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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 2 novembre 2015

Le succès des voleurs d'idée

On se plaint des voleurs d'idée. Bien entendu, ce n'est pas correct de piquer des idées à quelqu'un d'autre, et qui plus est, si on devient riche avec ces idées qui ne nous appartiennent pas!

Nous savons que le fondateur de FB a piqué son idée à des collègues avec qui il étudiait à l'université. Nous connaissons aussi la suite: «son» idée a connu un immense succès, et il est devenu milliardaire.

Nous sentons qu'il y a là une injustice. Or, les collègues qui se sont fait tondre l'herbe sous le pied ont finalement été dédommagés en cour avec plusieurs millions.

Le paradoxe dans cette situation, comme dans un paquet d'autres semblables, c'est que seul le voleur d'idée était capable de garantir le succès du projet. Pourquoi? - Parce qu'il est en concurrence directe avec ceux qui y ont pensé en premier. Inversement, ceux qui avaient l'idée n'avaient aucune concurrence, ils n'auraient donc pas été aussi agressifs, et n'auraient pas réussi à mener à bien le projet, ou en tout cas, pas avec autant de succès et pas aussi vite.

Le vol garantit le edge dont l'ambitieux a besoin pour gagner. Le voleur d'idée perçoit clairement la valeur de cette idée, alors que la source ne la perçoit pas aussi clairement.

Le vol d'idée est donc une des clés du progrès, et je suis certain que dans l'histoire on pourrait trouver un paquet d'autres exemples semblables.

Ceci dit, je ne cautionne pas le vol d'idée. Il n'y a qu'à penser au cas de Claude Robinson ici au Québec. Je suis certain que Robinson aurait très bien pu faire fructifier son idée si d'autres ne la lui avaient pas piquée. Cependant, il y a des situations, comme je l'ai dit plus haut, où l'inventeur ne perçoit pas la valeur de son idée ou ne sait pas comment en tirer profit, et se retrouve donc à être moins compétitif par rapport à celui qui en voit le potentiel et qui sait comment l'exploiter rapidement. Dans le cas de Robinson, c'est un vol flagrant.

Mais un article de La Presse parlait hier de Einstein. L'idée de Einstein était originale: la théorie de la relativité. Cependant, un mathématicien, Hilbert, travaillait lui aussi sur sa théorie de la relativité. Il assista à une conférence de Einstein sur la relativité, et suite à celle-ci, il modifia sa propre théorie dans le sens des idées d'Einstein. Ce qui posa par la suite des problèmes pour la paternité de l'idée, jusqu'à ce qu'on découvre ces informations. Ceci est un cas de vol d'idée, assez facilement découvert, mais d'autres ont eu moins de chance. Au final, ce cas ne fait que prouver davantage le génie de Einstein, car il s'est quand même fait piquer son idée par un des plus grands mathématiciens de l'époque, Hilbert en personne!

Quelqu'un aurait déjà dit, peut-être Picasso, mais la citation a très probablement plusieurs «sources»:



«Les bons artistes copient; les grands artistes volent.»

Mais, voici ma rectification:

«Les voleurs de mes idées prouvent mon génie.»


2 commentaires:

  1. Une autre maladie courante est celle d'outreciter des auteurs pour ne pas donner l'impression qu'on est un voleur d'idées. "J'ai faim" comme dirait Gargantua, personnage célèbre de Rabelais. "J'ai soif", comme dirait Jésus. "Je respire de l'air", comme dirait Zorro.

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  2. Comme disait l ' autre ( je me souviens + qui , Proudhon , peut-être ) :
    " La propriété c ' est le vol " .
    C ' était un peu excessif , mais pas tant que ça ...

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