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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 28 juillet 2011

17. Réflexion sur la «mise en valeur» de soi, ou de son steak..

J'arrêtais l'autre jour dans une épicerie sur Mont-Royal, et drette en rentrant, il y avait une présentation de camemberts.. J'ai regardé, puis j'ai eu envie d'en prendre un.. il me semblait pas cher et bon, fondant un peu..

C'est seulement par la suite que je me suis rappelé que je venais dans cette épicerie-là seulement pour acheter du café en grains biologique.. Mais une fois le camembert en main, je pensais acheter une baguette et du beurre.. Je partis donc à la recherche d'une baguette, mais en chemin, je croisai une femme qui tenait un camembert comme le mien, et c'est alors que je compris que j'étais tombé dans le piège de la «visibilité» et des techniques de marketing..

Je regardai alors le comptoir à fromages du coin de l’œil, et pensai qu'il y en avait probablement des dix fois meilleurs dans celui-ci, mais que je ne les prendrai pas, tout simplement parce que je ne les «voyais» pas.. Néanmoins, je restai avec mon fromage, et ensuite me vint en souvenir toutes les fois où j'ai fait du «facing» et des présentoirs dans les magasins ou les épiceries..

Je trouvais donc ça plate et niaiseux et fatigant.. mais crisse, ça marche!.. Et c'est comme dans la vie: on choisit et prend ceux qui ont de la visibilité, qu'ils soient bons ou médiocres, ceux qui se mettent en valeur et ne restent pas en arrière dans l'ombre, comme je l'ai fait et l'ai toujours voulu faire toute ma vie par timidité, et les autres, eh bien, ils attendent et ils sèchent, peu importe qu'ils soient beaux, fins et intelligents..

Ceux-ci deviennent tranquillement des «perdants» sociaux et dans la vie en général, par le simple fait de ne pas se mettre en avant ou de n'être pas capable de s'élever au-dessus la mêlée.. Ils se font «tasser» comme on dit.. et bien souvent par d'authentiques trous du cul et des zéros..

Si les stars sont si adulées, c'est parce qu'elles sont «visibles» avant tout.. Par le simple fait qu'elle nous «sautent dans la face» on a l'impression qu'elles sont plus belles, plus bonnes, plus fondantes dans la bouche.. mais en réalité, il n'en est rien: le comptoir à «bons» fromages est là, mais on veut vendre ceux qui se vendent moins bien en premier, parce qu'ils sont de qualité «moyenne» ou proches de la date d'expiration..

Et c'est pour cela qu'ils sont sur un «piédestal».. Au fond, les femmes et tout le reste, se foutent bien de la «qualité réelle», de l'«intérieur», de la «spiritualité», etc., qui ne sont que foutaise pour tout le monde: elles veulent juste que le produit soit «visible».. S'il est visible, c'est déjà une garantie de qualité en soi.. S'il a pignon sur rue, c'est la gloire assurée..

Ceux qui restent en retrait, dans l'ombre, presque cachés, sont «douteux», voire «suspects».. Dans un petit village, lorsqu'il se produit un crime quelconque, c'est toujours eux qu'on soupçonne en premier, et finit par accuser.. alors que les véritables coupables sont bien connus de tout le monde, voire trop connus, entendons: trop «visibles»..

Preuve qu'on se complique bien souvent trop la vie pour rien, surtout nous, les intellos.. Il ne suffit que de péter de la broue et parler fort pour enterrer la compétition et avoir tout pour soi: femmes, emplois, argent, célébrité, grosse bagnole, grosse cabane, etc..

La «mise en valeur» n'est en réalité qu'une «mise dans la face», c'est tout..

T'as faim? - Je te crisse mon steak dans face..

Voilà l'essence du monde..

Voilà l'essence de la «vérité»..

Que c'est beau la vie..

jeudi 21 juillet 2011

dimanche 17 juillet 2011

«Face au danger»: la faillite de la communication..

Je ne sais pas si vous connaissez cette émission du Canal D, moi qui suis un ancien fan de ce poste, qu'il m'arrive tout de même parfois d'écouter encore quand je suis trop ennuyé pour lire, j'écoute les vendredis policiers, car étant un esprit curieux, j'aime les enquêtes..

Mais cette émission, «Face au danger», reflète vraiment, selon moi, une certaine mentalité de «survie».. On a ici tous les éléments pour s'énerver à souhait: des virus, des attaques, des catastrophes, des instructions pour survivre, sur un arrière-plan de fin du monde.. Subitement, on a envie de se caler en soins d'urgence pour les traumas, en tactiques de combats qui visent une mort rapide, en esprit de survie dans les forêts ou en zone urbaine «sauvage».. bref, en tout ce qui pourrait permettre de sauver sa peau et celle des siens..

Ça fait beaucoup penser à Rambo tout ça, et je suis certain que l'engouement pour ce genre de personnage, pas plus réel que Luke Skywalker ou James Bond, y est pour quelque chose..

Par cette orientation vers l'«action», les armes, les tactiques de survie, nous sommes très loin de la subtilité, de l'esprit et de la philosophie, et nous sommes très loin en général de toute forme d'apaisement, d'intelligence et de résolution réelle des conflits.. Nous sommes plutôt, sur ce mode, en «marche pour la guerre», sur un pied d'alerte constant, nous nous barbouillons d'avance la face de maquillage «camouflage» en prévision de la tempête..Mais de cette façon, nous ne nous rendons pas compte que nous effrayons les autres et que nous les faisons se crisper à notre endroit..

Cette crispation, causée par la tenue, confirme ce que l'autre pensait (peu importe quoi, un produit de sa paranoïa) et entraîne une escalade genre «guerre froide» qui risque de virer «chaude» en un instant..

Tout cela m'amène à parler des jeunes d'aujourd'hui et de leur tenue: le style «gang de rue» ou «yo»..

Je suis convaincu que le seul accoutrement des jeunes est pour une bonne part la cause de la violence entre eux, ou de la violence des jeunes en général, par leurs habits qui les font s'identifier à un mauvais modèle de vie.. Ce qui me surprend toujours, c'est que ces jeunes adoptent, dès le départ, la mentalité du «futur prisonnier» avant même d'avoir commis un crime ou de savoir vraiment ce que c'est que d'aller en prison.. Je crois que c'est une suite du «No Future» de mon époque avec, entre autres, le film Class of 1984 et le morceau d'Alice Cooper «I Am the Future».. Je me comportais moi-même involontairement un peu de cette façon, comme si nous étions une génération perdue d'avance et «sacrifiée».. La chose que nous ne savions pas, c'est que la mentalité et l'attitude «no future» entraînent à coup sûr un réel déficit d'avenir par le simple fait que nous y «croyions»..

Par exemple, j'ai croisé hier un jeune adulte à l'arrêt de bus qui me dévisageait de temps à autre (en tout cas, c'était mon impression), il avait l'air d'un jeune de gang de rue par son accoutrement avec le bandeau, l'allure, la face bête et insinuante genre «t'as touché à ma sœur».. On aurait dit qu'il voulait me casser la gueule pour rien et j'étais sur mes gardes..

Lorsqu'une autre personne l'a abordé pour lui poser je ne sais quelle question, j'ai constaté que ce n'était qu'un ado assez simple sans intention méchante.. Bref, aux yeux des autres, et on peut facilement s'imaginer que cela inclus la police, il était victime de son «image», de son look de membre de gang de rue, de pimp, de vendeur de drogue, d'extorqueur, de manipulateur.. même si probablement, il n'était rien de tout cela..

C'est là que j'ai compris que les jeunes se fourvoyaient entre eux, et qu'ils fourvoyaient de même les adultes et l'autorité.. Mais pourquoi les jeunes sentent-ils le besoin de s'identifier à un modèle de «gangster» ou de «futur prisonnier»? C'est ce que je me demande, car je ne fais pas exception: moi aussi je voulais avoir l'air tough dans mon temps..

Il est facile à tout un chacun de constater que l'interaction et l'échange sont des rapports difficiles à établir avec quelqu'un que vous soupçonnez d'avoir une mauvaise attitude ou de mauvaises intentions.. De cette façon, les jeunes bloquent l’«interaction» ou veulent produire une crainte chez un adversaire supposé ou imaginé.. Mais le monde en général est-il adverse à ce point? ou est-ce les jeunes qui sont plus vulnérables? Selon moi, nous ne sommes pas en «face du danger», mais en face d'un réel problème de communication, voire, d'une «faillite de la communication», ce qui est à tout le moins paradoxal avec tous les moyens de communication dont nous disposons aujourd'hui..

mercredi 13 juillet 2011

XXX

J'ai croisé tantôt une fille en allant au gym, c'était une ancienne employée avec qui je travaillais chez Renaud-Bray.. Je l'ai croisé entre deux trottoirs et j'ai reconnu son visage.. que j'avais de la difficulté à associer à son corps!.. Elle qui était pourtant si belle il y a quelques années de ça lorsqu'elle était en début vingtaine, mince, fine, vive et pétillante, elle avait l'air maintenant dégénérée, marchait un peu de travers, le dos légèrement arqué, fatigué, les bras qui ballotaient mollement, et surtout, les gros mollets démesurés qui vont très bas sur la cheville et qui étaient disproportionnés par rapport au reste de son corps.. De même, son visage n'était plus tout à fait le même: un reflet de débilité semblait en émaner, les yeux désormais trop petits rentraient dans le visage comme deux billes, et la bouche, molle, restait ouverte.. hébétée..

Ça m'a fait tout un choc.. mais cela n'a fait que confirmer à nouveau que la beauté à 20 ans ça ne veut rien dire..

mardi 12 juillet 2011

18. Le folklore anarchiste n'est qu'un label de contestation qui prend vie en lui-même avec des riffs de guitare..

Je me sens des fois un peu trop vieux pour un paquet de choses.. entre autres, pour la passion.. Pourtant, je n'ai même pas encore 40 ans, mais je n'ai pas envie de m'embarquer dans rien avec «passion»..

Je ne parle pas ici de passion «amoureuse».. ça, n'importe quel homme en est toujours capable.. même sur son lit de mort..

Je parle plutôt de «conviction», ou encore, d'«enthousiasme» sans frein, sans limites, et d'«admiration».. Mon admiration a des bornes assez étroites.. Je ne suis pas fort sur l'acclamation ni les mouvements d'enthousiasme de la foule, ni les applaudissements à tout rompre, qui me cassent les oreilles.. Je trouve toujours cela suspect et je m'éloigne..

Durant mon adolescence, je me suis rendu compte que je ne fonctionnais pas bien dans une foule, mixé parmi les gens: je me sens aliéné, je ne me sens plus moi-même, et je me sens comme pas «en phase».. Dès que j'ai besoin de crier pour qu'on m'entende quand je parle avec les autres, puisqu'on se retrouve enterrés par les grosses voix des plus imbéciles, on dirait que je perds mon individualité pour devenir un numéro, une pièce de bétail.. Je deviens trop conscient de moi-même dans ces moments-là, de ma solitude réelle, de la vie, de l'inachèvement, de l'ennui, de la mort..

Il y a des choses que j'aimerais dire, mais puisque ces choses relèvent de la pensée et de la réflexion, seul le silence pourrait me permettre de m'exprimer et d'être compris.. On ne peut exprimer des choses subtiles en criant et en répétant tout le temps, c'est impossible.. Résultat: je sors d'un restaurant bondé complètement abruti, ennuyé, fatigué et incapable de penser ni de parler .. D'ailleurs, je trouve toujours une raison pour foutre le camp avant que cela ne se produise..

Pour revenir à l'«enthousiasme», eh bien, j'écoutais l'autre jour le vidéo de Arch Enemy «Yesterday is Dead and Gone», et sur le coup, je dois avouer que je trouvais cela «enlevant».. Ça avait presque failli susciter en moi une certaine passion, ou sentiment, qu'on appelle «indignation» ou «rage» ou whatever.. Mais plus j'écoutais et réécoutais le vidéo, plus j'étais conscient de l'aspect «artistique» de la chose.. ou fake, pour tout dire.. Je disséquais à full pin..

Je réalisais que cette forme d'expression «death metal», qu'on appelle ça du gueulage ou du chant guttural, ne permet pas d'exprimer autre chose que de la haine, c'est évident.. On ne dit pas «je t'aime» en gueulant, on dit plutôt «vous autres mes côlisses, on va vous en sacrer une!..» Et c'est d'ailleurs ce que le vidéo reflète, en parfaite cohérence avec le médium d'expression.. Sauf que, si on demandait à chacun des membres du groupe de justifier leur position, je ne suis pas sûr qu'aucun d'entre eux pourra répondre de façon cohérente et se justifier de façon rationnelle de ce dont ils font la promotion: une opposition vague à l'État.. (C'est un peu comme les groupes qui proclament que «Dieu n'existe pas» en émettant des grognements diaboliques et en exhibant le 666, mais si, de façon cohérente, Dieu n'existe pas, alors le Diable n'existe pas non plus, et ils se retrouvent injustifiés de gueuler et de revêtir leurs habits de mort et de mal.. tout cela n'est que mascarade incohérente..)

Cette opposition vague à l'État prend la forme de l'anarchisme avec le symbole que tous connaissent, un grand A entouré d'un cercle.. apparemment un symbole d'origine maçonnique.. Le symbole est affiché autant de fois que possible et devient en quelque sorte un label de contestation que n'importe qui peut s'épingler pour devenir instantanément un «rebelle» en uniforme.. Ensuite vient l'habillement: tous doivent être habillés en noir de préférence, comme dans une cérémonie funéraire.. Pourquoi «en noir» précisément? Qui sait?

Toutes ces choses sont des symboles ou des habitudes qui perdent toute signification réelle avec le temps, se décrochent de leur référent et deviennent de purs objets artistiques, ainsi que les conduites.. Cela forme une sorte de folklore anarchiste qui prend vie en lui-même avec des riffs de guitare sans renvoyer à aucun référent concret dans la réalité, alors que tous les participants, les «enthousiastes», souvent dans la vingtaine, croient le contraire et se polarisent sur une idée fixe..

C'est un peu comme s'ostiner sur la couleur rouge de l'habit du Père Noël et dire que ce n'était pas sa couleur originalement, mais le problème, c'est que le Père Noël tel qu'on le connait dans son image est une invention de Coca-Cola.. Il n'a donc aucun référent dans la réalité, et surtout pas le Christ ou quoi que ce soit de chrétien, c'est un personnage païen et bien moderne, promoteur du consumérisme..

Si on ôte le symbole anarchiste à ces groupes, les habits en noirs, le look de mort, la haine affectée, l'indignation injustifiée, etc., il ne leur reste plus grand-chose pour gueuler et faire des beaux solos.. En fait, plus leur position est incohérente et vague, plus elle prend une forme artistique au-delà de toute parole et de toute expression claire et précise, et plus elle ne peut prendre que cette forme.. car elle se détruit elle-même autrement.. C'est comme essayer d'expliquer clairement à la personne aimée pourquoi on l'aime avec des raisons.. Ainsi, les promoteurs artistiques de l'indignation ne peuvent que dire de façon absurde «On vous haït ma gang de côlisses!..», mais ne peuvent dire pourquoi..

La conséquence est que ceux qui adoptent ces positions finissent par tomber dans l'émotion pure d'indignation sans cible précise autre que l'ordre établi et l'autorité de façon diffuse.. Ils ne s'interrogent jamais sur le fait qu'une forme de coercition est nécessaire pour maintenir l'ordre et la paix, et que ces choses ne se font pas toutes seules, puisque l'homme n'est pas «bon» par nature.. Les gens qui adoptent comme règle, comme j'en ai parlé dans un précédent billet: «Si ce n'est pas moi qui le fais, ce sera un autre..» sont légion.. Si le tissu moral de la société est complètement détruit, comment espérez-vous que tous cohabitent de façon harmonieuse sans aucune police, ni contrôle, ni État?

La conséquence est que si demain les anarchistes réussissaient leur plan et que toutes ces choses étaient abolies, il faudrait qu'ils les réinstaurent d'urgence avant que tout ne soit dévalisé ou mis à feu et que les gens ne s'entretuent complètement.. C'est de la pure bêtise de croire qu'on pourrait changer de façon radicale quelque chose à l'état actuel du monde, et si un changement rapide était possible, il serait probablement pour le pire..

Quand les artistes du genre se mêlent de faire de la politique, c'est toujours pour enflammer les gens et les rendre agressifs.. Les gens croient qu'ils sont accros au groupe ou à la musique à cause des idées, mais ils ne sont en fait qu'accros à l'agression et aux affects véhiculés par ces derniers qui ne veulent au fond qu'augmenter leur cote de popularité..

Mais au fond, quel autre sujet peuvent-ils avoir d'autre que la «révolte» en gueulant comme ils le font? Et c'est là que se trouvent leurs limites, et leur côté extrêmement fake.. En fait, ils ne croient pas, et ne peuvent pas croire à ce dont ils font la promotion.. Ce ne sont que des imposteurs sans convictions intéressés par le potentiel financier de la foule des jeunes surexcités à coups de boissons énergisantes et en recherche de défoulement..

Et c'est pourquoi, défaisant toute la rhétorique de la publicité, je ne m'enthousiasme que rarement pour quoi que ce soit.. La fibre de l'enthousiasme étant sursollicitée par la médiatisation et la volonté de profit, s'use ainsi plus vite au fil du temps..

Je ne crois qu'au calme et à la tranquillité..

«Les pensées qui mènent le monde arrivent sur des ailes de colombe..» Nietzsche

dimanche 10 juillet 2011

19. L'oppression des femmes se poursuit dans notre indifférence à leur sort..

Je viens de voir le documentaire sur Robert Pickton, ce tueur en série de Vancouver «poli, effacé, silencieux et désorganisé» qui aurait tué des dizaines de travailleuses du sexe..

Je suis toujours troublé par le même constat que je dois me faire à chaque fois que je vois ce genre de reportage: pourquoi ces femmes qui désirent disposer librement de leur sexualité et de leur corps sont-elles autant laissées à elles-mêmes? et pourquoi ne permettons-nous pas aux maisons closes de revenir afin de mieux les protéger? Au Texas, il y a des maisons closes et les femmes se portent très bien..

Ces travailleuses du sexe ont tout le monde contre elles: l'opinion publique, les féministes, la police, les proxénètes, les malades qui veulent les agresser ou les tuer..

L'ouverture de maisons closes contrôlées éviterait les agressions, les vols, les viols et les meurtres de ces victimes faciles qui sont à la merci, sur la rue, de n'importe quel détraqué qui les embarque, en plus d'éviter le désordre public, les emprisonnements inutiles et les problèmes sociaux engendrés par le système même..

En ce moment, dans notre hypocrisie, car il faut se faire à l'idée, jamais aucune société ne pourra éliminer la prostitution, nous avons les solutions de rechange suivantes: les escortes et les «salons de massage» qui se multiplient à travers la ville et sont en réalité des genres de maisons closes, mais qui ne protègent pas les femmes qui y travaillent d'accusations criminelles en relation avec leur métier.. Elles sont donc en tout temps exposées à se faire accuser par la brigade des mœurs et à aller en prison, se retrouvant donc toujours dans des conditions précaires en s'enfonçant toujours plus dans la criminalité (au fil des accusations qui s'accumulent), la marginalité et l'obscurité..

Lorsque je constate, au fond, ce que la société fait à ces femmes par son indifférence envers leur sort, je me dis qu'elle leur fait en réalité la même chose qu'on fait aux femmes dans des pays moins «ouverts», c'est-à-dire qu'on les opprime, on les brise, on les bat, on les viole et on les enferme, pour avoir tenté de disposer librement de leur corps hors d'une relation de «lien conjugal» (chose permise complètement seulement aux hommes).. Une femme adultère en Iran se fait lapider et peut-être violer ou tuer.. Si elle est chanceuse, elle se retrouvera mendiante.. Une femme qui désire disposer librement de son corps pour l'utiliser commercialement, dans notre société, on lui dit hypocritement: «D'accord, tu es libre, fait ce que tu veux avec ton corps, mais arrange-toi toute seule..» et elle se retrouve en prison, se fait attaquer, maltraiter en plus d'être dégradée par le regard que les gens portent sur elle, exposée en pleine rue, et qui ne la reconnaissent pas, puisque l'État ne la reconnaît pas.. En réalité et pratiquement, elle n'a aucune existence.. Elle doit toujours se cacher comme une misérable criminelle.. ce qui fait aussi qu'elle ne peut avoir recours à la police dans certaines situations où elle aurait besoin d'aide..

Ce n'est pas une oppression physique et franche, comme dans les pays «fermés», mais une oppression «ouverte», hypocrite, indirecte, qui permet en quelque sorte à ces femmes de faire ce qu'elles veulent avec leur corps, leurs désirs et leur sexualité, mais ce qu'on pense d'elles à ce moment-là, en tant que société, c'est: «arrangez-vous toutes seules alors..», et personne ne s'apitoie sur leur sort, jamais.. on préfère les accuser de tous les maux, que c'est leur faute au fond s'il leur est arrivé ce qui est arrivé, peu importe quoi.. Dans ces cas-là, elles sont toujours victimes d'«elles-mêmes», mais jamais de la «société».. Cette société où on s'amuse à niveler et à écraser les éternelles «marges»..

On les «abandonne» en quelque sorte et on les expose à tous les dangers.. C'est ça notre «ouverture».. C'est ça notre oppression des femmes à notre façon, la punition qu'on leur inflige pour leur sexualité extra-conjugale, et cela, les autres femmes devraient le reconnaître une fois pour toutes et être solidaires de ces victimes expiatoires d'une société patriarcale où les hommes dominent encore tout et qui est profondément ancrée dans nos mentalités..

vendredi 8 juillet 2011

Plein le cul de l'été..

C'est toujours la même histoire à chaque année: dès qu'il commence à faire beau et chaud, on assiste à une recrudescence immédiate de l'agressivité et de la violence..

J'ai pensé pendant un certain temps que c'était parce que les femmes se dénudaient et que ça faisait monter la testo des mâles, les rendant ainsi plus agressifs et stupides, mais non, puisque les femmes aussi sont agressives.. et stupides..

C'est tout simplement la chaleur, cette sensation d'oppression physique et étouffante qui nous pousse à exploser.. à chercher un exutoire pour cette pression intérieure.. de la steam brûlante..

Je le sais, puisque partout où je me retrouve, je ne peux échapper à la chaleur, souvent à cause de systèmes de climatisation en panne ou défectueux, et il y a en plus le cas du métro de Montréal après le travail qui est absolument un sauna sans aération été comme hiver, incompréhensible.. Eh bien, moi aussi je me sens sur le bord de péter les plombs en imagination à chaque fois pour un rien, mais bon, je me contiens, puisque j'intellectualise trop, et je constate plutôt la chose chez les autres qui se défoulent comme ils peuvent sur n'importe qui, et parfois c'est moi..

Mais cette rage est complètement irrationnelle et viscérale, et c'est pourquoi je n'embarque pas là-dedans puisque je sais très bien comment ça pourrait finir.. j'aime trop m'échauffer.. en tout cas, autrefois, c'était mon naturel.. mais seulement en cas de défense.. mais, immanquablement aujourd'hui, un peu plus vieux, refroidi ou ranci, comme vous voulez, ma tête annule mon corps.. Je somatise, je deviens hypocondriaque.. Je démonte ma mécanique comme un masochiste..

Je me sens lâche des fois.. il y a quelque chose de la fierté de l'homme on dirait dans le fait de se battre physiquement.. Mais j'ai fini par me dire que c'était au fond vraiment idiot de croire ça.. Ce ne sont que des hormones, c'est tout.. Ce n'est même pas un combat «entre hommes», mais un combat «entre hormones».. La tête est infiniment plus virile que le corps..

J'avais autrefois l'habitude de lutter contre le feu avec le feu, mais c'est vrai que ce serait encore plus drôle avec de l'eau.. J'imagine un pétard mouillé avec la mèche qui pend.. penaude.. découragée.. Hahahahaha!

Il y a d'ailleurs un gars qui a fait exprès pour me rentrer dedans sur le trottoir alors que je lisais.. Je l'ai pas vu venir, alors l'osti de lâche en a profité pour me donner un solide coup d'épaule à épaule.. Il trouvait, selon lui et ses hurlements à distance, que je prenais trop de place sur le trottoir.. Complètement abruti et sournois.. Mais peut-être moins pire au final qu'un professeur de français.. Il m'a fait mal.. Je savais que c'était de la pure provocation pour se battre, et logiquement, il ne me restait pas grand options pour laver cet affront, mais je n'ai rien fait.. Je savais trop bien que je risquais de revenir à la case départ pour un idiot que j'aurais démoli d'un coup.. Je n'aurais même pas osé le prendre par le collet, parce que c'est moi qu'on aurait accusé, évidemment, les coupables se la coulent douce avec le système, mais maudit que j'aurais aimé ça.. J'en rêve souvent.. Ça fait 3 ans de ça..

J'ai fini par me dire que ce genre de personnes se permet de nous attaquer parce qu'elles n'ont rien à perdre, ni à craindre, sauf surprise bien sûr.. Ce qui leur ferait le plus plaisir, ce serait de nous amener avec elles dans leur merde et qu'on y soit bien trempé jusqu'au cou.. dans la chaleur intense d'une osti de cellule sale.. Chose à laquelle LUI est habitué.. Lui et ses potes.. Abonnés au Club Med des prisons canadiennes.. et non de celles de Bogota ou Los Angeles où ils seraient bouffés vivants..

Quand j'ai punché ma carte pour la dernière fois dans les usines, je me suis dit que je serais dorénavant un gentleman.. Mais j'ai tellement de négatif accumulé parfois.. Une chance que je fais du sport, que je me fais souffrir, que je retourne l'énergie négative contre moi, parce que des fois j'aurais envie de remettre coup pour coup, plus intérêts, bien sûr.. Y en a qui savent vraiment pas ce qu'ils manquent.. Un buffet de pur bonheur, c'est-à-dire, de claques bien placées dans la gamelle..

Mais bon, en général, la vie n'est pas si pire que ça.. quand je reviens du boulot, habituellement, je pense à écrire des romans avec beaucoup de «cassages de gueules» au lieu de penser à faire sauter la planète.. Et ça passe.. Le mal passe.. Tout passe cawliss..

Même le sexe passe..

Les émotions ont une durée de temps limitée: c'est ce dont je me suis rendu compte en vieillissant..

C'est dommage pour l'intensité, mais en même temps: quel osti de soulagement..

En tout cas, j'ai hâte qu'on revienne au temps froid.. Pourquoi la chaleur rend-elle les gens agressifs et le froid non?

C'est ainsi que l'on voit bien que l'être humain est une simple mécanique..

Pourquoi sur les annonces de Complètement cirque la femme porte un soulier alors que son pied est dans la bouche du trapéziste? - Parce que la vision de son pied nu dans la bouche de ce dernier serait inacceptable: ce serait tout simplement une exhibition gratuite de fétichisme du pied.. Le public en général n'accepte pas ce genre de chose.. Mais si on interpose la surface d'un soulier entre le pied et la bouche, la chose devient acceptable aux yeux de ce dernier.. C'est pure hypocrisie et jalousie, et je dirais même vanité, puisque l'être humain ne veut pas reconnaître face aux autres son côté animal, pulsionnel, sexuel, irrationnel.. Il est comme «coincé» de l'intérieur, alors qu'il pense et veut tout le contraire..

L'homme est un animal fou.. peut-être même raté.. ou manqué..

Il interpose donc des objets, des vêtements, des surfaces pour faire oublier et se faire oublier qu'il est un simple animal comme les autres.. comme s'il avait honte..

Mais il reste tout autant un pervers incorrigible.. souvent méchant et bas.. de façon presque innocente.. Le dernier des tortionnaires vous croise sur la rue avec son air cool et sympa..

Je me méfie activement des êtres humains..

Je préfère rester assis dans mon salon bien confortable dans mon fauteuil et lire un bon livre de philosophie morale, comme celui-ci, ma dernière découverte:


J'aime bien le «après» la vertu..

Allez..

Au revoir..

mercredi 6 juillet 2011

20. Sur la règle caméléon: «Si c'est pas moi, ce sera un autre..»

On entend souvent ce genre de moralité à cinq cennes, et ce n'est pas non plus parce qu'on l'entend souvent que c'est justifié ou justifiable..

Voyons donc! Les conducteurs de trains qui menaient les Juifs à Auschwitz et les «gazeurs» disaient la même chose: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire..» Si la moralité ambiante est basse au point de faire n'importe quoi parce qu'un autre le ferait de toute façon, suis-je justifié pour autant de faire ce que je fais? - Non, pas du tout..

Autre exemple: on sait que dans le temps, on pouvait laisser sa bicyclette traîner toute la journée accotée sur une clôture et revenir la prendre plus tard.. Or, nous savons très bien que c'est rarement le cas aujourd'hui: si nous faisons le test, quelques minutes plus tard, elle ne sera plus là.. Alors, puisque tout le monde sait que la bicyclette sera prise de toute façon en très peu de temps, et que je passe par là, suis-je justifié de la prendre? Après tout, pourquoi pas moi au lieu d'un autre? Non?

Mais non, je ne serai jamais justifié de la prendre, même si je vivais dans un monde uniquement composé de voleurs.. Je ne serai qu'un voleur qui aura agi comme tous les autres voleurs..

L'erreur de raisonnement, la voici:

1. «Si je ne le fais pas, un autre va le faire»..

2. Cet «autre», c'est n'importe qui: la personne qui obéit à certains principes moraux et la personne qui n'en a aucun et ne respecte rien sont mises sur le même niveau..

3. Or, il est peu probable que la personne morale veuille se faire mettre sur le même niveau que la personne amorale.. Il y a foncièrement une grande différence entre ces deux personnes..

4. Il est aussi peu probable que la personne morale accepte d'obéir à une règle comme: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire».. Par contre, la personne amorale ne trouvera aucune objection à obéir à cette règle, qui ne fait que dire, au fond: «Fais-le, peu importe si c'est bien ou mal, parce que d'autres vont le faire»..

5. Par conséquent, la personne qui obéit à la règle: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire», se met tout simplement au niveau de la personne moralement la plus basse, voire, qui n'obéit à aucun principe moral.. Obéir à cette règle, c'est donc de façon pratique faire fi de la morale, de la réflexion et du jugement en noyant tout cela dans le «nombre» qui ne se réduit en réalité qu'aux personnes amorales..

6. Bref, ce n'est pas parce que le dernier des crétins va faire l'erreur que je suis «justifié» de faire cette même erreur.. Une erreur reste une erreur, et une injustice reste une injustice, peu importe le nombre de personnes qui sont prêtes à les faire..

Voyez-vous, c'est ce minimum de discernement qui manque dans ces faux principes qu'on nous sert à tour de bras à la télé, dans le journal, dans les discussions ou sur la rue.. Ce sont des règles qui semblent «inoffensives», mais qui possèdent en réalité un potentiel fasciste, antisocial et suicidaire incroyable si tout le monde se mettait en même temps à penser et à agir de cette façon..

Les personnes qui obéissent à ce genre de règles sont tout simplement des caméléons qui prennent la couleur de l'entourage dans lequel ils sont.. ou dans lequel ils veulent faire croire, ou se faire croire, qu'ils sont.. afin de dissimuler leur peu de conscience..

mardi 5 juillet 2011

Comme j'ai toujours envie d'aimer..

Qui ne connaît pas cette chanson? En tout cas, moi je la connaissais assurément, et même que j'ai toujours aimé cette chanson, mais je ne savais pas qui la chantait.. Je suis tombé sur l'autobiographie du musicien hier, et en feuilletant quelques pages je me suis mis à m’intéresser à sa vie au parcours particulier..

Tout d'abord je dois citer un passage en début de livre qui est en quelque sorte une promesse faite à soi-même et aux autres: «Jamais plus on ne jouera avec mon cœur. Jamais plus je ne laisserai tuer mes rêves. Jamais plus je ne tendrai l’oreille à celui qui se dit mon frère. Jamais plus de faux prêcheurs n'agiteront mon âme. Jamais plus de faux globe-trotters aux souliers neufs ne me diront quel chemin prendre. Jamais plus de faux philosophes ne viendront troubler mon esprit avec leurs mensonges. Jamais plus l'homme aux mains tachées ne me touchera pour me salir. Jamais plus celui qui a mille diplômes ne me dictera ma vie. Jamais plus l'homme à l'apparence de sauveur ne viendra voler ma vie. Car je suis qui je suis, ni plus ni moins. [...]»

Marc Hamilton connut un grand succès avec la chanson Comme j'ai toujours envie d'aimer en 1970 à l'âge de 26 ans. Cependant, ce succès ne fut pas sans lui causer de problèmes, et comme il le dit lui-même : «Voilà que je devenais une star. Mais je ne savais pas encore que je n'avais pas les outils nécessaires pour éviter que la machine ne m'avale pour ensuite me régurgiter.» (p.84)

non terminé..

dimanche 3 juillet 2011

Les relations interindividuelles et les rapports à soi en tant que prêt-à-jeter..

Je suis convaincu que le capitalisme empêche le progrès réel de la science, et par ricochet, de la conscience.. Je sais que cela semble une idée paradoxale, et je vais donc devoir m'expliquer..

Les affirmations à propos d'innovations qui ont été «empêchées» ne sont pas rares.. Un exemple de la mentalité d'«usure» promue par le système capitaliste est le cas des bas collants: au début, ces collants cousus faits d'un matériel différent du nylon étaient très résistants, voire «trop» résistants, ce qui entraînait un manque de ventes et de renouvellement des stocks.. C'est pourquoi ils sont aujourd'hui faits de façon à pouvoir se briser beaucoup plus rapidement.. Cette «mentalité d'usure» s'est, comme on le voit aujourd'hui, répandue dans tous les domaines de l'économie et jusqu'à la sphère des relations interindividuelles et des rapports à soi.. Nos relations à autrui et nos identités «personnelles» (définies de plus en plus dans le cadre de l'industrie culturelle et du virtuel) sont du prêt-à-jeter comme des collants ou n'importe quel autre produit du système capitaliste..

Ce qui s'ensuit de cette mentalité diffuse promue indirectement par le système et ses objets périclitant à tout moment c'est l'impression que rien n'est stable, valable, ou destiné à une longue durée.. Par conséquent, l'impression d'«accélération du temps» devient plus forte, alors qu'elle n'est en réalité causée que par le roulement plus rapide des objets entre la production, la consommation et la poubelle..

Je ne dis pas que le socialisme ou le communisme favoriserait mieux la science, ce qui serait probablement tout aussi faux, mais que le capitalisme génère ses propres limites et les impose à la science confinée, dans ses recherches, au cadre de l'usure, alors que par principe elle est essentiellement dynamique et sans limites..

À un autre niveau, et pour d'autres raisons, de même que la séparation de la science et du profit serait bénéfique, la séparation de la science (ludique par essence) et de l'État (l'esprit de sérieux) serait souhaitable.. Mais cela est-il seulement possible ou même envisageable? Je crains que non, pour l'instant.. La politique au niveau planétaire empêche impérieusement cette séparation, car le «pouvoir» échappe aux États sans la science.. «Savoir, c'est pouvoir..» Or, la recherche scientifique, monopolisée principalement par l'État à des fins stratégiques, prend cette orientation par la configuration politique du monde, mais la science en vient d'autant plus, indirectement, à renforcer cette dernière dans une sorte de double contrainte..

Il n'y a qu'à penser ici à l'exemple de l'escalade nucléaire de la guerre froide: l'opposition d'ensembles politiques importants entraîne un développement des moyens technologiques de conjurer une menace d'invasion, voire, de pure et simple destruction, mais la «montée en puissance» des États créée toujours davantage une crispation grandissante renforçant ainsi l'opposition engageant la science dans une recherche des moyens permettant de toujours creuser davantage ce fossé qui entraîne tout le monde en avant dans une course meurtrière irrationnelle, qui se fait pourtant, paradoxalement, à grand renfort de «rationalité»..

En raison de la situation générale engendrée par cette configuration, la science stagne «qualitativement» probablement depuis au moins 50 ans..

sans conclusion..

samedi 2 juillet 2011

Qu'est-ce qu'un «fait»?..

La plupart du temps, lorsque nous parlons d'un «fait», nous en parlons au sens «scientifique», c'est-à-dire comme d'un «phénomène observable».. Cependant, nous confondons souvent le fait «scientifique» et le fait «historique» au sens de «ce qui s'est déjà produit».. Il y a de même le fait «objectif», autrement dit qui «existe», qui est «réel», au sens de: c'est un fait «réel» et non pas un produit de mon «imagination».. Autrement dit, ce qui se passe dans ma tête n'est pas «réel», au sens de «ce qui n'est pas devant moi».. Ce qui se passe en moi ne constitue pas des faits, enfin, pas tout à fait, pourrait-on dire.. Nous savons que les produits de l'imagination «existent», mais par contre, ne sont pas «réels».. Alors, une chose peut exister et néanmoins ne pas faire partie de la réalité.. Mais la réalité n'englobe-t-elle pas tout? Comment une chose peut-elle exister en dehors de la réalité?.. Et c'est ici que nous commençons à entrevoir les limites de la langue..

Si nous revenons au fait «de base», le fait dont nous parlons la plupart du temps sans trop en être conscient, mais avec une certaine impression de solidité et de rigueur, le fait scientifique, nous pouvons répondre à la question nous demandant ce qu'est un fait: «2+2=4 est un fait». En voici d'ailleurs la démonstration: deux pierres que je place devant moi avec deux autres pierres font quatre pierres.. À première vue, il n'y a rien là de contestable.. Cependant, si j'éloigne les quatre pierres l'une de l'autre à une distance infinie, est-ce que j'ai encore «quatre pierres»? Et puis qu'est-ce qui différencie la somme de la série ou même du simple amas? 13 641 pierres + 35 290 pierres = combien de pierres? Est-ce que je peux percevoir le nombre immédiatement? Ne perçois-je pas plutôt un simple amas de pierres? Donc X + X= amas de pierres.. Mais qu'est-ce qu'un «amas» sinon déjà une «unité»?.. Ainsi, peu importe les quantités de pierres à additionner, je dois déjà savoir ce qu'est l'«unité», de même que la substance et l'accident, les qualités premières et les qualités secondes, l'être et le non-être, etc..

L'adjonction de deux pierres à deux pierres ne me dit pas si je fais une somme, une série ou un simple amas.. Donc, le résultat de «quatre pierres» n'est pas un «fait», mais une «opération mentale» s'appelant l'addition..

Si je fais l'opération inverse, c'est-à-dire la soustraction 2 pierres - 2 pierres = 0 pierre, où est le «fait»? Je vous montre deux pierres, et je fais un geste particulier de la main par-dessus les pierres qui symbolise en quelque sorte une «volatilisation», et je retire les deux pierres.. Où est le fait «zéro pierre»? Où est le «zéro»? Est-ce que ce zéro inobservable et impalpable est un «fait»? Il serait bien difficile de l'affirmer, mais pourtant il «existe»!

Disons donc que ce «fait» est une «opération mentale»..

Et c'est ici que nous revenons nous cogner contre les limites de la langue, qui sont souvent aussi, et je dirais même d'abord, les limites de notre propre esprit..

vendredi 1 juillet 2011

La boite noire du blog..

Quand j'ai découvert la toune The Soul of my Suit de T.Rex j'ai pogné les blues..

Je pogne les blues, ça me rend mélanco un peu, mais bon, j'ai aussi du thrash en moi et je ne me morfonds pas longtemps, je suis plutôt sauvage au fin fond de moi-même, je n'ai jamais été vraiment complètement domestiqué.. Et c'est peut-être ce qui, au final, m'a sauvé la vie, tout en la détournant complètement..

C'est pour ça que The Exploited, entre autres, ça m'allume en crisse.. Mais bon, on se tanne de ça aussi un moment donné, et puis on revient à autre chose, ça prend un peu de diversité..

Je n'ai pas juste de la rage en moi, j'ai aussi des bons sentiments, mais aussi de la tristesse et de la culpabilité..

Si je continue à découvrir de «nouvelles choses» anciennes, c'est que je me ferme les yeux volontairement parce que j'ai peur un jour d'avoir tout vu et de ne plus avoir de plaisir dans la vie.. Que tout devienne routine..

Je veux que la vie soit infinie..

Je n'ai jamais lu les deux ou trois dernières pages de l'«Insoutenable légèreté de l'être» de Kundera.. Pour cette raison précisément.. Je veux toujours pouvoir apprendre de nouvelles choses, et c'est pour cela que j'en ignore certaines de façon délibérée.. Que je les laisse aller librement dans toute leur beauté comme des chevaux sauvages et que je refuse de saisir l'instant.. J'adore la magie et la fascination des «rencontres manquées»..

L'impression que j'aie en écrivant sur ce blog c'est d'être seul et bien seul.. J'écris pour tout le monde et personne ne semble me lire même si je sais que ce n'est pas le cas.. Je me confie à n'importe qui, chose que je ne ferais pas autant dans la vie concrète..

Ce que j'écris pour les lecteurs sort un peu comme d'une boite noire, et moi de mon côté, j'ai la même impression de boite noire, puisque mes paroles sont interceptées quelque part mais je ne sais pas par qui ni où..

Et surtout, je ne sais pas comment elles sont reçues..

Si je disais ouvertement que je suis obèse, certains se désintéresseraient probablement de me lire, mais ce n'est pas le cas, mais encore, comment savoir? Au fond, je ne suis rien pour personne jusqu'à preuve du contraire..

Jusqu'à ce qu'on m'ait vu, touché, entendu en personne, en chair et en os..

Et encore là, on est peut-être moins souvent soi-même en personne que sur un blog..

L'idéal est d'essayer le plus possible de faire coïncider les deux, et c'est à cela que je m'évertue..

Je me laisse une chance dans la réalité..

Car j'aime la vie, et je tiens à vous chers lecteurs et lectrices..