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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 24 juin 2009

Allons joyeusement à l'abattoir

Il y a des jours comme ça (je devrai bientôt dire des semaines) où je suis prisonnier de mon corps et où je me sens comme une grosse masse brute de gélatine pourrie. Oubliez le gym, j'ai d'la misère en calvaire à me traîner à la cafetière. Tout est lourd, l'esprit, les idées, les membres, c'est un festival de légumineuses. Chaque journée est une session de matraquage par les nuages. La déprime s'installe, on se donne des coups de pied au cul, ça marche pas; un peu de bière, beaucoup de bière, l'ivresse du houblon tourne en bad trip au lieu de me rendre de bonne humeur. Les mauvaises nouvelles s'accumulent habituellement précisément dans ces moments difficiles. Tout va mal, l'ordi est défectueux, les caries se montrent le bout du nez, on me saisit de l'argent à la banque, rush d'allergies, rush de regrets, et ça continue. Les méthodes qui marchent normalement pour me remonter le moral ne marchent plus, et je peux affirmer avec certitude que lorsque je commence à regretter, c'est un signe que je suis vraiment malade et atteint.

Il y a des périodes de l'année comme ça où je suis complètement à la merci du climat merdique. Ça me tue, oui, le climat du Québec me tue carrément. Je n'ai pas le choix de me mettre à l'école des stoïciens et de devenir dur, sans pitié pour moi-même, un peu rude avec les autres pour ne pas me laisser aller à la mollesse, ne pas me faire de faveurs, mettre l'art et les sentiments mous de côté, prendre des douches froides, manger le strict nécessaire, etc., le régime militaire quoi. Mais tout ça est tellement contre mon goût! Je dois aimer la punition, me punir moi-même, punir ce crisse de corps maudit qui ne veux pas répondre, pas avancer, pas fonctionner comme les autres.

Je devrais peut-être recommencer mes grands régimes, genre manger du riz plain pendant un an. En plus d'être économique, c'est bon pour la santé; je vais m'acheter des poches de riz Basmati et ne manger que ça. Mon corps est fou, alors je n'ai pas le choix d'être fou aussi dans la tête. Je prenais plaisir l'autre jour à lire le Journal de Kafka et à voir qu'il avait les mêmes problèmes d'improductivité et d'avachissement; je me sentais moins seul dans ma lutte perpétuelle contre les éléments.

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