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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 17 mai 2010

L'athéisme : un darwinisme fini

Bon. Je ne ferai pas une critique systématique de l'athéisme ce matin, parce que je n'ai pas juste ça à faire et que je n'ai pas tellement envie d'écrire. En plus, si je fais un beau travail complet de critique, y en a sûrement qui vont s'atteler avec leur Raison, leur Liberté, leur Progrès et leur Darwinisme, et je serai pas sorti du bois de la journée, ce qui va m'empêcher de lire La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale de Husserl par exemple.

Alors, je vais être bref :

1. L'athéisme ne peut pas s'opposer efficacement au théisme, la preuve: Teilhard de Chardin réussit à concilier créationnisme et évolutionnisme.

2. L'étroitesse d'esprit crasse des athées : dans le livre de Braun sur l'athéisme au Québec, il parle de quatre positionnements fondamentaux, pour simplifier le choix j'imagine, qui sont l'athéisme, l'agnosticisme, le déisme et le théisme, mais il ne parle pas de ceux qui croient que nous venons de l'espace tout simplement, que nous sommes les frères et soeurs de civilisations hautement avancées sur le plan scientifique. C'est toujours exclu d'avance cette hypothèse comme étant farfelu, mais pour moi ce ne sera toujours qu'une autre preuve du manque d'imagination des athées darwinistes.

3. L'athéisme ne vit toujours qu'en opposition presque pure au théisme, il s'en nourrit, et les positions d'«opposition», ce n'est pas ma tasse de thé. Je préfère l'incitation à l'ouverture des horizons, au doute sur tout, au questionnement. Les petites critiques mesquines et culturellement bornées envers les croyants ne me font penser qu'à des enfantillages d'adolescents révoltés contre l'autorité. Avant de partir en guerre contre les musulmans par exemple, en les réduisant tous à des talibans potentiels, lisez donc le Coran.

4. Dire : «Je crois à la matière» n'est pas un argument. En effet, le matérialisme ne veut rien dire. À la limite, ça pourrait vouloir dire «Je crois à ce qui est devant moi» ou «Je crois à ce que je vois, à ce que je touche, à ce que je perçois en général concrètement» ou «Je crois à ce qui se laisse prendre des deux mains» ou «Je ne crois pas aux fantômes»... Wow, quel idéal! Il faut juste creuser un peu pour voir que dans l'atome il y a des électrons, des protons, des neutrons, et ensuite, quand on creuse un peu plus grâce à la physique atomique, on trouve 47 espèces de particules élémentaires dont on n'a pas pu identifier la structure interne... Aussi, dans ce monde subatomique semble régner le chaos total : il ne semble pas y avoir d'«ordre», ce qui vient donner un coup à la possibilité d'organiser ou de comprendre le tout rationnellement.

5. La matière est un trou sans fond et vous voudriez me dire : «Je ne crois pas à vos chimères, mais je crois à la matière»? Je pourrais tout aussi bien rétorquer : «Quelle différence?»

6. Sur le parti pris pour le «rien» après la mort : Qu'en savez-vous réellement? N'est-ce pas qu'une autre opinion? Ainsi, vous voyez, on critique le théisme, mais on se permet quand même de refaire les mêmes erreurs, c'est-à-dire, de s'aventurer un peu trop loin.

7. Sur la croyance que la science et la raison sont bonnes en soi : la science et la technologie ne sont que des instruments, ils ne nous disent pas ce qu'il est bien de faire. Aussi, chercher une éthique dans la science, c'est comme chercher des vérités sociologiques dans la théorie des ensembles. La raison est dialectique et elle arrive elle aussi comme la stupidité, mais au deuxième degré, à des impasses. Nous avons un bel exemple ici avec la Bombe H qui était vue comme une nécessité par le physicien et grand défenseur de cet instrument de mort totale, Edward Teller.

8. Quand on pousse un peu plus loin le darwinisme, on se rend compte qu'il n'explique rien. De plus, si on croit au darwinisme, il faut croire au Big Bang... Ça fait beaucoup de kits à acheter au niveau des croyances, mais ça ne me coûtera pas cher, parce que je ne crois ni à un ni à l'autre. Le véritable ennemi de la science, de la raison ou de l'athéisme ou du darwinisme, appelez ça comme vous voulez, c'est selon, ce n'est pas Dieu, ou l'âme, ou la croyance en un Jugement dernier, non, le véritable ennemi des «Lumières» c'est l'«infini» qui vient mettre du sable dans les rouages de la petite raison calculatrice...

9. Une autre chose qui ne me revient pas avec le livre de Braun (Québec athée) : sa critique de Nietzsche pour son concept de «volonté de puissance». Pourtant, Nietzsche, avant de tomber dans la folie, avait lui-même abandonné l'idée. Ceci démontre une fois de plus qu'on varge sur des philosophes et qu'on en met d'autres sur des piédestaux sur la base d'une connaissance assez sommaire et superficielle de la philosophie et des grands penseurs. On ne cherche que de nouvelles idoles, et c'est la raison pour laquelle on se dépêche tant de tout foutre dans des sacs préétiquetés. La conséquence pour Nietzsche, c'est qu'il est réduit à une grosse caricature, tout comme Schopenhauer d'ailleurs et Kundera, qu'il ne se gêne pas pour égratigner aussi en passant de ses petites griffes de belette...

À continuer...

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