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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 10 octobre 2013

De l'inconscient chez Platon

Ce n'est pas parce qu'on donne un nom à un phénomène qu'il n'existait pas auparavant ou qu'on ne le connaissait pas déjà.

En voici une preuve de plus: pour Platon, l'âme est divisée en trois parties: la partie désirante (τὸ ἐπιθυμητικόν), la partie ardente (τὸ θυμοειδές) et la partie rationnelle (τὸ λογιστικόν).

Cette tripartition de l'âme se poursuit chez Aristote en végétative, animale et intellective. Et beaucoup plus tard, nous arrivons, sans surprise, au ça, au moi et au surmoi de Freud, qui sont donc loin d'être des découvertes originales. Je rappellerai que les écrits de Platon datent d'il y a environ 2500 ans. Certaines de ses idées, par contre, sont probablement beaucoup plus anciennes que ses écrits: certaines ont été influencées par Pythagore, d'autres par l'orphisme.

Fait intéressant: chez Platon, l'harmonie entre les trois parties s'appelle la «justice», et ces trois parties se retrouvent autant au niveau individuel qu'au niveau de toute la société, c'est-à-dire que la société sera le reflet de ces trois parties que nous trouvons dans l'âme individuelle. La partie désirante sera identifiée aux agriculteurs et aux artisans, la partie ardente aux gardiens, et la partie rationnelle aux dirigeants. L'harmonie entre ces trois classes est donc la «justice». Un site extrêmement intéressant sur la question: The Internet Journal of the International Plato Society.

Voici l'extrait qui parle de l'inconscient dans la République de Platon:
« - Mais de quels désirs et de quels plaisirs parles-tu? demanda-t-il.
- De ceux qui s'éveillent durant le sommeil, répondis-je, chaque fois que l'autre partie de l'âme - la partie qui est rationnelle, sereine et faite pour diriger - est endormie et que la partie bestiale et sauvage, repue d'aliments et de boissons, s'agite et repoussant le sommeil cherche à se frayer un chemin et à assouvir ses penchants habituels. Tu sais que dans cet état elle a l'audace de tout entreprendre, comme si elle était déliée et libérée de toute pudeur et de toute sagesse rationnelle. Elle n'hésite aucunement à faire le projet, selon ce qu'elle se représente, de s'unir à sa mère, ou à n'importe qui d'autre, homme, dieu, animal; elle se souille de n'importe quelle ignominie, elle ne renonce à aucune nourriture, et pour le dire en un mot, elle ne recule devant aucune folie ni aucune infamie.» 
Platon, La République, Livre IX, 2002, p.446 

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