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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 31 août 2009

How to promote Corporate thinking

One of my employee was talking with another one, and though, I didn't want to eavesdrop on the conversation, I heard it to my great distaste. The employee was complaining that they were, in fact, "like slaves serving a master or the Corporation".

I immediately called over this employee to my office to fix this straight. I said to him: "Sit down my friend, we have to talk a bit." And I asked him straight away: "Do you like to work for this company?" He answered "yes". I added then: "Would you like eventually to progress in the company, and get paid better?" He answered "of course!". So I said to him: "The company works this way: there is a chain of command. You have to respect this chain for the company to work properly. If you are at the top of the chain, it's because you know what's best to do for the company, and you order it down to subordinates, who have equal chances to envision in a near future what the leader is envisioning, and gain the right to work directly with him. At the same time, the one at the top is also subordinate to the clients and the market. So you see that whether you are the top or at the bottom of the chain, we all need to obey. Obeying doesn't make the Chief Executive a slave, no more than it makes a subordinate a slave. You have to understand that we are sharing here the same interests, and that we work toward a common goal: a better future for society, and that's including you. You play an important role for us, because all the parts of the chain are necessary to reach this goal, and if you accept this situation and understand it fully, you will have great success with us and in life in general. Focus on positive thinking, and instead of asking yourself what the company can do for you, ask yourself what YOU can do for the company. Always remember: if we chose you, it's because you are the best."

I tell you, when this employee came out of my office, he wasn't a clerk anymore, he was already a Chief Executive! So you see, the power of words is very important to run a business. My advices: 1.Replace the disgusting word slave by subordinate (Nietzsche, Wille zur Macht) 2.Insist on the necessity of a chain of command 3.Insist on the important role played by each parts of the chain 4.Insist on the fact that the leader knows what's best to do for the company, because of his capacity to envision 5.Insist on equal chances to access the leading positions, by working on one's own leadership qualities 6.Insist on the fact that the leader is also a subordinate 7. Justify then, the necessity to obey 8.Insist on the fact that the employee and the company are working toward a common goal, and that we share then, the same interests 9.Then, not working toward this goal, would be working against one's own interests 10.Encourage him toward positive thinking, and to work harder for the company 11. Tell him that he is the best, and that's the reason why he is working for the company.

dimanche 30 août 2009

Pleine de bonnes dispositions

Le jour où j'ai pété au frette

Gimme gimme love, gimme some lovin'. Codéine? -Pas de problème, quatre d'un coup. Pseudoéphédrine? - Pas de problème, 300 mg drette là. Café ultrafort par-dessus ça? - Pas de problème, trois d'un coup, noirs. Une semaine sur la brosse en bonus? - Pas de problème, la bière ça me connaît, bois ça comme de l'eau. Le coeur manque de sauter à quatre heures du mat? - Pas de problème, la coke m'a souvent fait cet effet, trop habitué à penser que je vais crever dans l'instant qui suit.

Tout peut m'aider quand la douleur me pétrit le corps et l'esprit depuis une semaine, mais aujourd'hui, elle était à son climax, tellement que j'en voyais double, j'hallucinais. Tellement gelé sur les antidouleurs que toutes les filles étaient sexées. Tiens, je regarde la courbe de la belle patte de cette fille à l'arrêt de bus, elle aurait pu mettre un 2 par 4 à la place que je l'aurais trouvé sexé. Je ne pense qu'à des courbes, qu'à des corps, qu'au sexe les yeux mi-clos sur le beat de la musique trance qui me défonce les tympans et le cerveau.

Tout pour s'évader de la douleur. Tout pour s'évader de la réalité, de ce corps qui vieillit et qui est à veille de péter au frette. J'aime bien me répéter qu'ils vont trouver une solution, que tout se réglera d'un seul coup comme par magie, ils vont me donner une pilule, me faire une injection, peser sur un piton et pouf! plus de douleurs, tout sera guéri, je serai comme neuf! Ça va arriver un jour, oui! Je serai sauvé! Je ne mourrai pas dans d'atroces souffrances, ou plus probablement gelé d'aplomb et pratiquement inconscient ou complètement gaga alors que les infirmières sexées me passent dans la face et que tout ce que je peux faire c'est de baver sur leurs uniformes. Je serai capable! Oui, je serai encore capable, et beau, et jeune, et toutes les femmes voudront s'asseoir sur ma queue dans le plaisir et la joie de l'harmonie universelle! Que le monde est beau! Et que la codéine est bonne! Merci mon Dieu! Mille fois merci!

samedi 29 août 2009

Ce matin

Elle passe sa main sur mon ventre et descend tranquillement alors qu'on se réveille, «Ooooh, tu as une belle touffe bien fournie...». Elle a visiblement envie de faire l'amour, car habituellement elle n'aime pas ça.

Moi : «Ouais, une touffe bien épaisse, vintage, années 70; je vais devoir la raser bientôt...».

Don Juan et Casanova

Je lisais «La Bible Érotique» de André Moreau que je rencontré à quelques reprises, mais disons que la plupart du temps on se parle au téléphone, de philosophie, des femmes, de sexe, mais surtout de tout et de rien. Je l'aime bien, et lui aussi. En fait, je le lis depuis mon adolescence et il m'a souvent bien conseillé dans mon cheminement, même si nous ne sommes pas d'accord sur tout.

Passons au sujet en question : l'opposition Don Juan/Casanova. J'aime bien le type «Casanova» : l'homme sympathique qui lorsqu'il se fatigue d'une femme, s'arrange pour lui trouver un mari. C'est bien, c'est sympa, mais personnellement ça ne fait que montrer à quel point cette femme n'est pas «autonome», et je trouve aussi que ça fait un peu trop «gentleman» : bien des femmes aujourd'hui n'aimeraient pas cette façon de faire. Et l'autre, le «méchant», Don Juan, qui, homme ou femme, jette sa victime une fois qu'il s'est satisfait, sans égard pour l'autre et la peine qu'il peut causer. Moreau, contre le donjuanisme, ne préconise pas une sorte de «casanovisme», mais plutôt une «famille érotique élargie», ce qu'il appelle un «partnership amoureux ouvert» organisé autour d'un «noyau». Selon moi, ce genre de relation, parce qu'il ne tient pas assez compte de la volonté de conquête, est difficile à conserver dans sa forme originale.

Dans les couples échangistes, il peut arriver qu'un des deux partenaires quitte pour un des partenaires de l'autre couple et que les échanges cessent. Quand l'intensité est trop forte, il n'est jamais question de partager; c'est une réaction naturelle et très compréhensible, on appelle ça : l'amour. Lorsque la force d'attraction diminue et qu'un certain plateau est atteint, il est possible d'«échanger» à nouveau. Mais constamment, même dans ces relations ouvertes, il y a une tendance à former des couples qui deviendront «fermés» pendant un certain temps, ou pour toujours. Ainsi, dans la famille érotique élargie organisée autour d'un noyau, il y aurait une lutte pour le «noyau» en question si l'attraction est trop forte pour l'une des partenaires. Le noyau devra alors repousser la tendance à l'exclusivité manifestée par cette dernière et la replacer au sein du cercle érotique des êtres «privilégiés». Cela dissuade en même temps les «donjuanes» en herbe qui pourraient être tentées de monopoliser la source et empêcher les autres d'y avoir accès, avant de l'avoir vidée de ses énergies et de la «jeter».

Mais si cette tendance est naturelle en chacun de nous, pourquoi ne pas lui laisser libre cours? Selon moi, il est naturel que la personne qui se lasse de sa partenaire la laisse tout simplement, peu importe qu'elle soit amoureuse ou non, au lieu de s'asseoir sur son steak en attendant que tout explose. Ça fait du tort à l'autre, mais ça fait aussi du bien à la personne qui s'en va. Dans ce cas, le donjuanisme, fort dangereux et par le fait même beaucoup plus excitant, force l'autre à prendre son plaisir dans l'instant présent et à ne pas se faire d'attentes : il n'y a jamais aucun reste. L'effet de séduction doit être réciproque pour que le jeu soit égal, et les partenaires doivent rester le plus longtemps possible en mode «chasse», produisant une impression d'amour «suspendu» ou de «conquête perpétuelle». Le donjuanisme ne cause des dégâts que lorsqu'un des partenaires seulement est sous le charme de l'autre, comme envoûté, sans qu'il y ait réciprocité. Aussi, c'est le devoir de chacun, s'il se fait planter là sauvagement, de réapprendre à séduire, ou d'améliorer sa technique et de faire une tournée des bars au lieu de poireauter sur place en se remémorant son fétiche préféré. L'amour n'est-il pas la fétichisation de la beauté? Ainsi, chacun doit travailler à développer sa beauté, s'aimer, s'autosuffire et chercher à faire de soi-même une oeuvre d'art qui n'appartient, en principe, à personne. Est-ce que les fleurs s'appartiennent entre elles? C'est sous-estimer la force et l'imprévisibilité de l'amour et du désir qu'espérer pouvoir former une famille érotique où tous pourraient s'entendre à merveille et accepter de partager constamment sa source de plaisir en s'admirant et se remerciant l'un l'autre. Le désir joue dur dans les coins...

Et s'il ne jouait pas dur, ce serait peut-être de la cérébralité, mais ce ne serait pas le désir.

Personnellement, mes peines d'amour ont été des périodes déterminantes dans ma vie où j'ai dû me remettre en question du tout au tout et travailler sur moi-même avec détermination. L'échec en amour est très formateur, et ça réveille quelqu'un de son sommeil conjugal paisible de banlieue. Autrement dit, je me suis développé, je suis devenu plus fort à partir de ces mauvaises expériences. J'ai été forcé de trouver des ressources en moi-même, sinon, je n'avais qu'à me laisser mourir, à me laisser abattre par ce qui était, au fond, ma propre faiblesse.

L'Amour et la Mort s'aiment à mourir. Il faut accepter de jouer à plein le jeu de la séduction et risquer, risquer le tout, pour ce qui est l'amour le plus grand, le meilleur, le plus intense, la fatalité. Lorsqu'on «pense» trop l'amour, on n'est jamais bien amoureux, bien vivant, comme dans la vingtaine, où l'amour est si fou, libre et spontané, et où l'on finit par apprendre malgré soi l'«autre amour» par les forces d'inertie de la société, l'amour «administratif» : qu'aimer, c'est «commencer à prendre le sexe au sérieux». Bien triste amour que celui-là, car l'exclusivité sexuelle ne constitue jamais une preuve d'amour.

vendredi 28 août 2009

Love is a dog from hell (rewritten)

Brûlé, j'avais perdu mon job de vendeur
suis descendu sur Ontario
en high roller
paumé
et lui ai dit «I'm hungry, pay me a lunch».

je la croisais dans les hôtels
l'Anglaise
j'en rêvais comme de quelque chose d'interdit
elle dit «Wait for me here, I'm going to see a friend»

elle revint rapidement
on mangea les meilleures frites du monde et des hot-dogs
ensuite, elle m'amena à sa chambre
je la baisai et vint en elle.

on faisait l'amour chez moi, et je devais décider
elle se piquait
je commençais à l'aimer, lui ai dit
«I don't like this shit, stop shooting or leave!»
je lui ai dit de partir
elle se cachait dans les toilettes pour le faire.

la nuit tombée, seul dans mon lit
ma tête tournait
mon coeur
je faiblissais
la mort rôdait, au matin, pris mon trench-coat
c'était l'automne
il faisait froid

je l'ai cherchée partout
introuvable
je demandais, toutes les piaules, les putes
les chambres d'hôtel
je l'avais perdu
définitivement.

je voulais lui dire «I love you, forgive me»
«We'll get out of it together»
les trottoirs étaient déserts
je rentrai chez moi, le coeur arraché
déchiré
les pieds meurtris après avoir parcouru toute la ville

j'ouvris la porte de mon apparte
elle était là
couchée dans mon lit, au chaud
et ronflait.

jeudi 27 août 2009

The Smiths - How Soon is Now?

http://www.youtube.com/watch?v=_U5HpeA_WSo

J'ai dû écouter cette chanson 10 000 fois pendant ma première année de cégep. Je rêvais alors de partir en appartement avec une fille dont je serais amoureux, et commencer à vivre ma vie, en toute liberté. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées de cette façon.

Bouffer de la chatte

Bukowski, paumé et soul, revient à la maison familiale pour obtenir un peu d'aide. Sa mère l'accueille et lui offre un repas, qu'il mange devant son père, visiblement offusqué par sa présence. Il termine son assiette alors que celui-ci lui fait la morale et le menace de lui faire payer une pension, il lui lance «Hey, le père, qu'est-ce que tu dirais si on allait se taper quelques cocktails?», il lui répond «Tu me dégoûtes», réplique : «et j'aimerais bien bouffer de la chatte aussi»!!! Le père explose...

[Extrait de Factotum.]

mercredi 26 août 2009

Votre choix

Des aventures multiples mais courtes et passionnées style «bain de vapeur», ou une relation stable à intensité variable et où parfois pointe la nostalgie de la nouveauté?

La 26e position du Tung Hsuan Tzu

Les deux à quatre pattes, fesses à fesses. Je ramène ma queue en arrière et pénètre ma partenaire.

Sur le devenir-animal

Willard, prêt à se faire «conjugaliser».

mardi 25 août 2009

Sex and the Titty



Je trouve ce type de sein, moins courant, très excitant, et selon moi, c'est le plus beau et il vaut donc la peine d'être recherché pour lui-même afin d'être fétichisé. L'aréole surélevée fait penser à un autre petit sein superposé, doublant ainsi le plaisir de l'oeil et de la bouche qui caresse.

La Souate à l'attaque

Méchante arrestation pas loin de chez moi, j'ai le don de toujours être là quand c'est le temps. Hier je sortais pour aller au dépanneur et je vois ces deux gars louches, un Noir et un Blanc, qui traînaient devant un apparte en face. Ils avaient l'air tendus, je me dis intérieurement : ça sent pas bon. Ils détonnaient en ciboire dans mon oeil expert à moi, ça sentait les tites filles et la dope : ça sentait le crime organisé.

Tantôt, je suis en train de faire une sieste et sur la rue ça gueule dans un mégaphone : «Sortez un par un, les mains dans les airs», et ensuite la Souate leur disait comment se placer sur le sol, de pauvres petites sardines sur le bitume bouillant comparé à ces Terminator armés jusqu'aux dents, boucliers en sus. Je sentais le Claude monter en moi et regardais tout ça par une fente en me disant que je pourrais bêtement recevoir une balle perdue dans le thorax et crever, alors que les policiers se protégeaient derrière les autos, arme au poing. La rue était bloquée et le véhicule concerné devait être suivi par dix autres véhicules en civil avant que l'intervention n'ait lieu : la Souate a fait irruption d'une fourgonnette avec vitres teintées, et voilà : c'était «Gamer Over» pour la gang de rue. Ils ont pris le chef en premier et l'ont embarqué dans une auto en civil pour décamper à toute vitesse, les autres sont restés plaqués au sol.

Je vous épargne les détails du reste de l'histoire dont vous allez sûrement entendre parler au téléjournal, mais je voulais juste dire en passant que si je n'avais pas souffert de myopie, je serais depuis longtemps soit dans l'armée ou la police, mais m'ayant refusé à l'époque, ma vie a pris un autre tournant, dont j'aurais pu me passer avec joie. Aujourd'hui il est trop tard pour quoi que ce soit, je crois que les normes d'alors sont maintenant considérées comme de la discrimination, mais je suis trop vieux. Je dois me contenter d'écrire des blogues complètement paumé et cogiter interminablement sur le bien et le mal, au lieu d'être un héros dans le feu de l'action, muni de mes certitudes.

Je devrais me raser

Encore une nuit de 5h. Dès que le soleil se lève en fait, je suis crinqué, je ne tiens plus en place, même si dans ma chambre c'est le noir absolu. Mon esprit se met à vagabonder, je pense à toutes sortes de choses, j'écris même dans ma tête.

Disons que les idées cochonnes sont un bon indicateur du niveau d'énergie générale : ma libido est déchaînée. Je pense que ça va avec le soleil, mais peut-être que je me trompe, en tout cas, ça ne peut pas nuire. J'aime beaucoup passer la main dans les poils de mon torse, ainsi que les doigts dans le poil de mon pubis, ça me donne toujours des idées, puisque je fais le lien avec une belle chatte poilue, c'est d'ailleurs pourquoi je me laisse pousser le poil, ça compense pour le poil que ma blonde n'a pas, un peu trop encline à la «propreté».

Il m'arrive, une fois de temps en temps, de me raser tout le poil, torse, pubis, jambes. Quand je suis rendu que je fais des tresses avec mon poil de poche, ça m'écoeure un peu et je trimme le tout ou je rase complètement. Le poil sur le corps ne me dérange pas, mais je ne me laisse jamais pousser ni barbe ni moustache, choses que je trouve absolument répugnantes. La plus belle chose que j'ai vue de ma vie concernant le poil et les femmes, c'est une wannabe mannequin qui attendait en ligne pour passer une audition pour une entreprise de produits de beauté au Centre Eaton : elle portait une minijupe très courte, avait de longues jambes crèmes et on pouvait voir la chair de poule sur ses cuisses ainsi qu' un duvet généreux de poils blonds redressés, lui conférant une sorte de virilité ultraféminine : cette jeune femme était ce qu'on appelle une beauté rare, un spécimen hors-norme pour qui tout est permis. Je n'oublierai jamais le galbe unique de ces longues cuisses poilues, que je n'ai entrevues que 2 secondes! Je ne me souviens pas du tout de son visage, mais quel coup de foudre!

lundi 24 août 2009

Ton lunch : un régime à base de sperme

Love is a dog from hell

À écrire. Avant, je dois récupérer de ma petite virée d'hier soir.

Kim plus ronde, et plus sexée

Les araignées sont mes amies

Je n'écrase jamais les araignées chez moi, ce qui fait vraiment chier ma blonde, et j'adore ça. Les araignées sont mes amies pour cette raison, mais avant tout parce que ce sont des créatures hautement intelligentes, et que j'admire l'intelligence; j'ai beaucoup de respect pour ces bebittes dégueulasses qui tuent les autres bebittes stupides, et me rendent service au fond.

J'ai appris dernièrement que les cochons étaient aussi très intelligents, en fait, plus que les singes et les chiens, de plus c'est mon signe astrologique, alors j'adore les petits cochonnets, propres bien sûr. Il paraît qu'ils réussissent toujours à avoir ce qu'ils veulent, c'est aussi un trait de mon caractère : j'ai une esti de tête de cochon.

dimanche 23 août 2009

Baiser nourricier

Couché sur le dos, les mains menottées après la tête de lit en métal. Elle est sur lui, le cul dans sa face pendant qu'elle le suce. «Tu veux manger ma merde?» demande-t-elle à l'homme d'une voix très douce. «Oui.» Elle colle ses fesses sur son visage et le masque complètement, force et chie une partie de sa crotte, que l'homme mastique péniblement. Elle se met de côté et l'observe en l'encourageant affectueusement, «Mange chéri, allez, avale-le», et se rassoie sur son visage pour lui en redonner un autre petit bout, et ainsi jusqu'à ce qu'il ait mangé tout l'étron provenant de ses entrailles exquises. «Je te donne le baiser nourricier par le cul» lui dit-elle en soupirant, alors qu'elle force son anus sur sa bouche.

Questionnaire d'usage 3

1.Qu'est-ce qui t'écoeure le plus? - Les odeurs corporelles, genre «punk itinérant pas lavé depuis 4 mois». Ce avec quoi j'étais pogné ce matin dans le métro : j'ai dû changer de wagon pour pouvoir lire mon livre en paix, sans être contaminé par cette saleté, moi qui sortais de la douche tout propre; en passant, je sors toujours de la douche et je sens toujours bon. Si vous me croisez sur la rue, il y a de fortes chances que je vienne tout juste de sortir de la douche.

2.Qu'est-ce qui t'énerve le plus? - Une fille qui mange des chips. Elle perd beaucoup de mon estime si j'entends les crunch, crunch, crunch...

3.Qu'est-ce que tu trouves le plus laid? - Une fille qui porte des jeans, ou encore des espadrilles. Ces articles ne la mettent pas en valeur.

4.Qu'est-ce que tu trouves le plus beau? - Une femme sous la douche, lavant et caressant son corps, produisant beaucoup de bulles. Une femme qui prend soin de son corps, qui aime se toucher en appliquant des crèmes sur son visage, ses jambes; qui aime les parfums, le maquillage, qui prend soin de ses cheveux. Bref, qui est pleine de petites attentions pour elle-même, chose que nous les hommes ne connaissons pas vraiment et trouvons merveilleux, et très excitant. C'est une preuve que la femme s'aime elle-même.

5.T'arrive-t-il d'être malade? - Je ne suis jamais malade. Je n'ai pas eu la grippe ou le rhume depuis au moins six ans, peut-être plus. J'ai vomi il y a quatre ans à cause d'une intoxication alimentaire, c'est tout. Pourtant, je ne prends pas particulièrement soin de ma santé : je bois de l'alcool tous les jours et je veille souvent tard pour finir par ne dormir que six heures ou moins et aller travailler quand même; je dois alors me booster au café, mais je bois beaucoup de café de toute façon, préférablement noir. Une chose qui m'aide beaucoup je crois : je me lave les mains très souvent et je ne me les mets jamais dans le visage; j'évite de me toucher les yeux, les oreilles, le nez ou les lèvres sur lesquelles je mets du baume régulièrement pour me protéger du contact direct des particules de salive des gens qui me parlent.

samedi 22 août 2009

Les tites photos et les beaux profils

«Vous avez beaucoup d'«amis»? Vous êtes populaire? C'est que vous devez sûrement être important

C'est de cette façon que les entreprises de réseautage veulent qu'on pense. Au fond, on nous vend l'idée d'un fame rapide et d'«amis» instantanés. Mais savons-nous encore ce que veut dire le mot «ami», ce terme galvaudé?

Un véritable ami, c'est rare, et la communauté d'«intérêts» ne suffit pas à en faire un. La plupart du temps on confond ami et copain; le copain, c'est celui avec qui on fait des activités dans le même lieu, ça peut être un collègue de bureau, un buddy au gym qu'on croise régulièrement. On change de gym ou de boulot, on perd le contact. L'ami, lui, est invariable, il reste au fil du temps. Celui qui sera prêt à faire votre épicerie si vous tombez malade est probablement le seul ami que vous avez dans votre fameuse et longue liste d'«amis».

On dira, «Bon, encore un autre qui critique Facebook, alors qu'il doit lui-même avoir un profil sur le réseau». J'avoue que les contacts par réseau sont très tentants et peuvent sembler valorisants quand on souffre de solitude. Mais il suffit de prendre conscience de la mentalité qui s'installe ou se renforce avec l'utilisation et la popularité de ces réseaux. Sans s'en rendre compte, on est invité à consommer de l'«amitié», un simulacre d'amitié en fait, pour nous donner l'impression d'être moins déracinés. L'«ajout d'amis» devient alors du consumérisme au même titre que l'achat compulsif de biens matériels : on se sent moins seul ou encore, moins «nul», quand on a des milliers de petites photos d'amis sur son profil. La mentalité de la quantité l'emporte encore une fois sur celle de la qualité. Aussi, il est toujours plus facile de prendre l'avoir pour l'être et de montrer qu'on «a» plus, au lieu de montrer qu'on «est» plus, car l'être c'est la qualité, et la qualité ne «s'ajoute» pas, elle se cultive.

L'abondance matérielle que nous apporte la technologie, et par conséquent la «désolidarisation», puisque nous n'avons qu'à aller au marché du coin pour nous procurer ce dont on a besoin ou lieu d'avoir à travailler ensemble pour construire quelque chose, cultive une mentalité de «prêt à consommer» et de «jeter après usage». L'abondance des pays modernes tue l'«esprit d'étape» et nous voulons tout, tout de suite. Auparavant, on devait faire souvent soi-même les choses; on connaissait les procédés pour y arriver, et on était habitué aux étapes, ainsi qu'à faire preuve d'un peu plus de patience, le temps coulait plus lentement. On apprenait peut-être davantage à construire des amitiés, plutôt que d'essayer de s'en emparer, comme on s'empare d'un marché; aujourd'hui on a perdu le procédé, on veut du tout fait, du «sur mesure», un ami sur commande, comme une pizza au resto ou un repas surgelé; c'est aussi pourquoi nous sommes très forts sur les «grilles», qui nous permettent d'évaluer rapidement, mais aussi très superficiellement. Quand on pense que certaines personnes ne savent même pas comment se faire cuire un oeuf, on se demande bien comment peuvent-ils être capables de se faire véritablement de bons amis, ou des amis tout court.

vendredi 21 août 2009

Cornet

Elle lèche son cornet de crème glacée à la vanille, elle repense à ces moments, à cette époque pas si lointaine où elle attirait de jeunes hommes dans les escaliers de secours, les suçait et avalait leur sève après une longue fellation, car elle dégustait chaque seconde de ce moment interdit où un pénis chaud et dur se trouvait dans sa bouche, écartant ses mâchoires, et semblait exiger d'elle, par la pulsation du gland, qu'elle aille jusqu'au bout. Elle essuyait ensuite ses lèvres avec un petit mouchoir et cherchait sa prochaine queue, ainsi de suite, toute la journée, jusqu'à ce qu'elle commence à roter du sperme.

jeudi 20 août 2009

Brique

«Êtes-vous allés chez Brique?
- Non.
- Il faut aller chez Brique.
- Quoi?
- Brique.
- Comment? Je ne comprends pas.
- Brique câlisse. Brique, Brique, Brique!
- Ah, oui... Brique?
- Oui, c'est ça Brique. Le magasin de gugusses, vous connaissez Brique?
- Brique? Non. Connais pas. C'est quoi au juste Brique?
- Vous n'êtes pas allés chez Brique?
- Non...
- Brique, Brique, le magasin de gugusses, connais pas Brique?
- Peut-être que oui...
- Brique, Brique, Brique, il faut aller chez Brique câlisse! J'vous l'ai-tu dit Brique?»

Triage

Superviseur dans une usine de recyclage de tissus. Je regarde les femmes faire le tri sur le convoyeur qui transporte des vêtements usagés, et j'imagine à la place de ceux-ci des centaines de femmes nues couchées sur le tapis roulant, écartées, et que je dois manger «à la chaîne» pendant huit heures d'affilée.

Quand quelqu'un m'envoie chier, ça commence toujours bien la journée

Je ne connais rien de plus stimulant pour l'égo que quelqu'un qui me manque totalement de respect en m'envoyant chier tout de suite après que j'ai dit «Allo» dans le clavardage. On a tous une tendance à se croire plus important qu'un autre, mais là, ça nivelle un peu disons, ça remet le cadran à l'heure. Les phrases «Je ne suis rien» et «Tu es tout», deviennent des mantras à se répéter à toute heure du jour. Facebook, en ce sens, a un petit côté sadomasochiste.

Je fais une «demande d'ami» : la personne a une belle apparence, je me dis qu'on va commencer avec ça; de toute façon je n'ai pas le choix, c'est tout ce que j'ai au départ, je n'ai aucune autre information. La personne m'ajoute, mais évidemment, si la fille a mis une très belle photo, elle a probablement une affluence de «demande d'ami» de la gent masculine, et elle les ajoute machinalement. Plus tard, on me demande avec les gros sabots typiques des filles «intelligentes», «Té qui toé?» et «On se connaît?». Ben non, «on se connaît pas, mais on pourrait», alors vient la question à cent piasses, «Pourquoi tu m'as ajouté alors?», et ma réponse «honnête», «Parce que je t'ai trouvé jolie». (On pourrait m'accuser de faire de la «discrimination», mais si je choisis celles qui ne me plaisent pas par peur de me faire accuser de discrimination, je fais encore de la discrimination, positive cette fois. On aimerait bien s'en faire accroire, mais on ne sort jamais de la discrimination et du «préjugé», puisqu'on juge toujours en tout temps et en toute occasion d'après l'aspect général et la «première impression».)

La réplique est fatale : «Alors, tu fais des «demandes d'ami» à toutes les belles filles?», voulant dire par là qu'elle n'est pour moi qu'un «morceau de viande» parmi tant d'autres, et que je mérite donc promptement de me faire envoyer chier. Que puis-je répondre, ne disposant que d'une photo? «Ben non, j'en ai fait une seulement à toi (parce que tu es la plus belle?)», elle : «Tu ne me juges que sur ma beauté, tu es assez superficiel»... Ou bien devrais-je répondre : «Je t'ai fait une demande parce que tu es assez «ordinaire» (ou laide), pour moi ne compte que l'intérieur». Mais l'«intérieur» mesdemoiselles, n'est-il pas une autre forme de superficialité? De toute façon, on voit bien qu'on est pris dans un gros bouchon avec ces questions typiques de filles stupides et qu'il n'y a aucun moyen d'avancer.

Maintenant, dès qu'une fille me demande «On se connaît?», je la flushe immédiatement de mes amis sans répondre parce que si je réponds, on rentre automatiquement dans un dialogue sadomasochiste, et j'en ai soupé. La beauté physique est très attirante et admirable certes, mais elle est loin d'être tout, et je ne peux pas pour cette raison uniquement choisir d'abord l'«ordinaireté» ou la laideur sous prétexte de me consacrer à quelque chose de plus «essentiel». Je dirais qu'elle n'est qu'une première étape, comme dans la vie de tous les jours, on parle plus souvent d'abord aux gens qui sont «beaux», parfois aussi pour les rejeter avec plus d'empressement, car la discussion «pue» d'intelligence. J'ai à ce sujet en mémoire nombre de «discussions de bar» complètement nulles à chier avec de «jolies filles», parfois moins belles aussi. Ce qui arrive souvent, la fille qui a moins d'atouts physiques qui t'en foutent plein les yeux mais qui est brillante, vive, qui prend soin de son corps et qui a l'oeil pétillant va planter toutes les autres in the long run, et les «pitounes», elles, vont se retrouver avec la crème de la crème de la grosse marde des gars très beaux physiquement, ou laids et pleins aux as, et aussi nuls qu'elles. C'est dur dur d'être une pitoune.

mardi 18 août 2009

Zinc

Deux pichets de Boréal rousse. Billard, regards complices. Givre dans l'auto, souffles chauds, routes enneigées. Nous nous glissons sous les couvertures, nos corps se réchauffent, se caressent, lovés; mains gelées, je baise tes jambes, tes pieds. J'entre en toi, dans ta chaleur, ton corps tropical. Je t'ai goûté, je t'ai aimé.

Gymnosexuel

Elle revient du gym, entraînement intensif, course et chaleur étouffante. Il lui dit, «Chérie, assieds-toi nue dans mon visage, je veux te manger la canicule».

Féminité

«Il mit deux doigts dans sa féminité

Séance d'hypnose

Recycler le néant

Tout est recyclable. Si ma chanson n'est pas bonne, on la coupera en morceaux et on en fera des samplings et du rap. Même chose pour le texte, hache, hache, hacher tout, à la Burroughs. Je n'ai rien à écrire, rien à dire, à part mentionner que je passe le plus inaperçu. Je suis celui qui vous tient la porte, qui est poli et réservé, un peu timide, qui préfère se la fermer et vous laisser parler. Je me dévoile à vous, tout nu, tel que je suis? Comment savoir? On est toujours un personnage pour soi-même. On s'en fait accroire, on exagère, on arrondit les coins. On se joue la comédie.

J'aimerais pouvoir tout dire, mais je ne fais que tourner autour du pot, autour de moi-même, comme une roue autour du moyeu, autour du vide, à vide. Chemin qui ne mène nulle part. Dans le métro, je lis sans regarder mon livre. Je lis dans ma tête, un autre texte, le mien. Dans mes pensées, je vous regarde : je projette mes pensées sur vous, comme un film sur un écran. Les écrans se parlent entre eux, sans écrans. Comme la caméra devant un miroir, tout est écran d'écran. La «réalité» est l'immobilité supposée, ou l'incapacité à voir plus loin. Tout paraît solide, mais tout est en mouvement, changeant, constamment. Lorsqu'il est trop tard pour certaines choses, on se rend compte de l'importance du cadran.

Le temps est tout, il faut saisir le moment, l'occasion qui ne repassera jamais. Oui, je suis le même, c'est bien moi, tu me reconnais? L'illusion d'une permanence, d'un centre, d'un moi. D'une unique réponse dans le réseau invisible. La prochaine station, c'est toi qui t'attends. Tu franchis les portes de la cellule embryonnaire. Tu reviens à la mère. Au point, puis tu remontes le fil, jusqu'au début de l'humanité, puis de la Terre, du système solaire. Demain, nous ne serons plus là. Saisis l'instant, qui perturbe les données, qui confond les savants. C'est ton seul pouvoir dans la trame des «événements».

Ta vie sera sacrifiée. Puis d'autres viendront, et tout recommencera à neuf avec la meuf, et une énergie renouvelée.

Mais encore une fois, je me laisse conduire par le texte, les rimes cheap, et je vous raconte des histoires.

Comment faire pour écrire le «vrai»?

dimanche 16 août 2009

Chacun son trip

Pour certains c'est l'héroïne, d'autres la cocaïne, d'autres le travail, d'autres l'alcool, d'autres le sexe... Et d'autres encore, toutes ces réponses et davantage! Personnellement, je n'ai jamais compris ceux qui prenaient de l'héro, et encore moins ceux qui s'injectaient tout court. Si je prenais de la dope, je m'arrangeais toujours pour avoir un contrôle sur l'effet, ayant eu des méchants bad trips par le passé qui ont failli me tuer ou me rendre fou, comme l'acide et la coke sniffée, et avec la freebase je pouvais contrôler la quantité et la qualité (par le goût et l'odeur de la fumée), ainsi que la durée du trip par le morcellement des quantités, trip qui n'est jamais long mais très intense, surtout pendant les rapports sexuels. (À ce sujet, j'ai baisé une fille une quinzaine de fois en ligne, et j'aurais pu continuer, car elle en voulait toujours plus étant gelée elle aussi, mais nous avons été obligés d'arrêter abruptement après qu'elle ait lâché un grand cri : avec la friction répétée et les coups secs, mon pénis avait déchiré sa lèvre comme un poignard; elle dut se rendre à l'hosto, le trip était fini. Ça a pris deux semaines avant qu'on puisse rebaiser, mais jamais aussi intensément.)

En revanche, l'injection ou la prise de pilule, ou encore, renifler une poudre qui reste «collée» dans le sang et qui est difficile à éliminer ne permet pas de contrôler ni la qualité ni le trip, qui peut être fatal. Même chose pour le «fort», qui soul trop et trop vite, menant à des pertes de mémoire, à de l'agressivité subite et parfois à se réveiller dans des lits étrangers à faire des choses qu'on n'aurait pas voulu. La bière, s'éliminant facilement, ne mène jamais à ce genre de situations. Donc, prudence avec les substances.

Très tôt dans mon adolescence je recherchais les sensations fortes, les cascades spectaculaires, les sports intenses, la musique heavy, les montées d'adrénaline : j'étais l'antithèse du type zen. Puis, entre amis, premières virées, colle, et les premiers joints de hasch, j'avais même une belle petite pipe en bois artisanale. Je travaillais comme caissier dans un dépanneur et j'ouvris la revue «High Times» qui parlait déjà à l'époque d'une nouvelle drogue très forte et qui causait un fléau aux États-Unis : évidemment, je voulais l'essayer, c'était la «freebase». J'écoutais Led Zeppelin avec mes amis et le chanteur hurlait ce mot, synonyme de tous les vices et de la dépravation totale, dans une des chansons. Nous en rêvions comme d'une belle chatte de femme écartée.

Puis, ma découverte des bas-fonds de Montréal, addiction à la substance convoitée alors qu'on me conseillait de ne pas l'essayer, mais je suis toujours venu à bout de tout, alors je n'avais pas peur. Je dois avouer que j'avais une grande excitation à l'idée d'être «esclave» de quelque chose, de me ressentir différemment, d'être «dépendant» et d'avoir besoin de cette substance, comme un vampire de sang. Ça me donnait une sorte d'identité, de réalité, d'«état de fait» de moi-même, de consistance fatale. Autrement dit, je n'expérimentais pas seulement une drogue, mais je m'expérimentais moi-même à travers cette drogue, je me lançais un défi : le défi de la dépendance impossible. Avais-je enfin quelque chose à quoi m'accrocher pour pouvoir dire «Ça c'est moi», «J'en ai besoin, c'est mon amour, c'est ma vie»? Pendant un certain temps, je l'ai cru dur comme fer. Puis, j'ai compris que toutes les dépendances étaient uniquement et très fortement psychologiques. Le dépendant, ennuyé par tout, veut se faire croire qu'encore une chose au moins, par son pouvoir envoûtant et irrésistible, le retient dans l'existence. L'«amour» naissant fait souvent le même effet. La vie serait bien ennuyante s'il n'y avait ni sexe ni amour!

Aujourd'hui, je suis calmé point de vue sensations fortes. Je modère mes transports en amour, et si je bois, je reste raisonnable, je ne perds jamais le contrôle en rien, sauf lorsque je jouis, et si je prends de la dope c'est en scientifique qui sait ce qu'il fait, mais c'est tellement rare que ça se produit, puisque je n'ai pas besoin de rien prendre pour «tripper», le voyage dans la pensée et dans les connaissances est beaucoup plus excitant et enrichissant, sans vouloir faire mon snob, bien sûr. Personnellement, je ne veux pas perdre ce que j'ai acquis avec peine et labeur, je parle de mon univers mental qui est équilibré et le fun; j'aime ma personnalité, ma stabilité, ma vivacité. Le manque de forme ou l'esprit brouillé à cause de la consommation me rend malheureux, car je ne me sens pas au maximum de mes capacités, je suis incapable de travailler mentalement et j'ai le sentiment de perdre mon temps, une chose que je déteste. Cependant, je ne suis pas contre les «paradis artificiels», nous avons chacun les nôtres, à chacun son trip. Laissons les personnes vivre ce qu'elles ont à vivre, il ne peut en sortir que du bon.

I hate myself

Je pratique mon sport préféré, la «haine de moi-même». Quand je suis à bout de force, et que je n'ai plus l'énergie pour détester ce monde, je me déteste moi-même. Je n'aboutis à rien, je tourne en rond, je ressasse d'la marde, avec toutes mes connaissances je ne progresse pas d'un poil dans ma situation, etc. Ben oui, c'est certain que je suis à des années-lumières de ma vie antérieure, une histoire de bad lucks en série, mais le bonheur et la réussite, c'est toujours relatif.

Je suis malheureux, car je suis accablé de travail. C'est moi qui l'ai voulu comme ça, puisque je m'ennuie énormément dans ce monde d'une profonde imbécilité criminelle. J'ai l'impression que je ne pourrai jamais rien faire pour aider où changer quoi que ce soit, car je suis toujours occupé à me battre pour survivre, j'ai besoin de fric. C'est en partie la raison de ma frustration : je ne réussis pas. On me lance à tour de bras «Tu es brillant», «Tu es intelligent», «Tu es beau», «Tu as tout», peut-être oui, mais alors, où il est le «cash»? Le marché du travail est rendu rock n'roll en sacrament, et on se fait brasser tous bords tous côtés, souvent obligés de se prostituer pour des agences d'intérim : c'est vraiment rendu de la saloperie. T'as un bacc., une maîtrise? Té trop qualifié, tu ne travailleras pas. Va faire des cheeseburgers.

Je me sens sans racines, sans attaches; le contact avec ma famille est rompu depuis longtemps, et je parle aussi de la famille de mon père et de celle de ma mère : tout le monde se haït, et je n'irai jamais à l'enterrement de personne. Les liens ont toujours été impossibles dans ma famille; dès le départ, tout était câlissement pourri. Je cherche pourquoi et je n'arrive toujours pas à comprendre les conditions exceptionnelles qui ont rendu possible le développement de ce gros tas de marde.

Je n'ai jamais pu former de liens solides avec personne, et ça me fait chier au maximum. J'avais un bon ami jusqu'à il y a pas longtemps, puis, il s'est mis à être jaloux, il m'enviait secrètement, pourtant, il n'avait aucune raison. Il me mentait, essayait d'embellir sa réalité à lui, il avait un genre d'orgueil d'Asiatique, pourtant c'était un Québécois. Il a renoué avec ses racines indiennes, a foutu le camp dans la réserve et je ne l'ai plus revu. Lui aussi il s'est entiché comme mon père du «savoir secret», «initiatique», la pire forme de maladie. Je ne m'intéressais pas vraiment à ce savoir, alors pour lui je devenais probablement méprisable, «ignorant», peut-être même que je devenais une sorte d'ennemi pour son «idéal» ou je ne sais quoi. Il semble que la folie est l'état normal de ce monde; je vais passer mon tour. À tout prendre, peut-être est-il mieux de ne pas trop le fréquenter, et de regarder la parade de loin.

samedi 15 août 2009

L'externalisme épistémique de Goldman

Alvin I. Goldman, un philosophe américain, publie en 1986 Epistemology and Cognition où il sera question du faillibilisme (process reliabilism) et du rapport entre épistémologie et psychologie. Dans ce livre il développe sa conception de l’épistémologie qu’il appellera epistemics : une épistémologie qui fait appel à une collaboration avec plusieurs disciplines, dont entre autres les sciences empiriques et la psychologie cognitive. Goldman désir par ce programme enrichir l’épistémologie tout en préservant son identité. Dans la lignée des problèmes engendrés par l'héritage de Descartes, il en vient à discuter assez rapidement du scepticisme et de ses arguments contre la connaissance. La connaissance est-elle possible? À quoi pouvons-nous nous fier pour dire que nous avons une connaissance? Afin d'aborder le sujet et de situer l’externalisme par rapport à l’internalisme, commençons par une explication sur Descartes.

Descartes, dans la première des Méditations Métaphysiques, reconnaît avoir eu de fausses croyances dans le passé, surtout en raison des sens, qui sont trompeurs. Par extension, toutes ses croyances ou connaissances sur le monde pourraient être trompeuses. Il veut donc fonder ses connaissances sur un terrain solide, et doit d'abord pour ce faire, balayer ces fausses opinions afin de pouvoir former un édifice de connaissances «certaines», semblable à la structure d'une pyramide.

Descartes fait donc entrer en scène un mauvais génie et procédera à la suspension de son jugement, puisque ce génie pourrait le tromper dans toutes ses croyances, lui faire croire que ce qu'il pense savoir est réel, mais tout n'étant qu'illusion, il ne peut parvenir à trouver la vérité. Descartes doit donc s'assurer d'un fondement indubitable, «certain», pour garantir un accès à la connaissance «vraie» et pour cela il doit commencer tout de nouveau. Il est à noter que malgré le fait que Descartes puisse être en proie, selon lui-même, à l'illusion la plus totale, il sait quand même où se diriger pour trouver les fondements certains, et compte avant tout sur sa «raison», autrement dit sur un état «interne» qui puisse le guider.

Si un mauvais génie me trompe continue Descartes, le fait qu'il me trompe implique que j'existe, que je suis. Mon existence est donc à inscrire au titre des connaissances indubitables, nécessairement vraies. Cependant, cette connaissance ne me dit pas encore ce que je suis, elle me garantit seulement que je suis. Rien de la matière ne peut m'être attribué, en revanche je puis trouver dans mon esprit le fait que je pense; tout ce que je peux donc dire à propos de moi-même, c'est que je suis une chose qui pense.

Pour l'existence des choses extérieures, Descartes se sert de l'exemple de la cire qui fond sous l'effet de la chaleur; il la dissocie donc de ses qualités physiques, puisque celles-ci disparaissent à ce moment, cependant, elle demeure toujours une chose qui possède l'extension, une chose étendue. L'étendue est donc une caractéristique que je peux saisir clairement et distinctement par l'inspection de l'esprit, et non par les sens. Descartes en vient à conclure que si je puis connaître ces choses qui sont hors de moi, je puis encore plus facilement connaître mon esprit. Nous pourrions qualifier Descartes aujourd'hui, d'avoir fait preuve d'un grand optimisme épistémologique. Nous savons, surtout depuis Freud, que la connaissance de notre propre esprit est loin d'être évidente et qu'il arrive que nos motifs réels nous restent assez souvent cachés. Le «flux de conscience» est alimenté par d'autres «affluents» qui font que l'accès à notre esprit n'est pas aussi simple ni aussi direct qu'il n'y paraît, ou plutôt, qu'il n'y paraissait à l'époque de Descartes.

C'est donc à partir de ce contexte laissé par Descartes, entre autres de la problématique engendrée par la division corps-esprit, où le corps est une entité matérielle et l'esprit ou l'âme, une entité absolument séparable de la matière, que Goldman aborde la question du scepticisme. «La connaissance est-elle possible?», demandions-nous, «de façon autre que par l'accès à un état interne garantissant celle-ci par la garantie apportée par cet état lui-même, en l'occurrence, la certitude de la pensée et du je?» ajoutons-nous maintenant. Goldman ne répond pas immédiatement à cette question, mais il est clair que pour lui l'infaillibilité du processus qui mène à l'acquisition de connaissances n'est pas nécessaire, autrement dit, ce processus peut être faillible et entraîner parfois des erreurs. Inversement, le processus doit avoir une forte tendance à produire des croyances vraies, donc à être fiable.

Goldman discute des formes de scepticisme et mentionne que les plus envahissantes sont celles qui portent sur la possibilité de l'erreur (30). Des trois sortes d'erreurs possibles mentionnées dans la littérature sceptique : (1) la faillibilité de nos facultés cognitives (2) la relation entre l'esprit et les objets cognitifs, et (3) la relation logique entre l'hypothèse et les données probantes, nous n'aborderons que la deuxième forme.

Les questions soulevées par cette forme de scepticisme et formulées par Goldman sont les suivantes : «Si l'esprit n'a de connaissance directe que de ses propres contenus, comment des croyances fiables peuvent-elles être formées à propos des objets physiques?» et «Si les phénomènes mentaux sont intrinsèquement privés, comment puis-je former des croyances fiables à propos des autres esprits?». Ces questions peuvent aussi m'amener à penser qu'il soit possible dans ce cas qu'il n'y ait pas d'autres esprits, que je suis seul, enfermé en moi-même, et que les personnes que je croise sur la rue sont peut-être des automates. Nous sommes donc facilement conduits par ce genre d'interrogation à la possibilité du solipsisme.

S'ajoutant à ces questions nous avons aussi l'argument du rêve et l'argument du mauvais génie de Descartes, qui viennent semer le doute sur la possibilité de nos connaissances du monde extérieur. Putnam en a donné une version moderne avec son exemple des «cerveaux dans une cuve», qui aurait peut-être servi à inspirer en partie le scénario du film La Matrice (1999). Goldman mentionne à ce sujet que les hypothèses du mauvais génie ou des «cerveaux dans une cuve» peuvent être invoquées afin de montrer que pour toute proposition p à propos du monde extérieur, une hypothèse concurrente peut être construite pour son explication et sera de façon équivalente, aussi satisfaisante. Ces hypothèses font appel à la possibilité de l'erreur et afin de répondre à ces «objections», Goldman attirera l'attention sur la question de la fiabilité des processus cognitifs humains (37). Cette question se divise en deux autres questions : (a) Quels sont les processus cognitifs des êtres humains? et (b) Quelle est la fiabilité de ces processus? Goldman insistera sur la collaboration de l'épistémologie avec la psychologie cognitive afin de répondre à (a).

De façon générale, Goldman préconise la collaboration étroite avec la psychologie plutôt que le recours à des méthodes de fauteuil (armchair theory). Les termes clés épistémiques dont il faut rendre compte sont la «connaissance» et la «justification», et le sujet du scepticisme ne doit pas prendre trop d'ampleur dans les recherches en épistémologie d'après Goldman. Les deux principales questions du scepticisme formulées par Goldman sont les suivantes : (1) «Est-ce que la connaissance humaine est possible?» et (2) «Est-ce que la croyance justifiée (humainement)est possible?». Goldman répond à ces questions en affirmant que la connaissance et la croyance justifiée dépendent, de façon critique, de l'utilisation de processus cognitifs suffisamment fiables (39). Par conséquent, la connaissance et la croyance justifiée dépendent de notre capacité à pouvoir étudier ces processus (availability or nonavailability of such processes) (39).

Goldman suppose un instant que le scepticisme sur la validité de nos connaissances totales sur le monde (global scepticism) remporte la partie. Serait-ce alors la fin de l'épistémologie? Goldman répond alors que s'il n'y a pas de processus cognitifs suffisamment fiables afin d'atteindre une connaissance ou une croyance justifiée, il devrait pouvoir y avoir, minimalement, des différences quant au degré de fiabilité des processus (40). Une tâche importante de l'épistémologie serait alors d'identifier les processus qui sont relativement fiables et de différencier ceux qui sont meilleurs de ceux qui sont moins bons; ceci permettrait de maximiser le taux de véridicité (truth ratio) ou de maximiser la probabilité d'avoir un taux supérieur de véridicité, ajoute Goldman.

La fiabilité est donc un critère important pour la connaissance et la justification. Cependant, ajoute Goldman, si aucun processus cognitif n'est assez fiable pour conférer la connaissance ou la justification, d'autres critères (standards) pourraient entrer en jeu, tels les critères de la puissance (power) ou de la vitesse (speed). Le scepticisme ne fera donc jamais en sorte que l’épistémologie sera prise au dépourvue et elle aura donc toujours quelque chose sur quoi travailler.

Nous pouvons maintenant conclure que ce qui importe avant tout pour Descartes en ce qui concerne la connaissance ou les croyances, ce sont les facteurs internes au sujet, et cette position constitue de façon générale l’internalisme. En revanche, pour l’externalisme (Goldman) il est possible pour un sujet d’avoir une croyance sans connaître les processus qui lui ont permis de l’obtenir et même sans savoir comment ils fonctionnent. Pour l’externalisme, il y a donc des facteurs «externes» au sujet au sens où il peut les ignorer mais avoir toutefois une croyance vraie justifiée. Le recours à mes états internes pour rendre compte de mes croyances n’est pas nécessaire et je puis compter sur la fiabilité de mon processus de production de croyances.

Dans la troisième partie des fondements théoriques, la partie sur la connaissance, Goldman explique que les objets des croyances seront pour lui, les propositions. Alors nous avons les états mentaux, les propositions seront les contenus de certains de ces états mentaux et des valeurs de vérité leur seront attribuées telles que «vrai», «faux», ou «indéterminé». Goldman formulera une réponse particulière en ce qui concerne les valeurs de vérité des propositions. En effet, «qu’est-ce qui fait qu’une proposition a la valeur de vérité qu’elle a?» demande Goldman. Il répond que cela dépend de la façon dont le monde est. Une proposition peut être vraie sans être connue, autant qu’elle peut être vraie sans être crue. En revanche, aucune proposition ne peut être connue si elle n’est pas vraie. La vérité n’exige pas la croyance, mais la connaissance exige la croyance, et la vérité ne demande ni d’être connue ni d’être justifiée pour être (19). S’il y a un lien à faire entre Goldman et Ryle, ce sera à propos des propositions. Cependant, Goldman préfère se concentrer sur le l’«aspect mental» en épistémologie, au lieu du langage naturel et des actes de langage, ce qui sera davantage les préoccupations de Ryle qui s’intéresse à analyser et à démêler le langage ordinaire d’une façon qui rappelle le projet de Wittgenstein.

Ce qui pourrait aussi rapprocher Goldman de Ryle c’est que les croyances n’ont pas besoin d’être constamment présentes à la conscience, un exemple de cela est fournie par Goldman dans le chapitre 10 sur la mémoire : je puis avoir des croyances qui ne sont pas activées et d’autres qui sont activées dans ma mémoire à long terme (long-term memory). Goldman utilise l’exemple de Mélanie qui doit faire un travail scolaire et se rend à la bibliothèque la fin de semaine pour le faire, alors qu'elle connaît l'horaire et sait pourtant que la bibliothèque n'ouvre pas avant onze heures, contrairement à la semaine où celle-ci ouvre à huit heures. Si elle le savait si bien, pourquoi a-t-elle omis l'information? Goldman nous explique que c'est parce que l'«information» n'était pas «activée». Il faut imaginer les «croyances» comme des interrupteurs, qui sont soit à «on» soit à «off». Donc le corpus de croyances non-activées de la mémoire à long terme peut être énorme, cependant ces croyances ne sont pas toutes «présentes» à l’esprit ou activées à l’instant t (203). Aussi, la croyance inactivée peut être considérée comme causalement inopérante, puisque Mélanie se rend à la bibliothèque de la même façon que si elle n’avait eu aucune connaissance de l’horaire de la bibliothèque pour la fin de semaine. Goldman ajoute que le problème de Mélanie a résulté de son échec (failure) à pouvoir réunir et activer les faits inscrits dans sa mémoire à long terme qui pourraient influer sur sa décision et que ce n’est pas une erreur de raisonnement, mais peut-être une «erreur de catégorie». Certains renseignements n’ont pas été considérés comme pertinents dans sa prise de décision, alors qu’ils auraient dû l’être.

À continuer.

Les masses critiques

Les masses peuvent-elles être critiques? À première vue, lorsqu'on croise la masse d'imbéciles de gros puants attardés dans l'autobus, on doute de la possibilité. Le gars est dans la trentaine, style rocker, gros bras velus, cheveux longs noirs et l'air tough, ben tabarnak, il a le dernier tome de Harry Potter dans les mains et le lit avidement. Est-ce possible? En tout cas, c'est pas le premier que je vois faire ça. Allo dans le coco! C'est pour les enfants ces histoires, mettez-vous donc à lire des choses plus intelligentes si vous voulez avancer dans la vie sur le plan de la culture et de l'esprit.

Prenez des cours à l'université, apprenez une autre langue, activez-vous le ciboulot au lieu d'être complaisant envers vous-même et d'aller vers le plus facile. Si vous cherchez votre «chez vous» et que vous vous ennuyez de votre maman, prenez-vous un bon chocolat chaud ou encore faites-vous chauffer de la soupe poulet et nouilles style grand-maman : la question sera réglée et votre intelligence ne sera pas hypothéquée à cause de votre manque d'affection, ou de tétées.

Lorsqu'on réalise à quel point nous sommes empêtrés dans une multitude innombrable de gens sans instruction, stupides et entêtés par-dessus le marché, on se demande c'est quoi l'optimisme de penser qu'on peut s'en sortir «tous ensemble». À ce qu'il semble, ceux qui bloquent les rues pour faire des fêtes improvisées destinées à opérer un changement dans les mentalités et se rapproprier notre espace autant «physique» que «mental» monopolisé par les multinationales, ne sont qu'une petite minorité de gens «réveillés», le reste dort au gaz dur en sacrament.

Si le système tient bien fermement en place, c'est parce qu'il y a des gens qui le supportent et qui pensent tous «toi, fait quelque chose» et finalement ne font rien en se rassemblant en rond autour de la victime en se disant que le monde est «écoeurant». Si le monde est «écoeurant», c'est à cause de votre passivité. Pensez-y deux secondes : ceux qui vous font la vie dure ne sont vraiment pas nombreux, et nous ressemblons à un éléphant qui saute sur un tabouret parce qu'il a peur d'une souris. C'est aussi un problème d'estime de soi : les gens ne se croient pas capables de faire quelque chose ou encore «autorisés» à le faire, alors ils ne font rien en renvoyant leur responsabilité de citoyen sur les «autres», qui eux, font de même et ainsi de suite.

Je ne suis pas complètement pessimiste par rapport à l'avenir de l'humanité, car je crois qu'une «masse» intelligente et qui agit dans son meilleur intérêt est possible, en tout cas c'est mon rêve, et c'est peut-être une utopie. La clé du succès passe selon moi par l'éducation (initiative, responsabilité, sens critique, courage) et le règlement urgent des inégalités, afin de permettre aux individus d'avoir accès aux mêmes avantages et de s'épanouir pleinement.

Tout le monde peut s'accorder pour dire qu'il est injuste qu'un jeune, parce qu'il provient d'une famille pauvre et doit donc travailler plus tôt pour subvenir à ses besoins, passe le temps qu'il pourrait consacrer à ses études et à son avancement à remplir les poches d'un gros capitaliste dans un fast-food, alors que l'enfant de ce dernier bénéficie de la meilleure éducation sans être obligé de travailler, et se retrouve aussi sans dette à la fin de ses études. Résultat concret : le jeune qui provient d'une famille pauvre «paie» en réalité les études de l'enfant du gros capitaliste qui l'exploite. N'est-ce pas une belle façon de s'assurer la mainmise sur le pouvoir et les capitaux! Comme on dit : «au plus fort la poche», c'est toujours la même histoire qui se répète, et je crois que ça peut changer si les intellectuels font un bon travail «avec» les gens et non «contre» eux en se vendant par avidité ou par inconscience à ceux qui, injustement, ont tout, et dont la vie est un vrai «lit de roses».

Sweatshop, je t'aime

Pendant qu'un enfant s'amuse ici avec ses jouets et apprend la signification du mot «jouer», un autre, de l'autre côté de l'océan, apprend la signification du mot «travailler 16 heures par jour, 7 jours semaine, pour quelques cent l'heure et des taloches» en faisant les jouets de nos enfants. Ils n'auront pas eu d'enfance, ils n'auront jamais joué, ils n'auront jamais de jouets : ces enfants donnent leur vie pour survivre, pour nos enfants. C'est vraiment ça l'équation : une moitié de l'humanité est sacrifiée pour l'autre moitié.

La distance aide à s'insensibiliser au sort de ces gens, mais puisque effectivement «charité bien ordonnée, commence par soi-même», regardez un peu par ici, parce que nous avons nous aussi nos propres «sweatshops» à Montréal même. La jeune femme veggie branchée de Montréal qui est, à juste titre, contre la souffrance infligée aux animaux et contre tous les abus des grandes multinationales et qui fait attention à ce qu'elle achète afin de boycotter efficacement, mange probablement de la laitue qui a été emballée par de nouveaux immigrants exploités bien à fond à 4 dollars de l'heure, sans conditions, puisqu'ils ne sont pas encore officiellement «citoyens canadiens», et le processus peut être assez long avant qu'ils ne le deviennent.

Les travailleurs de ces usines vivent souvent par dizaine ensemble dans des appartements miteux et délabrés, cohabitant avec des rats, des coquerelles et des champignons les rendant malades, exploités par un propriétaire véreux qui sait ce qu'il fait et ne répare rien pour sauver de l'argent : ils n'ont pas le choix, ils se ferment la gueule et retroussent leurs manches, parce qu'ils ont peur de se faire retourner dans leur pays s'ils ne se tiennent pas tranquilles et endurent la misère qu'on leur fait manger.

mercredi 12 août 2009

Les pauvres d'un jour

Horkheimer dit que «celui qui est en haut» (ou encore le riche, ou la grande âme, who knows really?) peut se mettre à la place du pauvre, s'identifier avec eux ainsi qu'avec les persécutés (là on parle avec ce mot des «pauvres en pouvoir», ou encore en argent [l'argent n'amène-t-elle pas une part de pouvoir? et les pauvres ne sont-ils pas justement souvent persécutés?], et qui subissent l'injustice par ce fait), mais que «celui qui est en bas» (le «pauvre»), lui, est incapable d'être généreux, parce qu'il a toujours vu le monde d'en bas.

Bon, c'est vague juste à point, le style contourné a ses limites. Horkheimer parle-t-il toujours absolument de grandeur d'«âme», ou parle-t-il des fois aussi de grandeur de «portefeuille»? Bien sûr, la richesse n'exclut pas la grandeur d'âme, de même que la pauvreté ne peut exclure une âme mesquine, et vice versa.

Venons-en à mon point, qui ne prend que le mauvais côté de l'interprétation. Vous en conviendrez que si demain on vous promet une très grande richesse, mais que vous devez, en signant un contrat, vivre dans le plus total dénuement pendant une année complète, cette année, malgré toutes ses misères et difficultés, sera vécue très légèrement et avec un certain plaisir dissimulé : parce que vous avez un avantage secret sur pratiquement tout le monde qui vous entoure, jusqu'aux passants qui vous donnent de l'argent, mais vous seul savez, que vous êtes en réalité au-dessus de tous ces gens, que vous êtes «en haut».

Ainsi, il est facile pense-t-on de se mettre à la place du pauvre quand on est plein aux as, par une sorte d'illusion, ou de complaisance, ou d'histoire qu'on se raconte en se voyant dans le rôle de sauveur ou je ne sais quoi, à la fois pauvre et riche, enfin, c'est ambigu.

Pour pouvoir se mettre vraiment dans la peau d'un autre, ça prend du temps, que ce soit le riche ou le pauvre, et surtout, ça prend du réel et des situations qui «durent». C'est alors qu'on n'est plus «dans la peau d'un autre», mais qu'on «est» l'autre, ou plutôt «soi-même» : la différence n'est plus perçue. Ceci pourrait se produire si on prolongeait la «durée de pauvreté» du contrat à dix ou vingt ans, car alors on craint de ne pas pouvoir survivre et aussi on «perd» du «temps de vie», ce qui fait goûter réellement la misère, car la misère après tout n'est pas tant le temps qu'on passe sans argent que le temps qu'on passe à «végéter», sans pouvoir faire grand-chose à part se battre pour survivre (on est loin des fantaisies d'Hollywood), bref, comme le pauvre.

Si on est riche, il faut tout perdre, de façon irrévocable, pour comprendre et ressentir «le vide» d'avenir : tout notre horizon habituel de rêves et de possibilités s'écroule, ainsi que tout espoir. C'est alors qu'on commence réellement sa vie «en tant que» pauvre, et non pas dans le «rôle» de pauvre, car autrement, c'est de la comédie.

Ainsi, les riches peuvent toujours s'amuser à déchoir et à dormir dans les ruelles pour ensuite faire la queue à la soupe populaire : ce n'est pas de l'empathie qu'ils cherchent à développer, mais qu'une manière de mieux goûter leurs richesses. Leur situation ne les atteint pas vraiment, car ils savent qu'à tout instant ils peuvent appeler au manoir leur limousine pour que l'aventure s'arrête, comme dans un jeu vidéo, irréelle en somme, et reprendre leur vie de pacha, avec ses courtisans et ses courtisanes, ses mets exquis, ses voyages exotiques, bref, ses possibilités infinies, celles précisément que le pauvre n'a pas et n'aura probablement jamais.

Bien sûr, l'argent ne fait pas le bonheur, mais «ça aide» comme on dit.

Maudit crosseur!

J'avais 6 ans, mon grand-père, un ancien policier suceux de nananes, très porté sur les tasses à boules, très kitsch, et les jokes cochonnes plates, me tapait sur les nerfs dans le salon chez mes parents, tout le monde était là, une dizaine à discuter.

Il n'arrêtait pas de faire des blagues cochonnes et des allusions sexuelles, ça m'agaçait énormément et j'étais pu capable de soutenir la monotonie du sujet auquel il prenait, lui, un grand plaisir : j'ai explosé du haut de mes 6 ans. L'insulte m'est sortie toute seule du gosier, à pleins poumons : «Maudit crosseur!»

Immédiatement dans l'assistance, comme un grand voile qui s'est déchiré, tous étaient scandalisés, et si mes parents n'avaient pas été là, je crois que mon grand-père m'aurait fait la peau, il bavait de rage. Toute de suite on m'a mis à l'écart, on m'a éloigné de la menace, exit ma chambre.

Mes parents ont eu tout un choc de voir à quel point je pouvais me mettre en boule soudainement. Ils n'ont pas eu le temps de réagir, allez exit!

Je comprends mieux pourquoi aujourd'hui mon grand-père désirait que j'entre dans la police : c'était pour me faire «casser» à Nicolet comme il disait, surtout ça! On va me «casser», moi? Pas sûr de ça le grand-père! Je crois qu'il m'a toujours détesté en secret après cette insulte impardonnable, qui recelait un peu trop de vérité au goût de cet homme qui avait probablement mis assez tôt un gros X sur sa vie sexuelle.

L'enfer du mariage

Quand on me parle de mariage, ça me fait toujours le même effet : je vois une belle petite prison étouffante. Je n'ai jamais compris les gens qui tenaient absolument à se marier, et qui de plus, se mariaient plusieurs fois; pour moi, c'est comme s'ils faisaient plusieurs fois la même erreur!

La nature humaine est changeante, nous ne connaissons pas l'avenir, et bien souvent, nous ne savons même pas où est notre véritable bonheur. Alors, pourquoi signer des contrats et s'engager pour la vie? C'est de la folie pure!

Personnellement, je tiens beaucoup à ma liberté et à mon bien-être : à ma liberté de pouvoir sacrer mon camp demain si ça ne marche plus et à pouvoir être plus heureux ailleurs, que ce soit seul ou dans les bras d'une autre femme. Quand les couples peuvent difficilement se séparer à cause de contrats et d'un paquet d'engagements qui les enchaînent, la violence n'est pas loin si du jour au lendemain un des deux partenaires n'est plus confortable dans ses liens. Les liens de l'amour ne sont-ils pas déjà suffisants?

Selon moi, derrière les belles apparences d'engagement, de loyauté et de responsabilité, se cachent la perversion sentimentale et sexuelle, et un désir secret de trahir. Les sites de rencontre pour personnes mariées pullulent. J'ai toujours été fidèle avec mes partenaires, même si je n'y suis obligé en rien, et justement! Le fait de ne pas y être «obligé» fait que nous ne sentons pas le besoin irrésistible d'aller voir ailleurs ou de partir. Conséquence : mes relations durent souvent plusieurs années, dans la fidélité, la liberté et le bonheur.

C'est comme ça : si je suis forcé de faire quelque chose, je suis toujours tenté de faire le contraire. Mais je pense que c'est un trait de la nature humaine, seulement, on veut se faire croire le contraire, se mentir, en imposer, voilà un autre trait, moins intéressant toutefois.

mardi 11 août 2009

Le petit hamster se fait aller

Savez-vous pourquoi les hommes cherchent continuellement le regard des femmes? Goleman rapporte dans son livre «Cultiver l'intelligence relationnelle» qu'«une équipe de scientifiques londoniens a découvert que quand un homme est regardé directement par une femme qui lui plaît, son cerveau active un circuit de dopamine qui lui procure une dose de plaisir».

C'est pourquoi quand une femme regarde en retour un homme qui cherche son regard, ayoille! le petit hamster se fait aller dans sa roue, parce qu'il reçoit immédiatement une récompense!

Mesdames, soyez provocatrices et regardez les hommes qui vous fixent plus souvent. C'est juste drôle et ça ne coûte rien!

Mon dessert préféré

De ces temps-ci, je suis dans une phase «sandwich à la crème glacée». N'aimant pas les acheter déjà faits, car premièrement le biscuit est toujours mou, deuxièmement c'est trop cher, et troisièmement on ne sait pas depuis combien d'années elles sont dans le frigidaire, surtout chez nos dépanneurs de coin de rue, j'achète une bonne crème glacée à la vanille, straight blanche, et les galettes de chocolat croquantes; arrivé chez moi, je mets les galettes dans un ziplock pour qu'elles ne ramollissent pas, et pour me faire une sandwich j'en mets deux une par-dessus l'autre, je prends de la crème glacée à la fourchette, je l'étends sur le long biscuit, je referme le tout en pressant, et voilà une sandwich écoeurante, qui assurera mon apport explosif en calories, et me forcera ainsi à courir comme un damné pendant de longues minutes au gym sur le tapis roulant.

Discipline

Je voulais vous faire entendre le morceau «Discipline» du groupe ci-dessous, mais il a été désactivé, alors, bon, voilà.

Je voulais parler de discipline, parce que vous savez tous comme moi que je suis un «monstre de discipline».

En fait, je suis debout tous les matins à 5h pile pour faire mon café, éplucher rapidement les articles de trois journaux différents, je fais mes 300 push-ups et autant de sit-ups, je me rase lisse, me lave sous la douche bien à fond, tout en pratiquant une langue, ça peut être le chinois ou le grec ancien ou encore l'inuktitut, ensuite je prends deux minutes pour résoudre un problème d'échecs de niveau grand-maître, tout en mangeant mon déjeuner composé exclusivement d'aliments bio de chez Tau, luzerne et quinoa, j'analyse une page de la Topologie Générale de Bourbaki, et, pour finir, j'écris un article sur mon blogue à toute vitesse que j'ai pris soin de rédiger dans ma tête pendant mon sommeil.

Je suis aussi régulier comme une horloge, de sorte que comme Kant, lorsque vous me voyez passer dans la rue, vous pouvez régler vos horloges grand-père sur moi, et je porte constamment une montre Tag : je suis un maniaque du défilement des secondes. De même, chez moi tout est si propre et en ordre que vous pouvez manger par terre, et même embrasser ou lécher le parquet de bois si vous le voulez; après tout, c'est ma sacro-sainte demeure.

Je suis contre la dolce vita, mais dans la pratique je ne suis pas toujours cohérent avec mes principes. Chez moi, le manque de «discipline» est souvent synonyme de «travail excessif» plutôt que d'absence de travail. Depuis trois jours je me couche tard, 1h ou 2 du matin en lisant non-stop, et je me lève à 6h, donc 4h de sommeil. Why? L'esprit est en ébullition et dans ce temps-là, je ne dors pas. Il arrive souvent aussi que je ne porte jamais de montre, en plus de n'avoir aucune notion du temps, que ce soit de l'heure, de la journée, du mois, et même parfois de l'année. Je suis dans mes livres et dans ma tête, et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours vu cela comme étant hautement compatible avec le sexe extatique. Un livre est pour moi un jouet sexuel : il doit faire bander mon cerveau. Tou bi continoude...

Freud et la pulsion d'agression

Je flirtais depuis quelques jours «Le malaise dans la culture» de Freud, seul livre que j'ai lu d'un bout à l'autre du père de la psychanalyse lors de ma première année d'étude en philosophie à l'université. Le contenu du livre était bien loin dans ma mémoire, mais son impact, toujours frais. Je le feuilletai donc à la librairie «Le Port de Tête» pour me convaincre de le reprendre et je suis tombé sur le passage qui parle de la propriété, du communisme et de la pulsion d'agression : une observation saisissante et qui porte à s'interroger.

Selon Freud, le problème avec le communisme, c'est qu'en voulant abolir la propriété privée «on soustrait au plaisir-désir d'agression humain l'un de ses outils». Autrement dit, la pulsion d'agression étant indéracinable chez l'humain, si le pouvoir d'agresser la propriété d'autrui, de s'approprier ce qu'il possède ou d'exploiter sans dédommagement sa force de travail est supprimé, d'autres formes d'agression imprévisibles, dirigées plus directement vers l'individu, verront le jour. «Si l'on fait disparaître le droit individuel à des biens matériels, il reste encore le privilège venant des relations sexuelles [...]» et si ce privilège est aussi aboli, d'autres formes d'agression et d'inégalités sont à prévoir.

Assurément, les hommes ne sont pas toujours faits pour s'entendre! Et Cioran d'écrire : «Si les rapports entre les hommes sont si difficiles, c'est parce qu'ils ont été créés pour se casser la gueule et non pour avoir des "rapports".» Bien dit! Maintenant, pour confirmer les dires de Freud, nous avons une petite étude intéressante menée récemment. Deux souris, un mâle, une femelle sont gardés ensemble dans une cage; séparément se trouve une autre cage contenant cinq autres souris qui joueront le rôle de l'«intrus». La femelle fut enlevée de la cage et on la remplaça par une autre souris. Immédiatement, la souris mâle manifesta un comportement d'agression envers l'«intrus» : battements de queue, déplacements circulaires, un peu de boxe et même des morsures! La souris a ensuite été entraînée pour pousser sur une manette afin de faire revenir l'intrus, manifestant à nouveau le même comportement agressif. Le plus surprenant, c'est que la souris repousse constamment sur la manette pour revoir l'intrus et reprendre son agression! Les chercheurs ont découvert que l'agression amenait une récompense en dopamine dans le cerveau de la souris, renforçant ainsi le comportement d'agression. Les pacifistes ont un problème sur les bras, puisque les rapports humains semblent reposer sur un équilibre des agressions; voici le lien de l'article : http://www.mc.vanderbilt.edu/reporter/index.html?ID=6131

lundi 10 août 2009

De trop

J'avais organisé ma vie en fonction d'un long suicide au ralenti, pris dans la trappe qui m'empêchait d'avancer, j'avais décidé de faire le pas, de m'approcher du précipice, de tenter la fin. C'est tard la nuit que tout me revient en rot, avec évidence, avec une meilleure compréhension de ma situation d'alors, d'avant et de maintenant. J'écris pour me libérer du poids, pour essayer de comprendre, mais ça ne devient que toujours plus lourd à supporter. C'est une masse de négatif dont je dois me débarrasser, mais comment? C'est mon passé, mon histoire, mon héritage, seulement d'la marde. Élevé par un père seul qui ne s'est jamais foutu de mon éducation, un imbécile-né idéaliste qui a fait tout le contraire de ce qu'il voulait faire, froidement cartésien, sans coeur, qui ne m'aimait pas au départ, et qui n'attendait que le jour de mes dix-huit ans pour me câlisser au bout de ses bras, dans l'indifférence la plus totale. Lui-même frustré, probablement par l'incapacité de pouvoir terminer ses études à cause de ma venue au monde prochaine, il devait travailler, mais c'était la bonne époque, et on t'engageait sans diplôme. Je me suis retrouvé entre deux feux, incapable de terminer mon cégep et de rentrer à l'université en mathématiques, car je n'avais pas droit aux prêts et bourses, et mes parents ne contribuaient pas. À l'époque, il n'y avait pas la case à cocher «difficultés parentales» et je devais moisir chez McDonald toute ma vie; mes parents n'ayant jamais connu l'université se foutaient pas mal que j'y aille; non, tout ce que ça prenait c'était de la «volonté», oublie les études, oublie les diplômes. Les emplois d'alors étaient pour la plupart à temps plein, et je ne vois pas comment j'aurais pu avancer à une vitesse raisonnable sans aucune forme d'aide. En clair : on m'avait abandonné à mon sort, mon père, ma mère, pourtant à l'aise, mais totalement inconscients. Je suis tombé en dépression assez rapidement quand j'ai réalisé l'ampleur du merdier. Mais j'ai refusé de prendre les peanuts que le médecin me prescrivait et de devenir un zombie, en suivant la pente descendante; j'ai choisi d'en finir et je me suis poussé pour tomber plus vite. Pendant que ma soeur était traitée aux petits oignons, et qu'on lui a permis de faire ses études universitaires et d'avancer, moi je me gelais dans les rues de Montréal coincé dans des chambres insalubres, incapable de sortir de la trappe. On me disait «c'est parce que tu veux pas», aujourd'hui, et ça me revient la nuit dans le demi-sommeil alors que je constate que ma vie est finie, je me rends compte à quel point on ne m'a jamais aimé. On maltraite un jeune animal pendant des années, et après on se plaint qu'il est agressif et antisocial, justifiant son euthanasie : c'est le même processus avec les humains, mais sur une plus longue période; la prison n'est jamais loin. Je paie encore les conséquences de tout cela. Je n'ai pas de situation stable, mon avenir est toujours précaire. Je ne fais que payer, payer toute ma vie, payer d'être né. On peut dire que je n'ai pas eu de parents, et pas d'éducation. J'ai été élevé dans le mythe du «bon sauvage», peut-être, mais il y a plus. Il n'y avait pas d'«intention» délibérée d'éducation derrière tout ça, mes parents n'étaient pas assez intellectuels pour ça, mais juste une mollesse, une incapacité, un échec de jambons. Le divorce a eu lieu alors que j'avais sept ans, par après ce ne fut que la guerre entre mes parents, qui, en véritables idiots, m'y mêlait, ma mère me montant contre mon père, et mon père me forçant à détester ma mère; j'étais constamment déchiré, ne sachant qui aimer, qui haïr. Je me souviens, je pleurais souvent; en fait, j'ai pleuré toute ma jeunesse. Ma mère est partie pendant plusieurs mois, peut-être deux ans, je ne comprenais pas pourquoi. Mon père était obnubilé par sa secte qui prenait toute la place; ma mère ne voulant plus continuer à vénérer le gourou, ce cloune, elle devait partir, et moi j'allais suivre éventuellement quand ce serait le temps. Pour l'instant, je n'étais qu'un poids mort, qu'un boulet dont on aurait aimé se débarrasser au plus vite; j'étais de trop. Mes parents ont fait des enfants parce qu'ils devaient en faire; quand leur trip s'est terminé, tout a éclaté. Je comprends aujourd'hui pourquoi ça m'affecte énormément de voir des animaux abandonnés par leurs propriétaires en pleine rue, ou dans un parc, ou encore emmenés pour se faire tuer, seulement parce qu'ils déménagent et que leur trip d'animaux est terminé. On ne joue pas comme ça avec la vie des autres, des animaux, des individus, comme si c'était des choses, des biens à s'approprier et ensuite à rejeter une fois qu'on n'en veut plus. À cause de la façon dont j'ai été traité tout au long de mon enfance, je n'ai jamais été capable d'avoir une vie affective et amoureuse normale : j'ai toujours été pris dans des relations sadomaso houleuses et douloureuses empreintes de désespoir. Même chose pour l'amitié : je n'ai jamais été capable de développer des relations durables et saines avec personne, me conduisant à toujours plus d'isolement, dans un cercle vicieux où la drogue devenait mon seul dialogue.

samedi 8 août 2009

On veut du rotte

Je roule dans le métro, et ça me tombe dessus : je suis aliéné, mais pas d'aujourd'hui, depuis ma naissance en fait, depuis toujours, incapable de communier ou même de communiquer avec ce monde profondément débile et disloqué. Avec ce monde qui ne me dit rien, qui m'écoeure par sa légèreté, son indifférence, son insouciance, sa volonté de paraître surtout, de paraître «aliéné». Aucun engagement, aucun coeur, aucune humanité : une machine aliénante et aliénée, une société du spectacle, du showing off. C'est ça le pouvoir? C'est ça être fort? Tout disloquer, tout compartimenter, froidement tuer le naturel en soi? Et l'amour, peut-on y penser? Peut-on y croire encore?

Je ne comprends pas les jeunes d'aujourd'hui, qui sont tous pour moi des malades mentaux à divers degrés (ou peut-être des acteurs de leur propre «brisure intérieure», devant le Nintendo, Mario Brother existentialiste!). J'étais déjà profondément atteint dans mes jeunes années, mais eux, c'est pas comparable. Je me disais au début que c'est moi qui a un problème, qui suis trop vieux, qui est dépassé en quelque sorte par les événements, mais non : il y a un réel problème chez les jeunes, une sorte d'aggravation désespérée (ou inespérée?), à un point tel que c'en devient une caricature, une parodie d'aliénation, que c'en devient comique. Oui, c'est ça que vous êtes : des ti-comiques qui écoutent les Denis Drolèttes et trouvent ça drôle. Trop innocents pour comprendre rien à rien, trop dans la ouate encoucounés à la Portishead.

La mise en avant, à tout bout de champ, de la séparation assumée entre sexe et sentiments, est la première «fausse» dislocation immédiatement visible. Les jeunes se pensent hot, ils n'ont pas de blondes ni de chums, mais des fuck friends. Ayoille! Comme si on venait d'inventer quelque chose! Laissez-moi rire câlisse! Tellement abrutis par la porno! Écoutez : 1. J'ai fait la rue, oui, j'ai vendu mon cul pour de l'argent et pour du crack. 2. Je n'ai aimé que des prostituées pendant toute ma vingtaine. Maintenant, venez me dire que je ne suis pas capable de faire la séparation entre mon corps, mes émotions, etc. Quand ma blonde baisait avec des clients, on n'en parlait pas, on tenait ça mort, je faisais comme si rien ne s'était passé et elle aussi, même si ça me rongeait en crisse en-dedans et que je me gelais le plus possible, je savais intimement, viscéralement, qu'est-ce qui s'était passé dans la chambre; même si on s'était entendu pour qu'elle ne se limite qu'au minimum, les soirs où il n'y avait rien, elle était forcée d'accepter celui qui voulait un complet, faute de pouvoir choisir des plus faciles. Je passais l'éponge parce qu'on était des drogués et dans la rue, et qu'on avait besoin de came et d'un toit pour dormir. J'étais «capable» de faire la séparation, mais puisque j'aimais, même dans ces circonstances extrêmes, je ne la faisais pas, et elle non plus : on s'aimait pour de vrai, dans la misère nouère.

Depuis ces magnifiques années passées à perdre constructivement ma vie, j'ai changé, je me suis remonté le moral, j'ai une vie décente maintenant, mais je suis toujours le même en dedans, j'aime comme j'aimais dans mes pires années, mon coeur est le même. Je suis «un misérable romantique» me répondra probablement un de ces jeunes à l'air satisfait, suffisant et supérieur, qui ont tout vu, qui connaissent tout, qui sont déjà des wannabe blasés à dix ans, ces enflures de chiures de mouches. Je suis un «faible» parce que je ne performe pas comme un acteur porno, parce que j'aime, parce que je n'ai pas tout essayé, parce que je ne suis pas revenu de tout, parce que j'ai de la considération pour la personne avec qui je baise, et que n'importe quand, oui, en effet, ça pourrait aller plus loin, j'envisage la possibilité, parce que je ne baise pas seulement pour me soulager la prostate ou me penser hot parce que j'ai fourré une plotte. Écoute ti-coune, le fife à la Eminem, j'en ai vu d'autre d'accord? Put that in your fucking pipe : j'ai fait mon doctorat en aliénation et en «pestacle».

Je ne sais pas comment appeler ce genre de torsion de l'esprit, de déviation ou d'abrutissement total, parce qu'il est tellement généralisé, mais tout ce que je sais, c'est que le système capitaliste veut ça : isoler les individus pour pouvoir les exploiter au maximum : l'anomie : les machines sans attaches qui ne font que satisfaire des pulsions et consomment impulsivement au plus grand profit des multinationales, qui se foutent de tout, et surtout de toi, le ti-coune. Ils comptent sur votre absence de liens, de solidarité, soumis à la marchandise, et marchandises vous-mêmes, pour vous enculer bien à fond sans que vous n'ayez jamais aucune chance de vous organiser contre l'ennemi commun, parce que trop atomisés, et consentants en plus.

De bonne heure, j'ai compris quelque chose : le meilleur sexe se fait dans l'amour, dans la communion des corps, des esprits. Mais on s'obstine à crier sur tous les toits comme des chattes ratatinées : d'un côté le sexe, et de l'autre les sentiments. Oui, les jeunes sont ratatinés; en tout cas, ils aiment à y croire. Moi je pense que c'est de la stérilité, c'est tout; c'est une incapacité d'aimer, un short d'inventaire, l'amour est sold out. Ces jeunes se comportent comme s'ils avaient déjà tout donné. Laissez-moi rire esti! Ça vit encore chez papa et maman, et la seule adversité qu'ils connaissent c'est celle des jeux du Nintendo. Oui, c'est ça, la génération Nintendo! Une génération en vidéo, de pas capables, de sans volonté, de sans amour, parce que ça prend du guts pour aimer. Game over les sans couilles, incapables d'aimer, incapables de s'engager, drillés à la décadence comme ils aimeraient le croire, puisque ça fait in, incapables de vouloir plus loin que leurs gènes d'idiots satisfaits, incapables d'attendre, de laisser mûrir ce qui vaut la peine, ce qui demande du temps, ce qui a une valeur, incapables de conserver, de protéger ce qui mérite d'être défendu même au prix de sa vie, une génération de lâches, c'est tout. Une génération de pitonneux, qui ne connaîtra jamais la vraie vie, le grand amour, la vraie folie. Une génération Garbage de prêts-à-être-jetés.

Si c'est vraiment ça que vous voulez, que vous voulez comme monde, comme société, ça ne me dérange pas de vous traiter comme de la viande, comme d'la marde, comme des outils, comme des bonshommes de jeux vidéos. Après tout, c'est ce que je suis pour vous. Quel bel avenir nous avons devant nous! Vive Facebook, parce qu'on pourra pu se sentir tantôt en personne, le virtuel c'est en effet beaucoup plus «propre», comme Twilight, c'est loin du blood des rues, de la réalité réelle, en chair et en os et en souffrance. Mais je me fous de votre suffisance et votre prétention, vous allez bien vous la péter vous-mêmes «en attendant que ça paye», moi je continue relax à lire mes livres assis aux premières loges pour assister à la fin du monde parce que tout fout le camp par la stupidité humaine, au moins je vais pouvoir me péter un bon cigare avant de finir en riant comme un damné. Et je cultive plus que jamais mes fleurs, sans aucune volonté de me battre contre la montée d'idiotie universelle. Je préfère les animaux et les plantes aux «humains», ces corps à vidanges.

vendredi 7 août 2009

Pimp mes gosses

Je voulais une bonne crème glacée, vous savez, «basic», simple, sans trop de sucre, trop de produits artificiels, sans «gugusses» genre morceaux de caramel ou de fudge, ou pépites, ou smarties, ou biscuits, ou je ne sais quoi, mais j'arrive devant le fridge, et ça me fait beaucoup penser au «Hummer» : c'est gros, c'est cher, pis câlisse que ça sert à rien. On me parle du manque de choix, «où ça?» qu'on va me dire : ça nous saute dans face, l'«uniformité» des marchandises toutes pareilles, avec dix fois trop de sucres, trop de colorants et d'huiles dedans dont on ne veut pas, des produits modifiés, etc., une véritable explosion «de saveurs», et de boutons, et de gras à perdre au gym, absolument inutiles. Après on nous parlera de la crise de l'obésité en se demandant d'où ça vient et si c'est génétique. Si vous essayez la «triple chocolat» (pourquoi pas quadruple et quintuple tant qu'à y être?) de Haagen Doses, n'oubliez pas de vous injecter trois doses d'insuline après une cuillerée.

Ça me fait penser aussi au cinéma qui nous abreuve d'explosions pour nous clouer au siège et rendre le navet de pitounes et de gros chars intéressant. Pimp mon film, pimp ma crème glacée. Conséquence : la crème glacée n'est plus mangeable, elle est devenue un «spectacle» à regarder, c'est tout. Même chose pour les films : ça fait des années que je ne vais plus au cinéma, tous les films sont gâchés. Pour les filles, beaux gros seins, mais pas mangeables non plus, parce qu'elles ne ressentent rien, ce sont des prothèses, donc pas d'intérêt, encore du spectacle.

Mais c'est pas fini, c'est partout pareil, même dans nos rapports sociaux. Nous sommes abrutis par la publicité. Je magasine pour des sous-vêtements dans une boutique spécialisée. J'en avais acheté de très bonne qualité à l'époque pour me soutenir le paquet tout en étant sexé, mais le proprio m'avait dit que c'était les dernières et que la marque serait discontinuée; c'est pas nouveau, tout ce qui est bon est TOUJOURS discontinué, alors j'en ai pris plusieurs. Depuis qu'elles sont finies, hé bien, je suis un itinérant sans culottes : pas capable d'en trouver des bonnes, des «basic», qui sont belles et font la job. Un seul détail : je n'aime pas les gros élastiques à la taille. Non mais c'est quoi cette idée de nous foutre des élastiques qui montent jusqu'au nombril? A-t-on peur de perdre nos culottes? Ou est-ce une sorte d'acte manqué qui révèle que nous n'en avons plus? Est-ce que notre façon de mettre nos culottes aujourd'hui consiste seulement à se mettre un plus gros élastique?

En tout cas, pimp mes culottes, parce que je n'ai réussi à rien trouver sans pompons, froufrous, couleurs explosives, motifs explosants, tissus allergènes, élastique en guise de corsage, ou sac à poche qui me squeeze les testicules en jus. Je ne veux pas de boxer parce que c'est trop chaud, et je ne peux porter les boxers plus courts et moulants parce que je me retrouve toujours avec une gosse qui sort de côté (oui, j'ai de grosses gosses) et ça fait mal en svp. Bref, je suis tout nu dans mon jeans, mais ce n'est pas volontairement, et je crois que je vais être pris pour l'être longtemps, jusqu'à ce que le monde reprenne ses esprits : avis aux intéressées.

dimanche 2 août 2009

Si vous me parlez des vampires encore une fois, je mords

Je ne sais pas d'où vient cette fascination stupide pour les vampires. Franchement, je n'en ai que foutre du suçage de sang, des longues dents pis des faces blêmes : c'est du plus haut ridicule. C'est quoi ça? L'Halloween en permanence? On est rendus là : marketing oblige. Après la folie mondiale Twilight et True Blood, ça va être quoi là? On peut-tu en sortir du vampirisme câlisse avant que je vomisse partout? Je suis pu capable des gothiques et des gens qui se prennent pour des toughs ou des méchants parce qu'ils écoutent du Cradle of Filth, un groupe de sans talents, et se mettent du maquillage blanc dans la face.

Les gens qui ne sont pas eux-mêmes m'ont toujours énarvé au plus haut point, autant que les Yo qui ont leur gestuelle et leur façon de parler et de penser conformes, et qui méprisent constamment les femmes. Les femmes ont aussi l'air d'être les victimes, au bout du compte, des disciples du gothisme et du vampirisme qui se termine trop souvent en violence exercée sur des femmes «consentantes» (je dirais plutôt «influencées»), mais victimes quand même. À quoi tout ça aboutit? - au rabaissement de la femme. C'est rien de nouveau tout ça, sauf que ça devient aujourd'hui «amusant» : se faire appeler ma «crisse de bitch», c'est drôle. Vous trouvez pas? Personnellement, je me roule à terre.

J'irais même jusqu'à dire que c'est le fin du fin de l'humour. Par contre, ça serait seulement drôle si les hommes pouvaient se faire aussi appeler des bitchs à tour de bras par les femmes en retour. Beaucoup de femmes aiment ce genre d'hommes parce qu'ils passent pour plus virils, mais en réalité, ce sont précisément ces hommes qui ont un problème avec leur virilité (ils ne sont pas bien assurés dans celle-ci), et leur comportement méprisant envers les femmes les trahit. Vous connaissez l'adage : «Grosse Corvette, tite quékette», ben c'est précisément de ça dont souffre ces hommes : ils se construisent des gros bras en guise de cuirasse, parlent de chars, de hockey et de belles petounes en toute occasion, pourquoi? -parce qu'ils ont «besoin» de prouver qu'ils sont des mâles. Et un mâle, dans leur petite conception de petites têtes, ça domine, c'est violent, méprisant, ça s'impose surtout envers les femmes, ça pleure pas, c'est pas sensible, ça n'aime pas l'art, la culture, ça ne jase pas, ça ressent seulement à la cinquième couche d'épiderme, et surtout, c'est une machine à fourrer. Un vrai Success Story pour les ti-gars sans couilles qui ont été dominés par leur maman.

Écoeurement total 2 : rentre-toi ton «secret» dans le cul, de côté

Je suis écoeuré de tout, l'énergie, le moral ne sont pas là, mon cerveau fout le camp. Je suis tanné de payer, payer, payer, et ne rien avoir en retour. Je veux faire de la musique et je n'arrive pas à acheter ce que je veux. On me harcèle pour faire des paiements sur mon prêt étudiant : oublie ça, j'ai pas une cenne; on remet tout à dans six mois, et arrivé là, ça recommence.

Je pense à l'osti d'épaisse de réceptionniste à moitié mongole où je travaillais qui mettait un bill d'un million de dollars sur le haut de son écran d'ordinateur : il fallait «visualiser» le million pour devenir riche : faut-tu être innocente câlisse. En plus, une crisse de germaine sans instruction qui me poussait dans le cul pour traduire plus vite des textes pharmaceutiques en étant sous-payé, auxquels elle ne savait que ni, et qui étaient déjà assez compliqués comme ça. C'était la «pousseuse» : un p'tit boutte de marde, un trou de cul ambulant crinqué sur deux pattes, une triple conne de la vieille garde juste bonne à se faire exploiter, une jambonne maniaque du livre Le Secret, de tai-chi et de bio, alors qu'il n'y a rien à sauver là-dedans, qui mangeait du chou cru comme une chèvre et de l'ail par peur du cancer, quand on passait proche, ça fouettait en ciboulette.

En tout cas, pour revenir à mon écoeurement, mon bureau s'empile de livres et j'ai besoin d'une autre bibliothèque. Ce qui me tape le plus, c'est que je manque de temps pour tout lire : j'ai une soif intense de lectures et je ne peux souvent que feuilleter à cause de la trop grande quantité de livres que je m'impose de lire. Je suis éternellement en retard dans tous les domaines et je n'avance pas assez vite. Je suis perpétuellement découragé d'être un jour «omniscient» : je sais que c'est inatteignable, mais la pulsion est là quand même : I just can't help it. Peut-être un jour vais-je tout sacrer ça là d'un coup et aller cultiver les fleurs à la place en attendant de mourir idiot.

Le sens du privilège

Je lisais un livre sur les prodiges de Malcolm Gladwell, je n'arrivais plus à le déposer. Je savais déjà à propos de la règle découverte par les neurologues des 10 000 heures de pratique (le temps que ça prend pour maîtriser un domaine, soit 4 heures par jour, pendant environ 7 ans), et que les familles aisées encadrent mieux leurs enfants, leur donnant de meilleures chances de réussite, aussi, je connaissais déjà l'étude de Terman qui commença en 1921 sur les enfants surdoués (1470 enfants avec une moyenne de QI de 140) et qui s'est prolongée sur une vingtaine d'années je crois.

Terman croyait dur comme fer que ces jeunes allaient à coup sûr faire partie de l'élite américaine, ce qui ne fut pas le cas pour nombre d'entre eux. Il semble que l'intelligence (analytique) seule ne soit pas un facteur de réussite suffisant. Un exemple frappant : C . Langan, dont le QI est estimé à 195 (Einstein avait 150), est videur de bar et fait des jobines, au lieu d'être juge, scientifique de renommée, ou prix Nobel, ou les trois à la fois. Comment expliquer ce fait? Il semble qu'à côté de la puissance brute de l'intelligence évaluée par les tests de QI, un autre type d'intelligence soit ignoré, celui précisément qui permet de réussir : l'intelligence «pratique», ou que j'appellerais «sociale», définit par Sternberg comme étant, entre autres, «le fait de savoir quoi dire à qui, quand le dire et comment le dire pour obtenir un effet maximal».

Terman a essayé d'expliquer pourquoi certains étaient au top de la réussite, et d'autres croupissaient sur des divans de fortune, sur l'aide sociale, ou vidaient des camions de marchandises en menant une vie de loser. La découverte de Terman, assez choquante, permettant d'expliquer ces différences, après avoir tout analysé : les origines familiales. Ceux qui étaient au top «venaient en très grande majorité des classes moyennes et supérieures. Leurs maisons étaient remplies de livres.» Au moins un père sur deux des jeunes du groupe qui a réussi avait un diplôme universitaire. En revanche, le groupe des QI de 140 et plus qui a échoué était composé d'enfants qui venaient des quartiers pauvres, et dont les parents avaient décroché de l'école avant la huitième année.

cet article va être terminé dès que l'envie me reprend d'en parler :)