Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 14 mai 2010

La raison de ma misanthropie

J'ai envie d'écrire et en même temps non. Y a rien qui sort de cette maudite tête vide, de ce maudit corps amorphe, apathique, douloureux... Je suis frustré de moi-même, c'est pourquoi je me bois, je me bois, je me bois, en course vers la maladie et la mort, toujours aux extrêmes, je n'aurai jamais rien fait de bon à part chialer et rêver. Il est si difficile de s'élever au-dessus de la merde qui nous entoure, que lorsqu'on y parvient, pourquoi voudrait-on encore aider le monde? Ce serait faire preuve d'un idéalisme incorrigible ou de naïveté. Pour ceux qui y arrivent, mes félicitations, mais je ne serai pas de la partie, j'ai trop souffert des petites gens, des lilliputiens : j'ai décidé de jouer le rôle de l'«ennemi».

Je me sens depuis des années apathique, sans idéal, désillusionné, à bout de force. Je ne sais pas à partir de quel moment tout a foutu le camp dans ma tête. J'en avais ras le bol de la philo à la fin de mon bacc; de toute façon, j'ai tellement eu de difficulté à le terminer, j'avais trop d'intérêts contraires. Je voulais tout faire en même temps, je trouvais ça long, fastidieux, mais en même temps, je trouvais que ça allait beaucoup trop vite, je n'avais jamais le temps d'approfondir quoi que ce soit. Ainsi, ça ressemblait pour moi davantage à une parodie de culture, à une caricature du savoir, de la vraie philosophie. La philosophie était censée être une étude plus contemplative, qui demandait plus de temps, plus de réflexion, d'approfondissement du sens des choses et on était là qu'on courait comme des fous pour pondre des dissertations à pu finir : ça n'avait aucun sens et c'était en complète contradiction avec ce que la philosophie était censée être. Bref, pendant quatre ans, j'ai été un philosophe épileptique...

La génération X est nomade, et bien que j'étais déjà assez sauvage, le métier de pute m'a dégêné et m'a rendu encore plus sauvage et cynique. J'ai vu de près les petites pulsions qui animaient l'«humanité». De petites pulsions, mais si sérieuses et si importantes. Quand t'as vu tous les rois nus, ils ne t'impressionnent plus tellement. Ainsi, quand je parle à un homme, je l'imagine toujours dans ses petites pulsions... Je ne dis pas que ça les rend misérables, mais que c'est un côté que les autres ne voient jamais, et que leur perception de la réalité est différente, ce qui les aide à leur accorder une estime qu'ils ne leur accorderaient pas autrement, car je ne les connais que trop ces gens, la plupart, qui mettent tout le réel dans des compartiments bien étanches comme dans des tupperwares.

Un homme est drôle lorsqu'il t'arrive en veston cravate, sérieux, avec une situation, de l'argent, une belle auto, de la réputation, et qu'il est prêt à te payer cinquante dollars pour te sucer la queue et avaler ton sperme dans l'auto dans un coin sombre en dix ou vingt minutes. Toute l'image que tu te faisais de lui au premier abord tombe, mais tu t'y habitues, et puis l'opération se répète, etc. Ça devient une seconde nature. Les hommes, par la suite, perdent leur crédibilité en général. Ils deviennent tous plus ou moins à mes yeux, de petits farfadets qui portent des masques et des costumes et qui jouent bien leur jeu, leur petite comédie d'animal sans sexe, alors que ce sont des bêtes obsédées de sexe et sans aucune fierté lorsqu'il est question de jouir. Il arrive que le client méprise la pute, mais la pute méprise presque toujours le client. Et c'est la raison précisément pour laquelle elle continue de faire ce boulot : plus elle le fait, plus elle méprise, et plus elle méprise, plus elle se dit que l'homme ne mérite finalement que d'être réduit à sa valeur monétaire.

Voilà l'origine de mon cynisme, et surtout, de ma misanthropie...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire