1.
Big drug.
Longtemps, je ne me suis pas couché de bonne heure. Je lui ai dit que je voulais essayer. Elle m’a dit de ne pas le faire, mais n’a pas vraiment
résisté lorsque la gang a commencé à fumer. Tout s’est déroulé très vite, et je
n’ai pas vraiment eu le temps de soupeser ma décision. On m’a dit de venir dans
la salle de bain, je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était entassé
là-dedans, assis par terre, sur le rebord du bain et de la toilette, mais cela
semblait faire partie du rituel, de se cacher ainsi, en silence, pour fumer. Weird. Je me suis accroupi près de ceux
qui étaient assis sur le rebord du bain, et on m’a montré comment il fallait
fumer le crack. Dans la salle de bain régnait une odeur de parfum fatigué, de
maquillage, de cigarette, de sueur neuve, et de gasoline. On avait arrangé une
pipe avec une canette de Coke légèrement écrasée au milieu. On avait fait plusieurs
petits trous avec une épingle au centre de l’aplati, on avait fait aussi un
trou un peu plus grand sur le côté de la canette. À chaque prise, on changeait
la cendre qui était déposée sur les trous, car on me dit qu’elle n’était plus
bonne pour faire fondre le crack au-dessus de ceux-ci. La cendre servait à
supporter la roche, tout en laissant passer la fumée. À mon tour. On installe la cendre et la drogue pour moi, on me
montre ensuite comment tenir la canette pour m’envoyer en l’air, à un
point tel, que je ne peux encore m’imaginer : de la main gauche, je la tiens,
et je garde mon pouce sur le trou du côté gauche. Je dois brûler la roche de
crack avec le briquet, mais pas trop vite et pas trop près de la roche. Il est facile de manquer son coup. Il y a
toute une technique de la cendre que
je ne connais pas encore. Je dois inspirer très tranquillement, une seule fois,
mais profondément, et retenir ma respiration environ deux secondes. La flamme
doit venir lécher la roche lorsque j’inspire, tout en douceur. Un crépitement
se produit, c’est la roche qui fond au centre de la canette. La fumée blanche,
épaisse, qui sent la gazoline, entre dans mes poumons. Je sens une chaleur
envahir tout mon corps, mes oreilles bourdonnent, j’entends tout comme dans un
long tuyau, mon champ de vision se rétrécie, j’ai l’impression de monter très
vite en ascenseur dans une autre dimension qui donne le vertige. Dès que le
buzz retombe, je me sens mal et je tremble déjà pour une autre prise. Ça y est!
C’était tellement bon! C’est mon départ pour l’Autre monde. Je suis. Addict. A-dict. Sans parole. Ennemi du système. J’écris pour tous les
marginaux, qui sont morts dans l’indifférence de cette société pourrie.
2.
Je t’écris pour te dire que je pense souvent à toi. Je ne
sais plus comment te rejoindre, je ne sais plus quoi te dire. Mais je sais que
j’aimerais être avec toi, et que tout aille comme c’était supposé aller entre
toi et moi. Je sais que je t’aime. Je
t’aime, mais je ne sais pas quoi te dire de plus. Je sais, t’en voudrais
plus. Mais je n’ai plus rien. J’ai perdu la faculté de parler comme avant. Ma
situation est tellement différente depuis que nous nous sommes vus la dernière
fois. C’est comme si ça faisait des siècles. En fait, je ne sais pas quoi te
dire, parce que je ne sais plus si tu pourrais m’aimer encore aujourd’hui. Tu
semble tellement loin. Je semble tellement loin. Je suis perdu. Je t’ai perdu. Ma
vie a changé. Je t’écris pour te dire que j’ai choisi de partir, et que je ne
reviendrai jamais. Je sais que tu sais probablement que je suis une pomme
pourrie. Que je suis condamné. Je
comprends pourquoi tu semble t’éloigner. Je comprends que tu ne pourrais pas
comprendre. Adieu mon amour. Adieu.
3.
Lorsque je t’ai vue pour la première fois dans cette chambre
d’hôtel, tu dormais solidement, avec tes nouvelles amies, après plusieurs jours
de défonce. Les filles ont dit de toi que tu
ne faisais pas une très bonne nouvelle pute. Que tu prenais des risques,
comme de t’asseoir sur la queue d’un client, sans capote, et d’y aller à fond
la caisse, comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’était carrément suicidaire.
Je t’aurais pris dans mes bras et emmené loin de tout ça, mais tout ce que j’ai
pu faire, c’est te voler un baiser pendant ton sommeil. Le lendemain, tu étais
rendue ailleurs. On disait que tu t’appelais Marie, mais je sais que toi seulement aurais pu me dire ton vrai
nom.
4.
À Toi, je t’écris
pour te dire que je me souviens de ces soirées d’hiver passées à la patinoire
extérieure du Hâvre-des-Îles, seul, tard le soir, parce que mes envies de
patiner étaient toujours retardataires. Il faisait si froid que je revenais les
joues rouges et comme buzzé. J’avais beaucoup patiné, j’étais beaucoup tombé,
et j’avais mal à plusieurs endroits. Je me cognais même parfois solidement la
tête, mais je me relevais et je continuais après avoir repris mes esprits. La
patinoire était éclairée par quelques lampes branlantes au vent. Mais souvent,
la nuit était immobile, c’était tellement calme, que j’avais comme l’impression
d’être figé dans le temps. Perdu dans l’Arctique, et bientôt en détresse. J’entends
du Vangelis. Lorsque j’expirais, une
grosse buée épaisse sortait de ma bouche. À la fin de mon trip de patinage,
j’avais toujours les fesses et les pieds gelés tight. Je marchais sur mes patins à travers les parkings pour
rejoindre l’ascenseur et remonter chez moi, au chaud. Je ne patinais pas très
bien. Sans le savoir, ce furent les dernières fois que je patinais.
5.
Nous habitons un ventre. Nous habitons un corps. Nous
habitons une tombe. Les êtres que nous aimons plus que tout, adorons, admirons,
chérissons, grandissent, vieillissent et meurent, et nous ne pouvons rien renverser
ou arrêter. Le temps nous plaque au mur, nous arrache notre trésor, notre cœur.
6.
L’individu est théoriquement libéré de son milieu, de la
tradition, des obligations de croire, des impératifs du genre, mais on trouve,
comme par réflexe, mille autres nouveaux moyens pour l’oppresser, le ramener
dans la non-liberté. Tout est toujours gâché par le bon vieux fond régressif de
l’homme. Nous vivons, au bout du compte, dans le pire des mondes totalitaires,
fut-il le plus libéral et démocratique qui soit. En donnant un peu de lest
économique, le système a enlevé les moyens de le dénoncer. L’individu essaie de
se libérer, mais il est toujours et partout enchaîné par la société qui essaie
de le grégariser pour le mettre à son service. Il passera sa vie à tourner en
rond, parfois comme un lion en cage, à travailler pour elle, à accumuler des
biens inutiles, et à perdre sa vie pour cette société qu’il ne trouve aucune
raison d’aimer. Il participe à la société, participe à sa contruction, son
utopie, mais lorsqu’il appel à l’aide, il se fait massacrer et détruire par
elle. Il se fait jeter à la poubelle, parce qu’il ne lui sert plus à rien. Elle
en fait alors un «poids mort». Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler une
relation symétrique, et encore moins équitable. La société n’est pas équitable
envers les individus, et elle voudrait qu’on l’aime?
7.
Si je t’avais dit : «Ces gens vont venir et vont
prendre ton enfant», tu n’aurais pas fait d’enfant. Tu ne l’aurais pas conçu,
il n’aurait pas grandi, il n’aurait pas combattu. Tu as passé des années de ta
vie à construire un enfant, à l’élever, à l’aimer, à espérer ce qu’il y avait
de mieux pour lui, à t’attrister quand il pleure, à te réjouir quand il rit. Tu
te retrouves maintenant seule, pour toujours, puisqu’il est trop tard pour
tout. Ton fils est mort pour un pays qui s’est foutu de lui, de toi, et de nous
tous. On essaie de nous faire croire que c’est
la vie, on essaie de nous faire peur, mais ce n’est que manque de cœur.
8.
La staracadémisation, qui n’est qu’un système de
vedettisation, voudrait nous faire croire qu’on pourra détecter ceux qui
monteront au firmament, comme des étoiles. C’est comme si on s’essayait à
prédire la réussite d’un individu dans la vie, d’après ses notes à l’école. Le
vrai test dans la vie, commence surtout à la sortie de l’école, justement. Par
suite, il y a aussi le «test du temps». Qui peut savoir véritablement si ceux
qui brillent aujourd’hui brilleront encore demain? Et si d’autres, ignorés de
leur temps, se mettront soudainement à briller pour l’éternité? Celui qu’on
aime appeler le «génie» ressemble souvent au héros : il a accompli des
exploits, au mépris de sa vie, sans jamais chercher à se ménager. Il s’est
donné tout entier, comme dans l’amour tout entier.
9.
Maximus à Caroline.
Tout ces gens qui sont là pour nous «aider», nous servir, ne font la plupart du
temps que nous nuire. Ceux qui disent nous servir,
qui nous offrent des «services», sont toujours là, bien entendu, pour se servir
eux-mêmes d’abord. Nous passons notre vie à nous faire nuire par ces gens.
Médecins, psychologues, professeurs, avocats, policiers, banquiers, politiciens,
etc., les plus grands parasites de l’homme, les plus sournois. Ils veulent tous
quelque chose de nous, une parcelle
de notre chair, leur part du gâteau; ils veulent se rendre indispensables, pour assurer leur survie, à eux. La première chose
à faire, c’est de savoir se passer de ces gens le plus vite possible.
10.
Maximus à Caroline.
Cette société blesse, fait mal, ne tient pas compte des individus, de leur
bien-être, de leur liberté. C’est un peu comme dans une relation d’amour qui
tourne mal : le partenaire qui nous apportait le bonheur et un certain
récomfort devient alors comme un étranger qui nous étouffe, et dont on voudrait
se débarrasser, même au prix d’avoir à rester seul. Même au prix d’avoir à dire
«non» à tous les avantages de cette
société de merde.
11.
Caroline à Maximus.
12.
«Tu dois oublier tout ce que tu as déjà été. Tu dois oublier
ton histoire personnelle.»
Les particules passent dans un champ (de Higgs)…
Mort et non-renaissance. Variante sur Vanilla Sky. Promesses. Les clones… De l’impossibilité de la
recréation, de la renaissance…
Face à mon clone, je ne suis pas lui, il n’est pas moi… Si
on m’élimine mais qu’on le garde, qui verra la différence? Et pourtant, je
serai mort… Donc si je meurs et qu’on me recrée, c’est la même chose : ce
n’est pas moi… Je n’ai donc qu’une
seule vie.
Est-ce que la télépathie ne serait pas autre chose qu’une
simple «communication psychique»? Ne serait-elle pas plutôt une sorte
d’ouverture au grand être unique qu’est l’humanité avec une visée possible sur
des personnes en particulier? Nous formerions, en théorie, un seul être qui se
manifeste dans des individus qui se croient séparés et uniques.
Qu’est-ce qui fait que je suis intérieur à moi-même? Mon clone est identique à moi, est moi-même, mais je ne suis pas intérieur
à lui, mais seulement à moi, pourquoi?
En cage
On cogne à ma porte, je suis saoul mort et j'écoute ma
dernière chanson, le volume dans le tapis, avant de me trancher la veine jugulaire
avec un couteau à steak mal aiguisé. Je fais mes adieux à la vie, à mon
moi-même, à ce que j'ai été, à ce que je suis, à ce que j'aurais pu être, mais
on insiste à la porte : on ne me laissera pas crever en paix.
J'ouvre la porte : six boeufs les dents serrées avec gants de cuir et goggles me
font face : on est prêts pour moi. Ils ont pitonné mon dossier
et ils ont vu que j'étais un fou : ils savaient à quoi s'en
tenir et ils n'ont pris aucune chance. En bas, c'est la panique : on pense
qu'on vient arrêter un gros criminel. J'ai décidé de coopérer, à la grande
surprise des flics qui m'en étaient très reconnaissants d'ailleurs, tout en
gardant cependant un oeil ouvert. Je reste poli, civilisé, je ne
fais aucun mouvement brusque, je ne provoque pas, je ne résiste pas : on se
demande si c'est bien moi, et tellement, qu'on ne me met même pas
les menottes, «gentillesse» qui aurait été fatale à une autre époque. J'ai
décidé que je m'en foutais, j'étais déjà mort de toute façon, on ne pouvait
plus rien me faire.
C'est là que le grand voyage commence : on me trimballe un peu partout dans
Montréal comme du bétail, premièrement à l'hôpital, où je pense à un moyen de
m'enfuir, puis, finalement, dans une cellule de poste. La cellule : des
barreaux en acier, une plaque de métal surélevée glaciale en guise de lit, une
bol sans papier de toilette, des robinets qui marchent pas, des néons allumés
en permanence, pas de couverture ni oreiller et une caméra braquée droit sur la
cellule de sorte que tout le monde peut me voir chier.
Je réussis à fermer l'oeil quelques minutes avec un soulier en guise d'oreiller
et en position foetale pour bien me réchauffer. Je vois défiler ma vie, puis,
le pire le voilà, je suis revenu me dis-je, dans ce
maudit foutoir à cons. Soudainement, on apporte un hystérique, avec sa
blonde tout aussi hystérique; les deux crient comme des malades sans arrêt
parce qu'on les a mis dans deux cellules séparées. Les autres détenus sont en
crisse comme moi de se faire réveiller par ces hurlements et crient à leurs
tours des bêtises à cet emmerdeur. Quand ce n'était pas des hurlements, ils se
parlaient en amoureux, se disaient des petits mots d'amour, mais sans arrêt
comme des mantras répétés à l'infini. Les détenus tapaient dans les murs,
essayaient de tout casser. Finalement, ils ont emmené le gars dans une cellule
en rubber, l'ont attaché au sol, et puis ça été fini, on a eu la
paix. Il essayait de faire son raffut, mais on entendait que des cris étouffés.
Puis, ce fut le tour de sa blonde qui était maintenant rendue dix fois plus
folle que son chum, elle se pétait la tête dans les murs; ils l'ont attaché au
sol dans une autre cellule isolée, puis, le silence complet.
Au matin, le corps en lambeaux par toute cette dureté de béton et d'acier, on
prend ma photo du Far West : c'est inévitable : on a tous
l'air d'un vrai criminel après avoir passé une nuit d'enfer
pareille. Je regarde ma photo et je fais la remarque au photographe, il me
répond que le résultat est incroyable, et qu'on dirait que c'est
sorti tout droit de Photo Police. En tout cas, j'ai endossé mon
«habit» de criminel; on est comme forcé après la photo de constater qu'on a
une vraie gueule de criminel, alors faut s'habituer.
Fourgon cellulaire, direction Bonsecours. Là tout le monde le sait, ça va être
long en sacrament; faut prendre son souffle et patienter pour une secousse. On
se fait barouetter dans tous les sens, le fourgon est trop petit, nous sommes
trop nombreux, entassés les uns sur les autres dans le noir comme des poulets.
Des poulets sales en plus : tout le monde pue énormément, et pour ce qui est de
pouvoir se laver ou se brosser les dents, faut pas y penser avant plusieurs
jours. Inévitablement, on devient claustrophobique : menottés, compactés dans
le noir, presque sans air, on pense tout de suite à ce qui arriverait s'il y
avait un accident. Ça crie en dedans de soi-même pour sortir, mais faut
étouffer les cris, ignorer la puanteur, rester immobile, ne pas voir, bloquer
son esprit.
On se fait trimballer dans toute la ville et on ne sait jamais où on est
rendus. Un gars s'efforce de repérer les lieux par ce qu'il peut à peine voir
dans le hublot arrière recouvert d'une bonne couche de saleté. On fait un stop
ici, un stop là, on attend, attend, attend, pour rien; finalement, on croit
qu'on est rendu, mais non, on ne fait qu'embarquer les filles qui sont dans une
autre partie du fourgon, et là on sait qu'on en a encore pour des heures
d'attente, à cause des sacrées «procédures». C'est carrément interminable. On
parcourt toute la ville, sans but, puis on tourne en rond et on revient
stupidement au point de départ. Alors, les prisonniers se mettent à parler un
peu d'eux-mêmes, à conter leur «histoire». À un certain moment même, on a eu
droit à un show de boules de la part des jeunes putes de
l'autre compartiment : une vitre très épaisse nous séparait d'elles, mais on
pouvait se voir, et certaines filles se trémoussaient en me voyant dans la
série de têtes qui apparaissaient de leur côté. L'une d'elles, très belle,
avait un oeil sur moi, et je me disais que dès qu'on sortirait dans la file une
fois à Bonsecours je lui parlerais, mais je puais tellement «à l'unisson» avec
les autres, filles incluses, que je n'ai pas osé ouvrir la bouche, ni elle non
plus.
On s'est retrouvés dans la fameuse salle commune. Les filles, elles, sont
enfermées ailleurs. Pour une première fois, je pouvais commencer à respirer
depuis des heures. Les gars se regroupent en petites gangs et on se conte nos
mésaventures, c'est assez drôle parfois. Je me souviens d'un en particulier :
Mohamed Tremblay, un fumeur de crack invétéré et un abonné régulier de la
prison. On n'arrêtait pas de rire de lui parce qu'il venait d'être libéré,
disait-il, il est ensuite bêtement retourné dans le quadrilatère qu'on lui
avait interdit pour quêter de l'argent et acheter du crack, les boeufs sont
passés, l'ont reconnu et l'ont tout de suite embarqué! On était tordus de rire!
En tout, il avait eu dix minutes de liberté! Même les gardiens se moquaient de
lui.
L'heure du lunch : une sandwich au baloney, un gros biscuit à l'avoine et une
canette de liqueur. Certains troquent leur biscuit pour du tabac qu'un gars a
réussi à cacher dans sa doublure de jeans. Il se ramasse un bon
paquet de biscuits. On passe toute la journée là à attendre, attendre
interminablement, à puer, à essayer de dormir sur les bancs en bois bien durs
fixés aux murs, avec des morceaux de linge comme coussin et une chaussure pour
oreiller. On me lance des insultes, parce que mon nez bloqué par toute la
saleté et la fumée me fait ronfler légèrement. Je décide alors d'écouter et
d'observer les autres détenus. Je trouve que je suis pris avec une méchante
gang d'imbéciles et prie pour ne pas avoir à faire du temps, et que je puisse
sortir au plus vite de ce cauchemar kafkaïen. J'essaie de penser le moins
possible; je me mets en mode reptile : aucune pensée, aucune
émotion, le moins de mouvements possible, aucune parole, manger ce qu'on me
donne, c'est tout.
Je constate à chaque instant que je ne corresponds plus du tout à ces gens que
j'avais croisés dix années plus tôt. Abrutis, violents, impulsifs, sans
éducation, problème de drogue, etc. Je me sentais désormais tellement loin de
toute cette racaille et, tristement, je me retrouvais de nouveau collé de force
à eux. J'étais évidemment le seul à avoir été à l'université, mais je ne devais
pas en parler et jouer plutôt au taré.
Plus tard dans l'après-midi, on m'a annoncé que j'allais être libéré après être
passé en cour. Je pouvais désormais regarder les choses avec un peu plus d'optimisme,
mais c'était loin d'être terminé : il y avait les «procédures». Là les autres
gars m'ont dit que même si on était libérés, qu'on allait nous emmener quand
même all the way à Rivière-des-Prairies, et qu'on nous
libérerait là-bas.
Deuxième repas : sandwich au baloney, gros biscuit à l'avoine et canette de
liqueur. De retour dans le fourgon cellulaire, avec encore plus de puanteur.
Les détenus savent que les sandwichs sont faits par les femmes détenues à
Tanguay, alors on mange avec un certain plaisir, en pensant aux mains des
femmes, même si c'est toujours les mêmes crisses de sandwichs au baloney
dégueulasse depuis des années.
On arrive à RDP : surpopulation. On ne trouve aucun endroit où nous mettre; il
n'y a même pas de place dans les salles d'attente habituelles. On étire en
longueur les «procédures», à dessein, puis finalement on nous entasse dans un
minuscule bull-pen. Les gars parlent de leurs blondes la plupart du
temps, parce que selon mes statistiques ponctuelles, 80 % des détenus sont là
pour «violence conjugale», un bien grand mot, le reste c'est pour la drogue. Un
gars nous racontait que quand sa Cubaine avec qui il avait trois enfants était
écoeurée de le voir et voulait avoir la paix pour pouvoir fourrer avec son
amant, elle appelait la police et l'accusait de toutes sortes de choses. La
police l'embarque sans hésiter et il se retrouve alors pris dans les
«procédures» pour plusieurs jours. Puis, sa blonde retire les accusations :
mais le mal a déjà été fait : il a passé trois ou quatre jours à dormir sur des
plaques de métal et à pas pouvoir se laver, tout en se faisant gaver de
sandwichs écoeurantes au baloney midi et soir.
On nous a conduits dans une petite salle qui faisait penser à un débarras, et
là, on nous a dit qu'on allait devoir dormir par terre. J'en revenais pas : il
n'y avait aucune cellule de libre! Les gardiens nous ont distribué de minces
couvertures d'armée, puis on s'est cordé comme des sardines le mieux qu'on
pouvait, et on a essayé de dormir avec les néons en pleine face toute la nuit.
J'avais les pieds de mes voisins qui arrivaient près de ma tête, mais eux aussi
ils avaient les miens, bref, tout se compensait en puanteur.
Le lendemain, on nous réveille avec du café à l'eau de vaisselle et une boite
de Rice Krispies. Les gars font du chain smoking, comme
depuis le début, et c'est pour ça que j'avais tant de difficulté à respirer.
Mais un gars en particulier fume terriblement : un camionneur grec,
cinquantaine, l'air d'un bon papa, mais fêlé un peu lorsqu'il boit, impulsif
avec un grand coeur, très émotif. Complètement paf, il avait défoncé la vitrine
d'un fleuriste pour offrir des roses à sa femme. Ensuite, quand on l'avait
arrêté, il avait défoncé les vitres arrière du véhicule avec des coups de pieds
: erreur de trop qu'il n'aurait pas dû faire. Sans cela, il aurait pu s'en
sortir sans faire de temps, mais là, il allait devoir jouer aux cartes en
dedans pour un petit bout.
On nous annonce que c'est bientôt le temps de rejoindre une cellule : on me
donne des draps de lit avec des trous de mégots : ça regarde pas bien,
me dis-je. La porte s'ouvre et on entre dans le bloc cellulaire : de la saleté,
beaucoup de monde, des gangs, de sales regards, des graffitis faits au lighter.
L'air est lourd et tendu : il semble y avoir des clans : d'un côté les noirs,
de l'autre les latinos et les blancs. Je me dépêche de rejoindre ma cellule, en
me disant que je ne survivrais pas longtemps parmi cette racaille, à moins de
devenir très violent. Ma cellule est dans le désordre le plus complet,
avec de la vaisselle sale, des résidus et des détritus partout, et les murs
sont couverts de graffitis noirs faits avec des briquets. En dix ans, RDP est
passée de prison à sécurité maximum neuve, belle et propre, à
prison finie. Les prisonniers ont pris le contrôle de l'endroit, et
c'est désormais très dangereux.
Mon compagnon de cellule est un peu déçu, parce qu'il sait qu'il va devoir
rester dans cette merde et essayer de survivre. Il sait que je vais quitter
bientôt et ça lui donne envie de partir lui aussi. On commençait à être amis,
depuis les quelques jours où on a été trimballés ensemble. Puis l'impossible se
produit, on m'appelle : je suis libéré. Je lui souhaite bonne chance et puis je
retourne dans les «procédures». Fourgon cellulaire, attente, étouffement; on
nous donne des tickets de bus. Le fourgon fait un bout de chemin puis nous
largue sur le bord d'une route déserte, dans le froid glacial. Personne ne sait
comment sortir de cet endroit. On nous a donné vaguement des instructions, mais
le bus est tellement loin et il y a tellement de façon de se perdre, qu'on
risque bêtement de mourir là, «libres», mais gelés.
On marche sans savoir où on s'en va, dans la sloche, puis à un certain moment
je cours, parce que mes mains et mes pieds sont gelés. Je cherche une personne,
un signe de vie, quelque chose qui pourrait nous indiquer où se trouve
l'autobus, mais il n'y a rien : que des routes, de la sloche et des conifères.
Nous sommes totalement perdus. À une bifurcation je me dis que si je choisis le
mauvais chemin, je suis mort. La situation est cruelle : ce que je
désirais tant, ma «liberté», va possiblement me coûter la vie ou au minimum,
quelques membres estropiés à cause du froid.
En comptant mes dernières minutes à vivre, puisque personne ne trouvait de
solution, un gars est arrivé de nulle part, probablement de loin en arrière, et
nous a indiqué le chemin qu'il avait déjà fait une fois. Je sais aujourd'hui
que sans lui, on n'aurait pas pu nous rendre à l'autobus : le chemin était
beaucoup trop compliqué et il était impossible de voir l'arrêt avant d'y être
arrivé. De plus, une fois là, le bus a mis un bon bout de temps avant de
passer, tellement qu'on se demandait si c'était vraiment un arrêt encore en
service. J'espérais, on espérait, on hallucinait des autobus, parce qu'on était
gelés dur en sacrament.
Au bout d'une heure de désespoir, un bus fini est apparu : on pensait que le
moteur allait lâcher. La carcasse a tenu bon, puis on a dévalé dans le métro
comme des fous heureux, des rescapés d'Auschwitz et on s'est dispersé. J'ai pu
enfin rentrer chez moi et me laver en profondeur. Mes vêtements étaient
tellement sales que j'ai pensé à les jeter à la poubelle. Dix ans plus
tard, pensai-je, je me suis retrouvé encore une fois dans ce
merdier. C'est incroyable, me dis-je, comment cela
a-t-il pu m'arriver? Je n'y comprends rien, me dis-je, c'est
incroyable, et je n'arrêtais pas de me répéter c'est
incroyable, c'est incroyable, en sortant de la douche
devant le miroir, alors que je rasais la barbe de ma mésaventure.
1.
(Description d’un professeur qui donne son cours et qui
parle longuement, lentement, sur un ton très bas, presque incompréhensible,
soporifique, etc.)
(Parler de l’homme qui mastique dans l’autobus, et de
l’autre qui mange son fromage. Ridicule de ces gens.)
J’ai été obligé de quitter mes cours, l’université, la vie
académique, l’espoir qui m’avait tant fait rêver, et qui m’avait conduit ici,
sous l’impulsion de mes intérêts que je croyais permanents, assurés, mais j’ai
changé, imperceptiblement quelque chose a changé en moi, s’est brisé peut-être,
a tourné sur lui-même, puis, s’est renversé en son contraire, et pour finir,
s’est annulé, en m’annulant moi-même au passage.
On dira que je me suis découragé, que j’ai manqué de courage,
que je suis paresseux ou encore un con, un raté, whatever, j’ai juste perdu tout intérêt dans ce que je faisais. J’ai
été atteint d’un soudain et inexplicable haut-le-cœur, un désintérêt total,
intégral, et irrémédiable, une sorte de taedium
vitae, de dégoût de la vie, de fatigue et d’écoeurement total de la vie. Je
n’ai plus eu envie d’étudier la philosophie, Platon, Aristote, Nietzsche,
Heidegger, de faire dissertations, des compte-rendus, des dissections d’ouvrages
soporifiques, des articles, des conférences, des animations pour les
spécialistes ou le grand public, de vulgariser, de répandre la bonne nouvelle
de la philosophie, de me battre pour obtenir des bourses, du financement qui ne
vient jamais, parce que personne n’en a rien à foutre de la philosophie. On
essaie pendant des années d’intéresser la masse à la philosophie, mais c’est
peine perdue. Par contre, on raffole des livres de recette pour le bonheur, de
croissance personnelle, et patati patata, mais moi ça m’a toujours donné envie
de vomir ces best sellers.
En fait, mon désintérêt était encore plus grand, plus total
que je pensais, car j’ai tâté le pouls de mes ambitions et les nouvelles furent
mauvaises : il semblait que je n’avais plus aucun intérêt dans rien. Je n’avais plus envie de rien
faire. Les travaux d’école continuels avaient dévissé mon cerveau, l’avaient
réduit en marmelade, pour finir par l’annihiler par désintégration. Il ne restait
plus rien de mon cerveau. Je n’étais plus capable de penser clairement ni de prononcer
une seule phrase intelligente en face de quelqu’un. J’avais toujours plus l’air
d’un idiot parfait, moi qui pourtant planait depuis quelques moments déjà de
façon prometteuse dans les hautes sphères intellectuelles de la phénoménologie
husserlienne, heideggerienne, merleau-pontienne, henryienne, sartrienne,
patochkienne, et richirienne. J’avais tout saisi, il ne me restait plus qu’à
allumer le pétard pour faire sauter le verrou des portes de la gloire. Mais la
mèche s’est mouillée entretemps, et tout est tombé à l’eau dans mes hémisphères.
Mes échafaudages d’avenir se sont effondrés comme châteaux de cartes.
2.
Me voici dans ma nouvelle vie. Oui, un changement qualitatif
s’est produit en moi. Je dois trouver la cause de mon désintérêt total de tout,
et reprendre le gouvernail dès que possible avant que toute ma vie ne
s’effondre dans le néant. J’essaie de sonder les causes, de me rappeler, de me
stimuler, de m’appeler, mais la ligne est hors service. Il n’y a pas de
réponse. Ça a commencé dans mon cours d’épistémologie, où je trouvais qu’on se
posait beaucoup trop de questions, de façon trop pointue et absolument inutile,
ça me faisait penser à des arguties, des jeux de sophismes sans fin, puis ça
s’est terminé dans mon cours de philosophie de la logique, où là vraiment, il y
a eu un bombardement aérien dans ma tête qui a foutu le feu à mes idées. J’ai
compris que tous mes profs détestaient Heidegger et n’en voulaient rien savoir,
alors que je l’aimais et croyait qu’il méritait d’être étudié; on s’est mis à
parler du problème des cerveaux dans une cuve, problème qui a inspiré le film La Matrice, mais qui prend son origine
en fait dans l’allégorie de la caverne de Platon, puis, j’ai compris que je
perdais mon temps si je me mettais à me questionner précisément sur ce genre de
problème absolument futile. Oui, je n’en avais rien à foutre de ce genre de
problème. Moi ce qui m’intéressais depuis toujours c’était l’existence et la
description de l’existence, et c’était tout. J’étais dur au compromis, mais j’ai
réussi à en faire pas mal, jusqu’au jour de la saturation finale. Voilà où je
suis rendu. Et c’est pas beau à voir. Toutes ces années de réclusion
universitaire, de réclusion dans les livres m’ont donné envie de changer d’air.
Je crois que je vais partir rester à Montréal.
3.
J’ai trouvé une chambre à Montréal. Elle est grande comme un
garde-robe, mais ça fera l’affaire pour l’instant, parce que c’était la seule
disponible dans ce bloc. Je sais qu’il y a des chambres plus grandes sur
l’étage, et puisque j’ai les pieds dans la place, je pourrai emménager
rapidement lorsqu’il s’en libérera une, et ça arrive souvent, car les gens ne
restent pas longtemps, normalement, dans ces endroits de «passage».
Discussion avec Nora de mon désintérêt total, une étudiante
et collègue en philosophie avec laquelle j’ai un flirt. Elle s’éloignera
lentement de moi, imperceptiblement, comme une dérive de continent, par peur de
l’«expérience» que je veux faire, et par peur de perdre elle aussi son intérêt
dans ce qu’elle fait. Elle m’a demandé si j’étais certain de vouloir quitter le
programme et la philosophie, si ma décision était la bonne, je lui ai répondu
que je n’avais pas eu besoin de prendre une décision, mais que ça s’était fait
tout seul en moi.
La seule «envie» qui me reste : suivre ma pente
descendante, et dégringoler dans les bas-fonds, avant de me suicider. Mais ça,
je n’en ai parlé à personne.
Parler des putes, du viol, de la drogue, du manque et des
surdoses, de la déchéance, de l’itinérance, du suicide, de l’abandon, du
désespoir, de la dépression, de la maladie et de la mort.
Je cherche une réponse dans les philosophes pour me
raccrocher à la vie, et je ne la trouve pas. Finalement, le temps passe, et
l’envie de trouver une réponse passe aussi. Je m’invente des réponses dont je
ne suis pas certain.
Je suis mort à la vie.
J’ai tout quitté par ennui total. Tombé
dans les drogues dures, le trafic et la prostitution. Prison. Parler de Nietzsche,
Wittgenstein, Leopardi, Casanova, etc.
Chanson thème du roman : Nothing As It Seems, Pearl Jam
Inclure U2, Stone Temple Pilots, Sigur Ros, Courtney Love,
Atari Teenage Riot, Skinny Puppy, OHGR, Avec Pas D’Casque, NIN Hurt et Everyday
Is Exactly The Same, etc.
Un chapitre sur le Taedium Vitae.
Le thème du chez-soi et de l’aliénation. L’aliénation
nécessaire de l’Esprit chez Hegel.
Parler de Hegel et de sa fin de l’art et de l’histoire.
Malaise dans la culture (Freud).
Trouver les livres qui m’ont marqué et leur dédier des
chapitres. Chritiane F., par exemple.
Parler d’une journée quotidienne ordinaire de (PP) (nom à
confirmer).
Possibilité : Mon personnage est amoureux d’Hanin Elias
(Future Noir, ATR)
Inclure des billets de blog remaniés.
Les anatomies de la mélancolie – les corps prostitués. Dans
le mot «prostituée», il y a le mot tuée.
Inclure l’épisode de Light
My Way.
Le personnage principal doit parler de son projet de roman
et en donner des extraits : Light My
Way.
Parler de Robert Burton.
Explication détaillée de deux tentatives de suicide.
À la fin, échec d’une tentative de retourner au programme de
maîtrise, désillusion, épuisement de l’ambition.
Lecture de la lettre de son départ. (Suicide? Voyage?)
Fin des papiers du personnage principal et mention de cette
fin de la part de ceux qui les ont trouvés.
Suivre le modèle de Leaving
Las Vegas; le PP doit mourir à la fin. Il se met sur une track pour le
suicide, c’est son but : mourir par l’abus, drogue, alcool, déchéance.
Le PP : Je voulais faire mon Festin nu avant de mourir.
Ses idoles sont Leopardi, Nietzsche, Hölderlin, Van Gogh, Basquiat,
Dali, etc.
PP : Aujourd’hui, j’ai envie de vivre encore un peu, je
vais donc te parler (cher journal) de Basquiat, etc.
4.
Dans sa chambre, plein de posters de groupes death metal. Ça
sent le pot à plein nez, parce qu’on fume un joint la porte fermée. La toune Coma de Stone Temple Pilots joue, elle
monte le son au max, le plancher vibre, les murs dansent, mes tympans sont en
train d’exploser. Je vois une culotte sale coincée dans une pile de livres
abîmés. Des bas sales sur le côté du lit. Des taches sur la moquette, des traces
de pattes de chien, de la saleté non identifiée. Un cendrier renversé. Des
traces de poudre blanche sur la commode. Sur ses cuisses, des poils longs, et
foncés, jusqu’au bas des mollets. Ça sent une odeur moite. Je lui demande pour
l’agacer en criant à tue-tête : «Ça fait combien de temps que tu t’es lavé
les pieds?» Elle me regarde avec de grands yeux comme quand je pose une
question à mon chat. Elle n’entend rien, ne veut rien entendre, sauf la musique
qui nous défonce le crâne. Elle me tire par les bras et je tombe sur elle. Je
sens sa chatte s’ouvrir, bien mouillée. Ça tourne autour de moi dans la
chambre, j’enlève mon slip, j’enfonce mes genoux dans le lit, je sens les
ressorts. Des trous de mégots dans les draps. Ma queue se raidit à l’instant,
je m’enfonce en elle, ça jute partout sur le matelas alors que je la pistonne. Elle
se donne à moi comme ma poupée, j’en fais ce que je veux. Après un moment, près
de jouir, elle saisit mon membre en action et essaie de le rediriger plus bas,
pour son autre trou, qui a soif aussi. Je la retourne, son dos est trempé, ses
longs cheveux bruns collent sur sa nuque. Je l’empoigne par les hanches, bien
serré, je force les portes de Sodome, à l’aide d’un peu de lubrifiant que je
trouve sur la commode, elle gémit à mon entrée dans sa nature vierge, se
recourbe, serre les orteils, et se laisse ensuite malmener par mon membre
déchaîné jusqu’à l’orgasme.
5.
Êtes-vous d’accord M. X pour que nous fouillions vos
contenus psychiques? Nous avons besoin de votre consentement M. X, répondez par
oui ou par non.
Écrire le récit de ma vie, de l’expulsion du domicile
familial ou juste un peu avant (en expliquant les circonstances qui y mènent),
jusqu’à Naomie, la dépression, ma chute dans la drogue, puis, la fin par un
suicide (manqué?).
Écrit à la première personne, avec comme inspiration
L’attrape-cœur de Salinger, l’anti-héros. Donc écrit simplement, à partir de
mon point de vue, sans fioritures, tel quel, de la façon dont cela a été vécu
par moi, avec des possibilités de romancisation, si cela ne perturbe pas trop
l’histoire originale.
C’est un récit triste de déchéance, de perte des repères, de
perte de soi et d’abandon.
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