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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 4 décembre 2020

Ce fameux bonheur que le monde ne sait plus où il est caché

À la télé, j'écoute une émission d'enquête sur un meurtre, je revois cette séquence du gars qui regarde la vidéo d'un couple fraîchement marié qui dit : «Ils étaient pourtant heureux, je ne comprends pas ce qui s'est passé...». 

Et je m'aperçois que ce qu'il dit est totalement convenu, presque machinal, presque comme un réflexe de Pavlov. Ce genre de commentaire lui sort automatiquement de la bouche comme la bave de la gueule du chien de Pavlov au son de la clochette.

Je scrute le couple à nouveau dans une émission en reprise...

Je ne détecte aucune trace de bonheur... Mais qu'une mimique du «bonheur». Ce fameux bonheur que le monde ne sait plus où il est caché.

Que tout le monde court après, hélas! c'est toujours un rendez-vous manqué.

L'illusion du bonheur. Tenace. Le mythe du bonheur. Tenace. La comédie du bonheur: quotidienne et universelle.

Cette universelle fausse quête et comédie du bonheur est une duperie indéracinable.

Les hommes aiment croire et se faire accroire qu'ils ont enfin atteint le «bonheur», alors que ce n'est toujours qu'une comédie pour susciter l'envie, puisque chacun se doute que personne ne se réjouira sincèrement de son bonheur, nous le simulons alors, mais sans pourtant jamais savoir ce qu'il est, où il est, ni même s'il existe réellement.

Nous sommes donc des acteurs d'un bonheur porté disparu depuis le début de l'humanité.

Le bonheur nous fait courir à gauche et à droite.

Nous n'avons de cesse d'essayer de le trouver, en vain.

Oui.

En vain.

C'est la même chose pour la beauté.

On imagine beaucoup quand on regarde quelque chose, ou une personne.

On voit des choses que personne ne voit, et qui n'existent pas vraiment.

On s'imagine une femme très belle, on pense qu'on aimera telle chose, tel objet ou telle sortie, mais non, pas vraiment. Ce n'est jamais tout à fait comme on se l'imaginait.

Finalement, sommes-nous toujours prisonniers de notre imagination et de nos fantasmes?

Pourquoi courons-nous tous autant après des illusions?

mardi 24 novembre 2020

Le premier jour que c'est la dernière fois

Je pense toujours que c'est le premier jour que c'est la dernière fois que mais chaque fois tout est à recommencer tout est à recommencer

Je tombe sur cette photo de la rue mouillée le soir en hiver où je restais à Campbellton où on voit d'un côté mon bloc appartement et de l'autre le petit bloc d'en face

J'ai tout projeté dans cette photo sans le savoir

Mes souvenirs mes espoirs mes joies mes peines

La photo prend vie quand j'écoute l'album The Destroyer 2 de TR/ST

Alors tout remonte à la surface tout prend vie

Tout recommence

Peut-être qu'un jour cela ne me dira presque plus 

Rien

Alors que tout s'efface


TR/ST - Darling

vendredi 14 août 2020

Écrire pour rien dire (entrevue exclusive)

Peut-on écrire pour rien dire?

Oui c'est possible.

J'en suis la preuve constante!

J'écris à propos de tout et de rien.

Mes sujets n'ont pas vraiment d'importance comme telle, sauf pour moi.

Je tourne en rond, j'étire l'encre, et la sauce, et m'y plais.


Entrevue exclusive avec Mack Harriette


Q. Pour quel parti politique êtes-vous? R. Aucun.

La politique actuelle ne me satisfait pas du tout, je suis donc apolitique.

Q. Pourquoi vous ne parlez plus de sexe dans votre blog? R. Perte d'intérêt totale.

Je garde mes énergies pour le faire.

Q. Faites-vous exprès pour écrire mal? R. Oui.

Je me fous de toutes les règles d'écriture. J'écris comme Pollock balançait de la peinture sur une toile: je suis mon feeling.

Q. Que pensez-vous de la brutalité policière? R. J'en pense que les manifestants n'ont pas encore reçu assez de coups de matraque. Ils devraient arrêter de manifester pour tout et n'importe quoi.

Les policiers aussi essaient juste de faire leur travail, pognés avec les énergumènes des internets. ATTENTION! ON FILME!

Q. Que pensez-vous des mesures prises par les gouvernements pour contrer le virus COVID? R. J'en pense qu'on aurait dû laisser agir la nature.

Je ne suis pas pour la survie de l'espèce humaine à tout prix, surtout lorsqu'elle menace l'équilibre écologique comme elle le fait actuellement. J'ai commencé à tâter de la deep ecology avec Bookchin, mais il va un peu loin.

Q. Avez-vous une religion? R. Non.

Par contre, j'aime les penseurs taoïstes, mais j'ai découvert le meilleur il y a pas longtemps, c'est la pensée de Nisargadatta, un sage athée (une sagesse «croyante» est-elle possible?).

Q. Est-ce que vous aimez faire du namesdropping pas rapport? R. Oui, absolument. Barthes s'intéressait à la chose, de même que Foucault, Sade, et surtout Deleuze. Schopenhauer aussi.

mardi 11 août 2020

Parler de son petit «moi»

J'ai choisi de parler de mon petit «moi». Et c'est un choix qui, aujourd'hui où tout le monde est massifié, sera évidemment très mal compris.

J'aurais pu choisir de parler d'un sujet d'actualité, d'une nouvelle internationale, d'une cause sociale, d'un fait divers, de l'économie en débandade, du covid rampant, de la chaleur étouffante, des enfants morts ou disparus, de la violence universelle, etc. Mais je ne veux plus de ce qui n'est pas «moi».

J'ai choisi de parler de mon petit, ou de mon grand, «moi», comme si c'était la chose la plus importante du monde, et je trouve qu'il n'y a rien de mal à ça, au contraire.

Il n'y a rien de mal à faire le choix de «soi». C'est même un choix difficile pour ceux qui sont trop habitués à se perdre dans les autres, dans les nouvelles, dans leur travail, dans le «On», dans la dernière aliénation à la mode, parce que le monde est, en général, constamment aliéné.

C'est un choix difficile pour le troupeau des moutons. Pour ceux qui se font traiter comme du bétail, de la naissance à la mort.

Ce qu'il y a de mal est de se perdre dans l'extérieur et de ne plus jamais se retrouver. De s'oublier soi-même. Soi et ses passions.

On s'habitue à travailler, à s'humilier, à s'oublier soi-même comme si c'était rien, à faire passer ses passions en dernier, comme si c'était normal. Et c'est même souvent bien vu.

Moi je dis que c'est de la paresse égologique.

vendredi 7 août 2020

Vivre sa vie

Un moment donné, l'homme doit lâcher prise, faire ses adieux au ventre plat, aux cheveux et poils dociles, à la force musculaire infinie, à la peau lisse et douce, aux prouesses sexuelles.

Il manque de temps, il manque d'énergie, il commence à avoir des bobos, qui font mal.

Il manque aussi de patience.

Il est revenu de bien des rêves et ambitions. Il est aussi revenu de bien des déceptions.

Quand il était jeune, il ne savait pas ce qu'il voulait et il l'avait quand même parfois, maintenant qu'il est plus âgé, il sait ce qu'il veut, mais c'est un dur, et dans son équipe, ça joue encore plus dur, il fait donc office de mou.

Il a compris qu'il y a les matérialistes, et il y a les autres.

Tout cela n'est pas très inspirant au niveau sexuel et amoureux, et il en a parfois le sifflet coupé. Baisse de testostérone? -Pas vraiment. Baisse de motivation et d'excitation? -Peut-être bien.

Parce que l'excitation est basée sur l’enthousiasme, l'enthousiasme sur la naïveté, et la naïveté sur la fraîche jeunesse.

Il pense qu'il commence à comprendre le but de la vie avec le recul.

Il pense.

Il commence à entrevoir toute l'infamie de ce monde. Il commence à flairer à pleines narines la perversion de ce qu'on appelle «sacré».

Il sait qu'il n'y a pas d'âme, pas de vie après la mort, pas d'enfer, pas de Dieu. Que tout cela n'a jamais servi qu'à rassurer les hommes et contrôler les populations.

Les choses qui lui semblaient égales hier, ne le sont plus aujourd'hui.

Il hume le parfum écœurant du cynisme sans fond des blouses blanches, des financiers, et des politiciens.

Il se déconnecte de l'actualité pour se connecter sur lui-même. Et ça marche.

Il vit chez lui comme un étranger. Il lui arrive de s'informer vaguement sur ce qui se passe dans le monde extérieur auprès des gens qu'il croise. Mais en général, cela ne lui fait pas un pli de ne rien savoir. Il s'évite ainsi beaucoup de stress et d'émotions négatives. Il sait que ça va mal dans le monde.

Que ça va tout le temps mal.

Mais il s'en fout totalement, parce qu'il tient avant tout à vivre sa vie.

Ce peu qui lui reste.

Lire, écrire, aimer.

Retrouver l'enthousiasme, la passion, l'émerveillement, mais au deuxième degré.

vendredi 31 juillet 2020

9 mois et demi

Depuis 9 mois et demi nous sommes ensemble je lis dans tes pensées tu lis dans mes pensées
Nous sommes ensemble un monde
Une vie

Restigouche Blues

L'auteur de ce blog est en vie.

Pour combien de temps encore, on le sait pas.

Il est magané de la vie sale.

Il vit au jour le jour, encore perdu pour l'instant dans une petite ville mignonne du Nouveau-Brunswick.

Son contrat de bibliothécaire, pour lequel il est venu ici et pour survivre, n'a pas été renouvelé.

Il attend patiemment le néant, chez lui, avec son chèque de covid, en attendant de pouvoir retourner sur le bord du Québec, dont il ne s'ennuie pas vraiment.

Il écoute en boucle, en ce moment, Editors de Mathbonus.


Sa bibliothèque entière et toute sa vie sont pognées depuis 1 an et demi dans un locker à Laval.

Son argent sort par les fenêtres, malgré lui.

Son divorce, incroyablement, n'est pas encore réglé.

Son chat, qu'il avait choisi bébé et qu'il aimait tant, est avec son ex, par nécessité.

L'auteur de ce blog a envie de brailler sa vie, mais en même temps, il ne sait pas si c'est la fin ou un nouveau commencement.

Il a rencontré une femme qu'il aime beaucoup il y a 10 mois, mais qui a un problème d'alcoolisme et qui menace quotidiennement de rechuter.

Il aimerait avoir un enfant avec elle. Elle prévoit prendre une garde partagée pour ses deux jeunes garçons à son retour à Québec. Son ex ne semble plus avoir envie de le trucider, il en baise une autre. Ça lui enlève une certaine pression, mais quand même. Les rôles sont comme renversés, puisque il y a 1 an et demi, c'était lui qui avait envie d'organiser la face du gars avec qui sa femme le trompait...

Son plan est de revenir avec elle à Québec, ville qu'il ne connaît pas comme Montréal, où il est né.

Il a rejeté son dernier contact, sa mère, qui voulait qu'il laisse tomber sa blonde qui a fucké 5 jobs en autant de mois.

Il a aussi perdu son dernier ami, Stéphane Lavoie, en faisant sa transition au Nouveau-Brunswick, et il ne sait pas pourquoi.

Il ne le saura probablement jamais.

Une femme est morte il n'y a pas longtemps, très près d'ici, sur le rivage du Restigouche.

On a essayé de voir hier où elle avait été retrouvée dans l'eau, au cas où on aurait mis des fleurs, ou quelque chose d'autre, elle s'appelait April.

Sa mort demeure mystérieuse.

Ma blonde est à son sixième emploi en ce moment, elle sert des cafés à une rue d'ici.

Je tente de passer mon permis, dont je n'ai jamais eu besoin à Montréal, j'ai bientôt 49 ans.

Je n'ai aucune auto pour pratiquer, j'ai échoué mon test 3 fois, chaque fois pour des raisons différentes.

Je devrais pouvoir le réussir la prochaine fois. Je paie l'école de conduite pour pratiquer.

Après ça il va pouvoir louer un camion et déménager à Québec.

Mais avant faut qu'il trouve un appart, une job pour lui et sa blonde.

Il ne sait pas dans quoi il s'embarque ni où il s'en va.

Mais il ne l'a jamais su de toute façon...

Il lit la Bible. Il est rendu à la page 777.

Il a édité son premier livre «Le Pouvoir du Vide/Le Vide du Pouvoir».

Il travaille sur son deuxième «Au-delà de la parole/Parole de l'au-delà».