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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 31 mai 2014

L'erreur de catégorie est la norme en argumentation

L'erreur la plus commune que les gens font quand ils raisonnent, c'est l'«erreur de catégorie». À ma grande surprise, cette expression n'existe que depuis 1949, alors qu'elle fut introduite pour la première fois par Gilbert Ryle dans son livre La notion d'esprit.

Cette réflexion m'est venue alors que j'argumentais, comme d'habitude, avec des personnes en position d'autorité, qui raisonnent de travers comme la plupart des gens, mais avec de la gueule et de l'assurance.

Normalement, l'aplomb avec lequel un mauvais raisonneur vous fout ses arguments massue suffit à la reddition de la plupart: c'est ce qu'on appelle communément «une personne qui a du caractère», elle impose facilement son point de vue aux autres. Toutefois, vous sentez qu'il y a quelque chose qui ne marche pas dans ses exemples et contre-exemples pour vous convaincre, mais vous n'arrivez pas à mettre immédiatement le doigt dessus, et vous perdez la joute parce que vous n'arrivez pas à trouver la bonne réplique: c'est ainsi que va la vie et que se décident, injustement, la plupart des affaires importantes, contre votre gré.

Le pire est que les témoins qui écoutent le mauvais raisonneur lui donnent raison, parce qu'ils raisonnent comme lui. Vous avez alors, en plus d'une grande gueule ou d'un gros caractère qui vous affronte, le nombre contre vous. Ce qui rend d'autant plus difficile le combat contre ce genre d'interlocuteur, qui vous voit, ainsi que ceux qui l'entourent, comme quelqu'un d'obstiné et qui ne veut pas comprendre ou coopérer.

La première caractéristique d'un «bon» mauvais raisonnement, c'est qu'il paraît immédiatement juste puisqu'il est avancé tout de go comme une «évidence», vous interdisant, par conséquent, de trop réfléchir et de voir où se trouve la faute, sinon cela prouverait que vous ne comprenez rien: le temps n'est jamais pour ces gens à la réflexion, mais à l'action et à la réaction.

L'avantage de se battre contre ce genre de personne qui raisonne de travers avec aplomb, parce qu'elle est elle-même convaincue par sa bullshit, c'est que vous commencez à comprendre comment l'esprit de la plupart des gens fonctionne, et par conséquent, comment fonctionne le monde entier.

Vous comprenez que la politique repose sur pas grand-chose, et parfois, le droit aussi.

Le désavantage, par contre, c'est que dans votre quête pour la vérité, vous passez pour être quelqu'un de buté, d'obstiné, de têtu, qui ne veut pas comprendre ou coopérer, alors que c'est tout le contraire que vous essayez de faire, c'est-à-dire: chercher la coopération, mais sur un terrain argumentatif sain.

Si nous sommes entourés de corrompus au Québec, c'est parce que le raisonnement de la plupart des gens est déjà corrompu. Le mieux que l'on fait la plupart du temps, dans nos joutes argumentatives, c'est de réfuter un argument corrompu par un autre argument corrompu.

Analysez à fond le discours des gens, soyez attentifs aux catégories entre lesquelles on se promène allègrement en mélangeant tout, et vous allez voir que les arguments apparemment les plus solides, les plus «définitifs», ne reposent en fait que sur du vent.

Mais étudier l’argumentation est un travail qui demande beaucoup d'énergie, de réflexion, de perspicacité, et de ténacité: peu de personnes y prennent plaisir, alors que c'est pourtant le noyau de tous nos problèmes en ce monde.

Revenir sur les arguments des autres est toujours mal vu, toujours pris personnellement, puisque les gens tiennent viscéralement à leurs erreurs.

Essayer de faire triompher la vérité en ce monde, c'est à coup sûr courir vers sa perte.

La majorité des gens n'ont pas de notion d'«objectivité» en argumentation: elle se laissera convaincre par celui qui semble lui-même convaincu et qui semble convaincre les autres: on se suit l'un l'autre, comme des moutons.

Que faire dans cette situation sans issue pour celui qui voit clair dans toute cette tragique comédie?

- Ferme ta gueule et cours...

jeudi 29 mai 2014

Wawanne Power


Ma première animation incluant ma musique, toufaite à la main par mon moi-même.

dimanche 25 mai 2014

Mon seul interlocuteur a été un fou..

Dernièrement, je me suis demandé pourquoi je n'ai jamais vraiment eu d'amis, et encore moins de bons amis, dans la vie, comparativement à bien des personnes dont je constate qu'elles mènent une vie «normale» avec des amis, comme il se doit.

Je ne tiens pas particulièrement à avoir beaucoup d'amis, car ce serait une corvée pour moi que d'entretenir de bonnes relations, de ne pas les négliger, etc., je considère que je n'ai pas beaucoup de temps pour ça, et c'est aussi la raison pour laquelle je n'ai jamais voulu d'enfants.

J'aime être seul, me concentrer sur mes choses, mes lectures, mes textes, mes passions, mes projets, etc. Mes projets impliquent peu d'autres personnes.

Mais ce n'est pas de ça dont je voulais parler..

Ce dont je voulais parler c'est le fait que je n'ai pas d'interlocuteur depuis toute ma vie ou presque..

Rares sont les personnes avec lesquelles j'ai vraiment pu parler, dialoguer, me faire comprendre..

Toute ma vie j'ai parlé aux gens qui m'entouraient, mais c'est comme si je parlais seul, comme un fou..

C'est ça que j'ai «réalisé» l'autre jour.. qui est ressorti d'un recoin de mon esprit, où j'avais fourré toutes ces souffrances du monologue d'une vie.. Un gars qui trippe «chars et hockey» va trouver des milliers d'interlocuteurs, mais un gars qui trippe «Nietzsche et Heidegger» va parler aux murs.. Ça a été mon cas, et ce l'est encore aujourd'hui..

Mais moi, avec mon bon caractère, je vois bien qu'on fait dévier les discussions, qu'on ne s'intéresse pas à ce que je dis, qu'on ne s'intéresse pas à ce qui m'intéresse, bref, qu'on ne me comprend pas, et j'accepte de parler des choses dont tout le monde ordinaire parle, ou de m'intéresser à ce qui intéresse les autres, ou de me censurer, ou de me taire, ou de passer pour un gars «ordinaire», pas trop brillant, pas trop intellectuel, pas trop «différent», bref, j'accepte de passer pour un gars «dans la moyenne», alors que la «moyenne» m'a toujours profondément ennuyé et écœuré..

Mon seul interlocuteur un tant soit peu «dialoguant», me dis-je l'autre jour, a été un fou..

J'ai eu deux amis dans ma jeunesse: un avec qui j'étais toujours en «parallèle», on était quasiment toujours sur deux planètes différentes, à part pour les sorties, et l'autre, un révolté complet de la société, qui est devenu fou, mais qui l'était déjà, à mon avis, et je crois qu'il est mort aujourd'hui, puisqu'il avait l'habitude de quêter au métro, mais ça fait longtemps que je ne l'ai pas revu. Vers la fin, il semblait être capable d'agir et de parler normalement, il me reconnaissait, mais j'avais un peu peur de lui car il avait le sida, donc je ne l'approchais pas vraiment et j'essayais de m'en débarrasser assez vite, et au fond, tout ça me faisait de la peine, car moi je montais dans la vie, et lui il descendait toujours plus profondément et je ne pouvais rien y faire..

Et il savait que je montais, même si je ne voulais pas que ça paraisse, et lui, il savait qu'il descendait, et il ne pouvait pas s'en cacher, car il était itinérant.. C'est dur de cacher que tu descends quand tu n'as plus de dents et que t'as du papier journal dans tes bottines trouées..

Bref, je suis conscient qu'il est difficile d'échanger avec moi à cause de la particularité de mes intérêts et de mon caractère: je ne me laisse pas convaincre facilement et j'argumente beaucoup, parce que j'aime ça, et les gens, en général, ont peur d'argumenter ou n'aiment pas ça. J'aime argumenter parce que je cherche la vérité, pas parce que je veux être le «vainqueur» d'une joute éristique, c'est ça que les gens ne comprennent habituellement pas.. et ils prennent ça trop à cœur.. Ils prennent leurs opinions trop à cœur.. Pourtant, ce ne sont que des «opinions».. infiniment malléables..

Pour moi, il n'existe pas d'«autorité».. Et s'il y en a une, elle est à pilonner.. à tester.. pour voir sa résistance.. son «taux de vérité»..

On va me dire: parle avec des gens qui ont les mêmes intérêts que toi.. C'est ce que j'ai fait: j'ai été étudier en philosophie avec d'autres étudiants qui s'intéressaient à la philosophie.. Mais pourtant, là encore, je n'ai jamais vraiment pu parler et dialoguer avec personne.. peut-être même encore moins que dans la vie normale.. Pourquoi? Parce que soit ce à quoi je m'intéressais était trop poussé ou particulier ou spécialisé, même pour eux, soit ils s'intéressaient autant que moi à un autre sujet, Marx par exemple, qui ne me disait pas grand-chose à l'époque, et qui ne me dit toujours pas grand-chose aujourd'hui, même si j'ai lu tout le premier tome du Capital pour essayer de m'y intéresser.. mais ce fut vraiment pénible à cause de l'infinité des notes de bas de pages que j'ai toutes lues.. Je n'exclus pas par contre la possibilité qu'un jour je recommence à le lire.

Bref, en me retrouvant avec des gens qui avaient le même intérêt que moi, en gros, puis-je dire aujourd'hui, puisque la philosophie c'est vaste, je me suis retrouvé, paradoxalement, encore plus seul..

Lui trippe sur Aristote, l'autre sur Marx, lui sur la philosophie du langage, l'autre sur Wittgenstein, etc., mais personne ne trippe vraiment sur Heidegger, sauf peut-être pour le critiquer et le descendre, et faire de lui tout simplement un nazi, etc. Je n'ai trouvé que des merdeux sur ce point, des étudiants qui voulaient bien paraître aux yeux de certains professeurs ou de certains élèves, se faire du capital sur le dos de Heidegger, sans vraiment s'y intéresser, sans vraiment aborder ses idées en y mettant du cœur et de façon honnête, sans vraiment le comprendre, en ne formulant que des critiques superficielles, qui cherchent à faire de l'effet, et qui font leur effet, néfaste, mais qui au fil des années, après la dispersion de la boucane, après la dispersion des faux intérêts, après la dispersion des illusions des «calculateurs» intéressés à flatter pour s'attirer des places et des faveurs, ne s'avèrent avoir été que du pissage contre le vent.. Car quand tu t'attaques aux grands de cette façon, par le bas, ils finissent toujours par te retomber dessus, et alors t'as l'air d'une merde encore plus qu'avant..

Pour revenir à mon propos, puisque je n'ai pas d'interlocuteur et que je n'en aurai probablement jamais, à part les fous, je vais consigner mon moi-même dans ce journal, le plus que je peux, et c'est tout ce qu'il restera de moi. Je serai bien sûr dans la tête de quelques personnes, mais pas comme je souhaiterais, et ce qui est «dans ma tête» ne circulera pas vraiment, jamais, sauf si je l'envoie dans le cyberespace, comme une bouteille à la mer, sans grand espoir.

vendredi 16 mai 2014

Comme si l'on savait sans savoir

Journal 07-05-2013

L'incroyable rapidité avec laquelle on se lasse de tout.

Que l'on se livre aux plaisirs charnels, extérieurs, ou que l'on cherche son plaisir en soi-même, dans sa vie intérieure, cela revient au même, on souffre d'être trop au-dehors, on souffre d'être trop au-dedans.

L'habitude tue tout, et elle est inévitable dès lors que l'on aime beaucoup.

L'on ne peut revivre ses plaisirs passés, et c'est pourquoi l'on cherche tant à en avoir, mais tout ce qu'il en reste après qu'ils sont consommés est un souvenir, une ombre, un signe abstrait, tel un mot avant la connaissance de la chose, comme si l'on n'avait rien vécu, comme si l'on savait sans savoir.

Le plus grand plaisir au monde est le plaisir de la chair, tout le reste vient après. Aucun individu ne jouira autant de la richesse, des «paradis artificiels» ou d'une quelconque forme de réalisation de soi ou d'honneur, qu'il ne jouira des plaisirs charnels, du corps de l'autre, de l'amour et de la tendresse.

L'autre est la source de tous les plaisirs et de toutes les valeurs. Les choses ne valent rien sans autrui, cet autrui évanescent, qui est au fond comme les choses, cela vient, cela passe, si bien que l'on ne sait plus à la fin à qui donner raison, déchiré que l'on est, parce que l'amour est vain, mais plus fort que tout, il a raison de tout et il vainc tout.

La meilleure preuve qu'il s'agit d'un sujet paroxystique et extatique, comme par exemple lorsqu'on parle de l'amour et du sexe, est que l'on ne peut s'empêcher quand on en parle d'utiliser à tout bout de champ des mots «extrêmes», qui finissent par ne plus avoir aucune signification, comme «tout» et «rien».

Nos existences sont génériques

Journal 28-05-2013

Les noms sont génériques. Pourquoi me reconnaîtrais-je dans mon nom? dans aucun nom particulier?
Les noms étant génériques, nous sommes des individus génériques. Sommes-nous même des «individus»? Le «moi» est une illusion... Mais penser qu'il n'y a pas de «moi» est un véritable casse-tête... Comment le penser? C'est pratiquement impossible, sauf peut-être sur une courte période de temps, comme pendant une «illumination», une forte inspiration qui nous tire vers le haut, mais bien vite nous revenons à nous-même, à notre moi ordinaire, somme toute, banal. Les extases ne peuvent durer toute la vie.
Nos existences sont la plupart du temps génériques, comme les noms.

Il n'y a aucune «unité» possible

Journal 27-05-2013

Tout s'use, il n'y a aucune «unité» possible. L'«unité», l'idée de l'«un», ne peut toujours être que dans l'esprit, car tout change, tout se transforme, tout périt.
La mort et la disparition sont nécessaires.
Tout périt, les planètes, les systèmes solaires, les galaxies, et à la base, les atomes, les particules subatomiques, etc., toutes les énergies se dégradent, se dispersent...

La vie est un combat pour que le monde nous regarde

Journal 18-05-2013

La vie est un combat pour que le monde nous regarde.

Je médiatise la musique à travers cette fille tatouée seins nus et j'imagine qu'elle la trouve bonne, meilleure que je ne la trouve, mais elle me la fait mieux écouter, à sa façon, par ses oreilles, et je la trouve bonne moi aussi, comme si j'étais cette fille tatouée sur les seins, blessée par la vie, blessée par l'encre.

Toute ma philosophie se résume à ceci: un combat pour l'intensité de l'existence, pour la liberté, pour l'art, un combat aussi non pour le «bien-être», mais pour l'extase, le tournoiement de l'être, le vertige de l'absolu... L'être doit se dépasser lui-même, sortir hors de soi, même au risque de mourir. Du choc de l'être et de l'«autre que l'être» naît la vie.

lundi 12 mai 2014

Cattle Decapitation - Your Disposal


Dernier album du groupe (2012), et un nouveau très bientôt. Je l'avais mis de côté pour quelques mois, puis je l'ai réécouté dernièrement pour savoir si j'allais le revendre, comme bien des groupes achetés en 2012, mais j'ai trouvé l'album encore meilleur qu'avant. En fait, je le considère maintenant comme un classique, au même titre que l'album Midwest Pandemic du défunt groupe Twelve Tribes.

Dark Fortress - Eidolon


Une très belle découverte. J'ai passé à côté de ce groupe à cause de leur dernier album qui ne semble pas bon et de leurs vidéos poches. Celui-ci est l'avant-dernier (2008). Mes deux morceaux préférés, Cohorror et The Unflesh.

01. The Silver Gate 0:00
02. Cohorror 6:35
03. Baphomet 11:49
04. The Unflesh 18:06
05. Analepsy 23:01
06. Edge of Night 29:01
07. No Longer Human 32:51
08. Catacrusis 38:26
09. Antiversum 42:58

Triptykon - Melana Chasmata


Dernier album du projet de Tom Warrior (Thomas Gabriel Fischer), 2014, membre fondateur de Celtic Frost, pour l'instant en pause.

1. Tree of Suffocating Souls: 0:00
2. Boleskine House: 7:56
3. Altar of Deceit: 15:17
4. Breathing: 22:39
5. Aurorae: 28:30
6. Demon Pact: 34:47
7. In the Sleep of Death: 47:01
8. Black Snow: 55:11
9. Waiting 1:07:56

1349 - Sculptor of Flesh


Petite découverte faite, avec Dark Fortress, grâce au site de Thomas Gabriel Fischer qui fait la promo de son nouvel album pour le groupe Triptykon. http://www.triptykon.net/triptykon/Band.html

Le groupe me fait penser à un Black Sabbath fictif revisité (peut-être Trashed de l'album Born Again), adapté au goût d'aujourd'hui, c'est-à-dire une coche plus heavy. 1349 c'est l'année de l'arrivée de la peste en Norvège.

mercredi 7 mai 2014

Bric-à-brac

-Le combo irrésistible d'Amir, même quand j'ai pas faim. Mon cerveau fait des freegames quand j'en vois un. Je me suis promis de ne plus manger de gluten, mais quand j'arrive devant le comptoir je commande la big assiette et je mange tout, surtout la sauce à l'ail. Je me crisse de puer de la gueule au travail quand je reviens du dîner tellement je suis addict à cette maudite sauce à l'ail mélangée au poulet. J'ai développé une compulsion à la bouffe libanaise. Je ne laisse jamais, absolument, RIEN dans l'assiette, même pas un petit grain de riz: ça prouve comment je suis atteint. Oui je le sais: n'importe quelle fille qui m'accompagnerait au restaurant aurait honte, mais je m'en contre-câlisse. Rendu là, j'aime mieux manger un combo d'Amir qu'une fesse de femme.

-Contemplation de la main d'un bébé en montant dans l'escalier mécanique du métro, finesse, «miniaturité», etc. (et un autre néologisme de mon cru à propos de la «petitesse», mais je ne m'en souviens plus, dommage... «minuscularité»?) Je me suis aperçu alors que je n'avais jamais vraiment regardé dans le détail la main d'un bébé, surtout les petits ongles mignons. La main me parlait, les mots d'étonnement me venait tout seul à l'esprit, puis quand j'ai perdu le contact visuel, les mots sont rapidement disparus, dont mon fameux néologisme que je me disais que j'allais utiliser dans un roman à venir, mais bon, too bad, j'en trouverai d'autres..

jeudi 1 mai 2014

Au signal sonore..

Je laisse un message
J'attends qu'on me rappelle
J'espère qu'on me rappelle
Je souhaite qu'on ne m'oublie pas

Mon message est comme un signe pour autre chose
Un signal sans détresse
Je crois savoir ce que l'autre fait
Je crois savoir ce que l'autre pense
Je crois savoir ce que l'autre va faire
Je crois savoir ce que l'autre va penser

Je ne sais plus quoi penser
Je ne sais plus ce que je pense
Mon message sera-t-il entendu?
Mon message sera-t-il bien compris?

Les heures passent
Les heures pèsent
Les jours passent
Les jours pèsent
Que veut-on me dire?
Que veux-je dire?

Pense-t-on que je suis fou?
Veut-on m'ignorer?
A-t-on peur de moi?
Est-on en train de réfléchir sur mon cas?

Au signal sonore, veuillez laisser votre santé mentale...

Individu conforme..

à venir..

Les gens ne se cachent plus pour pleurer..

[Analyse d'une vieille qui pleure à la TV]

Sur sa face ridée les pleurs font des coulées
Les plis démultipliés, témoignage de la souffrance humaine
Plus profonds sont les plis, plus profonde la souffrance
Les grimaces faciales s'y ajoutent, et les plaintes

Toutes mes économies de retraite y sont passées...
Et grincements de dentier, et sagesse de l'humilité
Et yeux plissés, rougis
Front troublé, distorsions charnelles, tourment plus que réel

Y a-t-il encore des gens honnêtes en ce monde?
Et complaintes et gros plans pour le spectacle

Aucune honte à afficher sa peine
À brailler et grimacer à la chaîne nationale
Comme un gros show de voyeurisme
L'émotion sonne faux sur toute la ligne, mais on gobe

Comme les télé-réalités
La réalité filmée en double x-large
Après coup
Répétée jusqu'à la nausée
Fausse depuis le début et jusqu'à la moelle

Ça pue l'impudeur
Le vide des simulacres
Ça pue le totalitarisme
En temps irréel

Nous nous jouons l'un l'autre la comédie
Nous y croyons
Alors que derrière le masque
Il n'y a plus rien

Ce fisting des émotions
C'est notre dieu à nous