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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 7 mai 2010

Nous sommes bandés sur l'argent

Je ne sais pas quoi dire, un paquet d'événements négatifs hantent ma vie depuis quelques jours. Je souffre psychologiquement et physiquement, j'éprouve beaucoup d'anxiété et je suis en mode paranoïa totale. Des fois je me dis que je suis sur le point de devenir fou tellement le niveau de stress, sans véritables raisons, est élevé dans ma vie de tous les jours. Je me couche assez tard, mais je me réveille très tôt et je saute hors du lit comme un spring. Après quelques jours de ce petit manège, y a pas à dire, je suis fatigué en mautadit, et je prends un coup pour tomber knock-out, mais ça marche pas, car le lendemain je me réveille encore à 5h du mat comme un spring. Je me dis qu'à un moment donné je vais péter au frette, que c'est inévitable, que ça va arriver. La machine s'emballe et on dirait que je ne peux rien y faire. Je suis conscient que mes maux proviennent pour la plupart de moi-même, mais c'est comme une mutilation auto-immune face à la nullité de ce monde qui persiste à me garder en vie pour me parasiter.

Je sens beaucoup de pression dans ma vie. Premièrement, j'ai appris dernièrement que mon père avait le cancer, lui qui pourtant a pris grand soin de sa santé toute sa vie (il me lit peut-être là, salut pap), peut-être trop justement. J'ai beaucoup parlé de mes parents dans d'autres billets, j'ai été ingrat, insultant, mais ça, ce n'est que de la rage qui sort sur papier. Dans la réalité, je continue à parler à ma mère et on réussit à avoir une relation presque normale même si j'évite la plupart du temps de lui parler pour toutes sortes de raisons, entre autres, parce que nous ne sommes pas sur le même plan du tout et qu'on n'arrive jamais à se comprendre, en plus de devenir de plus en plus prolixe avec l'âge et de se perdre constamment dans les détails et les descriptions à pu finir, je m'endors au téléphone. En ce qui concerne mon father, eh bien, ça faisait un bon bout de temps que je ne lui avais pas parlé à cause de la mauvaise entente qui régnait entre nous, mais là, avec la nouvelle du cancer, j'ai décidé après quelques tergiversations de renouer le contact afin de prendre de ses nouvelles, car on m'a dit qu'avec la sévérité du cancer de la prostate qu'il avait, il est probable qu'il ait peu de temps à vivre.

J'aurais bien voulu ne pas être touché, surtout à cause du ressentiment que j'éprouvais à son endroit, mais tout ça m'a travaillé au fil des jours, et c'est venu me chercher dans le profond. Cependant, même si j'ai réussi à lui écrire et qu'on s'est communiqué un peu, c'est plus fort que moi, le ressentiment revient comme une plaie qui s'ouvre et n'en finit pas de cicatriser : je n'arrive pas à oublier le tort qu'il m'a causé, tout comme pour ma mère. Mes parents ont pris parti contre moi à un certain moment de ma vie, et ça, je ne leur pardonnerai jamais. J'étais parti pour des études en mathématiques, j'avais besoin d'un soutien affectif car je faisais une dépression depuis mes 17 ans environ, mais au lieu de cela, allez hop! dehors mon ti-gars, relève tes manches et va travailler maudit pareusseux... Eh ben, un an plus tard je fumais du crack, je sortais avec des putes et j'allais moi-même devenir pute avant de collectionner les rapports au poste de police. Ils ont vu ça, ma déchéance : ils n'ont rien fait... À 21 ans j'avais un pied à l'Université de Montréal, mais je n'avais assez d'argent que pour une session, alors je n'ai pas pu poursuivre mes études. J'étais super bon et j'avais plein de potentiel, je comprenais tout, j'assimilais rapidement : tout ça, gâché pour rien. J'ai été littéralement abandonné par ma famille comme si je n'avais jamais existé; même au plus profond de la merde et après une tentative de suicide, tout ce qu'on trouvait à me dire c'est arrange-toé maudit pareusseux...

J'étais un boulet comme disait mon père, et mes études à l'université ne valaient rien. Il fallait que je fasse un homme de moi et que je travaille, que ce soit n'importe quoi, on s'en fout hein, puisqu'il n'y a pas de sot métier (par contre, irais-tu te vanter au bar devant les filles que tu ramasses des poubelles?). On ne voulait pas reconnaître que je n'étais pas du type à travailler dans un snack bar ou une usine. Mais il semble que dans ce monde démocratisant que ce qui est bon pour un est bon pour tout le monde. One size fits all, néanmoins, j'aurais préféré me suicider que de travailler dans ces endroits, et c'est ce que j'ai fait, au ralenti. Depuis ce temps du rejet, j'ai toujours été pris à la gorge et je n'ai jamais trouvé ma place nulle part. Je n'étais pas capable d'accéder aux études supérieures, j'ai comme abandonné le projet pour m'enfoncer toujours plus dans la dépression, la coke et la merde. Je me sentais trahis, aimé de personne, et l'insulte de mon père que je n'étais qu'un boulet retentissait en moi et venait se confirmer toujours davantage du fait même de mon enfoncement. C'était carrément imbécile de venir dire ça à son fils au lieu de l'encourager, mais que pouvait-on attendre d'autre d'un père qui se faisait brasser le yaourt entre les deux oreilles par sa secte élitiste des petits bonzhommes verts? On persistait à ce que je devienne un champion au jeu du fer à cheval, alors que je ne pensais qu'au jeu d'échecs : je trouvais ce monde profondément ennuyant et crétinisant.

À continuer un jour...

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