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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 25 décembre 2009

Réflexions éparses 2

1. Je n'avais pas vu ma mère depuis plus d'une année, et ne voulant pas avoir à fêter Noël deux fois, je l'ai invitée à passer le réveillon dans ma belle-famille. Je ne voulais pas vraiment la voir, mais je me sentais davantage capable depuis quelques jours de pouvoir l'endurer pendant quelques heures. Il me semblait que j'avais plus d'énergie, et puis quand même, que je me suis dit, à la date où on était rendu, il fallait bien que je prenne une décision. Alors que j'avais dit «non» pendant deux mois à l'éventualité de la voir à Noël, j'avais maintenant cédé aux bons sentiments; je me sentais un peu coupable de la délaisser, elle, qui est tellement une experte dans l'art de nous faire tous sentir coupables, mais la chose, c'est que contrairement à ce que je pensais, elle était loin d'être seule finalement, et je dirais même plutôt, qu'elle était en très bonne compagnie depuis quelques semaines avec sa nouvelle rencontre. Je dis que je me sentais coupable de la délaisser, mais ce serait peut-être plutôt que j'avais peur de me sentir coupable de l'avoir délaissée, enfin, je ne connaissais pas vraiment sa situation puisque je ne prenais jamais de nouvelles d'elle, et elle non plus d'ailleurs sous prétexte d'avoir peur de me déranger. Je perds en effet souvent patience avec ma mère lorsque je lui parle au téléphone, et le seul fait de lui avoir parlé ou d'avoir pensé à elle une seule fois dans la journée me met souvent dans tous mes états. Bref, elle dépose son manteau de vison à 10 000$ sur mon lit, qu'elle s'est acheté d'ailleurs à l'époque où je croupissais dans les rues à me prostituer pour essayer de m'en sortir, je lui montre mon appartement, la nouvelle peinture, les nouveaux meubles, le nouvel arrangement, et, par-dessus tout, je lui montre ce dont je suis le plus fier : ma bibliothèque. Alors je lui présente mes livres, mes belles découvertes, tout heureux et excité, mais, elle ne regarde pas mes livres, ben non, elle focalise sur la bibliothèque comme telle... Elle focalise sur le «bien», pas ce qu'il y a dedans. Elle remarque : «Ah, ce sont de nouvelles bibliothèques, elles sont belles, etc.», et la voilà qu'elle les touche, comme fascinée, tâte leur texture, mais elle ne remarque aucun livre, aucun auteur, rien... à part le bois des bibliothèques. Pour elle, à la rigueur, j'aurais pu mettre des bibelots dans celles-ci ou d'autres gugusses, ça n'avait aucune importance, absolument aucune, puisque ce qui était important, câlisse, c'était d'avoir une bibliothèque comme telle. Le reste, ce qu'on mettait dedans, venait comme par surcroît. Lorsque je me suis retrouvé, pour la x ième fois, face au fait de son manque d'intérêt total pour la littérature, la philosophie, ou tout ce qui touche à l'esprit et à la pensée en général, j'ai reclassé ce que j'avais sorti, je me suis détourné en prétextant vouloir terminer un morceau que j'étais en train de composer sur mon ordinateur, et l'«interaction» s'est terminée précisément ... Je me suis planté devant mon ordi, et elle s'est senti une pente naturelle pour la cuisine, où elle est allée s'installer pour écouter la météo, sujet tellement vital et préoccupant. Je tardais un peu devant l'ordi, alors que je devais aller me laver et m'habiller pour qu'on se rende dans ma belle-famille. Je calais mes bières, de la bonne Guinness bien froide, et je sentais déjà le mur peser entre moi et ma mère : aucune communication «intelligente» n'était possible. C'était un mur d'incompréhension totale, de différences tellement grandes dans la manière de sentir ou de ressentir les choses, dans les valeurs, dans la vision du monde, de la vie, dans les attitudes, les comportements, etc. Ça me rendait triste, comme par vagues soudaines, mais je me concentrais sur mon morceau, je m'efforçais de ne pas me laisser aller à la mollesse, car j'avais, après tout, derrière ce «masque» de chien piteux, une des mères castratrices les plus impitoyables. C'était comme une toile qu'elle tissait, et tous ceux qui s'en approchaient trop se retrouvaient pris dedans. Une fois pris au piège dans la toile, elle exerçait, avec une main de fer, un contrôle total, tout en injectant à petite dose, mais avec une régularité implacable, son venin d'angoisse et d'anxiété inhibante, et pour tout dire, «castrante». Elle était dans la cuisine, et même à une certaine distance spatiale, son pouvoir «anxiogène» agissait sur moi comme un esprit malin : elle mettait le feu à ma confiance en moi, elle me minait de l'intérieur, elle détruisait, par sa seule présence ou par ses remarques d'apparence anodines, tout ce que je réussissais à accomplir de bon, de beau et d'enrichissant depuis des années. À chaque fois que j'acceptais de la rencontrer, elle me refoutait à la case départ. Lorsque je lui ai annoncé que je faisais ma maîtrise en philosophie, ça lui a fait, en surface, ni chaud ni froid, mais je savais pertinemment que ça dérangeait son subconscient, dans lequel d'ailleurs, tout homme est une cible à abattre, et qu'elle grinçait des dents inconsciemment, impatiente de venir détruire mon assurance, mes certitudes et ma bonne humeur, et saboter mes projets afin, si possible, de me réduire éventuellement à l'état de larve minable, qu'elle pourra tout à son aise et dans la plus grande jouissance, écraser sous ses pieds pour l'éternité. Je savais que je devais faire attention et remonter la garde bien haut, car l'attaque sournoise s'en venait à coup sûr. Je devais mettre mes lunettes de vision nocturne, allumer le radar et surveiller mes arrières en étant prêt à tirer sur l'ennemi au moindre mouvement. Cette grande stratège de l'embuscade m'avait dans sa mire, et peu importe que je sois son fils, j'étais un homme avant tout, et cela suffisait à me rendre coupable de haute trahison. Lorsque je vins dans la cuisine pour me prendre une autre bière, elle m'empoigna par surprise pour m'embrasser et me dire Je t'aime, alors que, derrière cette phrase qui était censée me toucher et à laquelle je répondis par un machinal Je t'aime moi aussi, j'imaginai immédiatement un tank sur lequel était écrit en  lettres de sang «Je t'aime», et prêt à me tirer instamment un obus dans le front, etc.

mercredi 23 décembre 2009

Réflexions éparses

1. Ça m'énarve quand je prends le bus et que je vois le message «Go Habs Go» alterner avec le numéro de bus. Ça fait des années que ça m'énarve. Je me demande toujours à qui le message s'adresse, et quelle est son utilité véritable. Je ne crois pas qu'un message d'encouragement alternant avec le numéro de bus puisse avoir un quelconque effet d'encouragement sur l'équipe locale de hockey, et je n'écoute pas le hockey, je ne connais pas les joueurs, et je me fous totalement des scores. À la rigueur, je pourrais presque dire que je suis content quand l'équipe se fait éliminer dans les séries : ça calme les ardeurs et les gens sont moins énervés. Je trouve cela ridicule de s'exciter pour une rondelle qu'on ne rentre pas soi-même dans le but.

2. J'ai dû aller à l'hôpital l'autre jour. J'arrive à l'urgence et la section qui était auparavant réservée aux personnes venant pour une consultation était maintenant réservée uniquement aux personnes atteintes du H1N1 : il y avait un grand écriteau planté devant les bancs et la section était crissement vide. J'ai demandé au gardien de sécurité ce qui se passait, puisqu'elle était vide et qu'on ne semblait pas vouloir économiser de l'espace, et il m'a expliqué que la nouvelle section était à gauche de celle-ci : une section fermée comme un aquarium, petite, et remplie de monde. De mon point de vue, le contraste était frappant en regardant les deux sections simultanément. Découragé de devoir attendre dans cet aquarium j'ai rétorqué au gardien : «C'est une légende urbaine cette affaire-là», et là, il est parti à rire en me disant qu'il s'était pas fait vacciner, et une autre personne qui attendait au triage l'approuvait en disant qu'elle aussi ne s'était pas fait vacciner, etc. Ça ne faisait que me confirmer dans mon choix de ne pas céder à la panique générale causée par les médias qui cherchent toujours à faire de l'argent en amplifiant les nouvelles et en faisant monter constamment le peak d'anxiété afin que les gens soient toujours sur les dents et écoutent encore davantage les nouvelles. Le peak d'infection médiatique H1N1 est passé depuis environ une semaine : on n'en parle plus autant dans les médias, les journaux, au boulot, etc., la pression sociale diminue. Bientôt, puisque tout est du cinéma de grande envergure, nous allons passer à une autre hystérie et dans un mois, ce sera comme si le H1N1 n'avait jamais existé. Je trouve que ceux qui ont couru en suivant la panique de masse pour aller se faire administrer ce vaccin de merde dont on ne sait pas vraiment ce qu'il contient font déjà «vintage».

3. À chaque fois que j'ouvre la télé, j'entends de plus en plus qu'un tel ou une telle à écrit ceci ou cela sur Facebook et tel jour, etc. Je me dis : «Est-ce que nous avons notre Big Brother là?» Ça aussi, d'ici peu, ce sera très «vintage»...

4. Je suis toujours impressionné par le «preview» du film «Zero : an investigation into 9/11» http://zero911movie.com/site/ et j'aimerais bien pouvoir un jour mettre la main dessus. Par contre, lorsque je repense à l'émission sur YouTube des producteurs du film et des experts pour former un «panel» de consultation avec un auditoire présent et beaucoup d'emphase, je trouve que cela fait déjà très «vintage». Très vintage, parce qu'on voit ces experts russes et autres ainsi que l'animateur s'exciter pour quelque chose qui est déjà tombé dans la plus profonde des banalités banales : on s'en fout du 9/11, ça ne nous concerne plus et c'est déjà du passé bien comme il faut, même s'il y a beaucoup de controverses sur le fait de savoir si c'était une attaque planifiée par les États-Unis eux-mêmes ou non. Tout, absolument tout est récupéré par la banalité quotidienne régnante, omniprésente, et c'est pour cela que n'importe qui, ou n'importe quel «groupe» peut faire n'importe quoi à n'importe qui, pourvu que ce soit suffisamment «énorme», et ils le savent trop bien, et c'est pour cela qu'il ne se passera jamais rien avec les évidences flagrantes qui pointent vers le fait que ce fut un coup monté de l'intérieur, autrement dit, un «inside job». Je crois que Goebbels avait dit quelque chose là-dessus à propos du mensonge, quelque chose comme : plus le mensonge est énorme, plus il risque d'être cru. Enfin. Je me dis que si on pouvait organiser des voyages de quelques jours pour aller faire un tour au centre de la galaxie, on trouverait sûrement le moyen de rendre ça banal au bout d'un certain temps. Tout devient «banal», nous avons un problème avec notre cerveau ou la façon dont nous nous organisons, socialement parlant. Il faut se rappeler de ceci : il ne vaut pas la peine de s'énerver pour rien, et comme disait un tel, à peu près, l'abbé Galiani ou un autre, je sais plus : «Rien ne vaut tes élans. Tout n'est que boue. Calme-toi.» Ça m'a donné un coup quand j'étais un ado plein d'ambition et d'enthousiasme et que j'ai lu ça; je crois que c'était une citation au début de «La Nausée» de Jean-Paul Sartre, que j'ai beaucoup aimé d'ailleurs, assez tordant, mais vrai tout de même cette histoire d'angoisse. Le problème avec le monde «commun» c'est qu'ils s'excitent ou s'enthousiasment facilement pour une chose, et de façon «orgiaque», pour ensuite, pas longtemps après, ne plus s'en occuper du tout puisque cela est tombé dans la banalité, qui est en fait, leur banalité à eux. Le danger, c'est toujours que la grande masse s'intéresse à une chose : si aujourd'hui c'est l'écologie, cela veut dire que demain on laissera les grandes industries détruire tout l'environnement avec plus ou moins d'indifférence. Nos intérêts sont toujours comme des «sujets du jour» et ressemblent beaucoup à des modes, comme les modes vestimentaires. Pour ma part, j'associe tout cela à une forme d'aliénation mentale profonde et durable.

mardi 22 décembre 2009

Je ne comprends pas le monde dans lequel je vis

Je suis à table en train de manger, j'ouvre la télé pour écouter un peu les nouvelles tout en pensant à des mélodies ou à comment fonctionne tel truc dans mon logiciel de musique, je suis profondément dans ma bulle vous voyez, je mange de façon mécanique, et soudain, le bruit de fond s'accentue, j'entends les mots : morts, blessés, tempête, explosion, catastrophe, coupure, déficit, compression, congestion, accidents, atteints, affectés, fatal, dette, macabre découverte, corps, criminel, recherché, disparu, abandonné, au moins, victimes, etc., et tout ça est dit avec le plus grand sérieux et presque un air de tragédie... Je me demande : «Qu'est-ce que je suis en train d'écouter là?» et «Qu'est-ce que ça peut bien changer dans ma vie, câlisse, de savoir ou non qu'un homme s'est fait poignarder hier soir à Limoilou, ou encore, qu'il y a une tempête de sable en Arizona et qu'un truck s'est renversé, etc?» C'est seulement du stress, du stress, du stress, de l'injection de panique, du drame dans une belle narration dramatique... Je me suis concentré sur le téléviseur durant deux minutes comme si ça venait d'une autre planète, j'écoutais ça, les propos que l'annonceur débitait et ça n'avais aucun sens, absolument aucun, à part d'être d'la marde qu'on nous pitchait à longueur de journée dans les oreilles et dans le cerveau et qu'on nous remartelait une fois dehors avec les journaux pour que ça reste bien collé entre les deux pipettes...

J'ai tout fermé, et je me suis dis que j'allais continuer à vivre et à penser en circuit fermé. C'est bien comme ça. Je ne vis pas dans le même monde que les autres, ce monde-là ne m'intéresse pas. J'ai le mien, il est déconnecté de l'«actualité», de ce drame médiatique social permanent, il est tranquille, apaisant, inspirant, etc. Voilà. Bonsoir.

vendredi 18 décembre 2009

Sommet de Copenhague

«Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. L’activité humaine en est la cause.»

«C’est le constat sans appel de 2 500 scientifiques du monde entier qui ont reçu collectivement le Prix Nobel de la Paix en 2007 pour leurs travaux sur le phénomène des changements climatiques. Depuis, de nouveaux éléments scientifiques montrent, chaque jour, que le climat se dérègle au-delà des prévisions les plus pessimistes, avec des conséquences bien plus précoces que prévues et d’ores et déjà visibles.»

«Confrontés au péril climatique, les dirigeants du monde entier devront parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts de court terme pour se rassembler autour d’un projet politique mondial fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous allons devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. Le résultat de cette conférence dessinera l’avenir climatique de l’humanité.»

«Les besoins d’ici à 2020 sont évalués à plus de 100 milliards d’euros par an. C’est moins de 10% des dépenses militaires mondiales

Extraits : http://www.copenhague-2009.com/appel

J'ouvre la télé, et ce qu'on nous annonce à propos de ce sommet qui n'est comme toujours qu'une tournée de poignées de main pour, au bout du compte, par intermédiaires, arranger des contrats pour les multinationales, c'est que les perspectives sont loin de ce qu'on attendait.

Tout ça me fait rire un peu, car c'est toujours la même histoire qui se répète : il faut toujours, et ceci est une règle immuable et universelle en ce qui concerne les primates que nous sommes, que ça nous pète dans la face avant de faire quelque chose. Le problème, c'est qu'en tant normal on peut toujours réparer les pots cassés après coup, ainsi qu'établir de nouvelles mesures, de nouvelles normes, mais en ce qui concerne des phénomènes plus vastes, voire, concernant la planète tout entière, nous ne sommes pas en mesure d'agir aussi rapidement, loin de là, ni aussi efficacement, tout simplement à cause de l'ampleur de la tâche, et aussi des mentalités qui sont toujours réfractaires au changement.

Un autre problème s'ajoute à tout cela, pour nous, qui ne sommes pas conscients de notre puissance, c'est qu'une fois atteint le seuil critique de hausse de température, le dérèglement du climat devient irréversible et incontrôlable. D'après ce que j'ai lu il y a plusieurs années, alors qu'on nous annonçait déjà une catastrophe inévitable, c'est qu'il y a un effet de rétroaction lorsque certains gaz endommagent la couche d'ozone, conduisant à une dégradation toujours plus grande de cette couche. Ceci voudrait dire que même si nous arrêtions complètement d'émettre ces gaz, la dégradation se poursuivrait irréversiblement, puisque c'est un processus chimique rétroactif, ce qui ressemble beaucoup, en fait, à un cancer.

Je regarde les images à la télé de tous ces dirigeants qui sont assis là et se regardent les uns les autres avec leurs beaux habits et leurs grands sourires fiers comme si leurs pays respectifs habitaient sur des planètes différentes. Enfin, c'est ce que nous aimerions croire et c'est ce que les frontières nous laissent penser, elles qui sont autant de murs contre l'avancement humain. Cependant, nous sommes comme des enfants qui vivent tous sous le toit du même palais, dans des sections gardées et bien divisées de ce palais, et nous consentirions peut-être à faire de petites réparations pour le toit qui coule dans notre propre section, si bien sûr, ça ne coûte pas trop cher, mais lorsque des personnes compétentes examinent le palais, et concluent à l'aide de tests et de calculs que celui-ci risque de s'effondrer si des changements ou de réparations majeurs ne sont pas apportés à l'ensemble du bâtiment et que cela nécessitera la participation de tous les habitants de cette grande maison, les habitants des différentes sections du palais sont réticents : ça coûte trop cher, et ils préfèrent plutôt investir pour la défense de leurs petites sections respectives... Ce défi climatique, que j'appellerais aussi un «test» climatique sera finalement aussi, en quelque sorte, un «test moral» qui déterminera notre capacité à pouvoir regarder, se centrer ou se concentrer sur autre chose que notre petit nombril en tant que section de ce vaste palais, ou en tant que pays de cette unique planète sur laquelle nous sommes tous, qui est notre seule maison et que nous devons respecter bien avant les fausses considérations d'aspects économiques, au nom de la vie et du bien-être de tous ainsi que des générations à venir.


«Un Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, élabore un consensus scientifique sur cette question. Son dernier et quatrième rapport, auquel ont participé plus de 2 500 scientifiques de 130 pays, affirme que la probabilité que le réchauffement climatique depuis 1950 soit d'origine humaine est de plus de 90 %. Ces conclusions ont été approuvées par plus de 40 sociétés scientifiques et académies des sciences, y compris l'ensemble des académies nationales des sciences des grands pays industrialisés.»

mercredi 16 décembre 2009

Sondage - Croyez-vous aux Loas?

Je tombe sur le livre d'un Ph.D. en théologie, apparemment, d'une grande érudition, et qui se questionne sur les «Loas»... Choses qui semblent très «concrètes» pour lui, mais dont je n'ai jamais entendu parler. Et là je saisis qu'on est dans de la haute métaphysique, et que, en plus, c'est une étude sérieuse en religions comparées. Alors on passe par les croyances des Grecs de l'Antiquité, par la Bible, par l'Orient, etc., le tout afin de savoir si les Loas sont bons ou méchants : je pouffe de rire. C'est bien. First, je ne sais pas de quoi on parle au juste : il me semblait qu'il y avait déjà assez des esprits du chamanisme, des âmes errantes, des bons fantômes catholiques, de Allah, de Dieu et des autres dieux que je ne connais pas, qui sont en tout, je crois, au nombre de 6394. Bon, alors vous comprenez, on fait un wrap-up là, je fous tout ça dans le même sac, pour moi c'est de la mystification pure. C'est pas compliqué, quand j'ai vu ça, les «Loas», qui étaient pris au sérieux par des docteurs quelconques, ces choses, dont je n'ai jamais entendu parler, qui n'ont absolument aucune réalité pour moi, ni sur moi, ni par témoignages de proches, bref qui n'ont absolument aucune existence non plus dans au moins toute l'Amérique du Nord, puisque j'en ai même jamais entendu parler à la télévision, même pas en anglais, ni lu nulle part, etc., j'ai pensé à quel point pour d'autres personnes d'«ailleurs», dans d'autres parties du monde, ma croyance vacillante en une Force quelconque, une sorte de dieu, ou Dieu tout court, et pourquoi pas au bout du compte le bon vieux Dieu catholique tout court, puisque ça fait partie du milieu dans lequel j'ai grandi, de ma culture «ambiante», eh bien, que cette croyance était tellement «locale» après tout, comme toutes les autres croyances d'ailleurs... Si un extra-terrestre essayait de nous comprendre, de comprendre notre univers mental afin de s'y retrouver dans notre morale, notre éthique, nos lois, bref, dans notre façon de fonctionner et de comprendre le monde, il croirait probablement que nous sommes tous fous de croire en des choses qui n'existent pas, ne sont pas «là», et dont nous n'avons aucune preuve physique concrète de leur existence ni même d'aucune action concrète sur le monde ou quoi que ce soit d'autre, et pourtant, avec lesquelles nous fonctionnons tous les jours comme si elles étaient «réelles». Un fait s'impose à moi de plus en plus, à tel point que ça en devient une évidence : quelque chose dans la tête de l'homme est «détraqué». Il y a un «détraquement» de la machine à la base, dans son fonctionnement, c'est systémique, structurel, et jusqu'à preuve du contraire, c'est «universel», du moins, «localement», sur notre pauvre petite planète qui se prend pour le nombril du monde. Toutes les nations du monde ont leurs bibittes invisibles... Je ne comprends même plus mes semblables depuis des années, en fait, depuis toujours, puisque je n'ai jamais cru aux choses invisibles, je n'en ai jamais ressenti le besoin. Je trouvais que la réalité n'avait pas besoin de ça pour exister, ni pour fonctionner comme il faut. Je trouvais que c'était de l'irrationalisme complètement fou, dément, un pari qui, à jamais, n'en vaudrait jamais la peine ni la chandelle. J'ai demandé à mon père, très jeune, ce qu'il y avait après la mort, un soir dans la cuisine, avant d'aller me coucher, il m'a répondu prosaïquement, stupidement, suivant son refrain d'athée, sa narration mythologique d'un «autre genre», mais marquée au coin de la sagesse : «Il n'y a rien, tu crèves, c'est terminé, bref, c'est comme avant ta naissance...» Il n'y a pas à dire, j'ai fait une crise d'angoisse dans mon lit, mais la pensée de la mort, ou plutôt, la peur de la mort s'est estompée graduellement avec le temps, les années. Après tout, qu'est-ce que mon père en savait? Personne n'est jamais revenu pour nous dire comment c'était de l'autre côté, s'il y a même un autre côté... Alors, ce n'était qu'une autre croyance de merde, une croyance d'«athée», pour faire court. Le mieux serait de dire que nous ne savons pas... Mais ça nous ne pouvons le dire, nous ne pouvons nous avouer vaincus, nous ne pouvons rester dans l'incertitude, il faut mettre un beau décor derrière tout ça, derrière une vie de souffrance, de peines, etc. Je crois que la mort, le fait d'«avoir à mourir», depuis le «début» de l'humanité, nous a rendus tous fous, car elle est effectivement inacceptable. On ne s'y habitue jamais, personne ne peut s'y habituer, même pas à 100 ans... L'être humain est fait pour l'immortalité, et un jour, la science rendra probablement la chose possible. La mort est la source de tous nos problèmes... En fait, notre unique problème, le plus grave après celui de trouver de quoi manger et de s'accoupler, c'est la mort. La mort ne nous va pas bien, elle nous détraque le cerveau, elle nous fait multiplier les entités consolatrices, ou bienfaitrices, ou encore, faiseuses de justice, etc.

vendredi 11 décembre 2009

Marcheur par temps froid

À la sortie du gym, de fortes bourrasques me soufflaient dessus. Mon entraînement avait été assez intense, beaucoup de cardio, puisque j'ai gagné sans m'en apercevoir quelques livres. J'étais découragé et à la fois en crisse après moi-même. Quand je suis sorti, j'avais deux livres et demie de moins, je me sentais mieux. Et puis, au contact du froid, l'envie me prit d'y faire face et de prendre une longue marche sur Mont-Royal, d'aller dans les librairies usagées pour essayer de trouver Le château de Kafka, Les carnets du sous-sol de Dostoïevski, Le travailleur de Jünger, Le souffle de Bernhard  et le Dictionnaire érotique de Pierre Guiraud. Je n'ai rien trouvé de tout cela. Le dictionnaire érotique que j'avais vu hier et dont la reliure laissait à désirer avait été vendu. Je l'aurais peut-être réparé avec de la colle à ph neutre, mais encore là, j'aurais été hésitant à l'acheter. J'irai le prendre à la biblio. Ensuite, je suis revenu chez moi tout en lisant dans le bus Les deux problèmes fondamentaux de l'éthique de Schopenhauer, un de mes philosophes préférés. Je me sentais bien, et je crois que c'est dû en partie au froid. Ce froid que j'ai toujours tellement détesté, je l'aime depuis ma dépression d'il y a cinq ans. J'ai appris à le comprendre, à apprécier ses «caresses brutales», à devenir «chaud» dans les froids extrêmes. Le froid était ma chaleur à moi, mon foyer dans la communion du givre.


Croire : la disposition à servir chez l'homme

L'«estime sur parole», voilà un grand problème. Certaines personnes confient tout leur argent, tout ce qu'elles ont gagné durement et chèrement au cours d'une vie à un groupe de soi-disant investisseurs sur recommandation d'un ami, ou tout simplement parce qu'elles font confiance après s'être informées quelque peu. Les gens sont naïfs, c'est la condition première de l'homme, jusqu'à ce qu'il mange un bon coup de masse sur la gueule... S'il est chanceux, il se réveillera de sa naïveté sur tous les plans, sinon, il continuera à se faire abuser de d'autres façons. Ce à quoi je veux en venir, bien sûr, on ne parle que d'argent là, mais ça fait très mal quand même, à l'égo, de s'être fait rouler aussi facilement, au portefeuille aussi, mais ça fait mal surtout en termes de perte d'une vie de labeur, et ensuite d'être obligé de retourner travailler alors qu'on n'en a plus l'envie ni  la force. Alors, ce à quoi je veux en venir, c'est que s'il est facile pour bien des personnes de confier à un tiers le travail de toute une vie sans véritable garantie ou enquête, il est encore plus facile pour presque tous de confier sa cervelle et la direction de sa vie dans tous ses aspects au premier venu. Je m'explique, et là-dessus, j'ai un très beau proverbe très approprié que j'aime beaucoup d'ailleurs et qu'il m'arrive souvent de me réciter mentalement pour vérifier si j'ai vraiment réfléchi dans telle situation donnée : «Il est plus facile à un homme de mourir que de penser.» Et là je pense immédiatement à cette mère qui, après avoir reçu la dépouille de son fils mort en tant que soldat en Afghanistan, a dit tout en pleurant, à ma grande stupéfaction, mais au bénéfice de mon réalisme : «Mon Dieu qu'il était naïf.» Oui, il était naïf de croire qu'il allait sauver l'humanité là-bas, alors que tout ce qu'il faisait, c'était d'aller défendre les intérêts de grands conglomérats commerciaux, etc., et cette belle naïveté, ça lui aura coûté la vie. Cette belle naïveté qui l'empêchait, au fond, de penser...

«Confier sa cervelle et la direction de sa vie dans tous ses aspects», et à crédit : les croyances religieuses. Ils arrivent, ces grands représentants de la sagesse, de la divinité, de la sainteté, etc., qui sont le plus souvent des abuseurs sexuels  tapis comme des araignées dans leur coin de toile, et vous demandent sans aucune impudence non seulement de l'argent, mais la direction de votre conscience, et vous acquiescez poliment à ces boniments... Vous ne vous donnez pas la peine de creuser davantage ce qui aura un impact considérable et définitif sur toute votre vie, vos valeurs, etc. Vous naissez dans un pays musulman, vous devenez musulman; vous naissez dans un pays catholique, vous devenez catholique; vous naissez dans un pays évolutionniste ou nihiliste, vous devenez évolutionniste ou nihiliste, etc. Vous ne faites toujours que suivre...

Est-il possible de dire, une fois pour toutes : «Je doute et je suspends mon jugement sur la valeur totale de la vie»? Parce que je n'en sais rien au fond, et les soi-disant «détenteurs de la vérité» devant vous qui prétendent en connaître davantage, n'en savent pas plus que n'importe qui. Ce ne sont que des mortels comme vous, et personne n'est jamais revenu de la mort pour nous dire ce qu'il y avait de l'autre côté, si même il y a quelque chose. Je me dis que je n'ai aucun souvenir d'avant ma naissance, ni aucune impression de temps, et je ne me souviens même pas d'avoir voyagé avec les esprits : ça sera pareil quand je serai mort : il n'y aura rien. Vous répondrez : «Je suis unique, tout sera perdu!» Et je réplique : «Tu vois cette branche d'arbre? Nous sommes d'accord pour dire qu'elle est unique, autant que ce grain de sable que voici, si on l'examine bien, mais ça ne les empêche pas tous les deux d'être banals...» Oui, tu es banal comme les étoiles! Mais tout cela ne m'empêche pas de bien agir, d'être bon avec les autres, avec moi-même, et de trouver la vie belle, même si la Terre me semble parfois peuplée d'idiots. Cyrulnik appelle ça, je crois, la «résilience».


jeudi 10 décembre 2009

Le beat, c'est l'homme

De ces jours-ci, je suis occupé à produire de la musique avec mon nouveau logiciel Reason. Mais avant de produire des pièces complètes, je dois comprendre ce magnifique joujou, et ce n'est pas une mince tâche... Disons que j'y vais par étapes. Quand je suis écoeuré, j'enregistre ce que j'ai fait et ferme la boutique. Depuis que je m'amuse à créer des beat, je ne pense plus pareil : je pense en termes de musique, de son, de beat. Et je me surprends moi-même, car je croyais dur comme fer (en fait, c'est ce que je voulais depuis des années) que j'allais faire de l'industriel, de la musique méchante, heavy, qui pète les oreilles, mais non... Je fais de la musique qui va du hip-hop au trance, et j'adore ça. La musique sort de moi naturellement. Je me réveille le matin et j'ai une toune toute prête dans ma tête. Il faut que ça soit dansable ou que ça me mette dans un mood pour lire un bon livre, écrire, ou encore étudier, concentré au café. J'aime beaucoup l'effet du trip-hop sur les capacités de concentration, mais j'aime encore davantage la musique qui permet vraiment la réflexion, le genre de John Tejada ou le dernier de LFO Sheath, qui m'impressionne par son style glitch unique, autant que les albums précédents. J'adore le glitch, mais je n'ai pas encore composé de pièces de ce genre, ça va venir. Ma règle en musique : le minimalisme. C'est la règle de LFO depuis le début, mais peut-être aussi du glitch en fait, dans l'ensemble. J'adore la simplicité jointe à l'efficacité du beat : simple, beau, bon, et efficace : l'efficacité maximum avec le minimum de ressources, de sons, de beat. Il faut insister davantage sur la configuration, l'arrangement de la pièce, du rythme, que sur la richesse sonore. Une autre chose essentielle pour moi à ce qui fait la qualité d'un album, c'est sa «narrativité». Les meilleurs albums, ceux qui font qu'on les aime en entier, reposent souvent sur une idée, une histoire : l'album semble raconter une histoire, ou, en tout cas, il y a un contexte de chansons qui se rejoignent l'une l'autre, qui se répondent en quelque sorte. Je pense ici à l'album Anamorphosée de Mylène Farmer que j'aimais beaucoup à l'époque, mais il y en a plein d'autres, 100th Window de Massive Attack, ISDN de The Future Sound of London, et ceux à forte narrativité comme The Downward Spiral de Nine Inch Nails, Midwest Pandemic de Twelve Tribes, les albums de Pink Floyd surtout pour The Wall, mais aussi The Final Cut, etc.

dimanche 6 décembre 2009

La classe de Dieu

5-5-07
Une image ne vaut pas mille mots, car beaucoup de mots, d'impressions, de sensations ne passent pas dans l'image : «[...] et il eut bientôt peur de cette étrange absence d'événements.» Musil, L'homme sans qualités, p.93

6-5-07
Dans tout ce que nous faisons, nous obéissons à des règles. Vivre en société, c'est obéir à des règles. Les criminels, ne voulant obéir aux règles de la vie en société, sont obligés de se plier aux règles de la vie carcérale : des règles autrement plus dures. On ne peut échapper aux règles; on ne peut que faire un choix de règles à suivre.

Conclusion de G. Proulx, après 4 pontages : «Il ne sert à rien de gueuler.»

L'«ordre» de Newton et les comètes. Que tout doit être en ordre, selon Dieu. Il aurait été bouleversé par le chaos de l'infiniment petit.

Il n'y a rien d'immobile. La chaise sur laquelle je suis assis dans cette pièce se déplace avec la Terre à 600 km/h, et le système solaire lui-même se déplace encore à des vitesses fulgurantes à l'intérieur de la galaxie, qui elle-même se déplace à son tour à des vitesses inimaginables. Ainsi, au «total», la chaise sur laquelle je suis assis alors que j'écris ces phrases, se déplace avec moi dans l'espace à des vitesses infinies. Tout est en mouvement.

Les prédateurs n'attrapent, la plupart du temps, que les éléments faibles d'un troupeau; ils sont, en un sens, des «régulateurs». Les éléments faibles ou séparés du troupeau, ou encore, manquant de vigilance, sont attaqués : ils deviennent des proies. J'ai été frappé par l'instinct maternel de la mère gnou pour son petit qui se retrouve séparé du troupeau lors de la traversée du fleuve. Sa mère retourne seule sur l'autre rive pour le retrouver et le ramener avec le troupeau. Cet instinct maternel est essentiel et fondamental pour la survie des espèces. La différence, pour nous, c'est que notre «instinct maternel» doit s'étendre à tout le domaine du vivant, et pas seulement à nos semblables. C'est là que réside le véritable test moral de l'humanité. Le courage de la mère gnou pour retraverser le fleuve seule, au mépris des crocodiles prêts à tout instant à la déchiqueter, et rejoindre son petit en détresse m'a touché profondément. Je ne pensais pas que ces animaux «grégaires» et que nous avons habituellement tendance à mépriser pouvaient avoir un tel comportement. Ceci veut dire que les boeufs, porcs et volailles que nous abattons machinalement peuvent avoir un comportement semblable.

7-5-07
J'ai rêvé à frère André. Il me montrait deux livres : un grand, le livre de la classe de la société humaine; un plus petit, le livre de la classe de Dieu. Toute personne appartient à l'une de ces deux classes. Je me suis agenouillé devant le coeur du frère André, seul, dans l'Oratoire désert, après une marche de six heures.

Pensées matinales

«Enragé du temps», pas sûr aujourd'hui. Je ne sens plus l'urgence du temps depuis que j'ai abandonné ma maîtrise, il y a de cela trois semaines. J'ai abandonné mon rêve de devenir professeur de philosophie. Je ne sens plus la pression qui me pesait si énormément, et si inutilement. J'avais besoin de m'écouter moi-même, au lieu d'avoir toujours le nez fourré dans les pensées des autres pour faire des dissertations, qui ne faisaient, au fond, que me salir. Pourquoi me salissaient-elles? Parce que je n'avais pas envie de lire ces auteurs. C'est ce qui est le plus important et que personne ne comprend jamais, parce que l'impératif est à la «production» : on ne peut pas se forcer à lire un livre, puisqu'invariablement, on finit toujours par lui manquer de respect, et on ne lui rend au bout du compte jamais justice, précisément à cause de cela. Ce n'est pas rendre service à un auteur que de vouloir absolument le faire connaître à tous ceux qui ne «désirent» pas le connaître. Il faut apprendre, ou réapprendre à désirer un livre, un auteur; il faut avoir soif d'un livre pour pouvoir bien le lire et le respecter. Au fond, c'est comme pour les femmes, en amour : celles qui ne savent pas se faire désirer n'ont jamais tout le respect qu'elles méritent. C'est le même principe. Il faut susciter la curiosité d'abord, mais nous avons appris aujourd'hui en matière d'éducation, de «connaissance», à sauter cette étape : on nous fait avaler tout, tout rond, et ensuite on se demande pourquoi certains font des indigestions. S'ils font des «indigestions», ce n'est pas parce qu'ils sont moins bons que les autres, mais parce qu'ils aimeraient pouvoir «goûter» à ce qu'ils se mettent en bouche, et surtout, ne pas manger n'importe quoi. Pourquoi toujours être si pressés? Il faut faire une différence entre fabriquer des gugusses qui auront une utilité immédiate et temporaire, et créer les conditions qui permettront de créer des choses ou des oeuvres qui viendront chercher toute la sève d'un individu. Il faut faire une différence entre ce qui demande du temps, de la croissance, de la maturation, et ce qui ne demande que le temps minimum des étapes à suivre pour sa fabrication, ce qui se trouve, au fond, avant tout, sous l'impératif de l'efficacité.

«Abandonner un rêve», c'est terrible, direz-vous. Peut-être que je reconsidérerai la chose dans quelques années. Pour l'instant, j'ai besoin de paix, de paix pour créer; j'ai des projets en tête, et je ne peux pas mener de front la maîtrise, mes deux emplois et mes projets de musique et d'écriture. J'ai besoin de paix, en fait, profondément besoin de paix, depuis ma deuxième peine d'amour. Cette peine d'amour a été très douloureuse, et à l'époque, je désirais fortement tout abandonner pour aller travailler la terre, les plantes, je rêvais d'horticulture et de calme. Je rêvais de retraite, loin de tout, mais en contact direct avec la nature. Je voulais m'isoler pour me permettre de guérir, mais je désirais, avant tout, une autre façon de penser, un autre mode de vie. J'en avais plus qu'assez de traverser la vie en voiture de course, je voulais réapprendre à marcher, à observer, voir mon environnement, le toucher, le découvrir, interagir avec lui, et surtout, respecter mon temps intérieur, arrêter de toujours taire ce que mon corps me disait et me faire violence. Cette peine d'amour n'a pas été que douloureuse, elle m'a été extrêmement utile, car j'ai compris qu'il y avait des choses qui ne marchaient pas dans ma vie. Après ce deuxième échec, cette deuxième «volée», qui m'a coûté une dépression de six mois pendant mon baccalauréat (et moi qui me croyais à l'abri), j'ai compris que le corps, l'esprit et les émotions ont leurs limites, leurs lois, et que nous ne les respectons pas la plupart du temps. Pourquoi? Parce que nous nous percevons, à tort, comme des machines, et que nous manquons d'amour envers nous-mêmes et envers les autres. Il faut arrêter de se demander d'où vient cette perception tordue de nous-mêmes, si elle vient de Decartes ou un autre, cela n'a aucune importance, il faut seulement s'en débarrasser au plus vite comme d'un poison qui menace de tuer toute forme de vie : la Nature n'est pas non plus une «machine» : ce que je veux dire par là, c'est que la Nature n'est pas quelque chose qui est essentiellement «à notre service» et à laquelle on ne fait que «passer des commandes». Comme dans l'histoire de Bouddha sur la personne qui fut blessée par une flèche perdue, l'important n'est pas de savoir qui a tiré la flèche, comment et pourquoi, car celui-là sera mort avant d'avoir trouvé la réponse, mais de l'enlever, tout simplement. Si nous ne comprenons rien, ce n'est pas parce que nous sommes moins «bons» ou moins «intelligents», mais avant tout parce que nous sommes d'abord «bouchés». Nous nous percevons comme des machines parce que nous sommes bouchés, et nous sommes bouchés parce que nous nous percevons comme des machines. Descartes aurait très bien pu dire, à son époque, qui ne comprenait déjà plus rien à force de répéter et de dire machinalement ce que les autres ont toujours dit et répété à leur tour machinalement : «Je pense, donc je suis bouché.»

samedi 5 décembre 2009

Les âmes brisées

4-5-07
Je suis un enragé du temps; je n'ai plus le temps ni la patience. Mes idées, mes actions, mon attitude se radicalisent. Je n'ai plus rien à foutre des conventions. Je deviens ce que je suis. Je m'assume, la vérité à tout prix, et plus que jamais. Si la vérité finit toujours par venir au jour, mentir c'est dire la vérité d'une autre façon, sans le mérite.

24-4-07
Les actes qui ne se justifient pas, et qui ne peuvent être qu'objets de honte. Ce sont les actes qui créent des divisions irréversibles, entre les individus, entre les peuples.

27-4-07
Le particulier n'a aucune valeur, mais du fait de son unicité-limite, ce qui lui confère une extrême rareté, il possède la plus grande valeur. Cette valeur tendant vers l'infini, le particulier, l'individu, transcende la valeur : il n'est pas à comprendre en termes de valeur, et pourtant, c'est ce que nous faisons avec tout et tous, partout et tous les jours. Ceci amène la pensée qui est capable de tout évaluer, mais qui est «à côté» de la réalité : schizo.

1-5-07
Quand le métro arrive, il ne sert à rien de regarder de l'autre côté de la voie. Fais avec ce que tu as. Les personnages de mon roman font des choses contradictoires, ils ne font pas ce qu'ils disent. Ils ne savent pas non plus exactement ce qu'ils pensent, ils sont obscurs, difficiles à comprendre. Revirements : comme dans la vraie vie.

Il est possible que ceux qui vivent une grande peine d'amour, dont les sentiments sont profondément troublés, aient une tendance à se livrer sexuellement à tous, et à aucun.

Certaines personnes cherchent à fuir, à travers la prostitution, une douleur irréparable. Chaque nouveau client est une vengeance sur l'être aimé. Et une vengeance sur soi-même, une punition à soi-même pour avoir aimé et ne pas avoir pensé en termes de «quantité». Maintenant, c'est tout l'inverse qui se produit : l'esprit calculateur prend le dessus, il n'y a plus «don», mais «échange» : sexe contre argent. Don minimum de soi (dans la prostitution) contre don maximum de soi (dans l'amour). Entre âmes brisées, l'amour est possible à nouveau.

Confort à la maison

Ma blonde en train de lire avec sa chatte


Celle qui est la plus confortable là-dedans, c'est la chatte. Pourquoi? Parce que l'être humain est fait de telle façon que c'est toujours le confort des autres qui a l'air confortable, alors que son propre confort, il ne le goûte jamais. Pourquoi? Parce qu'il aimerait se percevoir lui-même comme une chose en train d'être confortable pour pouvoir entièrement apprécier son confort, mais c'est impossible : on n'est jamais complètement extérieur à soi-même. Par contre, on l'est sur les photos, c'est pourquoi elles reflètent le confort idéal, éternel, qui n'existe, en fait, que le temps d'un battement de cils. La photo est la trace évanescente, fugitive, d'une «irréalité» réelle : l'écoulement irréversible du temps «objectif», de la durée, du corps et de l'esprit dans le temps, et le rapprochement inquiétant de l'instant final de la mort.

Law and Order 1

Bordel


Élagage


Je viens de redécouvrir en ouvrant Sein und Zeit de Martin Heidegger que j'ai été le chercher à l'Institut Goethe jeudi le 7 mars 2002 à 13:45. Intéressant.

En finir avec les chefs-d'œuvres

en cours...

Party de bureau

Je parle au téléphone, ma blonde essaie les vêtements qu'elle s'est achetés hier. Elle me dit : «Tiens, regarde!» Mes yeux explosent : jupe tulipe en satin colorée, haut cache-coeur en soie noir, collier ras le cou et talons hauts à la Galiano. Je lui dis : «Coudon, as-tu un amant au bureau toi?» Elle était très sexy, trop sexy peut-être, je regardais le frisou en arrière de sa jupe. «Et tu vas mettre les souliers sexy que j'aime tant AU party de bureau?», elle réplique, «Je peux en mettre d'autres...» Je la trouvais un peu osée, mais finalement, je réfléchis deux secondes, et ne voulant pas être le chum plate qui empêche sa blonde de se sentir belle, j'ajoute : «Non, mets ça, c'est beau, c'est sexy, et je préfère que tu t'habilles oversexy qu'en matante. Après tout, j'aime mieux que les autres hommes te désirent et m'envient, au lieu de trouver que j'ai une blonde moche.» Ma blonde termine en riant : «Je reconnais ton côté Lion là!»




vendredi 4 décembre 2009

Un gars, un soir 1

J'ai nourri ma chatte, parce qu'elle miaulait dans la cuisine. Mais là, elle continue à miauler dans la chambre parce qu'elle n'aime pas quand sa bouffe est froide, elle doit attendre un peu et ensuite revenir la manger, satisfaite. Pour l'instant, elle est frustrée comme d'habitude et veut de l'attention. Elle m'épie, alors que je tape ce message. Tantôt, je vais probablement tremper quelques nachos dans de la salsa en regardant une poursuite policière au 20, tout en pensant au sexe, ce sujet fondamental de la vie des zhommes.

Une autre esti de soirée plate

J'ai pas envie d'écouter les Vendredis policiers au Canal D, pas envie de manger, pas envie de lire les bons livres que je me suis achetés, pas envie de boire la bière pas bonne que j'ai achetée hier soir, pas envie d'écouter de la musique, pas envie de sortir... Je suis comme pris dans une impasse là... Je pense que je vais me raser, mettre mon après-rasage en gel dont j'aime bien la senteur épicée et m'ouvrir une bière, parce que j'ai acheté de la Slimone Ale pour la boire entre deux mauvaises nouvelles bières à marde, des soi-disant «lagers», pas buvables, dont je tais le nom (c'est une compagnie d'icitte).

mardi 1 décembre 2009

Sondage - Max et le Nerd de laboratoire

Le Nerd est très direct et a obtenu un baccalauréat en Nerdologie. Pendant ses études, il a consacré beaucoup de temps à faire chier des gars comme Max avec ses jokes plates et ses expériences de rats de laboratoire de logique et de probabilité.

Quelle est la probabilité que le Nerd, s'il croise Max :


• reçoive une paire de claques de la part de Max?

• reçoive une paire de claques et un coup de pied au cul de la part de Max?


Vous devez classer les traits descriptifs de cette liste en commençant par le plus probable et en terminant par le moins probable. - - -

Selon la logique du Nerd, le premier énoncé est logiquement plus probable; mais selon la bonne vieille logique de notre bon vieux Max, c'est le second qui est beaucoup plus probable. C'est ça le problème avec le test présenté précédemment.