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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 23 juin 2009

L'enterrement

Sous la pluie, écrit Max, je foulai le sol boueux du cimetière où je devais rejoindre Mélodie pour assister à l'enterrement de Paul, qui, ayant connu, disait-on, de grands déboires, s'était suicidé dans des circonstances mystérieuses. Debout, devant la tombe, accompagné des membres de sa famille et des proches, un vent léger, froid, soufflait dans mes cheveux. Le prêtre, imbibé d'alcool, se donnait de la peine pour faire son discours empreint de sentimentalité, alors que le soleil d'automne éclairait la scène de sa lumière froide et enveloppante. Les feuilles mortes jonchaient le sol, nous rappelant l'approche de la saison hivernale. Quelques souvenirs épars me parcouraient l'esprit, mais ce que j'avais vécu avec Paul me semblait irréel et sans conséquence. Je reconnaissais en moi la présence d'une certaine tristesse, mais ce n'était qu'une tristesse abstraite, géométrique. Cet enterrement m'amenait à la réflexion habituelle sur la vie, sur la mort, et puis finalement cet élan de la réflexion se termina dans un cul-de-sac : à quoi bon y penser? Tous, nous finissons par mourir; l'inévitable se produit, même si l'on réussit à en repousser la limite. De toute part traqué par la maladie, la souffrance, l'être humain se livre à son destin; à un certain point, il laisse tomber, il accepte. Amèrement, il accepte de ne plus jamais revenir chez lui, de perdre l'être, son foyer de possibilités. Les objets de son quotidien restent cois, abandonnés, pointant vers cette disparition, ce non-sens, cette souffrance absolue que rien ne peut apaiser.

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