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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 28 février 2016

Réflexions sur le génie

J'ai passé ma soirée hier à réfléchir à la question du génie. Le «génie» est une personne avec un QI de 130 et plus (le célèbre physicien Richard Feynman avait un QI de 125, mais était considéré néanmoins comme un «génie»). En 2009, le plus haut QI était de 195 (ou plus) et était détenu par Chris Langan, ancien portier et auteur du CTMU, une «théorie de tout». Aujourd'hui le record a été établi à 230 par Terence Tao, un jeune mathématicien chinois. Mais le QI le plus élevé de l'histoire aurait été détenu pas William James Sidis au début du 20e siècle, qui avait un QI entre 250 et 300, et qui a occupé de petits emplois mécaniques mal payés après l'université et est mort à 46 ans. Il est l'auteur d'une série d'écrits sous pseudonyme. Autre particularité: il abandonna complètement les mathématiques au milieu de sa vie et disait «ne plus vouloir penser».

Comme comparatif de ces QI avec quelqu'un connu de tous, Einstein avait un QI entre 160 et 190. Si la fourchette est si large dans les estimations, c'est que lorsqu’un individu s'écarte trop de la moyenne (100), il est besoin d'un test de tranche supérieure, impliquant un groupe plus restreint d'individus, et donc, une moins bonne estimation. Quand les QI sont très élevés, il est besoin de tests spécifiques pour les nouvelles tranches supérieures, et l'estimation devient toujours plus difficile, puisque le groupe se restreint toujours. À la limite, l'individu le plus «intelligent» du monde n'a donc plus de comparatif et demeure comme un «hapax» dont la signification demeure obscure.

Un QI élevé n'est pas une garantie de succès dans la vie. Les facteurs environnementaux, la culture, les traits de personnalité, l'intelligence sociale ou émotionnelle sont pour une grande part dans la réussite globale d'un individu. Par contraste, un individu au QI moyen mais dont les habiletés sociales sont grandes sera plus enclin à réussir dans la vie qu'un individu au QI élevé mais qui est médiocre ou exécrable au niveau social.

Bien sûr, il s'agit ici aussi de savoir qu'est-ce que signifie «réussir sa vie». La définition d'une «vie réussie» doit varier autant qu'il y a d'individus dans le monde, mais l'on peut s'entendre sur une définition, disons, largement acceptée: faire ce que l'on aime dans la vie, en être bien payé, et être reconnu socialement pour ce que l'on fait. Si nous oublions ce dernier point, un proxénète peut bien avoir une «vie réussie», car il fait ce qu'il aime et il est bien payé, mais ce n'est pas ce que l'on entend normalement par cette expression si ce n'est approuvé socialement. La personne aura donc une vie réussie à ses yeux, mais pas aux yeux des autres. Et qu'est-ce donc une «vie réussie» si tout le monde pense le contraire de votre vie? Cela est difficile à tenir, quand on pense au niveau social. Il faut donc pour avoir une «vie réussie», obligatoirement, que ce que l'on fait soit socialement accepté ou valable.

On voit donc ici, qu'à la limite, les très grandes intelligences qui s'intéressent à des choses que très peu de personnes comprennent ou qui ne suscitent pas chez ces dernières un grand intérêt, ne seront pas celles à qui s'appliquera le plus fortement la définition d'une «vie réussie», car la dimension sociale manque, à moins d'inventer une théorie qui viendra changer la façon dont tout un chacun perçoit le monde, pensons à Einstein.

Toutes les très grandes intelligences ne peuvent être aussi inventives qu'Einstein, mais on ne peut dire non plus qu'ils n'auront jamais une «vie réussie». Il semble ici que le plus important, après tout, soit la perception que l'individu a de sa propre vie: s'il fait ce qu'il aime, il peut s'estimer heureux, ou ni heureux ni malheureux. Einstein disait que l'imagination était plus importante que le savoir. À quoi servent les grandes têtes pleines de savoir, si elles ne peuvent inventer du nouveau? Ainsi, il y a plein d'individus extrêmement brillants qui s'enfoncent dans des tâches routinières et ne créent jamais rien de nouveau de leur vie. Quelle aurait été la force de Louis Cyr s'il était resté les bras croisés toute sa vie sans jamais lever aucun poids? Et s'il avait levé des poids comme tous les autres le faisaient, sans imaginer de nouveaux tours de force, qu'elle aurait été son mérite? Personne ne l'aurait remarqué...

Il m'arrive de penser que les très grands QI sont une aberration de la nature, et que les individus porteurs de ces grandes capacités devraient pouvoir donner un peu des leurs à ceux qui en ont beaucoup moins. Bien entendu, cela est impossible, bien que l'intelligence soit «communicative». C'est-à-dire que les meilleures solutions à des problèmes peuvent être retransmises à des individus au QI inférieur, mais les moyens pour y parvenir par eux-mêmes font défaut. Cela veut dire que ces derniers auront toujours besoin des capacités brutes du QI supérieur dans de nouvelles situations, mais pas dans les anciennes. C'est ainsi que le progrès est possible, même aux échelons inférieurs, mais l'esprit peut venir à faire défaut en place de la lettre.

Les capacités brutes du QI supérieur le différencient donc vraiment du QI inférieur, il n'y a pas d'échappatoire. C'est comme la force musculaire de Louis Cyr, qui provient d'une largeur de colonne inhabituelle: personne ne peut contester sa colonne: c'est un fait, et ça le rend capable de lever des poids extrêmement lourds, s'il décide d'exploiter son talent. Le QI supérieur ne réussit pas nécessairement sa vie et ses qualités sociales sont peut-être exécrables, mais, pouvons-nous nous demander alors: à quoi sert-il d'avoir une voiture qui roule à 1000km/h dans les rues du centre-ville, ou même, sur l'autoroute?

Je ne fais que répéter ici, en d'autres termes, ce que Schopenhauer disait du génie: le génie est aussi utile dans la vie courante qu'un télescope au théâtre.

Le QI supérieur abat plus d'ouvrage, et plus complexe, qu'un QI inférieur. Mais plusieurs QI inférieurs ensemble peuvent dépasser le QI supérieur seul: c'est l'oeuvre du travail, et plus particulièrement du travail de groupe. Un QI supérieur seul ne peut tout lire et tout savoir, mais des groupes réunis peuvent tout lire et tout savoir; aussi, le QI supérieur seul profite la plupart du temps de ces groupes, sans qu'on le mentionne. Ce qui fait donc la véritable différence entre les deux entités (le génie solitaire et le groupe), c'est le twist qui permet de voir les choses sous un nouvel angle, et donc, d'inventer. Il faut par contre spécifier aussi qu'une grande part des découvertes est due au hasard, à force de jouer avec la matière, au fil du travail. C'est pourquoi l'éducation est si importante: elle est la condition de possibilité d'un dépassement novateur, tout simplement par le contact répété avec la matière. Edison disait: «Je n'ai jamais échoué. J'ai seulement découvert 10 000 façons dont ça ne marche pas.» Si on n'essaie pas, et qu'on ne se trompe pas, on ne peut pas réussir: c'est ça l'éducation et c'est ça le travail, et c'est la façon cachée dont se font les plus grandes découvertes.

C'est ce en quoi je crois: le travail et la créativité. Et c'est ce que nous faisons aujourd'hui: nous divisons le travail entre un grand nombre de gens (mais pas toujours très créatifs), ce qui rend impossible pour un homme seul de rivaliser. Bien entendu, cent idiots ne feront jamais un génie. Il est toujours possible aussi à un seul homme de battre une armée de brillants analystes, pensons à Bobby Fischer contre les équipes d'analystes russes derrière les grands champions soviétiques. Ce qui fait la particularité de l'intelligence, c'est qu'elle échappe à la mécanicité: il y aura toujours une «anomalie» qui viendra nous prouver le contraire de ce qu'on croyait impossible jusqu'alors.

Je crois au travail sans relâche pour devenir meilleur et plus créatif dans ce que l'on fait, dans ce que l'on aime, peu importe sa mesure de QI, qui selon moi, est fortement biaisée vers le raisonnement abstrait et mathématique. Il n'est qu'à considérer les jugements éthiques des «fortes têtes» pour bien souvent se rendre compte qu'elles sont loin d'avoir tous les talents qui font un homme complet.

C'est pourquoi je trouve amusant ces foules d'académiciens trop enclines au «culte du génie»: elles ont besoin d'un héros, d'un nouveau dieu... Alors qu'elles devraient plutôt se tourner vers elles-mêmes, car elles seront toujours capables de faire davantage, ensemble, et en travaillant un peu plus sur leurs singularités. Après tout, un changement de perspective dans la vision des choses ne demande aucune grande capacité «computationnelle»...

Cela demande une «vision» et de l'«originalité»... c'est loin du calcul.

C'est loin des tests de QI.

N'importe quel génie est dépassé aujourd'hui par l'infobésité...

Les musiciens qui font de la musique trop avec leur tête

EST PLATE.

mercredi 24 février 2016

Ton trou

Je sens ta vulve impure
Contre ma bouche assoiffée
Douce liqueur animale
Embrassant tes seins percés
Savourant le flot du sang sacré
D’entre tes cuisses pâles et muettes
Coule la brune divine
D’entre tes entrailles sublimes aux miennes
Un monde d’infinitude oublié
Nous rejoins par le cul des dominés
Et des bouches d’égoût réaffectées
Pour ton trou adoré

mardi 23 février 2016

La démocratie totalitaire

La façon dont nous agissons
révèle que notre pensée
n'est plus démocratique, mais fasciste.
Le président Obama n'arrive pas, malgré toutes ses promesses et sa bonne volonté, à faire fermer la prison de Guantanamo...

Cette prison est une zone de non-droit pour les personnes qui y entrent, et celles-ci ne peuvent savoir non plus quand elles vont en sortir. Souvent, ces personnes ne savent même pas non plus exactement pourquoi elles sont là. Elles se retrouvent du jour au lendemain dans une cellule de la taille d'une garde-robe, 23 heures sur 24, avec un bac d'eau pour se laver, et un autre bac pour faire ses besoins, assortie de séances de torture pour agrémenter le tout. Dans ces conditions, c'est l'endroit idéal pour radicaliser quiconque s'y trouve.

Cette prison révèle le côté ambivalent de nos démocraties actuelles: notre système politique est le plus libre, mais en même temps, de façon hypocrite, il est capable du pire comme les véritables États totalitaires.

Vous direz, «oui, mais, le terrorisme nous a amené là», et je vous répondrai, «il n'a fait que révéler en réalité ce que nous sommes vraiment, ce dont nous sommes vraiment capables». Nous pouvons être à la fois des citoyens prônant la liberté de façon honnête dans une démocratie libre, et des petits Staline, et des petits Hitler.

Personnellement, quand je vois des gardiens faire des rondes continuelles devant des cellules super sécurisées où les prisonniers sont nus, je suis terrorisé devant cette brutalité pure qui est le contraire de la raison et de notre vision de la justice et de la liberté. Je me dis aussi, quand je vois ces images: «Les voilà nos gardiens nazis, ce sont les mêmes...». Je crois qu'il y a ici un dérapage révélateur.

Comment, après toutes les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale, en sommes-nous venus à jouer le rôle de nos agresseurs d'autrefois? Je crois que c'est parce que nous ne sommes plus le même monde, nous n'avons pas connu personnellement cette guerre apocalyptique. Les liens à cette guerre sont loin ou décédés, et nous n'avons jamais eu véritablement peur de la fin du monde.

Si ça se trouve, les Américains sont en train, de cette façon, de construire la prochaine génération d'adversaires irréductibles à leur monde, à leur mode de vie.

Cette prison ne passe même pas le test avec les Occidentaux qui y ont séjourné. Ils disent eux-mêmes qu'elle ne peut conduire qu'à une plus grande radicalisation à cause de l'injustice qui y est vécue. De plus, les personnes qui y entrent sont souvent difficiles à en sortir, car une fois fichées, plus aucun pays ne veut les accueillir, même si au départ on les avait emprisonnées sur de simples soupçons. En cela, cette prison se révèle terriblement efficace à fabriquer des terroristes.

Mais, le Président en personne, n'arrive quand même pas à la faire lui-même fermer... Cela ne ressemble-t-il pas à des structures de régime totalitaire, qui, une fois mises en route, deviennent comme des structures objectives impersonnelles qui fonctionnent toutes seules pour broyer les gens?

Vous direz que la solution pour échapper au contrôle de cette démocratie de plus en plus ambivalente c'est d'utiliser des logiciels de cryptage. Mais si vous vous sentez obligés d'utiliser ces logiciels pour vous sentir plus en sécurité, n'est-ce pas parce qu'il y a quelque chose qui, fondamentalement, ne tourne pas rond?

Vous utilisez des logiciels de cryptage pour vous protéger contre l'intrusion de l'État et des entreprises dans votre vie privée, et on pense alors que vous avez des choses à cacher, et on vous scrute davantage, et vous vous cachez davantage pour vous protéger contre l'intrusion, confirmant leurs soupçons... C'est comme l'histoire du mari jaloux: plus sa femme essaie de ravoir un peu de liberté, plus il pense qu'elle a une aventure, et plus il la surveille, plus elle essaie de fuir, ce qui confirme ses soupçons, et finalement il la tue... On ne sort pas de cette maladie mentale là...

Autrement dit, selon cette logique, nous devons laisser l'État et les entreprises nous surveiller si nous n'avons rien à cacher... Mais pouvez-vous me dire quel droit ces gens ont-ils de tout savoir sur chacun de nous? En réalité, l'État et les entreprises n'ont aucun droit de venir fouiller dans notre vie privée, mais tout le monde les laisse faire, parce qu'on ne peut les en empêcher.

Quelle est la nature de ces incursions de plus en plus profondes et fréquentes dans notre vie privée par l'État et les entreprises? N'est-ce pas là que le problème commence? Qui sont ces gens? Qui travaille pour qui? Pour quoi?

Les entreprises ne sont pas nos «amis», et ne le seront jamais, contrairement à ce qu'elles veulent bien nous faire croire. Elles ne peuvent pas être nos amis, car nous sommes une ressource humaine pour elles. Comme l'éleveur de bœuf ne peut pas être ami avec les bœufs qu'il élève et qui lui rapporteront ses revenus après être passés par l'abattoir. Si l'entreprise est un ami, elle va offrir ses produits moins chers, augmenter les salaires de façon honnête... si l'éleveur est ami avec ses bœufs, il ne les enverra pas à l'abattoir et fera faillite. Même principe.

Les gens pensent que les entreprises sont nos amis parce que Facebook est gratuit. Mais Facebook n'est pas gratuit: on cueille des données sur vous, qui seront revendues aux entreprises. L'État non plus ne peut pas être notre ami, parce qu'il est ami avant tout avec les entreprises, qui sont maintenant plus riches que n'importe quel État...

Les entreprises sont là pour nous retirer des sous, et c'est la raison pour laquelle elles minent notre vie privée: pour essayer de faire plus d'argent avec les consommateurs, en espionnant nos comportements. Ça commence ainsi, par un motif qui ne semble qu'économique, et contre lequel nous semblons n'avoir aucun pouvoir, puis vient le dérapage: tout le monde se retrouve perpétuellement surveillé. Ajoutez à cela quelques attentats, et les gens ordinaires, même les plus à gauche, arrivent du jour au lendemain avec des arguments de la droite en bouche, comme si ça venait d'eux, comme si c'était «logique». C'est ainsi que la surveillance devient justifiée par tous, pour tous.

Nous nous retrouvons donc dans une démocratie totalitaire, dans un monde où la surveillance nous enferme dans une cage et tue la vie. En contre-attaque, tout empiétement sur la vie privée des gens devrait être surveillé avec la plus grande attention, car elle est une attaque directe sur notre mode de vie qui s'effrite de jour en jour: la démocratie.

Ce que les Occidentaux actuels ne semblent pas savoir, c'est que le combat contre le totalitarisme est toujours à reprendre, même à l'intérieur des démocraties les plus établies. Le totalitarisme est comme un virus qu'on ne peut tuer, mais seulement garder à distance, empêcher de nous contaminer, ou limiter les dommages une fois qu'il est entré dans le système.

Or, l'infection ici, commence avec notre tête.

Nous avons besoin de réfléchir sérieusement à l'avenir, si nous voulons un avenir, car les portes sont en train de se refermer, au niveau corporatif, politique, économique, et écologique.

Nous avons besoin de penseurs systémiques qui seront capables de diffuser leur vision de façon mondiale pour changer la direction que le monde est en train de prendre actuellement et qui nous mène droit dans un mur.

Je ne comprends pas que les gens ne soient pas davantage révoltés face à ces images de torture de la prison de Guantanamo. Et cela n'est que la partie visible de ce qui se passe, car beaucoup de la torture pratiquée par les Occidentaux est exportée dans d'autres pays, pour échapper à la justice.

Mettez-vous à la place de ces prisonniers: seriez-vous capables de vivre plus d'une journée sans aucun droit dans une prison avec des militaires sadiques et sans savoir quand vous allez sortir?

Ces militaires peuvent faire ce qu'ils veulent de vous, personne ne le saura...

Ils peuvent vous humilier et vous taper sur la gueule autant qu'il leur plaira...

Combien de temps pourrez-vous survivre sans mourir, vous suicider ou devenir fou?

Vous me direz que ce sont des soldats en particulier qui faisaient cela, mais pas tous...

Comment le savez-vous? Et puis, dans la vie de tous les jours nous avons toujours affaire à des gens en particulier, jamais à des programmes ou à des organisations, mais ceux-ci font partie d'un système, qui est malade... me direz-vous...

Quand on étudie aujourd'hui les Himmler et compagnie, on se dit que ces gens étaient profondément malades, tout autant que leur régime politique, et qu'on ne sait pas au fond lequel est la cause de l'autre...

Nous sommes encore dans une situation semblable.


Soldat fier de montrer qu'il a torturé
un prisonnier à mort
Soldat qui écrase sa victime ligotée
entre deux civières
Festival de fessage sur la gueule en vrac



Nous créons nos propres ennemis sur nos propres territoires
parce que nous ne savons plus ce qu'est la démocratie.

vendredi 19 février 2016

104

Si le sexe n'était pas extrêmement «bon», les hommes resteraient chez eux à ne rien faire.

mercredi 17 février 2016

La corruption: un phénomène mondial

Un seul homme dans cette foule
résiste à la médiocrité nazie
Vous n'avez aucun inconfort à savoir qu'on épie vos courriels, votre cellulaire, qu'on vous surveille partout sur caméra? Vous n'avez rien à vous reprocher? Vous n'avez donc aucun souci?

Vous avez peut-être raison, mais cela dépend de qui vous observe et avec quelles intentions.

Quand vous apprenez que les plus grosses compagnies crossent tout le monde avec les abris fiscaux, sans que les politiciens lèvent même le petit doigt, vous avez raison de vous inquiéter de quel genre de personnes vous surveille: ce ne sont ni des gens honnêtes, ni équitables.

Si vous êtes comme moi, vous croyez qu'il n'existe pas un seul politicien sur cette planète qui ne soit pas corrompu, ou en passe de le devenir.


Ici au Québec, ce trou perdu dans le monde, nous sommes concentrés sur la corruption locale, mais ce que nous ne considérons pas, c'est que s'il y a tant de corruption à petite échelle, c'est qu'il y'en a, à plus forte raison, à plus grande échelle.

À plus grande échelle, la corruption est la loi invincible.

On peut avoir des amis honnêtes parmi les gens du monde ordinaire, mais quand il s'agit d'un politicien de grand chemin, il serait mal avisé d'être franc-jeu parmi des requins.

Pourquoi est-ce ainsi? Y a-t-il moyen que les choses changent un jour?

En je ne sais combien de centaines d'années en politique, nous avons eu un seul Gandhi...

Et encore, je ne sais pas si tout était impeccable avec lui... Il reste que c'est un modèle qu'on aimerait suivre, mais qui a, malheureusement, complètement disparu.

Gandhi était véritablement ascétique, mais aujourd'hui la loi est au tout le monde se bourre la face, au propre et au figuré... Et quand la loi c'est de se bourrer la face, on ne pense qu'à soi, on est égoïste...

Pourtant, c'est pas la bouffe qui manque...

Ça doit donc être pour une autre raison que nous n'avons plus de modèles, plus d'exemples à suivre.

Quand nos modèles sont des dirigeants de compagnies qui s'en mettent plein les poches, et nous savons souvent, par-dessus le marché, de quelle façon ils y parviennent, même s'ils sont des génies, même s'ils font des gros dons caritatifs, ce ne sont pas des exemples pour faire des têtes éthiques en société.

Ça prend des gens avec plus de vision, et ça, nous n'en avons plus.

Tout étant orienté sur la plus courte vue, nous nous appauvrissons à tous les niveaux, nous sombrons graduellement dans l'inhumanité.

Ça commence par la culture, puis ça finit par le sang.

Un monde, pour se construire, et être valable, doit être pensé dans le long terme.

C'est pourquoi la hache mise dans les humanités pour répondre aux besoins pressants de l'industrie fut le début de la fin, et que la science nous entraîne donc, malgré nous, dans la barbarisation technophile.

Nous avons besoin de gens capables de penser, hautement critiques, et en même temps, reliés fortement à une tradition: les humanités.

En ce moment, nous n'avons ni l'un ni l'autre, mais nous avons plutôt des robots individualistes, des exécutants atomisés, mais paradoxalement, soi-disant «hypersocialisés» (facebookisés), qui vivent comme s'ils étaient le centre du monde par manque de repères.

Comme si tout ce qui avait été pensé et fait avant eux n'avait aucune valeur.

Nous vivons dans une culture de bébés gâtés, de superficialité, de staracadémisation, de m'as-tu-vu.

Notre ego est le monde.

C'est pourquoi nous n'avons plus de monde.

Tout le monde veut sa part du cadavre du monde...

Mais personne ne réalise ce qui est en train de se passer.

C'est ça la fin du monde.

Les fausses idoles sont nos dieux. Les fausses priorités sont notre perte. Et ce n'est pas nouveau dans l'histoire, nous n'avons donc rien inventé à ce chapitre.

Si ceux qui sont en haut sont corrompus, en bas c'est pareil, et bien malin qui pourra découvrir quel phénomène est la cause de l'autre.

Quand je vois dans une compagnie des employés médisants, comploteurs, mesquins, je sais que la direction est composée de gens semblables.

Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et vice versa, c'est aussi une loi cosmique.

Rares sont les gens intègres qui ne finissent pas par céder à la pression ambiante de la médiocrité.

Ceux qui résistent, étant isolés, sans amis assez courageux pour les soutenir, sont souvent écrasés, ignorés, mis aux poubelles de l'Histoire, parce qu'on sait bien que ceux qui la font ont aussi souvent les mains sales, des intérêts à faire passer avant la vérité.

Un individu ordinaire sait qu'il est inutile d'essayer d'être plus catholique que le pape dans une société de malpropres, sauf s'il est prêt à mourir pour l'intégrité.

Mais, habitués au confort comme nous le sommes, tout ce que nous avons aujourd'hui, c'est des pantouflards frileux mangeurs de whippets...

L'individu intègre ne peut passer un pacte avec le social et rester intègre...

Les petits amis vont toujours passer avant l'intégrité...

Où sont nos héros?

Où sont nos hommes et femmes faits tout d'une pièce?

Où sont ceux qui croient encore à la valeur des choses qui ne s'achètent pas?

Où sont ceux qui ont des idées et qui resteront toujours purs et incorruptibles?

Toute l'histoire le prouve: la vérité est une affaire qui se passe seul, en tête-à-tête avec soi.

lundi 8 février 2016

103

Les trois «P»: Patience, Passion, Persévérance.

mercredi 3 février 2016

102

Il y a les questions de base en philosophie, et il y a les questions qui prennent des années pour répondre.

Pour y répondre il est besoin d'avoir lu, assimilé et repris à son compte plusieurs pans de mur de livres de toutes les époques.

Les individus qui se lancent dans cette quête fascinante deviennent des œuvres d'art qu'il faut écouter avec attention.

101

Mon but premier: l'érudition, la connaissance.

Pour elle-même, et comme moyen pour le meilleur.


100

Pourquoi écrire une histoire avec des conflits, des drames?

Pourquoi ne pas écrire une histoire avec une ou des transformations?

La transformation totale d'un individu n'est-elle pas dramatique en soi?

N'est-ce pas ce qu'il y a de plus intéressant?

Deux tests sur l'être et le paraître

Bien malin qui peut distinguer facilement les deux lorsqu'il s'agit d'êtres humains!

S'il y a une chose dont je me rends compte avec l'expérience, c'est que l'être humain aime «jouer»: il aime se cacher à lui-même, et surtout, aux autres!

Il est très malin aussi pour se cacher la vérité.

Qui peut savoir qu'un tel qui grimpe depuis des années est malheureux et ne le fait que pour devenir «quelqu'un»?

On dirait que la pression pour paraître prospère est plus forte que le besoin d'être vrai.

Et le phénomène Facebook n'aide pas la chose. Comme si la technologie froide qui nous aliène (et qui joue maintenant, en cela, le même rôle que la religion jouait auparavant) nous rendait tous narcissiques.

Je ne sais pas pourquoi ni comment est-ce possible, mais il semble que l'être humain accorde plus d'importance à l'image qu'on lui renvoie de lui de l'extérieur, qu'à comment il se sent de l'intérieur.

C'est peut-être la plus grande preuve que l'être humain n'est pas libre.

Maintenant, le problème, est-ce la société dans laquelle il vit?

Est-ce le système économique?

Est-ce au niveau mondial?

Est-ce un problème de la nature humaine, si nature humaine il y a?

Difficile à savoir...

Mais j'ai deux tests de mon cru pour mesurer le degré de vérité de ce que nous faisons:

1. Le test du seul survivant

Imaginez que vous êtes seul au monde, vraiment SEUL POUR TOUJOURS, il n'y a que vous et les choses, aucun être humain n'existe sur la Terre, sauf vous, la nourriture que vous trouvez ou faites pousser, et les animaux. Le monde est comme si tous les êtres humains l'avaient quitté d'un coup et tout est resté en l'état. Que feriez-vous spontanément comme activité pour vous faire plaisir, en gardant à l'esprit qu'il n'y aura JAMAIS personne pour l'apprécier, par exemple, si vous composez une chanson, vous serez seul pour l'écouter, si vous prenez une photo, vous serez le seul pour la regarder, si vous devenez un brillant mathématicien, il n'y aura personne pour vous reconnaître et vous donner des prix, si vous écrivez un livre, vous en serez le seul lecteur.

Dites, dans ces circonstances, qu'elles sont les choses qui gardent une valeur intrinsèque pour vous. C'est-à-dire, que vous feriez peu importe qu'on vous reconnaisse ou admire, qu'on vous donne des prix ou qu'on vous lise.

Après avoir répondu à cette question, vous prendrez conscience de la dimension SOCIALE de nos actions quotidiennes, et même, de nos plans de vie et de carrière.

Vous prendrez conscience de ce que vous faites davantage pour les AUTRES que pour VOUS et votre satisfaction personnelle.

2. Le test du milliardaire

Imaginez que vous gagnez à la loterie 1 milliard 600 millions, comme cela s'est vu dernièrement aux États-Unis. Quel plan de vie choisirez-vous et que ferez-vous quotidiennement?

Si vous quittez votre emploi avec plaisir et ne voulez plus jamais faire rien qui s'en rapproche, vous travaillez en grande partie pour L'ARGENT.

Il y a 90% de chances que vous choisissiez cette réponse, puisqu’actuellement, selon les sondages, il y a environ 10% des gens sur la planète qui sont heureux au travail. Autrement dit, il y a dans le monde, en ce moment, seulement 10% des gens qui aiment vraiment leur travail.

Et quand on poursuit le raisonnement: si seul ce qui est fait par amour a de la valeur, cela veut dire que 90% de ce que nous faisons ou produisons, en ce moment, n'a AUCUNE VALEUR.

Vous me répondrez que l'éboueur doit bien passer ramasser les vidanges, que cela est nécessaire, mais cela ne donne quand même pas plus de valeur à ce qu'il fait. Un jour, la technologie fera qu'il n'y aura plus aucun sens à ramasser les vidanges comme on le fait aujourd'hui. Il y aura probablement des installations devant chaque domicile et un véhicule robotisé passera devant chez vous pour ramasser son contenu. C'est l'avenir et nous voyons déjà cette possibilité avec Google qui a conçu un véhicule routier capable de circuler partout sans conducteur, tout en transportant des passagers.

Donc, l'argument par la nécessité n'est PAS BON.

En fait, cet argument n'est jamais bon, il ne vient révéler que notre manque d'imagination. C'est cela, le «sens des réalités». Pour ma part, je préfère, et de loin, le «sens des idéalités». Il faut chercher en tout l'idéal, innover mentalement, plutôt que de se ramener toujours à ce qui existe déjà ou à ce qui est «possible» actuellement. Il faut une grande prétention pour se piquer de savoir ce qui est vraiment «possible» aujourd'hui. L'«impossible» finit toujours par arriver quand même.

À l'époque des frères Wright, les gens ne croyaient pas qu'un avion allait réussir à voler un jour. L'argument c'était que ce qui est plus lourd que l'air ne peut se maintenir en l'air, c'est logique non? On se rend compte aujourd'hui à quel point un tel argument était superficiel: il ne dénotait que le manque d'imagination. Tout le monde aujourd'hui vole en avion, et c'en est même rendu un acte banal.

*

Ces deux tests permettent de voir le degré de vérité de votre vie.

Pour ma part, je constate souvent que les gens s'efforcent d'être ce qu'ils veulent qu'on pense d'eux.

Leur volonté de fausseté est indécrottable.

Ils passent leur vie entière à être ce qu'ils ne sont pas... Certains se tannent de jouer à ce jeu et baissent le masque pour devenir «vrais», peu importe ce que cela va leur coûter, d'autres (la plupart) passent leur vie entière dans le paraître, sauf quand ils sont rendus très vieux et que tout part à vau-l'eau.

Mais si on y pense un peu (et il n'est pas question ici de degrés d'intelligence), quand on est rendu en fin de vie, il est un peu tard, il me semble, pour être vrai. C'est plutôt en début de vie qu'on aurait dû l'être, et le rester.

Au bout du compte, la vérité avec soi-même et avec les autres est la vraie mesure du bonheur.

L'envie ne devrait pas avoir sa place.

Si la vérité vous conduit sur l'aide sociale, vous serez pauvre, mais peut-être serez-vous plus heureux que si vous passiez toute votre vie à vivre une vie empruntée, autrement dit, à NE PAS VIVRE.

On ne peut pas être heureux si tout est faux dans notre vie, peu importe qu'on soit riche ou super intelligent ou super talentueux ou super beau.

Vie, vérité, liberté, amour et bonheur sont intimement liés.

Il est vrai que l'argent peut aider à faire le bonheur, surtout dans un monde où presque tout dépend de l'argent.

Mais je crois que les gens ont plus de peur à vivre dans la vérité qu'il y a de risque réel à se retrouver pauvre et misérable parce qu'on a simplement voulu ÊTRE SOI-MÊME.

Bien sûr, dans la vie réelle, on ne pourra jamais vraiment faire abstraction des autres. Par exemple, ce que j'écris en ce moment est définitivement tourné vers les autres, les lecteurs potentiels, mais une chose demeure dans mon action: j'aime écrire, j'aime me lire, j'aime le texte (les traces écrites) parce qu'il m'aide à réfléchir sur moi-même.

Il y a donc beaucoup de satisfaction personnelle dans ce que je fais, sinon, bien sûr, je ne le ferais pas!

Après tout, je ne retire aucun revenu de mon blogue ni aucune véritable reconnaissance dans la vie réelle, puisque je suis anonyme.

Si j'étais seul sur la Terre, j'écrirais dans des calepins pour moi-même; mes écrits seraient comme des aides-mémoires destinés à périr à la fin de ma vie. Le but, en écrivant, serait donc que la matière qui se trouve dans mes écrits se retrouve complètement en moi, assimilée, vivante, en action.

Si j'étais milliardaire, non seulement j'aurais plus de temps pour écrire, mais j'aurais aussi plein de projets en rapport avec l'écriture, et l'art.

Cela dit, les deux tests sont amusants, mais celui qui est le plus probant, selon moi, est le test du seul survivant, car si on est seul au monde, il ne sert plus à rien d'être riche: les milliards ne servent plus à rien.

Autrement dit, c'est dans un tel monde qu'on se rendrait compte que l'argent, au fond, ne sert qu'à faire travailler les autres.

Pour finir, le test du seul survivant me permettrait de déduire que mon amour du jeu d'échecs est faux, puisqu'il est impensable de jouer aux échecs sans un adversaire!

Cependant, si on fait le test de façon inverse, c'est-à-dire qu'après avoir vécu dans un monde absolument seul, on doit vivre dans un monde où il n'est plus possible de vivre seul, et où on doit donc vivre constamment avec les autres, les résultats changent: le fait d'aimer le jeu d'échecs prend beaucoup de sens, puisque je ne peux jamais vraiment faire abstraction des autres.

Dans la réalité, c'est ainsi que ça se passe: on ne peut vraiment imaginer un monde sans autrui.

Chez Heidegger, la structure de l'être-pour-autrui est un existential, c'est-à-dire que c'est une structure d'être: on vit toujours, d'une certaine façon, avec autrui en tête.

Et l'on doit croire que si un monde isolé était possible, l'être humain qui l'habiterait vivrait avec l'espérance que d'autres êtres humains reviennent y habiter un jour.

En effet, l'homme n'est pas grand-chose sans les autres.

Mais le test du seul survivant permet néanmoins d'apercevoir le décentrement par rapport à soi qu'entraîne la présence des autres.

Et c'est cela qui est intéressant.

Il y a comme un gauchissement de l'être par la simple présence d'autrui, et ce gauchissement est mutuel.

C'est un gauchissement vers une Image dont on ne connaît pas la provenance réelle, mais qui capte l'attention, les énergies, les destinées, et donc l'être des individus.

Et dans la mesure où on prend conscience de cet effet, on peut travailler dessus et donc sur soi-même.