort heureux, car la beauté, c'est l'espoir. 

mercredi 17 avril 2024

Polemos

Aujourd'hui, je ne sais pourquoi, et ce doit être dicté par la forme que prend le système économique pour faire de nous tous de bons petits soldats travaillants athées, nous avons tous la volonté «lâche» d'être tous pareils... Nous n'avons plus le courage de nous battre pour nos différences, de les affirmer, et ce n'est pas très difficile, puisque nous ne croyons plus en rien, et par conséquent, nous tendons à vouloir tout aplanir par peur du combat. Nous pensons que la guerre est ennemie du commerce, mais cela, ce n'est que pour les petits commerçants. La grosse business sait quoi faire avec le troupeau.

La lutte, le polemos, et donc la violence, comme le pensait Héraclite, est l'essence de la réalité.

Le tout est fondé sur des rapports de force. Je suis enclin à penser la «volonté de puissance» avec Nietzsche.

Il ne sert à rien de cacher cette volonté de puissance, elle est là, et dirige tout.

Elle est ouverte dans les milieux criminels, mais plus cachée dans la société, plus hypocrite, parce que tempérée par la morale, les principes, parfois les croyances religieuses, mais néanmoins, elle est identique dans les deux cas. C'est le même phénomène, mais sous des angles différents.

Quand nous perdons au jeu, nous essayons de triompher par d'autres moyens, comme la morale, par exemple.

Il ne faut pas céder à cette tendance de se voir tous comme des «égaux», parce nous ne le sommes pas. Ceux qui croient cela ne sont pas dans la vérité. Et la vérité, comme nous la voyons présentement ressortir, ce sont les guerres. C'est là que nous voyons les différences irréductibles, et la volonté de pouvoir sur ces différences, pour les éliminer.

Par conséquent, les gens doivent se battre pour leurs différences, et leur identité.

Le commerce, la justice, l'État, la politique, sont la guerre par d'autres moyens.

mercredi 10 avril 2024

Le meurtre n'a jamais été une chose «anodine». Il a toujours été puni, au possible, dans tous les milieux. Pourquoi alors fallait-il que Moïse érige l'interdiction de tuer en «commandement» sur une Table? Voilà un exemple d'abus et de manipulation. Que les règles tacites et évidentes deviennent écrites et contrôlées par quelques-uns. La religion a toujours été une auxiliaire du pouvoir, et finalement, de l'État, car elle est elle-même à la base un abus de pouvoir.

La seule réalité est que nous devons nous battre toute notre vie contre le mensonge, la manipulation et l'ignorance. Et nous tombons tous à divers degrés dans l'un de ces maux. Le péché originel qui a permis à toutes les religions d'exister est que l'homme a voulu «savoir», et il est arrivé le contraire. Il n'a fait qu'obéir depuis.

Nous sommes toujours en lutte contre ceux qui veulent nous faire «obéir» en nous «endormant». Par conséquent, nous devons toujours lutter contre ces abuseurs, ces parasites, et lutter contre cette endormissement et cette mollesse. Il faut être dur avec soi-même, et lutter aussi contre soi-même, surtout et en premier lieu, car tout tend, naturellement, vers la déconfiture, vers la perte et l'échec, et nous ne pouvons que retarder son avènement. C'est notre seule victoire en tant qu'individu. Cependant, arriver à retarder la fin, pourrait permettre à l'humanité grâce à de nouvelles solutions et possibilités, de finir par l'emporter sur les forces d'anéantissement.

Toutes les religions sont fausses et basées sur le mensonge et la manipulation, sans exception. Jésus est l'équivalent de Raël, sauf que le premier a réussi son coup.

Toutes les religions sont des sectes et sont basées sur une faiblesse du cerveau: la «propension à croire», elle-même fondée sur notre ignorance, et le terrain a été bien préparé depuis très longtemps par toutes les religions antérieures, et maintenant, la science prend le relais. Elle apprend à obéir aux «faits». Il suffit que quelqu'un se mette à nous parler avec une blouse blanche et nous devenons, par conditionnement, de beaux «petits chatons».

L'éducation scientifique est une éducation à l'obéissance à l'«Objectivité». Elle forme un espace dans le cerveau pour la soumission. C'est pourquoi elle se prête si bien à l'association avec le complexe militaire, et finalement, à la destruction du monde.

Je me rends compte que je suis encore profondément blessé par les idées de la secte dans laquelle j'ai grandi à cause de mon père.

J'ai réécouté un documentaire sur la secte hier, et j'ai découvert que j'avais glissé sur certains aspects la première fois, comme si mon cerveau ne voulait pas voir l'évidence de la manipulation et de l'impact que toutes ces idées toxiques ont eu sur moi, et à quel point elles se sont enracinées en moi profondément, puisque j'y ai été exposé très jeune, et qui plus est, que mon père, en tant que figure d'autorité, en était imbibé. Comment ne pouvais-je pas tomber dans le piège? C'est terrible. Toutes ces idées ont déterminé la vie de mon père, puis toute ma vie, ainsi que ma façon de voir le monde, jusqu'à aujourd'hui même.

Elles ont façonné ma façon d'être ainsi que toute ma personnalité. Elles ont déterminé le cours de mon existence, et continuent de le faire.

Finalement, j'aurai été abusé toute ma vie. Je n'ai jamais réussi à sortir de cette manipulation et de ce mensonge.