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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 13 septembre 2021

Bleed It 1

De ma fenêtre devant la track je bois je regarde le temps passer c’est à elle que je pense à elle la brune de ma vie l’intellectuelle qui pense à un autre qui pense à un autre oui pendant que je pense à elle que j’ai mal d’elle et que je ne peux la rejoindre dans son rêve dans sa mise en scène dans son crisse de trip malade sur ce gars qui l’obsède et que je déteste parce qu’elle m’obsède depuis des mois et que je ne peux l’avoir mais cette fois-ci elle est vraiment en train de m’échapper c’est juillet il fait très chaud même ici je vois et je sens que la game change à Montréal il se passe des choses à distance je peux les sentir mais je ne peux rien faire je suis où je suis où je devais être où je devais aboutir aboutir pour survivre oui survivre à mon divorce qui me jetais presque à la rue mais j’ai été sauvé à la dernière minute par cette offre d’emploi à 777 kilomètres de Patricia et je lui ai dit que je partais que je devais partir mais que j’allais revenir je me souviens de cet hiver de l’enfer avec elle sous les couvertures dans cette chambre de la mort mal éclairée froide humide et déprimante nous avons fait l’amour et je l’ai aimé mais elle a fini par me glisser entre les doigts et j’ai pleuré et je lui ai dit je vais revenir mais elle doutait des fois ne semblait pas écouter elle n’était pas en amour elle me l’a dit plusieurs fois mais je n’ai jamais voulu rien entendre je ne voulais pas l’accepter puis je me suis mis à écrire écrire à propos d’elle de l’effet qu’elle me faisait elle me rendait fou oui j’avais envie de mourir de ne plus l’avoir ça me faisait comme un trou impossible à combler impossible encore aujourd’hui des mois plus tard le trou est encore là et je ne suis capable de rien faire avec j’attend toujours comme un con qu’elle me dise oui mais bien entendu comme on me dit notre relation est sur sa fin c’est inévitable parce qu’elle ne m’aime pas et on est loin l’un de l’autre elle va rencontrer quelqu’un je vais rencontrer quelqu’un et puis ce sera fini terminé on va se perdre l’un l’autre devant la track là où je devais être le train passe mais je n’ai pas d’inspiration que de la douleur la douleur de ne pas être avec elle de l’avoir caressé pour la dernière fois dans cette chambre sur Henri-Julien à Villeray sans savoir que c’était la dernière fois que je caressais sa peau merveilleuse divine que je lui parlais à l’oreille que je lui disais des petits mots d’amour que je lui servais un verre de vin quelles soirées nous avons eu ensemble cette neige qui tombait par gros flocons mais tu ne m’aimais pas non malgré tout ce que nous avions en commun j’ai pleuré je pleure encore longtemps je vais pleurer que ça n’aie pas marché entre nous deux je t’ai dit que je n’étais pas prêt tu m’a revu pour voir si ça pourrait éventuellement cliquer de ton côté mais Patricia c’est incroyable les affinités que nous avons je te l’ai dit plusieurs fois je vois que nous sommes tellement semblables par certains côtés mais tu sembles t’en foutre parce que tu ne m’aimes pas oui nous avons des affinités mais quoi faire avec si ça ne marche pas effectivement moi je saurais quoi faire avec mais pas toi parce que tu regardes déjà ailleurs j’ai eu ma chance comme on dit la fameuse chimie ne s’est jamais présentée et me voilà abandonné par toutes les filles de toute façon parce que je m’en câlisse de sourire et de faire mon charmeur mais aucune fille ne semble le comprendre et oui je suis un genre de héros triste parce que j’ai souffert mon passé sombre me pèse encore sur les épaules mais personne ne sait ça et tout le monde croit que je suis tout simplement maussade je suis toujours resté jeune à l’intérieur intemporel éternel mais le côté sombre de moi-même c’est l’adulte vaincu brisé sali terni par les coups durs la misère la mort de ma fenêtre sur Bayview Avenue j’assiste à mon show oui je suis là où je devais être une personne après l’autre les choses défilent à la vitessse de l’éclair mais par exprès le train ralentit pour me dire qu’il m’observe lui aussi oui le temps m’observe il court à l’envers sur le pont sur la mer alors que je suis ici toujours précisément en avance sur le temps oui il y a le pont la mer la montagne le train le cimetière tout près je dors les fenêtres ouvertes nu sur mon lit la fan au plafond qui tourne les morts viennent me visiter la nuit je fais de la fièvre je reste couché trois jours je mange des tranches de pain je bois de l’eau la veille j’ai rencontré Cresida puis je suis tombé dans une crise de paranoïa j’ai pris un taxi en partant de chez Stéphane à 3 heures du matin puis j’ai fait un tour de ville avec une passagère saoule qui ne pouvait payer puis j’en ai appris sur la réserve de Listuguj le chauffeur était bavard il m’a parlé d’une drôle de fille rencontré par hasard une nuit au Tim et je lui ai dit qu’icitte c’était plus la couchette que du sérieux il était d’accord je me couche complètement défoncé je pense à toi oui je pense à toi Patricia je pense à elle je lui écris mais elle ne me répond pas toujours je l’imagine comme figée dans le temps sur le bord de la piscine vaguement occupée avec ses boys en train de parler à un gars sur internet et ce gars ce n’est pas moi non ce n’est plus moi mais un autre connard dont elle s’est entiché et sur lequel je n’ai aucun pouvoir parce que je ne suis plus là et qu’elle ne m’aime pas elle me l’a dit plusieurs fois mais je n’ai rien voulu entendre je n’ai jamais voulu le croire je n’ai jamais voulu me rendre à l’évidence je n’ai rien enregistré je vais revenir que je lui ai dit vas-tu m’attendre toute cette illusion ce rêve je suis en train d’en payer le prix je souffre mais ça ne lui fait absolument rien je tape c’est le silence il est déjà trop tard pour elle elle ne reviendra jamais ce soir c’est la saignée je cale tout jusqu’à la dernière goutte de merde chaque minute qui passe j’attend sa réponse le poignard rentre plus profondément la blessure s’agrandit et ça saigne oui ça saigne à Listuguj et à Campbellton et c’est la mer la montagne la track devant laquelle je suis et le train passe et ne peut arrêter ne peux rien arrêter ta peau en sueur dans mon lit viennent me visiter les morts

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