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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 29 août 2011

Réflexion sur la mort..

«Bonjour mon psy,

Chaque matin, je me réveille, et je tiens pour acquis que je vais voir le suivant.. Je ne pense jamais à la mort.. Je ne pense jamais que ce matin pourrait être le dernier..

Or, il arrivera un jour où il y aura un dernier matin pour moi précisément, comme un beau jour, il y en eut un premier.. Ce sera la dernière fois que je verrai le soleil se lever.. Pourquoi dois-je mourir? Pourquoi dois-je vivre?

On voudrait parfois pouvoir échapper à la mort, par la mort justement! mais il n'y aurait rien de plus absurde.. En ayant peur de la mort, ce qui nous fait peut-être la chercher inconsciemment, on ne fait que précipiter l'événement qu'on veut à tout prix éviter.. Et même en craignant la mort de toutes ses forces, on ne pourra l'éviter.. On ne pourra jamais éviter de passer de l'autre côté.. c'est au-dessus de nos forces..

On ne pourra jamais non plus en revenir une fois bien parti: ultimement, personne ne peut savoir ce qu'il y a de l'autre côté.. personne n'en est physiquement jamais revenu..

Cette inéluctabilité de la mort m'obsède continuellement.. Je ne peux pas croire qu'un jour ce sera à mon tour..

On peut bien croire ce que l'on veut, qu'il y a des belles lumières divines de l'autre côté, une grande paix et tranquillité, le Ciel, une sorte de paradis, ou ce qu'on voudra.. il reste que c'est angoissant.. Si je te dis: «Demain, tu quittes tout ce que tu as et tout ce que tu es..», il y a lieu de s'inquiéter.. Si au Ciel il n'y a qu'un océan de paix, qu'est-ce que je fais si j'aime le death metal?

Après tout on passe sa vie à bâtir son «chez-soi».. et ce ne serait que pour tout perdre en fin de compte? même soi-même?

En ce sens, la vie peut paraître absurde effectivement..

Parfois, je me dis que je ne suis qu'un spectateur de ce monde.. J'en observe les beautés innombrables, mais à la fin, je devrai les laisser là, les quitter.. ainsi que me quitter moi-même.. Et c'est ainsi que devrait être l'amour..

Un jour, il n'y aura plus rien sur l'écran du monde..

Ainsi la seule réponse, me dis-je, à l'implacabilité de la mort, c'est d'intensifier sa vie.. De donner à chaque instant le maximum de soi dans ce que l'on fait.. De profiter de tous les instants comme si c'était vraiment les derniers.. De devenir un Barbare à l'assaut des empires de l'impossible!

Il faut se donner un but, aimer ce que l'on fait, chercher à être heureux par tous les moyens, parce que le temps presse! et accomplir ce que l'on veut réaliser.. L'important c'est le but! pas la personne! Enfin, à ce qu'il semble! Puisqu'il ne restera rien de nous, sauf ce que nous avons accompli! Et le plaisir que nous en aurons retiré est notre récompense en soi! Immédiate! Évanescente! Puisque nous ne posséderons rien de ce que nous avons fait..

Après tout, en est-il mieux ainsi?

Comment peut-on encore être égoïste et chercher à tout s'accaparer?

Mais égoïste de son temps, oui!

Ainsi la vie est une lutte pour imposer ou réaliser son temps sur cette terre au mieux de ce que nous pouvons.. Mais nous passons beaucoup de temps à réaliser le temps des autres!

Encore la question: «Pourquoi dois-je vivre?», si on doit me voler mon temps!

Et voilà toute l'importance d'aimer au moins ce que l'on fait..»

dimanche 21 août 2011

C'est tout le système qui est pourri..

Chaque matin, j'essaie d'écouter la TV, mais je la ferme habituellement après seulement quelques secondes.. Pourquoi? -Parce que je trouve que la quantité de commerciaux que je suis forcé d’écouter ne compensent pas les nouvelles, qui sont en plus, souvent des mauvaises nouvelles, ou de la pub dissimulée..

Le fait de me faire solliciter de la sorte aux deux minutes pendant cinq minutes me rend fou.. et je trouve cela extrêmement irritant.. surtout que la plupart du temps, c'est les mêmes maudites pubs de chars.. La conséquence c'est que je me ferme à tout ça, aux médias en général, par écœurement total et extrême sensibilité: la TV, la radio, le journal, le cinéma, les médias sociaux saturés de pub..

C'est certain que si j'étais un commerçant, moi aussi, je chercherais à faire de la pub.. Mais je trouve quand même que tout ce manège afin de dresser le consommateur est affligeant.. Je crois fondamentalement que c'est tout le système qui est pourri.. Ce genre de vie ne peut continuer.. ce n'est pas viable à long terme pour tout le monde.. enfin, c'est ce que je pense..

Mais comment changer tout ça: là est la question.. Si nous y réfléchissons le moindrement l'on se rend compte que nous semblons conduits par une logique implacable vers ce genre de monde invivable.. par la «concurrence» d'abord..

Si la concurrence est la cause de nos problèmes, comment l'éliminer? Et si nous ne voulons pas l'éliminer, comment l'amener à un autre niveau ou la remplacer? Les solutions ne sont pas faciles..

Si on pense à ce qu'engendrent la concurrence et la consommation de masse, on en vient très vite aux substituts, ersatz et produits chimiques.. Par exemple: dans notre nourriture quotidienne on peut trouver jusqu'à 160 produits chimiques.. trouvez-vous ça normal? Il y a tellement de produits chimiques dans ce que nous mangeons que nos animaux domestiques ne peuvent pas en manger, sous peine de dégénérer très vite.. Pourquoi? Parce que chiens et chats ne suent pas comme nous et n'éliminent donc pas aussi facilement les toxines de la bouffe qu'ils ingèrent.. Nous par contre, êtres humains (corps à vidanges), nous sommes capables de supporter cette toxicité des aliments que nous ingérons grâce à nos glandes sudoripares.. Par conséquent: ne vous mettez donc pas trop d'antisudorifique si vous voulez continuer à survivre, et puez, puez, puez..

vendredi 19 août 2011

Nous nous sommes discartés mentalement pour rentrer dans les cases de la grosse machine qui bouffe tout..

Je n'ai rien de spécial à dire ce matin.. à part que je me trouve étrange un peu de ces temps-ci..

J’oublie certaines choses assez rapidement, mais du genre que je n’oublie pas d'habitude..

Genre les noms.. j'ai de la difficulté avec les noms.. et les dates aussi..

Ce sont des choses qui dans mon esprit ont toujours été considérées comme contingentes, non-importantes, «matérielles»..

Or, on dirait que ce mépris de la «matière» s'accuse.. malgré moi..

Je n'ai pas envie d'être alzheimer à 40 ans..

En disant que je me trouve étrange ou bizarre, par exemple, l'autre nuit je me suis réveillé et je ne savais pas où j'étais..

J'ai souvent des rêves-cauchemars comme ça de «lieux» où je me trouve.. des lieux souvent pas plaisants..

J'espère ne jamais faire de somnambulisme.. J'ai toujours peur d'agir contre ma volonté.. C'est un peu comme la peur ressentit le lendemain d'une grosse brosse où on ne se souvient plus exactement de ce qu'on a fait la veille, mais qu'on se souvient seulement qu'on était très émotionnel, et très impulsif.. Ça, c'est le cauchemar..

Avec les années, je sens en moi un refoulement assez profond et complexe.. Quelque chose que j'avais oublié, sur moi-même, sur le monde.. Si je me sens parfois comme un automate, comme un simple «exécutant», ce n'est pas pour rien..

Mon rôle dans la société est très passif..

Je me contente de travailler, de lire, et d'écrire.. de faire aussi des activités de plein air.. ce que j'adore..

Je me disais hier soir en marchant sur la rue pleine de puanteur, de monde, de chaleur, d'herbe à poux, que je détestais cette société.. ce ramassis d'intéressés, de prétentieux, de merdeux et de merdeuses..

Je n'ai tout simplement pas envie d'être «bon» avec ces gens.. Non merci de même de leur «bonté»..

La vie en ville me rend plus ou moins malheureux, mais comme tout le monde, je n'ai pas le choix d'être ici pour travailler et continuer ma vie.. C'est pour cela qu'on dit que la vie c'est un «combat», c'est parce que nous sommes tous collés les uns sur les autres dans la merde.. La promiscuité de la ville produit presque instantanément toutes ces distorsions et pathologies du social..

Il n'y a pas un endroit en marchant sur les trottoirs à Montréal où ça ne sent pas les poubelles.. Soyez attentifs à ce qui vous rentre dans la nez et vous allez voir à quel point tout est pollué et sale ici.. parce qu'habituellement, à force de côtoyer toute cette laideur, nous venons à la discarter mentalement: notre esprit n'en tient plus compte et nous ne la voyons même pas.. C'est un réflexe pour se protéger, à la longue..

On dirait que les gens ne tiennent plus compte des autres, de la laideur qu'ils créent et secrètent comme naturellement, comme des gaz intestinaux puants, c'est du «chacun pour soi».. Cette femme a les jambes complètement bleues de varices: or elle se promène en short.. Cette autre est grosse et pendouillante: or elle porte un ensemble en nylon moulant.. Mais pourquoi? Pourquoi imposer cette laideur aux autres? Ce vieux monsieur lâche un gros pet sonore et très puant dans une rangée chez Renaud-Bray, il n'a même pas fait un effort pour se cacher.. et par conséquent, j'ai respiré son pet dégueulasse.. J'avais envie de l'insulter et de le traiter d'esti de gros porc sale.. mais je n'ai rien fait..

À mon tour plutôt, j'avais mangé une sandwich aux œufs et j'étais très gazé, j'étais à la librairie Bonheur d'occasion, sur fond de musique classique ou genre zen avec des ti-oiseaux, et en allant vers la section «histoire» pour me cacher et lâcher mon pet en toute paix, je me suis retrouvé cerné par deux clients, mais mon pète, au lieu de sortir doucement et gentiment, est sorti raide et très sonore comme d'une trompette, venant casser ainsi la musique et l'ambiance.. La section se trouvant ainsi empoisonnée au complet, les clients ont dégagé, et je me suis retrouvé seul là, en me retenant de pouffer de rire tellement c'était embarrassant, tellement ce n'était pas «moi».. Je n'ai pu m'empêcher par la suite d'en relâcher deux ou trois autres, mais plus discrets..

J'en viens à penser que toute cette pollution créée par nous-mêmes est une sorte de vengeance pour le fait que nous sommes malheureux tous ensemble.. Nous créons nos «territoires» en salissant tout.. Et la pluie, loin de tout nettoyer comme nous aimons à le croire, ne fait que ramasser toute cette saleté et cette laideur et la répandre encore davantage partout et sur nos têtes: nous pataugeons dans la merde comme dans un aquarium d'où il est impossible de sortir.. Même l'eau du robinet que nous buvons contient les coliformes de nos voisins que nous détestons.. Il est impossible d’échapper à la souillure où que nous allions..

C'est une souillure profonde, complexe, presque métaphysique à la base..

Elle nous fait cracher sur la vie.. et fait que nous ne nous sentons pas nous-mêmes, que nous ne sommes pas «nous-mêmes», jamais, et en aucune occasion, tout simplement parce que nous nous sommes perdus de vue.. nous nous sommes discartés mentalement pour rentrer dans les cases de la grosse machine qui bouffe tout et qui, par la suite, après nous avoir retiré notre substance, au fond, tout ce que nous avions de «valable», notre temps, nos énergies, nos rêves, nous éjecte comme du crottin..

J'écoutais pendant mes vacances un documentaire de Radio-Canada sur les vies des gens pauvres en Amérique latine ou ailleurs.. Or, pour la première fois, dans le contexte de mes vacances «dans le bois», exposé à toutes les intempéries et bêtes, la bouette, la pluie, les animaux, les moustiques, j'ai perçu toute la condescendance que nous avions face à ces gens qui vivent dans des conditions disons plus «primitives» que nous dans nos condos avec la tv, nos lazyboy, nos cheeseburgers et l'eau courante.. mais qui ne sont pas nécessairement malheureux de ne pas être enchainés à une grosse machine qui les tord en tout sens comme nous y sommes si habitués et vivent plutôt plus près de la nature, et de façon beaucoup plus libre, même si c'est parfois plus tragique, ce dont ils auraient raison de se réjouir amplement.. Personne ne peut éviter la mort, la souffrance et les maladies: mais nous ne l'acceptons pas, et c'est ça notre problème.. Que ça vienne plus tôt ou plus tard, il n'y pas de différence.. Si la souffrance en vivant dans la nature est plus physique en étant relativement plus libres, notre souffrance en ville est plus morale et psychologique en étant enchaînés.. Laquelle est la plus préférable?

Notre erreur est de croire que ces gens font absolument pitié.. mais plus encore de croire, par notre suffisance, que notre confort matériel est le summum du bonheur et que nous devons donc les «aider», les «sauver», «sauver l’humanité» alors que nous ne faisons, à tout coup, que répandre notre laideur et notre puanteur sur ceux qui ne sont pas encore contaminés..

«Bienheureuse insécurité» disait Alan Watts..

lundi 15 août 2011

15. Le sens du bonheur..

Lors de mes vacances dans le bois, j'ai décidé dorénavant de ne plus m'occuper de ce qui ne me concerne pas.. (et je peux vous dire que c'est tout un savoir-faire et même un plan de vie, assez stratégique..)

Qu'est-ce que cela veut dire? -Que je n'ai pas à suivre le procès d'un docteur qui a tué ses enfants par exemple.. Ou la menace d'effondrement de la Bourse.. Ou les problèmes en Syrie.. Pourquoi? -Parce qu'on s'en câlisse tout simplement..

Ce genre de «nouvelles» qui occupe l'esprit des gens n'est que de la junk, au même titre que les hamburgers des fast-food remplis de toxines, de gras trans, de sel et de merde de bœuf..

C'est du surpoids, en termes d'«informations», pour le cerveau.. Comme du beau gros gras jaune dégueulasse..

C'est l'embonpoint du cerveau avec les médias, comme des corps avec la malbouffe: nous sommes dégoulinants de merde intérieure, comme extérieure..

Le titre de ce billet est inspiré par le livre de Krishnamurti du même titre..

Son questionnement somme toute assez simple sur le sens de la vie, du bonheur, me rejoint, même s'il n'a aucun rapport avec la philosophie que je connais (occidentale) et que je suis habitué de lire avec tout son jargon lourd, et bien souvent, selon moi, inutile..

Par exemple, il y a tout un débat actuellement avec la «reconnaissance» comme étant un concept social très important, voire capital et même paradigmatique: Ricoeur, Honneth, Hegel, Rawls et autres..

Eh bien, je tombe sur une phrase du livre de Krishnamurti qui dit que c'est lorsque nous ne faisons pas ce que nous aimons dans la vie que nous cherchons le plus à être «reconnus» par les autres.. En effet: si nous faisons ce que nous aimons, à quoi bon la reconnaissance? on s'en fout! Puisque ce que nous faisons est notre récompense en soi!

dimanche 7 août 2011

Update à la maison de fous: le prix à payer à se prendre pour des Superman..

Je manque de motivation et de tout but.. Je ne me suis jamais senti autant ballotter dans l’existence.. Je suis indifférent un peu à tout, je me sens désorienté, découragé, incapable de faire quoi que ce soit de bon, ou même, de poser une action qui me remettrait sur la track.. Je ne m'entraîne plus, je ne suis plus capable de jouer aux échecs, puisque j'ai remarqué que j'ai l'esprit constamment perturbé, comme parasité par quelque chose qui mine son énergie, ainsi je n'arrive pas à lire non plus, et j'écris aussi rarement..

Je me sens comme un «sitting duck».. Aussi, j'attends de me faire «tirer», on dirait.. Je suis légume.. et mes stimulants habituels, comme le café et l'alcool, ne fonctionnent plus..

Personnellement, je pense que j'en ai seulement plein le cul de Montréal.. et qu'il faut que je parte au plus crisse en vacances.. Je suis soumis à trop de pollution, trop de stress psychique et physique, et je suis conscient que je pourrais en crever si je reportais mon congé ne serait-ce que d'une semaine ou d'un mois..

Je n'ai pris conscience de toute la toxicité du réel montréalais que lorsque je suis revenu du bois l'an passé lors de mes vacances.. J'ai compris immédiatement la force du stress auquel je suis quotidiennement et habituellement exposé, et c'est tout simplement débile.. Il est inévitable qu'après un certain temps de «trempage» dans cette soupe toxique, l'on devienne malade et que l'on contamine même les autres..

Volontairement, depuis le retour de mes vacances de l'an passé, j'ai cherché à diminuer au maximum les sources de toxicité, comme le bruit, la télévision, la publicité, les milieux achalandés, mais le réel schizophrène finit par nous rejoindre tout de même par divers moyens, par le mental collectif, dans notre bunker branché en circuit fermé..

Je vais essayer cette année de réduire encore davantage les sources de nocivité et de négativité en les identifiant, grâce à mon regard purifié, à mon retour, malheureusement..

La dernière étape du stress enveloppant dans lequel je baigne depuis l'an passé ce sont les maux de dos et de cou constants, l'incapacité à me concentrer, l'arythmie cardiaque en permanence, des problèmes de mémoire, l'inertie et la désorientation: j'en suis rendu là en ce moment..

Faut que je décrisse pis sa presse..

Au lieu d'ouvrir toujours plus d'hôpitaux, ce qui n'est pas une solution, on devrait plutôt penser à purifier les environnements, à diminuer le stress, la nocivité, la toxicité des médias et du contexte mental de toute la société, qui est faux et fabriqué jusqu'à un certain point, l'on verrait peut-être alors moins de personnes affluer dans les hôpitaux pour faire soigner des problèmes directement causés par ce climat extrêmement malsain dans lequel tous baignent sans s'en rendre tout à fait compte, puisque les gens voient ce stress comme une «nécessité» de la vie en général et essaient, bien malgré eux, de s'y accoutumer, mais tout cela se traduit à la longue en «dislocations» intérieures, en maux et en maladies, et en détresse psychologique..

Nous ne sommes que des humains, pas des Superman.. Les Superman finissent toujours, ironiquement, en chaise roulante..

jeudi 4 août 2011

16. Notre inconscience de l'Oubli qui anéantit tout...

Quand j'ai appris l'hiver passé que mon père avait un cancer généralisé, j'étais sous le choc, je prenais conscience qu'il allait mourir bientôt, mais il tenait à se faire rassurant, à dire plutôt qu'il avait des métastases à trois endroits dans le corps, mais pas dans les organes.. On voulait rester optimistes..

Je savais bien qu'il essayait de s'en sortir psychiquement, il n'avait pas encore commencé la chimiothérapie.. En ce sens, j'ai peut-être été un peu brutal en lui mettant le fait en pleine face dans mes courriels.. Mais selon moi, je le devais, car essayant toujours d'esquiver la réalité, mon père empêchait qu'on aille plus loin dans la communication.. En fait, toutes les années de vécu qu'on avait à rattraper semblaient virtuellement impossible à regagner, ainsi, je ne savais pas où il était rendu dans sa vie, et lui, moi dans la mienne..

Lorsque j'ai réalisé que la mort rôdait pour vrai autour de nous, moi inclus, car j'étais malade depuis plusieurs mois à cette époque, j'ai pris en pleine nuit, à 4 heures du matin, le livre La Mort de Jankélévitch et je suis parti dans le froid et la neige marcher jusqu'au sommet du Mont-Royal pour me rendre au belvédère et regarder la ville..

J'ai un souvenir particulier de cette nuit assez froide où un brouillard se formait près des lampadaires.. Au loin, il y avait un bruit profond et très grave qui résonnait comme un appel.. Il était impossible de savoir d'où ça venait tant c'était diffus, mais ça ressemblait au bruit d'une sirène de bateau.. Dans mon esprit, je me dirigeais vers ce son ou semblait m'en rapprocher, j'imaginais une mer froide, une créature gigantesque et mystérieuse lançant son cri comme un avertissement pour la fin du monde..

Seul sur les trottoirs dans l'obscurité et le froid, je pensais à mon père, à moi, à la mort, et je me sentais en quelque sorte libéré en étant seul face à tout cela.. face à l'inconnu.. Je voulais accepter la mort.. la faire mienne.. me détacher de cette vie, et faire mon deuil de moi-même, autrement dit, effectuer une sorte de bilan de vie qui me permet de me considérer comme prêt à partir au cas où ça arriverait.. La mort arrive toujours trop tôt..

Une fois rendu au sommet de la montagne, je n'ai rien vu de spécial là-haut.. Je n'arrivais pas à penser à rien.. Tout me semblait morne, sans relief.. et je n'avais aucun souhait à faire.. Je n'en sentais pas l'utilité ou l'efficacité.. Je trouvais que c'était une mince consolation, voire pire encore, que ça allait peut-être se retourner en son exact contraire point par point, comme cela arrive souvent dans la vie.. Je me méfie des vœux..

Je suis redescendu assez vite en essayant de lire sur le chemin d'en bas, et j'étais étonné tant c'était noir, je ne pouvais absolument pas décoder aucun mot du livre, puis je me souviens que je remontais St-Denis et que j'étais transi de froid et affamé.. Je commençais à greloter, je voulais manger un petit quelque chose, un croissant sur Mont-Royal, le magasin allait ouvrir dans quelques minutes et je sentais l'odeur du pain, mais je ne pouvais pas attendre, j'ai donc été directement à mon arrêt.. Dans le bus, j'étais avec les travailleurs du matin.. je tenais mon livre en essayant d'en lire un peu, engourdi par le froid.. Ma présence se démarquait par rapport à ces gens, comme si j'étais un étranger.. J'avais fait le vide en moi.. Je me sentais vraiment libéré même si je n'avais pas vraiment réussi à lire pendant ma marche alors que j'avais les mains gelées et de la difficulté à voir, une fine neige tombait sur mes pages..

Si je parle de tout cela, c'est parce que la «réconciliation» que je voulais obtenir a avorté.. Ça ne s'est pas passé comme dans les films.. Et effectivement, dans la vie, ça ne se passe jamais comme dans les films, mais on vise néanmoins cet idéal, comme un idéal photographique.. Pourquoi? - C'est une grande question.. Peut-être parce qu'on cherche à donner un sens, par delà les contingences.. Par-delà notre condition de mortels.. Notre condition d'êtres exposés à la mort, au non-sens absolu..

On mène souvent sa vie en pensant de façon inconsciente qu'on vivra toujours.. Qu'il y a une vie après la mort.. Mais qui sait vraiment? Il n'y a jamais eu personne qui est revenu pour nous dire comment c'était de l'autre côté.. Peut-être qu'une autre vie de labeur nous attend.. des souffrances éternelles.. une existence plate et ennuyante en tant que lumière au firmament.. une incarnation en roche est-elle possible? Je suis terrifié parfois par ce qu'il pourrait y avoir de l'autre côté.. Et s'il n'y a rien.. comment imaginer ce «rien»?! C'est cela qui est le pire, et qui est angoissant.. Si absolument «rien» ne m'attend, comment donner sens à cette vie-ci où l'on passe du temps à souffrir, à travailler, à faire des enfants et à cueillir quelques moments de joie bénis?..

Penser que l'on apparaît soudainement dans le temps et qu'on mène son existence «pour rien», est absolument inconcevable et insupportable.. La pensée explose dans ces conditions.. faute de limites repérables..

À notre mort, on croit qu'il va rester des choses de nous, des biens, des photos, etc.. Mais est-il possible que toute trace de nous soit effacée un jour? Oui, c'est possible.. Il est possible qu'il vienne un jour où tout sera comme si nous n'avions jamais existé..

Souvent, avant de mourir, on part de la maison sans savoir qu'on n'y reviendra plus jamais.. Les choses que nous possédions sont laissées en l'état, mais elles ne sont déjà plus à nous.. Pour les personnes qui vont les recueillir, elles n'ont peut-être pas autant de valeur qu'elles en avaient pour nous.. elles se retrouvent donc parfois à la poubelle ou abandonnées quelque part.. ou vendues..

Par exemple, les photos auxquelles nous tenons tant et qui nous donnent un semblant d'immortalité, eh bien, elles vont peut-être se retrouver dans la famille.. mais lorsque les personnes mourront les unes après les autres, les photos ne se feront pas trimballer infiniment: elles vont un jour se retrouver inévitablement à la poubelle.. puisqu'il n'y aura plus personne pour y tenir.. C'est à ce moment précis qu'il ne restera plus rien de concret de nous.. peut-être même pas un souvenir mental, puisque tous les gens qui nous connaissaient sont maintenant décédés..

C'est ainsi qu'il est possible de retrouver dans une ruelle, exposée à la pluie et mal fermée, une valise contenant des objets personnels et des photos qui se glissent hors des fentes pour exposer une existence qui fut, mais qui est en train de disparaitre à tout jamais.. Les gens marchent sur les photos souillées par la boue et poussées par le vent, les enfants les déchirent ou les brûlent, les vidangeurs les ramassent..

L'Oubli anéantit tout.. et c'est le dernier terme.. Les stades de la dégradation arrivent à leur fin.. Des stades dont nous avons été inconscients toute notre vie.. Pensant vainement être immortels, au fil de notre accumulation des biens matériels..

C'est ainsi que se termine toute vie: à la fin, il ne reste que des choses, qui ont parfois une durée de vie plus longue que nous, mais éventuellement, elles se briseront, et seront jetées avec tout le reste..

La vie de l'Esprit, ou la culture et la mémoire collective, se réduit à des êtres humains, mortels, et à des biens périssables.. Il n'y a aucune issue à la dégradation.. aucune protection.. aucun «chez-soi» permanent et éternel.. Même les étoiles et les galaxies se meurent, et au niveau de l'Univers, leur existence est aussi éphémère que celle d'un brin d'herbe..

Que reste-t-il alors?

Que faire?

Que penser? Et surtout, comment penser (en dehors de tout sens)?

Pourquoi donc sommes-nous là?

Quel est le sens de notre existence?

La question sur le sens est-elle faussée? Qu'est-ce que le «sens»?

Le sens de ma vie est la vie..

mercredi 3 août 2011

La Cité de Dieu..

Le livre que j'ai acheté le jour de la mort de mon père, alors que je n'avais pas encore appris la nouvelle..

Je rêve d'être seul sur la terre..

Depuis deux semaines j'éprouve de grandes douleurs.. Mon dos, mes côtes et mon cou sont broyés.. Il n'y a rien à faire pour calmer le feu qui me brûle le dos et les sensations de barres de métal en travers.. à moins d'être saoul mort.. mais ça, c'est pas une vie.. et le mal est encore pire le lendemain..

Je m'endors aussi constamment, j'ai  l'estomac un peu fragile.. Je suis exaspéré par la chaleur, surtout celle, suffocante, des transports en commun.. Je déteste de plus en plus me déplacer dans ces poubelles ambulantes que sont les wagons de métro en surchauffe et les autobus..

Je ne suis pas capable d'avoir la paix nulle part.. de me sentir bien nulle part.. J'ai juste hâte de crisser mon camp de Montréal pour partir en vacances dans le bois.. Parce que je me souviens aussi de l'impression que j'ai eue en revenant dans cette ville après mes vacances l'an passé, ce fut comme le retour en enfer.. et c'est effectivement ce qu'est rendue cette ville: un véritable enfer de pollution en tout genre.. que ce soit la pollution visuelle, sonore, aérienne, au sol, etc., et la pollution «mentale», c'est-à-dire le stress psychique que les autres individus «malades», eux aussi intoxiqués, nous imposent parfois malgré eux..

À ma pause au travail, j'étais assis sur un banc dehors et j'essayais de soulager un peu la douleur en m'étirant comme je pouvais, lorsque j'entendis des battements d'ailes d'insecte dans l'herbe.. C'était une libellule qui se débattait sur le dos prise dans les bouts de gazon secs.. elle avait une aile endommagée et ne pouvait pas voler..

J'ai tout de suite pensé que si elle restait là il y avait de grandes chances qu'elle se fasse écraser, parce que des gens passent à cet endroit.. j'ai donc pris un petit bout de branche pour qu'elle s'agrippe après afin de la déplacer.. Je mettais la branche doucement sous elle et elle s'agrippait, mais au début elle paniquait un peu en me voyant la déplacer, et recommençait à battre des ailes, et retombait en chemin, souvent sur le dos.. J'y suis allé plus doucement, et ça a marché.. mais l'endroit où je l'avais mise était encore trop exposé..

J'ai vu plus loin dans le parc une colonnade en béton, j'ai donc repris la branche et je l'ai emmené là.. Je savais qu'elle n'avait besoin que d'un peu de temps, d'un peu d'ombre et d'un peu de chance pour qu'elle reconstruise son aile et qu'elle s'en sorte.. c'est d'eau dont elle allait manquer, mais pour cela, vu la situation, je ne pouvais conter que sur la pluie ou la rosée.. ou sur le pipi de chien.. qui sait ce qu'une libellule peut boire! La colonnade la protégeait du soleil et de la circulation piétonne, mais pas des chiens qui viennent y lancer un petit jet d'urine dans leur ronde.. je pouvais d'ailleurs distinguer un bout d'herbe plus clair à la base.. mais que faire de plus?

Je ne pouvais rien faire de plus, car je devais retourner travailler.. Je n'étais quand même pas pour prendre les grands moyens, mais disons que j'ai fait mon possible dans les circonstances.. 

Je pouvais observer sa longue queue lorsqu'elle était sur le dos, au bout il y avait comme un abdomen qui montait et descendait, j'ai compris qu'il y avait de l'air qui passait par là.. je voyais sa respiration.. un belle petite bestiole, élégante.. avec de grands yeux qui bougent en tout sens et qui semblent tout voir..

La petite créature avait semblé s'habituer à moi lorsque je prenais la branche pour la déplacer, elle ne paniquait plus, elle me faisait confiance et s'agrippait pour se laisser transporter..

Finalement, je l'ai laissé là pour retourner travailler, et j'ai pensé que plus je restais dans ce parc à m'affairer après cet insecte invisible de loin, plus les gens qui pourraient me voir seraient curieux une fois que je serais parti de venir voir ce dont je m'occupais, et peut-être lui faire du mal.. comme ce jeune que je voyais courir vers moi, visiblement curieux, mais je lui ai fait des yeux durs pour lui montrer qu'il n'avait pas d'affaire là, et il s'est détourné.. J'ai jeté un œil en direction du parc en partant et je ne l'ai pas vu non plus, il avait disparu, il a avait compris le message.. J'étais très protecteur de ma petite bestiole.. Il a dû me prendre pour un fou..

Avec tout cela, j'avais oublié la douleur pour un instant.. mais à mon retour de pause, la douleur s'amplifia, je n'en pouvais plus, c'était horrible.. Lorsque je terminai et sortis, je pensais m'évanouir de douleur à l'arrêt de bus.. Ça rayonnait jusqu'en avant, partout je sentais de la douleur, je n'étais que douleur.. Le bus prenait longtemps à arriver.. Je priais presque pour qu'il arrive plus vite.. Cette attente était violente.. La chaleur.. Les gens.. Tout était violent.. insupportable.. Je restais là à attendre en bougeant le moins possible, résigné.. l'esprit anéantit.. je n'étais pratiquement qu'un végétal souffrant.. incapable de ne proférer ou de penser un autre mot que «ayoille».. Je me disais qu'une ambulance allait peut-être devoir me ramasser.. à la petite cuillère..

Douleur pure.. Meurtrissure pure.. Néant pur.. Une existence ravagée..

Arrivé chez moi, j'ai embarqué sur la bière forte, la Fin du monde.. une bière qui me rend légume..

J'ai commencé à jouer aux échecs sur Internet, je perdais tout le temps..

Puis, j'ai reçu un courriel de ma soeur:

«Allo Theodor,

Papa est à l'hôpital à cause que son intestin est bloqué par les métastases du cancer. Ils vont l'opérer ce soir et il aura un sac pour les selles. Une bonne amie est avec lui et 2 autres personnes que je connais seront avec lui pour la fin de semaine. Il est hospitalisé au Mont Sinai à Miami. Je devais aller à Miami le 19 août, mais je vais sûrement y aller avant.

Je te redonne des nouvelles bientôt..»

Sur le coup, j'avais envie de pleurer, mais je me retins.. Ce père tout croche, qui m'avait élevé tout croche, était en train de mourir.. Sur la morphine et très faible, ayant déjà les reins finis avec des sacs et quoi d'autres encore, il appelait ma sœur en larmes après qu'on lui eu passé le téléphone sur son lit de misère..

Ma sœur toute seule là-bas, aux États-Unis, épuisée par son travail qui exige souvent des quarts de plus de huit heures, devra s'occuper probablement très prochainement de vider l'appartement de mon père.. Ne pouvant pas emporter grand-chose puisqu'elle doit reprendre l'avion, ma mère lui a conseillé de tout donner aux pauvres.. Mon père en aurait pour un mois ou deux au maximum, mais il pourrait aussi mourir demain.. Les médecins vont décider si ils l'opèrent ou pas.. À cette heure, il doit être pratiquement inconscient par toute la morphine qu'on lui injecte.. Et je sais que dans ces cas-là, il viendra un moment où le cœur lâchera.. C'est une forme d'euthanasie cachée et courante, mais que j'approuve totalement.. et si un jour je viens à souffrir autant et que mon cas soit irrémédiable, j'aimerais partir moi itou sur une balloune de morphine..

Ma mère me déconseillait toujours de trop m'attarder sur son sort, puisqu'il ne s'était jamais trop soucié du mien.. Mais là, bizarrement, son ton a changé.. C'est comme si ça lui rappelait que ça sera son tour à elle aussi un jour, et elle prend plus cela au sérieux.. J'ai même eu l'impression qu'elle résistait pour ne pas pleurer au téléphone.. Pourtant, elle semblait détester mon père.. Elle avait eu, en fait, toujours beaucoup de choses à lui reprocher.. Et moi aussi d'ailleurs..

J'aimerais pouvoir aller le visiter là-bas, mais je n'ai même pas de passeport, ni waiver, et mes vacances sont déjà réservées dans les hôtels.. De toute façon, qu'est-ce que je pourrai aller lui dire sur son lit d'hôpital?.. Il ne voudrait probablement pas que je le voie dans cet état.. Et si je suis déjà détruit dans ma vie de tous les jours par toutes sortes de soucis et d'inquiétudes et de douleurs constantes, qu'est-ce que ce sera quand je serai là-bas? je n'ai aussi personne pour m'héberger.. et n'ayant pas beaucoup d'argent.. Non, tout cela est impossible.. Ma mère pensait même que je ne pouvais pas avoir de passeport parce que j'ai un dossier.. Voyons donc! Pourquoi en plus de m'avoir gâché ma vie en m'empêchant pendant des années de pouvoir retourner aux études mon pays m'empêcherait-il d'aller ailleurs? Vais-je devoir payer toute ma vie pour avoir volé une sandwich alors que j'étais homeless et donné une claque sur la gueule d'un portier, qui me le remit d'ailleurs au centuple lui et ses amis? C'est complètement ridicule.. et c'est là qu'on voit à quel point le monde est injuste et malade..

J'ai pris conscience avec le temps que peu importe que j'aie mon pardon ou pas, et les procédures sont en cours, je serai marqué toute ma vie comme au fer rouge par cette société, puisque si j'accède à des postes qui m'offrent plus de visibilité, il y aura toujours un osti de tata dans la foule pour me salir et me pointer du doigt en disant que j'ai fait ceci ou cela il y a 20 ans.. Pourquoi ces gens font-ils cela alors que ça ne correspond plus du tout à ce que je suis devenu? - Ils le font par simple méchanceté ou jalousie, c'est ma réponse.. pas pour le «bien public» ou je ne sais quoi d'autre.. En réalité, du véritable bien public et de la rédemption d'un individu qui s'est toujours trop laissé piler dessus par les autres et s'est retrouvé ainsi coincé dans la marge, ces gens n'en ont rien à foutre.. La norme dans ce monde, c'est la mesquinerie et la bassesse, et cela, ça m'a pris beaucoup trop de temps à le comprendre.. Et j'arrive d'ailleurs encore à peine à y croire.. La «justice» est une illusion.. Ce qu'il y a, c'est un système pour varger sur du monde à perpétuité lorsque ceux-ci ont osé, ne serait-ce qu'une seule fois, s'écarter du «chemin» tracé par la société.. C'est grave.. On veut bien croire que la pression pour être «conforme» n'est pas trop forte et qu'on est tous uniques et différents.. mais on se fourvoie allègrement: le système ne sert qu'à cela.. à nous mettre au pas pour nous faire travailler pour pas cher..

Peu importe, ma vie se replace tranquillement au fil des ans et des efforts.. Je reste loin des «autres» en général.. Je m'enferme souvent chez moi pour lire dans ma grande bibliothèque.. C'est à ce moment que je suis heureux.. Mais j’appréhende toujours le moment où je devrai ressortir pour aller travailler..

Je pense souvent que je mène une vie retirée.. et c'est effectivement le cas.. Je me dis des fois que je pourrais passer seul dans l'existence, sans attache, sans amour, sans amitié, et que personne ne saurait vraiment que je suis parti.. Que je m'en suis sorti sans trop m'engager dans quoi que ce soit.. Que personne n'aura jamais vraiment réussi à me «connaître».. Et n'est-ce pas tant mieux?

Nous pensons qu'en communiquant nos joies et nos peines aux autres elles sont plus «réelles».. Mais si les autres disparaissent ainsi que la terre à la fin des temps emportant tout souvenir, n'est-ce pas une illusion de plus? Que je ne partage aucune joie ou aucune peine ne changera donc rien au bout du compte.. j'en éprouverai peut-être même, en tout et pour tout, moins de désagréments..

Je regarde seul le monde.. Et le monde me regarde seul.. dans le secret.. C'est à ce moment que j'ai l'impression d'exister..

Je rêve d'être seul sur la terre et de dire que c'est mon monde..