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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 24 septembre 2021

Louise Lecavalier: image, parole, mouvement

Je faisais une sieste, le premier après-midi d'automne, et lorsque je me suis éveillé, je pensais à cette danseuse qui m'avait tant impressionné durant mon adolescence, la fabuleuse et trop inaccessible Louise Lecavalier. Elle semblait me parler dans ses gestes subtils, sa grande sensibilité, me parler de choses difficiles à exprimer, de sa souffrance, de son intensité, et j'aurais aimé pouvoir lui répondre, mais tout un monde nous séparait à l'époque, et en même temps, rien, puisque nous étions maintenant reliés par un autre monde, magique celui-là.

Je sortais lentement de mon sommeil, c'était déjà le soir, une lumière tamisée sur ma commode adjacente au lit éclairait faiblement la chambre de sa lumière jaune et chaude, au sous-sol. Je me retrouvais dans des lofts spacieux, en hauteur et ouverts sur la ville lumineuse au rythme des sons jazzés, du wah-wah mélancolique, dans la nuit profonde et tragique. Un couple danse dans la pénombre, c'est Louise et probablement Marc Béland, je danse avec eux à travers les époques: oui, je suis en train de consulter leur fiche sur Internet.

Je me surprends à découvrir que Louise est encore active, oui, c'est incroyable! Elle est toujours aussi créative et arrive avec de nouveaux projets aux titres parfois en anglais, comme j'ai moi-même tendance à le faire pour le titre de mes textes; j'apprends aussi, à mon grand étonnement, qu'elle est originaire de Laval, l'endroit où j'ai grandi, et je n'arrive toujours pas à le croire, dire que j'aurais pu la côtoyer! Mais cela me fait réaliser en même temps l'influence qu'elle a pu avoir sur ma vie, non seulement elle, par son style de danse nouveau, mais aussi le concept un peu thrash en tant que tel de La La La Human Steps, troupe créée par le chorégraphe Édouard Lock.

À ce moment dans mon lit, encore ensommeillé, je voyais ce qu'avait fait Louise comme étant plus que seulement de la danse, je le voyais comme formant un tout complet, alliant l'image, le mouvement, et la musique, l'ensemble constituant une dynamique éclatée, mais parlante.

Je me suis dit qu'il fallait que je mette cette danse en paroles, tout ce phénomène, toute cette idée. Mais je me suis dit aussi que cette entreprise était un peu étrange, puisque la danse devait déjà être la traduction de sentiments et de paroles, et moi je voulais refaire le travail en sens inverse. La vérité est qu'il est presque impossible de traduire en paroles le tout que forme cette danse, car cela relève en grande partie d'une dimension évanescente, faite d'impressions fugaces, de sentiments profonds, de sons, d'images, de mouvements.

Même si l'entreprise semble plus ou moins vouée à l'échec, je persiste à vouloir transposer en paroles, en poésie, la danse de Louise Lecavalier. Son style percutant, spectaculaire, original, éclaté et sauvage, sa douceur et sa rudesse.

Site de Louise Lecavalier: https://louiselecavalier.com/

dimanche 19 septembre 2021

Le faux dilemme de l'égalité et de la liberté

Pourquoi voit-on l'égalité et la liberté comme opposés? Quand on nous parle d'égalité, il s'agit de quelle égalité? économique? une égalité de droits? les deux?

Lorsqu'on nous sert le dilemme égalité/liberté, on nous invite toujours à faire une «concession», comme si elle était obligatoire. Par égalité totale, on se représente des gens tous également pauvres, comme dans les pays socialistes. On associe même cette «égalité» au socialisme. Par liberté totale, on se représente des gens très riches qui exploitent des gens très pauvres, pourquoi? On voit bien que ce faux dilemme en est un par rapport à l'argent.

Peut-on se représenter que nous pourrions tous être également riches? Est-ce possible de l'être? Comment le monde fonctionnerait-il?

Ainsi, pourrait-on tous être égaux et libres à la fois?

Aussi, dans ce fameux dilemme embrouillé, on parle de quelle liberté?

Il vaudrait mieux bien définir et préciser ces termes avant de s'avancer dans des théories et problèmes politiques à la con qui ne servent toujours, à la fin, qu'aux riches, qui en viennent à avoir le dernier mot, pour cause d'insuffisance de précision dans les termes, qui fait qu'on se fourvoie nous-mêmes en croyant penser les choses réelles, alors qu'on n'est même pas capable d'abord de penser aux mots qu'on emploie.

jeudi 16 septembre 2021

Parole

Je suis l'acteur d'une pièce dont je ne comprendrai jamais le pourquoi. 

mercredi 15 septembre 2021

Le système de la misère

Nous sommes dans un système
Qu'on le veuille ou non
Nous sommes dans une nationalité
Qu'on le veuille ou non
Nous sommes dans une classe
Qu'on le veuille ou non

On peut sortir de sa nationalité
On peut sortir de sa classe
Et il en reste toujours des traces
Mais on ne peut sortir du système
Car il est mondial

Nous sommes des esclaves du système
Ce système c'est la finance
Ce système c'est ceux qui ont tout contre ceux qui n’ont rien
Ce système c'est ceux qui ont tout le pouvoir contre ceux qui n'ont aucun pouvoir
Ce système c'est l'esclavage de l'homme par l'homme

L'argent ne rend pas nécessairement l'homme heureux
Mais la misère peut le rendre malheureux

Ceux qui vivent confortablement à l'intérieur du système
Ne le sentent pas et ne croient pas qu'il existe
Ils sont volontiers des agents de la misère des autres
Ils mangent dans la main de leurs maîtres
Et se donnent bonne conscience du mal qu'ils font aux autres
En s'abritant derrière leur professionnalisme

Le système produit ainsi des criminels en série
Qui sont en dedans
Qui sont en dehors
Tu veux prendre le chemin court
Tu tues, tu voles, tu escroques, ou tu fais ton devoir de professionnel
Tu as peut-être raison de vouloir aller plus vite

Mais tu es un égoïste
Tu es un fondamentaliste du système
Avec une bonne conscience confortable
Tu tues sans t'en rendre compte
Tu es le nouveau monstre tortionnaire

Sans presque aucune turbulence intérieure
Tu commets un génocide en ouvrant une boîte de Cracker Jack
Tu signes un pacte avec l'apocalypse
Tu ne fais que ta job en amenant les trains de prisonniers
À l'extermination
Et l'histoire recommence sans fin
Sans fin

Tu es le nouveau nazi du totalitarisme corporatif
Et comme lui
Tu ne sauras jamais ce que tu fais
C'est pour ça qu'il faut te mettre hors d'état de nuire

Et c'est pour ça que la violence dont tu as tant peur
Celle qui se passe dans les abattoirs dont tu manges la viande
Quand même

Est légitime
Contre des crottés comme toi
Parce que tu n'es pas prêt à mourir pour la vérité
Pour la liberté
Ni pour quiconque
Parce que tu n'as pas de courage
Pas de volonté
Encore moins de cœur
Parce que tu es la pire forme de lâcheté
Le monstre professionnel
Éternel agent du système de la mort

L'homme deviendra un petit animal inoffensif qui jouit par le cul

C'est ce que j'ai écrit l'autre jour dans mon journal, parce que c'est l'intuition que j'ai eu. J'ai vu l'homme de l'avenir comme un jolie petit twink à l'air de garçon, entiché de bites, et qui jouit par le cul, comme un orifice sexuel au même titre que l'appareil féminin. La mode hipster actuelle confirme cette tendance: l'homme aime de plus en plus avoir l'air insignifiant: c'est le «petit animal» dont je parlais.

Avec l'ampleur des enjeux actuels, l'homme ne me semble pas à la hauteur. Il ne semble pas avoir assez de couilles pour faire face aux gros requins de l'industrie, et aux gros bandits que sont devenus nos gouvernements. Il est trop occupé à parcourir en gougounes les allées des supermarchés, les allées du meurtre de la Terre, et à jouir par le cul, c'est-à-dire à jouir de son petit plaisir mesquin, son petit moi, son petit gâteau sucré, sa petite page Facebook avec son beau profil genre Leonardo DiCapricio ou Justin Biberon, les prototypes de cette nouvelle race du totalitarisme soft postmoderne. Avec ce genre de chiffes molles, les femmes sont obligées de devenir des hommes et de porter le strap-on.

.22 (projet de nouvelle)

.22

Le ciel prit un air de ténèbres. Les nuages noirs s’accumulaient, roulaient, grondaient. Des lueurs d’un violet profond et d’un rosé rougeoyant émanaient dans ce mouvement apocalyptique de catastrophe en suspension. Julius, au quinzième étage de son immeuble, à genoux dans son lit, nu mais couvert jusqu’à la taille d’un drap blanc, tourné vers la grande fenêtre de sa chambre dépouillée, était fasciné par ce phénomène étrange qui se déroulait sous ses yeux. Il y voyait un signe. Un signe de quoi? Il n’en était pas certain. Mais c’était surréaliste, et il ne pouvait y croire. Cela ne pouvait pas arriver que les nuages semblaient se diriger vers lui et sa chambre, comme pour la dévaster, anéantir l’immeuble, que dis-je? la ville entière. Les nuages approchaient, se massaient, menaçants, englobaient, fondaient sur lui pour avoir sa peau, sa vie, toutes les vies. L’obscurité hurlait sa rage sur les balcons, en lui, pénétrant par tous les orifices, les trous, les interstices, le vent et la tempête étaient sortie de nulle part, et semblaient, pour cette raison, être d’autant plus violents. La pression sur la fenêtre de la chambre finit par devenir si forte, qu’elle éclata, et les nuages en colère engloutirent Julius, et son chat, dans un immense fracas de béton armé.

Francesca est nue dans son lit, à genoux, un drap blanc couvre le bas de son corps. Le lit est juché sur un amas de ruines. Elle regarde devant, au loin, dans ce qui semble être le vide. On ne peut dire ce à quoi elle pense, ni si elle pense, ou si elle n’est qu’une statue figée, ou encore, un modèle dans un cours de peinture, pour des apprentis-peintres, ébahis par cette beauté rare, sobre, toute d’une pièce.

Julius est en train de peindre celle qu’il appelle «Francesca», faute de savoir son nom. Les ruines, c’est lui. C’est sa vie.

Julius n’est pas apprenti-peintre, il ne fait que peindre dans son imagination.

Francesca est-elle réelle, ou n’est-elle, elle aussi, que le produit de son imagination? comme celle qui sortit de la côte de son futur amant? Francesca est bien réelle, puisqu’il peut la toucher, l’embrasser, la caresser, mais il semble voir des côtés d’elle qui pourtant ne s’offrent pas à sa vue, comme des esquisses irréelles. Ce qu’il sait d’elle, elle ne le sait pas d’elle-même, et personne d’autre ne le sait, sauf lui. C’est pour ça qu’il l’aime… C’est en quelque sorte, sa Francesca à lui.

Julius traînait au parc Berri, assis dans l’herbe, face à la rue Sainte-Catherine.

Francesca, un vrai garçon manqué, passait devant lui en skateboard, sur le parterre en ciment, dans des allers et retours sans fin, pratiquant ses manœuvres, avec des amis à elle. De taille moyenne, à la peau pâle, portant des dreads blonds, chose que n’aimait pas Julius, elle s’habillait en «gars», et n’était pas du tout féminine, sauf pour sa voix. Elle passait carrément inaperçue. Mais cela, paradoxalement, attirait d’autant l’attention de Julius. Car Julius, derrière l’allure de «gars», voyait la perle de beauté. Plus il la regardait, plus il la sculptait, plus il voyait derrière tout ce déguisement. Et cette création était magnifique.

Il ne sait plus comment il réussit à l’aborder, mais il s’est retrouvé chez elle, dans le Village. Elle vivait seule, mais connaissant beaucoup de monde, surtout des punks, il y avait toujours beaucoup de va-et-vient dans son appartement, et avec son caractère fort, mais calme, elle gardait le contrôle sur tous ces gens qui rentraient chez elle, même si c’était les derniers des crottés. Paradoxalement, elle semblait avoir une autorité absolue sur le free for all qu’il y avait chez elle.

Nous sommes tombés assez vite sur le sujet de la drogue. Elle s’est fait un shoot d’héroïne devant moi. Elle avait tout son attirail, une jolie boîte dans laquelle se trouvait son unique seringue, une seringue en verre et métal des temps passés, stylisée et stérilisée, dont l’aiguille pouvait se changer, enfin je crois. Ses yeux impassibles, d’un bleu pétillant, commencèrent à se fermer de façon intermittente. Je continuais de lui parler, car elle me disait de le faire, qu’elle était «toute là», avec sa voix légèrement rauque, mais j’étais triste de la voir ainsi. J’étais mal à l’aise de communiquer avec un zombie, comme par télégraphe, mais en même temps, j’avais envie de sombrer avec elle, dans ses yeux. Elle disait qu’elle dansait dans un bar à Laval, mais elle aurait pu me raconter n’importe quoi, que je l’aurais cru. Elle était tellement hermétique. Je n’ai jamais pu être vraiment sûr de ce qu’elle faisait dans la vie, mais ce dont j’étais certain, c’était de la photo encadrée sur son armoire de chambre : elle était nue, de dos, les bras en l’air, tenant comme un voile blanc au vent sur la plage, avec le cul le plus épatant que j’avais vu de toute ma vie. Le photographe, sans doute un ancien amant, avait raison de vouloir immortaliser ce superbe cul en photo, et elle connaissait bien sa beauté, qu’elle cachait le jour, en se déguisant en tomboy. Mais je crois qu’elle aimait bien montrer ce côté «gars» en elle. Elle aurait d’ailleurs très bien pu faire un beau jeune homme, si elle n’avait pas été femme. On remarque souvent cette ambivalence sexuelle chez les plus beaux mannequins. Et je crois que c’est de là que vient toute leur beauté, mystérieuse, magnétique, qu’on ne peut expliquer. C’est le mélange scandaleux des genres qui trouble. L’impureté fascine la pureté, si elle a jamais existé.

La seringue entre dans le bras, de manière sophistiquée. Le cordon serre, les veines se gonflent, le jus pénètre dans la veine. Au même moment, un homme au teint blafard met le pied dans une flaque de liquide inconnu aux coins de rues sans noms, dans une ville totalitaire, rongée par la guerre invisible, remplie de crevasses, de tunnels souterrains, d’immeubles dévastés, de trous, de cachettes, de secrets tristes. Sur des écrans disséminés partout dans la ville en ruine, on peut apercevoir une femme qui se fait un fix. Cet homme ne sait pas qui elle est. Cette femme ne sait pas qu’on la regarde. Ses yeux lourds ouvrent et ferment de façon intermittente. Et soudain il se rappelle de cette femme : il est sa chair, elle est son âme. 

Francesca commençait à revenir à elle. La nuit tombait, on écoutait du Stone Temple Pilots, groupe qu’elle adorait, on buvait une bière, et puis je me suis retrouvé à ses côtés, dans son lit. En tant qu’homme brisé, indécis, ayant peur de me faire mal, je n’ai pas osé la toucher. Cette si belle femme à mes côtés, je ne l’ai pas touché. Les deux nous étions purs. On ne voulait pas forcer la situation. Les deux ont avaient envie, peut-être, l’un de l’autre, mais ce qu’elle se faisait me retenait d’aller plus loin, et elle devait le savoir. Un mur de tristesse nous séparait l’un de l’autre. Je ne pouvais pas changer cette fauve, qui allait me bouffer, si j’osais commencer à la flatter. Et elle non plus, elle ne pouvait pas me changer, soit en pire, soit en mieux. Car moi aussi j’étais dans la consommation par-dessus la tête. J’étais en amour avant tout avec la drogue, comme elle. Elle était dans les relaxants, moi, les stimulants. Deux tempéraments opposés, à ce qu’il semble. Ça faisait drôle de le constater, de voir les parfaits contraires réunis sous les mêmes couvertures.

Je me suis réveillé au matin avec une main qui passait doucement sur ma hanche, sous les draps. J’ai senti cette main comme une main bienfaitrice, apaisante, rassurante, comme pour me dire «je suis là, je comprends», sans qu’on puisse rien ajouter verbalement, sous peine de tout gâcher. Comme une compréhension profonde, mais muette et mélancolique. Une main qui semble dire «nous sommes les morts» : nous sommes seuls ensemble, et perdus à jamais.

Julius se tourna sur Francesca, pour sentir cette chaleur montante de son corps. Ses cuisses s’ouvrir, humides et pleines de désir, laissant Julius la pénétrer au plus profond d’elle-même, comme dans une guerre sans fin, une ville en ruine, dévastée par l’amour. Sur les écrans de cette cité inconnue, on peut voir deux corps entrelacés, les corps de Francesca et de Julius, unis dans la désunion, en guerre perpétuelle avec leur propre soi, illusoire, baignant dans la profondeur océanique d’une jouissance sans limite. La tension sexuelle comme une charge électrique magnétise les corps qui se collent l’un à l’autre. La décharge orgasmique illumine le cerveau de l’homme d’éclairs multicolores et éclate de rire sans pouvoir se contrôler. La femme vibre de tout son corps, laisse le va-et-vient frapper toujours plus fort, laisse le désir pénétrer en elle, toujours plus mélancolique, elle atteint cette profondeur océanique, ce paisible, et ce calme, cette solitude, tout en elle, au plus secret d’elle-même, dans les replis de sa chair, de son monde. Julius la rejoint dans sa ville en ruine. Il devient un résistant, un révolutionnaire, sauvage, déterminé à défoncer les murailles, toute limite à sa liberté. Soldat F. et soldat J. en étreinte se regardent sur les écrans de la ville totalitaire. Ils s’unissent dans la résistance à l’oppression des rêves.

Une guerre extrême contre les meurtriers du rêve.

Futur antérieur (projet)

 Projet de nouvelle : idée de titres

-Monologues

-Futur antérieur

-Un lointain présent

-Manuel pour une vie parfaite (et réussie)

-Une vie sans fin

Etc.


Personnage principal : Julius

Lieu : Montréal, chez la psychologue, en consultation, deux fois semaine

Narration : sous forme datée à chaque visite chez la psy, comme un journal, le personnage répète ce qu’il dit à chaque visite, «bla bla bla» dis-je, avais-je dit, disai-je, lors de ma rencontre, etc.

Dès le début, le personnage parle de l’histoire de Lou Sin, Dans une taverne (Dans un estaminet) et comment cette histoire l’avait marqué, par son apparente banalité. Ainsi, je fais référence immédiatement à ce que l’histoire sera en quelque sorte «banale», puisqu’il s’agit des faits mentaux, des impressions, des souvenirs et des idées de mon personnage principal, mais cette histoire ne sera somme toute pas banale, si on a envie de la relire, sans savoir d’ailleurs pourquoi, comme pour l’histoire de Lou Sin. Il y a quelque chose qui se dégage de cette histoire qui fait qu’on a envie de la relire, même s’il n’y a directement rien à y trouver. C’est le sentiment qu’elle laisse, l’impression, l’arrière-goût, et c’est cela que je vise. 

Je ne veux surtout pas dire quelque chose directement. Mais par une autre façon, par des voies artistiques, de façon durable.

La phénoménologie sera évidemment d’une grande aide dans mes descriptions de ce que je me remémore, de ce que je vois, et que j’essaie d’extérioriser, d’immortaliser, de comprendre, ou d’immortaliser en essayant de comprendre, en trouvant la clé de ce qui est en moi, le sens, et qui disparaîtra avec moi, à ma mort, qui est le non-sens absolu.

La vie est comme un combat du sens de la vie contre le non-sens de la mort.

La Faim (projet)

Idée pour un roman ou une nouvelle

Titre : La Faim (la fin)

En gardant à l’esprit L’Aveuglement de Saramago

Il n’est pas important que le film soit réaliste, comme pour l’histoire de Saramago

Scénario : Catastrophe mondiale : pénurie de nourrriture.

Les aliments sont atteints d’une maladie qui les fait disparaître subitement.

Les gens se ruent sur les sources de nourriture restantes, qui n’ont pas été touchées et les épuisent.

Il faut garder à l’esprit que c’est une fiction, que ce ne doit pas nécessairement être possible, et que le lecteur doit se prêter au jeu, comme pour le film de Saramago.

Les aliments sont donc atteints d’une maladie mystérieuse, et il faut trouver la cause. Est-ce à cause de toutes nos manipulations génétiques?

Tranquillement, les villes deviennent désertes, car les gens doivent partir chercher de la nourriture, que ce soit dans les champs, des petits fruits, ou autres choses.

Tranquillement aussi, les animaux viennent à périr, car toute la végétation disparaît, même le gazon. La disparition du gazon entraîne tranquillement l’érosion des terres, et les tranforment en désert.

La vie disparaît tranquillement de la terre.

Comment les humains survivront-ils?

Comment survivront-ils sans les végétaux, et ensuite, sans les animaux?

Revol/ver

 


Paroles de sagesse (projet)

Discussion sur le «n’importe quoi plutôt que rien».

Dans le «rien», il y a beaucoup de choses.

On dit cette parole pour justifier le mauvais choix que l’on va faire.


La valeur de l’optimisme et sa nécessité pour l’homme sage.

L’importance de voir le beau côté des choses et de le valoriser, même s’il semble inexistant : le beau Canada, la belle Russie. La verdure, les forêts, la bienveillance, les gens de bonne volonté, les milieux paisibles. Les valeurs réelles des gens, plutôt que l’égoïsme supposé, l’avarice, la mesquinerie.


mardi 14 septembre 2021

Les états paroxystiques et la «pleine conscience»

Alors que j'étais en train de me préparer un café, j'ai pris conscience que je n'étais pas en train de m'interroger sur le «mystère» de la vie, et je me demande encore pourquoi.

Pourquoi, en ce moment même, l'existence ne semble pas poser problème pour moi? 

Je me trouve à être dans mes tâches, à être occupé par différents besoins et désirs, différentes pensées, à être accaparé par les actualités de la télévision, par la politique, la pandémie, etc. Jamais tout cela ne me semble inutile, contingent ou complètement absurde.

On dirait que dans la conscience «ordinaire», il y a un mécanisme rassurant qui nous empêche de faire de l'existence et de la réalité une question. Ce mécanisme nous empêche de voir, en fait, le mystère insondable de notre existence. C'est, je crois, un mécanisme qui nous «protège» et nous permet, donc, de «fonctionner», en tant que les machines conscientes et auto-programmables que nous sommes. En fait, «conscience» et «auto-programmation» sont peut-être ici des synonymes, puisque l'auto-programmation implique de pouvoir prendre en compte virtuellement toutes les données qui nous sont accessibles par les sens et la pensée, que ce soit sur soi-même ou sur l'univers, et de pouvoir ou de vouloir les changer, ou simplement de les connaître et les apprécier, ce qui serait ce que nous appelons la «conscience».

Ce mécanisme, donc, serait un voile entre nous et la réalité, ainsi qu'un voile envers nous-mêmes. Ce mécanisme nous permettrait en quelque sorte de voir en «deux dimensions», mais nous empêcherait de voir la «profondeur» de la réalité et de notre existence.

J'ai remarqué que je ne pouvais être vraiment créatif que dans des états paroxystiques, le plus souvent induits par une peine d'amour, des troubles émotionnels intenses, la musique, l'alcool, le cannabis ou la cocaïne.

Mes dernières créations artistiques sont le produit de la musique, de l'alcool et de perturbations amoureuses vertigineuses. Je ne m'étais jamais connu de talent poétique, mais durant cette période-là, je suis devenu comme un surhomme d'intuition poétique et de rythmique tordue. Je tenais à dépasser toutes les règles de composition et de narrativité et à être absolument original, c'est-à-dire, à créer quelque chose de nouveau et dans quoi je pouvais reconnaître mon empreinte unique, sauvage et éclatée, qui reflétait par sa forme, mon émotion et mon état d'esprit en direct. Je ne voulais pas faire un travail à froid, bien campé sur ma chaise et puant le labeur académique, mais être le témoin échevelé emporté au ciel par le cyclone. Ici je me souviens d'une lointaine influence de Céline et de Bernhard pour le style d'écriture, et plus encore, d'Hélène Monette avec son livre «Où irez-vous armés de chiffres?» que j'admire énormément.

Mes dernières réflexions existentielles sont le produit de l'angoisse, de la musique, et du cannabis. Le cannabis produit chez moi, la plupart du temps, une crise existentielle presque traumatique. À chaque trip, je perçois de nouvelles vérités que je n'avais jamais soupçonnées auparavant, englué que j'étais dans toutes sortes de préoccupations. L'effet n'est pas très amusant et génère un grand flot d'anxiété en moi, mais j'ai remarqué que celui-ci était bénéfique pour la réflexion et la création littéraire. Je l'utilise donc encore parfois pour stimuler ce côté de moi.

J'aimerais bien pouvoir être toujours en état d'incandescence dans ces états exceptionnels, mais la chose a ses limites. Les états poétiques ne peuvent durer bien longtemps, car ils sont trop intenses et extrêmes. J'ai pensé hier que mon problème, en fait, était de manquer de créativité. Pourtant, je sais qu'une créativité absolument hallucinante se trouve en moi, mais je n'arrive pas à puiser dedans à volonté. Si j'en avais été capable, j'aurais déjà plusieurs poèmes et nouvelles de publiés, mais je n'ai ce que j'estime n'être que des «fragments».

Cependant, bien que l'usage de substances soit nocif à la longue, et dans mon cas, ça ne prend pas longtemps avant que les effets négatifs se fassent sentir, j'ai découvert qu'elles permettaient, en autant que nous en prenions conscience, de répliquer en miniature les effets de «recul» par rapport à soi et par rapport au monde qui nous amènent dans des états de conscience supérieure, que nous pourrions appeler des états de «pleine conscience». C'est ma conjointe qui m'a permis de réaliser cela, puisqu'elle a commencé à faire de la méditation de «pleine conscience» et que j'ignorais ce que c'était, je lui ai donc demandé de me l'expliquer.

C'est seulement après son explication que je me suis rendu compte que je faisais souvent de la «pleine conscience» sans le savoir. Et chaque fois que j'en fais maintenant, elle me le fait remarquer. La pleine conscience était auparavant une façon «non-consciente» pour moi de «faire le vide», mais il y a aussi plusieurs autres techniques que j'aimerais explorer et pratiquer.

Ainsi, lorsque je suis allé promener mon chien l'autre jour, je me suis assis sur un banc pendant qu'il gambadait non loin de moi dans l'herbe, et je suis devenu soudain un «témoin pur» de toute la scène. Je suis devenu conscient de tout ce que je percevais: le soleil, le ciel, la beauté des nuages en mouvement, la sensation du vent sur ma peau, les multiples senteurs des arbres, des champs, etc. En un instant, j'ai fait le vide de mes pensées: j'ai oublié qui j'étais, j'étais dans le monde, et à quelle époque j'étais. Je suis devenu mes sens. Malheureusement, cet état ne peut durer très longtemps à l'extérieur, mais il peut être reproduit à l'intérieur, chez-soi, en méditant.

J'ai donc dans l'idée que je devrais me mettre à la méditation de pleine conscience, afin de stimuler ma créativité, au lieu de l'induire par des moyens qui se trouvent à  être non viables pour moi.

Bien que c'est toujours difficile, il est possible de s'abstraire de soi-même et du monde à n'importe quel instant, afin d'entrer dans un état supérieur de conscience qui correspond concrètement, à d'autres niveaux de vibrations cérébrales. Mais la pratique répétée, l'exercice, et j'y crois, permettra de mieux y parvenir avec le temps, et d'une meilleure façon et à un degré supérieur de qualité qu'avec n'importe quelle substance psychotrope ou musique ou turpitude émotionnelle.

Toutefois, je ne suis pas contre les substances, ni contre la musique «qui nous vire à l'envers», ni pour le «calme intérieur». Je crois que «tout est bon» pour parvenir à extraire le meilleur de nous-mêmes, et arriver à nous dépasser. Ce sont ces moments paradoxaux à la fois de vide et de surconscience qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.

lundi 13 septembre 2021

Le Pouvoir du Vide

Je suis seul ici, dans le noir, face à la maladie, à la perte, à la mort
Sans ce baume pour la vie qu’est le doux miel de ton amour



Le Pouvoir du Vide


Tu dois apprendre à mettre une croix sur

Tout ce que tu as voulu, rêvé, espéré

Tu as imaginé des choses auxquelles tu n’avais pas droit

Tu t’es imaginé bien différent de ce que tu es en réalité et

De ce que tu mérites

 

Or, tu ne mérites rien

Parce que tu es insoumis aux hommes

Rebelle à toute autorité, et trop doux pour ne pas devenir violent

Rêveur, voluptueux, passionné

Tu ne sers à rien, tu n’es bon à rien

 

La prison ou l’asile,

La honte, la maladie,

Le suicide, la mort

L’Oubli


*

Plus tu possèdes, plus tu es possédé

Ce que tu as, tu dois l’avoir en toi

Mais même un jour, cela sera perdu, dans l’oubli

Dans la mort


*


Tu te retrouves encore une fois seul avec toi-même

Sans rien

Captif de l’instant présent

Captif de la douleur


*


Chaque journée porte sa signature

Toujours différente, imprévisible

Irrationnelle


*


Le mouvement dans mon esprit est incontrôlable

C’est un temps interne

Chaotique


*


La logique du système accouche du tireur fou


*


Les familiarités sont le prélude d’une guerre sans merci


*


Tout ce qui est dit

Est dit

Une fois


*


La beauté radieuse nous parle, nous inspire

Nous excite

La beauté mélancolique

Nous emporte


*


Après le détachement des choses de ce monde vient

Le détachement du détachement

L’abandon

L’orgasme


*


Le sens de la vie, c’est la liberté


*


Le sens de la vie n’est pas dans l’être ou l’avoir

Mais dans le possible


*


Tout ce qui est possible

Doit être possible

Voilà le sens de la vie

La Volonté du Possible


*


La limite de notre liberté, c’est notre imagination

Et celle des autres

Autrement dit, notre imagination

Doit toujours être revue à la baisse

Jusqu’à sa disparition complète dans la forme

Dans le formulaire

Dans le consensus


*


La forme dégénère toujours en formulaire

La pensée, en absence complète de pensée

Ce qui était mou devient dur

Ce qui était flexible devient rigide


*


La vie oscille entre la douleur ennuyante et

L’ennui douloureux


*


Les maniaques de la perfection sont des fous plus parfaits que les autres


*


Tout ce qui peut être écrit ou dit

Ne vaut la peine d’être lu ni entendu

Face à l’Essentiel


*


Suivre l’actualité est le nouvel argument pour nous garder rivés à un écran


*


Plus le fil de l’actualité est changeant

Plus il ne se passe

Rien

 

Le fil de l’actualité sert à dissimuler ce

Rien angoissant

 

Nous avons l’impression que le monde va vite

Mais il ne fait que du surplace à un rythme effréné


*


Il est beaucoup plus facile de soigner les effets

Que de traiter les causes

Mais entre-temps, on s’est perdu dans les moyens

Et le moyen est devenu la fin

 

On ne guérit pas la maladie

On la soigne, on la gère

Nous devenons toujours plus des gestionnaires

Des autres, de nous-mêmes, de tout

De l’Absurde


*


La course vers l’avant est une course contre

L’Absurdité

Qui se demande à quoi pourra bien servir la course

Et nous laisse gagner

Pour rien


*


Si nous voyons dans le regard de l’animal qui souffre

En silence

Par notre main

Sa patience envers nous, dans la douleur

Son impuissance totale face à notre dureté de cœur

Nous commençons à ressentir ce qu’il ressent

Nous commençons à comprendre

À changer du tout au tout

Et nous devenons une personne plus aimante

Une personne extrêmement molle

D’autant plus molle que nous avons mauvaise conscience


*


Celui qui n’a pas mauvaise conscience

N’a pas de conscience du tout


*


La violence n’est pas justifiée

Mais la violence contre les violents

Est toujours justifiable

C’est pourquoi le terrorisme a de l’avenir


*


Faire le vide, c’est un peu comme se retrouver dans

Les décors désertés

D’un soap opera


*


Les deux pires choses qui puissent arriver dans la

Vie d’un homme

Sont l’université et les possessions

L’accumulation de dettes et l’accumulation de biens

 

Après ces deux lourds fardeaux

L’homme ne peut plus bouger

Et il perd ses ailes

Il perd ses rêves

 

Et devient toujours plus comme un pesant ruminant

Attaché à sa clôture


*


L’orgasme est l’opposé du contrôle

Nous ne sommes pas capables d’avoir un orgasme

Parce que nous ne sommes pas capables de

Nous abandonner

 

Un monde où règne la mentalité de la loi et de l’ordre

Est un monde

Sans orgasme

 

Le droit et la jouissance sont comme l’eau et le feu

Nous ne pouvons voir la jouissance autrement que comme

La jouissance d’un bien

 

Rares sont les femmes qui savent

Mais encore plus rares les hommes maîtres

De ce monde


*


Celui qui passe pour un saint

Parmi les hommes

Est seulement

Bon

 

C’est dire combien la bonté est rare

 

*


Un homme qui n’a pas son pedigree d’obéissances

Après un certain temps

Ne vaut plus rien aux yeux de la société

Et est relégué dans les marges

 

C’est pourquoi l’homme jeune

Encore empli de vains désirs

Est si obéissant


*


On ne sait pourquoi

Le cheval obéit

Le zèbre

Mord

 

C’est pourquoi on laisse le zèbre tranquille


*


L’homme au contact de l’animal

Devient plus humain

Et au contact de l’homme

Devient plus bête


*


L’esthétique sert à rendre des choses belles

Laides

Plus on essaie de perfectionner la nature

Plus on montre son manque de goût

 

Nous ne savons plus ce qu’est la beauté sauvage

Les civilisés la tuent


*


L’amour est un je-ne-sais-quoi

Encore et encore


*


Je ne lis pas les livres

Je les visite

En entrant par la belle porte


*


Celui dont le savoir n’est pas un chaos

Ne sait pas grand-chose


*


La Figure du travailleur moderne est

Le peddler

 

Quand nous n’aimons pas ce que nous faisons

Nous sommes tous des peddlers






Le Vide du Pouvoir 


L’aliénation est l’envers de la violence de tous contre tous

*

Il est évident que les politiciens finiront par être totalement discrédités par les scientifiques.

Car tout est science.

*

Le silence gardé

De nos jours

Est un silence de trop


*


L’hystérie collective

Commence le lundi et se termine

Le vendredi

Les médias se reposent la fin de semaine


*


Les médias surveillent des dossiers

Les dossiers sont lourds


*


Le réalisme engendre la Réalité

Le rêve engendre le Rêve

L’autre engendre l’Autre

Le même engendre le Même


*


Ce que tu juges être le pire

D’autres le voient comme le meilleur

 

Rien n’est meilleur

Pour les mouches

Qui batifolent et s’affairent

Heureuses

Sur la merde fraîche


*


L’esprit résiste au corps

L’esprit cède au corps

 

Le corps résiste à l’esprit

Le corps cède à l’esprit

 

Corps et esprit sont deux

Dans la vie même

Comme dans la mort


*


Le corps est le masque de l’esprit


*


Tant que l’homme ne sera pas capable d’arrêter

une seule des secondes qui le rapprochent de la mort

Il n’aura encore accompli aucun progrès véritable


*


Écrire c’est croire

Croire c’est pouvoir se tromper

 

Croire c’est accorder crédit, c’est prendre un risque

Croire est une forme de générosité

 

L’homme d’aujourd’hui, devenu complètement stérile à force d’abrutissement technologique

Ne croit en rien

Ne donne rien

 

N’écrit pas

Et lis encore moins


*


Je voyage à une vitesse de 100 années-lumière

Dans l’espace intergalactique

Je découvre des mondes infinis fabuleux

De nouvelles formes de vie, des civilisations et des mondes

Étonnants

 

Pendant que sur la Terre

Les hommes se demandent

Ce qu’ils vont faire

S’ils ne travaillent pas


*


Être négatif, ce n’est pas être pessimiste

C’est une réaction naturelle

Parce que la vie est franchement

Dégueulasse


*


L’homme est un diable

Pour l’homme

 

Quand rien n’est en jeu

Entre les hommes

Comme les pensionnaires d’un zoo

Ils peuvent se permettre d’être gentils et presque

Sans envie

 

Quand tout est en jeu

Entre les hommes

Et que les portes du petit jardin s’ouvrent

Ils montrent leur vrai visage

Dont la bonté n’était

Qu’illusion


*


La race à exterminer

C’est celle des travaillistes

Mais pour y arriver

Il va falloir travailler plus fort

Qu’eux

 

Il est absurde de travailler à convaincre

Un travailliste convaincu

Que le travail

Est inutile

 

Faisons autre chose


*


Il est absolument risible de voir un millionnaire

Assis dans son riche palais

Se poser des questions

Sur le sens de la vie

 

C’est ainsi que la valeur

De la richesse

Se trouve

Réfutée

 

Le riche ne se pose donc pas

De questions

Il commande et recommande

Le non-sens


*


Qui se rappelle ou se soucie même

Des politiciens d’il y a 2000 ans?

 

Les vedettes d’aujourd’hui

Et qui prennent toute la scène

Tomberont elles aussi

Dans l’oubli

 

Comme si elles n’avaient jamais

Existées


*


Il n’y a pas bien longtemps

Les hommes vivaient en hordes

Il n’y avait pas d’écriture

Pas d’histoire

Personne ne connaissait

Rien

 

Les hommes ne pouvaient

Ni s’envier

Ni compétitionner

En cette bienheureuse époque

 

Puis arriva:

 

La Prétention


*


L’esprit est cause de soi

Et de toutes choses

 

Il n’est pas fou celui

Qui a dit

Que Dieu est

Un Intellect

 

Si le moteur de l’Univers est un Intellect

La fin de l’Univers doit être le bien d’un Intellect

Le bien d’un Intellect est la vérité

La fin de l’homme et de tout l’Univers

Est donc

 

La Vérité

 

L’homme est pour la vérité

C’est le sens de sa vie

De son existence

 

Le sens de la vie, c’est la vérité


*


Nul n’échappera à la Mort

Fais comme si elle était déjà

Devant toi

 

Tous tes biens, tu les perdras

Ceux qui les recueillent

Les perdront aussi

Jusqu’à ta mémoire même

 

C’est une certitude

Que tu deviennes un signe

Dont on a oublié

Le sens

 

Le signe se changera

En trace

Et la trace

En poussière


*


Malheur de l’homme

Qui ne s’accorde aucun loisir

Pour les humanités


*


Ceux qui ont encore le souci d’un travail bien fait

Sont les derniers croyants


*


Seuls les innocents sont faits pour vivre

La vie est ainsi faite

Personne ne sait pourquoi


*


L’immersion est mon chez-moi

L’immersion dans la Chose

Est le contraire de l’aliénation


*


Dieu est tout ce qu’on ne comprend pas.


*


Sans les valets méchants du Château de Dux

Casanova n’aurait jamais écrit sa vie


*


Penser à la meilleure forme politique dans ses détails

C’est prendre la stratégie pour la tactique

Ce qu’on planifie dans sa tête et ce qui se passe sur le terrain

Sont toujours deux choses bien différentes

Néanmoins, le seul fait d’avoir anticipé quelque chose

Permet d’être un peu mieux préparé

Au succès fulgurant

À l’avenir radieux


*


Lorsqu’un philosophe se mêle de politique il ne réussit

Toujours

Qu’à faire de la politique de laboratoire


*


La fin ultime de tout voyage est la mort

Qui se presse d’arriver au but perd sa vie

La course en avant appartient à

Ceux qui ne savent pas vivre


*


On peut apprendre un grand nombre de choses

Par plaisir

Pour en apprendre davantage cependant

Il faut la volonté obstinée

D’avoir toujours raison


*


La vie dans l’absolu mérite d’être vécue

Mais pas ici-bas

Voilà pourquoi on philosophe tant


*


L’homme n’est pas de nature un animal social

Les animaux sauvages fuient l’homme et ne recherchent pas le contact

On les socialise parfois en forçant les choses, en les nourrissant

Ce comportement naturel de l’animal expliquerait la pudeur chez l’homme

La nature aime à se cacher

Parce qu’elle n’a pas besoin des hommes pour être bien


*


Si ce que l’homme étudie n’a aucune

Valeur pratique immédiate

Il étudiera dans le manque de ressources et seul

C’est le prix qu’on lui fait payer

Pour avoir voulu s’écarter

Du troupeau

 

Les gens aiment accabler de toutes sortes de soucis

L’homme qui se consacre à la connaissance

Comme pour lui dire

« Ne nous oublie pas »

 

Les hommes aiment qu’on pense à eux

Et qu’on s’intéresse aux mêmes choses qu’eux

Vanité

Insondable

 

Le philosophe serait vain de vouloir qu’on s’intéresse

À ce qui l’intéresse

Mais il prend une chance et écrit encore

Des bouquins

Qui mordront la poussière


*


Nous ne sommes pas seulement déconnectés de

La nature

Mais de la ville aussi

 

Les citadins ne savent pas comment leur ville fonctionne

Ils ne la connaissent pas comme

Système

 

*


Ris et tu riras seul

Pleure et tous les huissiers pleureront

Avec toi


*


Si la vie d’un philosophe n’est pas étonnante

Ce n’est pas un philosophe

Mais c’est peut-être

Un champignon intellectuel


*


Personne ne s’en rend vraiment compte mais

Chacun vit plusieurs vies

À l’intérieur de sa propre vie

 

Nos motivations

Appartiennent à des vies antérieures

Que nous n’avons pas vécues directement

Mais qui sont tout de même

En nous

 

Et que nous répétons

Même si elles ont perdu

Leur sens

Dans le monde présent

 

Comme le désir d’être

Un homme total


*


En toutes choses

Côté clair

Côté obscur

 

Chaque avantage

Son inconvénient

Chaque inconvénient

Son avantage

 

Le secret du monde

Le monde du secret

 

Un livre ouvert

Fermé


*


En toute action

Il y a

Intention ou vie vécue

Contrôle ou non-contrôle

Plan ou Destin

Réflexion ou spontanéité

Recherche ou naturel

 

Les héros de la volonté

Le but atteint

Ne peuvent jouir

L’animal est empaillé

 

Elle est préférable

La vie molle

 

*


Impossible de résoudre

L’équation de l’amour

 

C’est le mariage d’une variable

Et d’un inconnu


*


Le bien le plus précieux

De ce monde

C’est la beauté

 

Le monde tourne autour de la beauté

Qu’il le veuille ou non

 

Les grandes productions de la beauté

Les petites productions de la volonté


*


Les choses qui ont de la valeur

Sont sans valeur

 

Vaut par toi-même


*


Il s’en faut

Que le moins pire

Soit

Le meilleur

 

La liberté

Comme le piège

Se referme

Sur elle-même

 

L’amour est plus fort que la mort

La paix est plus forte que l’amour

 

Calme-toi

 

La joie est lors de toute chose