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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 23 février 2022

Les États criminels

Je ressens de plus en plus les pays et les États comme une impasse, des ennemis du «Bien».

Les États ne sont que des systèmes de violence organisée et «légale».

Cette violence est exercée directement sur les individus qui le composent et le soutiennent, faute de mieux.

Toute forme de limite territoriale ou de coercition est nuisible et voue l'humanité à la destruction.

Si nous formons des groupes, associations qui nous rendent service et permettent de nous «défendre» contre l'«ennemi extérieur», est-il possible de remettre en cause le bien-fondé de ces unions artificielles de gens toujours plus complètement différents?

Quand on parle de «Chinois», par exemple, on parle en réalité de 52 ethnies différentes entassées dans la nationalité chinoise en tant qu'ils sont tous considérés comme «pareils», c'est-à-dire qu'ils sont de force des Chinois. Lorsqu'on regroupe dans cet ensemble toutes ces ethnies, on vise à faire disparaître ensuite ces différences, à les lisser, à les effacer, pour que toutes les ethnies correspondent à l'idée du Chinois. C'est un processus criminel auxquels tous les grands pays sont exposés. Ces grands États font disparaître par la force, politique, militaire et économique, les langues, la culture et les coutumes des autres, de ceux qui sont différents d'eux. Ces grands États asphyxient les individus dans leur unicité pour en faire des petites machines identiques dociles, performantes et amnésiques, au service des grosses machines, au fond, anonymes et absurdes que sont l'État et les grandes compagnies.

Ces grandes entités, qui sont comme des empires, ne peuvent nous conduire à une vie harmonieuse sur la terre, c'est une évidence, mais personne n'en tire pourtant conséquence. Ces grands ensembles sont voués, je dirais même «programmés», à s'entrechoquer dans un conflit apocalyptique final, qui mettra fin à ceux-ci. Les rares humains qui survivront à ces cataclysmes retourneront momentanément à l'âge de pierre. Ils devront réapprendre à se connaître en se retrouvant craintifs comme des animaux égarés, mais ils seront tous d'accord sur une chose: plus jamais du monde comme avant, par tous les moyens. Puis viendront de grands parleurs, et l'ignorance ainsi que l'oubli aidant, tout redeviendra comme avant en quelques générations. Il faut trouver un moyen de briser ce cycle, mais comment? Est-ce même possible?

En ce moment, nous avons ce cher Poutine qui essaie de faire des Ukrainiens des Russes, alors que les Russes ne sont même pas tous «Russes». Le «Russe» est une idée, une fiction, il n'existe pas vraiment. Mais on se sert de ce genre d'idée pour créer des conflits artificiels en essayant de rentrer de force tout le monde dans ce moule du «Russe» qui existe autant que l'«Aryen» des nazis.

Le pouvoir de l'État est nuisible; le pouvoir des grandes compagnies est nuisible. Nous, en tant qu'individus, sommes soumis à ces deux pouvoirs contre lesquels nous pouvons faire quelque chose, mais cela irait à l'encontre de ce que nous croyons pour la plupart. En fait, cette croyance «solide» et généralisée est fondée sur l'ignorance des masses à grande échelle. La Raison qui nous domine n'est pas une.

Presque toutes nos croyances qui «vont de soi», sont erronées. L'heure pour l'homme serait de s'atteler à une profonde remise en question. Malheureusement, il n'y a pas de temps pour cela, mais que l'urgence de s'enfoncer toujours plus dans le désastre.

Nos yeux sont attirés par les grands discours et la puissance, mais la vérité se trouve en deçà, dans le particulier et le minuscule, dans l'invisible, dans l'inaudible, dans l'impuissant et le vulnérable, le fragile. Ce que les gens vivent de près et quotidiennement comme des injustices est passé par dessus, effacé, oublié. Ils sentent que tout marche de travers, mais ne font rien, car leur tête les paralyse, les rend témoins passifs de l'injustice; ils savent qu'ils sont un ensemble d'individus, et non des individus ensemble. Ils ne peuvent compter sur leur prochain, tous atomisés qu'ils sont par les grands systèmes politiques et économiques d'aliénation.

À quoi nous mènera toute cette consommation qui pollue et détruit la planète? Cela ne peut nous mener qu'à toujours plus d'impasses. Impasse écologique, impasse des ressources, impasse spatiale, etc. Qui est aux commandes pour penser à ça? Lorsque les ressources de la planète seront épuisées ou détruites qu'arrivera-t-il selon vous? On assistera, éberlués, en Amérique du Nord même, à des famines, des guerres, l'apparition de nouvelles pandémies, un enfer sans bornes. Il est peu probable que le monde tel que nous le connaissons survivra. C'est alors qu'on commencera à penser sérieusement à une façon de vivre alternative, c'est-à-dire qu'on commencera à penser tout court, au lieu de fonctionner comme des automates à perpétuer les mêmes schémas débilitants.

Toutes nos certitudes s'écrouleront d'un coup.

Car elles n'étaient qu'illusions.

mardi 1 février 2022

Comme une fleur dans l'infini

Personne ne me comprend, même pas mes proches. Je ne suis pas capable non plus de faire encore le tour de moi-même. Car je suis un Monstre de complexités. Mon père me disait tristement qu'on se retrouve toujours seul dans la vie; je comprends ce qu'il voulait dire, maintenant j'apprends à le vivre. La vie est autant dure que facile parfois, légère même. Pourquoi lorsque je me sens léger je me sens si près de mourir, comme libéré? C'est à ce moment que je me sens le plus vivre, mais en même temps si près de la mort. On dirait que l'un ne va pas sans l'autre, que l'intensité vivante ne va pas sans l'intensité mortelle. Je jette un dernier regard sur le monde, je lui fais mes adieux, je le photographie et le filme comme si c'était la dernière fois que je le voyais, qu'il est si beau! que c'est exquis! Que c'est un moment inoubliable! Mais on n'y pense jamais! Pourquoi je ne prends en photo que des rues, des ciels et des objets inanimés ou encore des arbres? Pourquoi me fait-il si plaisir de quitter ce monde d'humains qui ne me dit rien? Il y a beaucoup de vérités personnelles dans ce que je viens de dire. 

J'ai toujours voulu transcender le monde et le dépasser en me dépassant, mais les humains n'y ont jamais été un facteur d'élévation, au contraire. Ils ont toujours été l'élément laid dans le décor paradisiaque qu'est la Terre. L'élément qui m'apprend à maudire la vie et les autres hommes, mais je sais que ce sont des salauds et qu'il n'y a rien à espérer d'eux. Ils sont sans espoir et damnés à jamais, dans un monde où le bon est aussi pire que le mauvais. Autant se détourner vers le beau. Un beau évanescent, fugace, mais intense et profond. Un beau qui a une dimension. Un beau qui en vaut la peine.

Quand je parle de monstre, de fin du monde et d'entités extra-terrestres et de Dieu, c'est de moi et à moi que je parle. Il ne peut en être autrement.

Ce journal que j'écris est faussement pour les autres. En réalité, je n'écris que pour moi-même et ceux qui me lisent rentrent dans mon intimité en pensant à tort avoir une place en tant que lecteurs enthousiastes, mais non.

Je suis le seul spectateur de mon univers.

Et même si j'ai l'impression que ce que j'écris parfois tombe dans le vide et ne sert à rien, je n'écris jamais rien pour rien, et ce qu'il y en a à retirer viendra en son temps et à son heure.

Je sais qu'un jour je parlerai du Monstre que je suis à des gens qui ne me connaissent pas. Je leur ferai découvrir la vie à Montréal telle que je l'ai vécue à ma façon et avec mon point de vue particulier sur la ville. J'ai des secrets qui m'appartiennent cachés partout dans cette ville sacrée et maudite à la fois.

Un jour je retrouverai mon chemin, et je serai celui que je me suis promis d'être depuis toujours.

Toutes les planètes seront alignées et ce sera mon Jour, mon Temps, ma Venue.

Un rayon de mon Monde entrera dans votre monde et viendra y crisser le feu, parce que vous n'avez jamais rien compris à rien.

Vous n'avez jamais vu la tragédie de la Vie, de votre vie.

La vie coule en moi au fil des années et prend une autre saveur, une autre profondeur, souvent un accent fatal. Je ne me sens pas plus vivant, au contraire, mais plus près de la mort, et comme immatériel. Je me sens comme un esprit.

Je me sens inexistant, irréel.

Je sens que tout ce qui m'entoure est une illusion, que même mes valeurs, ma vie, ma pensée, ma personnalité, mes sentiments, mon vécu, mes projets, mes visions d'avenir sont des illusions. Tout est voué à disparaître à jamais. Nous ne sommes qu'une seule occurrence dans l'infini, comme une fleur. La vie se vit maintenant ou jamais. Chaque instant qui passe est mort pour toujours.

C'est aussi une illusion de croire que quelqu'un me comprendra un jour. 

Je resterai à jamais seul en moi-même. Et c'est ce qui est tragique, de croire à toutes ces conneries qu'on se force à croire toute sa vie. Oui, nous sommes conscients, mais on dirait que personne n'a conscience à quel point notre conscience est limitée, presque animale, pire encore, machinale. Il y a plein de choses dont on n'est pas conscient. Ces choses se révèlent à nous ou se détruisent parfois après un choc ou une grande prise de conscience qui demande beaucoup de travail et de concentration, tant au niveau intellectuel qu'émotionnel.

La vérité me vient graduellement, se distille en moi, et elle est triste comme les vagues de la mer, mais elle me fait vibrer plus que jamais.

Comme jamais.

Et je l'aime profondément.