Je me rendais à une entrevue pour un emploi. Je révisais les réponses aux questions qu'on allait probablement me poser et je suis tombé sur celle-ci : «Qu'est-ce que vous recherchez d'un patron?» - Qu'il soit cool, friendly, souriant, qu'il ne me pousse pas constamment dans le cul, qu'il me donne régulièrement des augmentations? - Mauvaises réponses. Ce que je recherche d'un patron c'est qu'il me donne des consignes claires. Toutes les réponses données en entrevue doivent être teintées de cet esprit d'obéissance. Chose à laquelle je dois m'habituer, à ce qu'il paraît, car mes résultats en entrevue sont toujours pourris. Je ne peux m'empêcher d'imaginer Nietzsche, Einstein ou Dali devant un employeur en train de dire : «je veux qu'on me donne des consignes claires.» Une situation absurde où un génie se retrouve à genoux devant un gros capitaliste producteur de bidules ou de malbouffe de merde et qui se fout de tout, sauf de son portefeuille.
Pourquoi veut-on absolument mouler notre esprit dans la rhétorique de l'obéissance? Est-ce que le capital n'est pas en train de niveler tout le monde par le bas en produisant des individus identiques? Ce climat funeste n'est-il pas en train de tuer la créativité, l'impulsion vitale qui est à la source de toutes nos richesses?
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