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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 13 septembre 2021

Le Pouvoir du Vide

Je suis seul ici, dans le noir, face à la maladie, à la perte, à la mort
Sans ce baume pour la vie qu’est le doux miel de ton amour



Le Pouvoir du Vide


Tu dois apprendre à mettre une croix sur

Tout ce que tu as voulu, rêvé, espéré

Tu as imaginé des choses auxquelles tu n’avais pas droit

Tu t’es imaginé bien différent de ce que tu es en réalité et

De ce que tu mérites

 

Or, tu ne mérites rien

Parce que tu es insoumis aux hommes

Rebelle à toute autorité, et trop doux pour ne pas devenir violent

Rêveur, voluptueux, passionné

Tu ne sers à rien, tu n’es bon à rien

 

La prison ou l’asile,

La honte, la maladie,

Le suicide, la mort

L’Oubli


*

Plus tu possèdes, plus tu es possédé

Ce que tu as, tu dois l’avoir en toi

Mais même un jour, cela sera perdu, dans l’oubli

Dans la mort


*


Tu te retrouves encore une fois seul avec toi-même

Sans rien

Captif de l’instant présent

Captif de la douleur


*


Chaque journée porte sa signature

Toujours différente, imprévisible

Irrationnelle


*


Le mouvement dans mon esprit est incontrôlable

C’est un temps interne

Chaotique


*


La logique du système accouche du tireur fou


*


Les familiarités sont le prélude d’une guerre sans merci


*


Tout ce qui est dit

Est dit

Une fois


*


La beauté radieuse nous parle, nous inspire

Nous excite

La beauté mélancolique

Nous emporte


*


Après le détachement des choses de ce monde vient

Le détachement du détachement

L’abandon

L’orgasme


*


Le sens de la vie, c’est la liberté


*


Le sens de la vie n’est pas dans l’être ou l’avoir

Mais dans le possible


*


Tout ce qui est possible

Doit être possible

Voilà le sens de la vie

La Volonté du Possible


*


La limite de notre liberté, c’est notre imagination

Et celle des autres

Autrement dit, notre imagination

Doit toujours être revue à la baisse

Jusqu’à sa disparition complète dans la forme

Dans le formulaire

Dans le consensus


*


La forme dégénère toujours en formulaire

La pensée, en absence complète de pensée

Ce qui était mou devient dur

Ce qui était flexible devient rigide


*


La vie oscille entre la douleur ennuyante et

L’ennui douloureux


*


Les maniaques de la perfection sont des fous plus parfaits que les autres


*


Tout ce qui peut être écrit ou dit

Ne vaut la peine d’être lu ni entendu

Face à l’Essentiel


*


Suivre l’actualité est le nouvel argument pour nous garder rivés à un écran


*


Plus le fil de l’actualité est changeant

Plus il ne se passe

Rien

 

Le fil de l’actualité sert à dissimuler ce

Rien angoissant

 

Nous avons l’impression que le monde va vite

Mais il ne fait que du surplace à un rythme effréné


*


Il est beaucoup plus facile de soigner les effets

Que de traiter les causes

Mais entre-temps, on s’est perdu dans les moyens

Et le moyen est devenu la fin

 

On ne guérit pas la maladie

On la soigne, on la gère

Nous devenons toujours plus des gestionnaires

Des autres, de nous-mêmes, de tout

De l’Absurde


*


La course vers l’avant est une course contre

L’Absurdité

Qui se demande à quoi pourra bien servir la course

Et nous laisse gagner

Pour rien


*


Si nous voyons dans le regard de l’animal qui souffre

En silence

Par notre main

Sa patience envers nous, dans la douleur

Son impuissance totale face à notre dureté de cœur

Nous commençons à ressentir ce qu’il ressent

Nous commençons à comprendre

À changer du tout au tout

Et nous devenons une personne plus aimante

Une personne extrêmement molle

D’autant plus molle que nous avons mauvaise conscience


*


Celui qui n’a pas mauvaise conscience

N’a pas de conscience du tout


*


La violence n’est pas justifiée

Mais la violence contre les violents

Est toujours justifiable

C’est pourquoi le terrorisme a de l’avenir


*


Faire le vide, c’est un peu comme se retrouver dans

Les décors désertés

D’un soap opera


*


Les deux pires choses qui puissent arriver dans la

Vie d’un homme

Sont l’université et les possessions

L’accumulation de dettes et l’accumulation de biens

 

Après ces deux lourds fardeaux

L’homme ne peut plus bouger

Et il perd ses ailes

Il perd ses rêves

 

Et devient toujours plus comme un pesant ruminant

Attaché à sa clôture


*


L’orgasme est l’opposé du contrôle

Nous ne sommes pas capables d’avoir un orgasme

Parce que nous ne sommes pas capables de

Nous abandonner

 

Un monde où règne la mentalité de la loi et de l’ordre

Est un monde

Sans orgasme

 

Le droit et la jouissance sont comme l’eau et le feu

Nous ne pouvons voir la jouissance autrement que comme

La jouissance d’un bien

 

Rares sont les femmes qui savent

Mais encore plus rares les hommes maîtres

De ce monde


*


Celui qui passe pour un saint

Parmi les hommes

Est seulement

Bon

 

C’est dire combien la bonté est rare

 

*


Un homme qui n’a pas son pedigree d’obéissances

Après un certain temps

Ne vaut plus rien aux yeux de la société

Et est relégué dans les marges

 

C’est pourquoi l’homme jeune

Encore empli de vains désirs

Est si obéissant


*


On ne sait pourquoi

Le cheval obéit

Le zèbre

Mord

 

C’est pourquoi on laisse le zèbre tranquille


*


L’homme au contact de l’animal

Devient plus humain

Et au contact de l’homme

Devient plus bête


*


L’esthétique sert à rendre des choses belles

Laides

Plus on essaie de perfectionner la nature

Plus on montre son manque de goût

 

Nous ne savons plus ce qu’est la beauté sauvage

Les civilisés la tuent


*


L’amour est un je-ne-sais-quoi

Encore et encore


*


Je ne lis pas les livres

Je les visite

En entrant par la belle porte


*


Celui dont le savoir n’est pas un chaos

Ne sait pas grand-chose


*


La Figure du travailleur moderne est

Le peddler

 

Quand nous n’aimons pas ce que nous faisons

Nous sommes tous des peddlers






Le Vide du Pouvoir 


L’aliénation est l’envers de la violence de tous contre tous

*

Il est évident que les politiciens finiront par être totalement discrédités par les scientifiques.

Car tout est science.

*

Le silence gardé

De nos jours

Est un silence de trop


*


L’hystérie collective

Commence le lundi et se termine

Le vendredi

Les médias se reposent la fin de semaine


*


Les médias surveillent des dossiers

Les dossiers sont lourds


*


Le réalisme engendre la Réalité

Le rêve engendre le Rêve

L’autre engendre l’Autre

Le même engendre le Même


*


Ce que tu juges être le pire

D’autres le voient comme le meilleur

 

Rien n’est meilleur

Pour les mouches

Qui batifolent et s’affairent

Heureuses

Sur la merde fraîche


*


L’esprit résiste au corps

L’esprit cède au corps

 

Le corps résiste à l’esprit

Le corps cède à l’esprit

 

Corps et esprit sont deux

Dans la vie même

Comme dans la mort


*


Le corps est le masque de l’esprit


*


Tant que l’homme ne sera pas capable d’arrêter

une seule des secondes qui le rapprochent de la mort

Il n’aura encore accompli aucun progrès véritable


*


Écrire c’est croire

Croire c’est pouvoir se tromper

 

Croire c’est accorder crédit, c’est prendre un risque

Croire est une forme de générosité

 

L’homme d’aujourd’hui, devenu complètement stérile à force d’abrutissement technologique

Ne croit en rien

Ne donne rien

 

N’écrit pas

Et lis encore moins


*


Je voyage à une vitesse de 100 années-lumière

Dans l’espace intergalactique

Je découvre des mondes infinis fabuleux

De nouvelles formes de vie, des civilisations et des mondes

Étonnants

 

Pendant que sur la Terre

Les hommes se demandent

Ce qu’ils vont faire

S’ils ne travaillent pas


*


Être négatif, ce n’est pas être pessimiste

C’est une réaction naturelle

Parce que la vie est franchement

Dégueulasse


*


L’homme est un diable

Pour l’homme

 

Quand rien n’est en jeu

Entre les hommes

Comme les pensionnaires d’un zoo

Ils peuvent se permettre d’être gentils et presque

Sans envie

 

Quand tout est en jeu

Entre les hommes

Et que les portes du petit jardin s’ouvrent

Ils montrent leur vrai visage

Dont la bonté n’était

Qu’illusion


*


La race à exterminer

C’est celle des travaillistes

Mais pour y arriver

Il va falloir travailler plus fort

Qu’eux

 

Il est absurde de travailler à convaincre

Un travailliste convaincu

Que le travail

Est inutile

 

Faisons autre chose


*


Il est absolument risible de voir un millionnaire

Assis dans son riche palais

Se poser des questions

Sur le sens de la vie

 

C’est ainsi que la valeur

De la richesse

Se trouve

Réfutée

 

Le riche ne se pose donc pas

De questions

Il commande et recommande

Le non-sens


*


Qui se rappelle ou se soucie même

Des politiciens d’il y a 2000 ans?

 

Les vedettes d’aujourd’hui

Et qui prennent toute la scène

Tomberont elles aussi

Dans l’oubli

 

Comme si elles n’avaient jamais

Existées


*


Il n’y a pas bien longtemps

Les hommes vivaient en hordes

Il n’y avait pas d’écriture

Pas d’histoire

Personne ne connaissait

Rien

 

Les hommes ne pouvaient

Ni s’envier

Ni compétitionner

En cette bienheureuse époque

 

Puis arriva:

 

La Prétention


*


L’esprit est cause de soi

Et de toutes choses

 

Il n’est pas fou celui

Qui a dit

Que Dieu est

Un Intellect

 

Si le moteur de l’Univers est un Intellect

La fin de l’Univers doit être le bien d’un Intellect

Le bien d’un Intellect est la vérité

La fin de l’homme et de tout l’Univers

Est donc

 

La Vérité

 

L’homme est pour la vérité

C’est le sens de sa vie

De son existence

 

Le sens de la vie, c’est la vérité


*


Nul n’échappera à la Mort

Fais comme si elle était déjà

Devant toi

 

Tous tes biens, tu les perdras

Ceux qui les recueillent

Les perdront aussi

Jusqu’à ta mémoire même

 

C’est une certitude

Que tu deviennes un signe

Dont on a oublié

Le sens

 

Le signe se changera

En trace

Et la trace

En poussière


*


Malheur de l’homme

Qui ne s’accorde aucun loisir

Pour les humanités


*


Ceux qui ont encore le souci d’un travail bien fait

Sont les derniers croyants


*


Seuls les innocents sont faits pour vivre

La vie est ainsi faite

Personne ne sait pourquoi


*


L’immersion est mon chez-moi

L’immersion dans la Chose

Est le contraire de l’aliénation


*


Dieu est tout ce qu’on ne comprend pas.


*


Sans les valets méchants du Château de Dux

Casanova n’aurait jamais écrit sa vie


*


Penser à la meilleure forme politique dans ses détails

C’est prendre la stratégie pour la tactique

Ce qu’on planifie dans sa tête et ce qui se passe sur le terrain

Sont toujours deux choses bien différentes

Néanmoins, le seul fait d’avoir anticipé quelque chose

Permet d’être un peu mieux préparé

Au succès fulgurant

À l’avenir radieux


*


Lorsqu’un philosophe se mêle de politique il ne réussit

Toujours

Qu’à faire de la politique de laboratoire


*


La fin ultime de tout voyage est la mort

Qui se presse d’arriver au but perd sa vie

La course en avant appartient à

Ceux qui ne savent pas vivre


*


On peut apprendre un grand nombre de choses

Par plaisir

Pour en apprendre davantage cependant

Il faut la volonté obstinée

D’avoir toujours raison


*


La vie dans l’absolu mérite d’être vécue

Mais pas ici-bas

Voilà pourquoi on philosophe tant


*


L’homme n’est pas de nature un animal social

Les animaux sauvages fuient l’homme et ne recherchent pas le contact

On les socialise parfois en forçant les choses, en les nourrissant

Ce comportement naturel de l’animal expliquerait la pudeur chez l’homme

La nature aime à se cacher

Parce qu’elle n’a pas besoin des hommes pour être bien


*


Si ce que l’homme étudie n’a aucune

Valeur pratique immédiate

Il étudiera dans le manque de ressources et seul

C’est le prix qu’on lui fait payer

Pour avoir voulu s’écarter

Du troupeau

 

Les gens aiment accabler de toutes sortes de soucis

L’homme qui se consacre à la connaissance

Comme pour lui dire

« Ne nous oublie pas »

 

Les hommes aiment qu’on pense à eux

Et qu’on s’intéresse aux mêmes choses qu’eux

Vanité

Insondable

 

Le philosophe serait vain de vouloir qu’on s’intéresse

À ce qui l’intéresse

Mais il prend une chance et écrit encore

Des bouquins

Qui mordront la poussière


*


Nous ne sommes pas seulement déconnectés de

La nature

Mais de la ville aussi

 

Les citadins ne savent pas comment leur ville fonctionne

Ils ne la connaissent pas comme

Système

 

*


Ris et tu riras seul

Pleure et tous les huissiers pleureront

Avec toi


*


Si la vie d’un philosophe n’est pas étonnante

Ce n’est pas un philosophe

Mais c’est peut-être

Un champignon intellectuel


*


Personne ne s’en rend vraiment compte mais

Chacun vit plusieurs vies

À l’intérieur de sa propre vie

 

Nos motivations

Appartiennent à des vies antérieures

Que nous n’avons pas vécues directement

Mais qui sont tout de même

En nous

 

Et que nous répétons

Même si elles ont perdu

Leur sens

Dans le monde présent

 

Comme le désir d’être

Un homme total


*


En toutes choses

Côté clair

Côté obscur

 

Chaque avantage

Son inconvénient

Chaque inconvénient

Son avantage

 

Le secret du monde

Le monde du secret

 

Un livre ouvert

Fermé


*


En toute action

Il y a

Intention ou vie vécue

Contrôle ou non-contrôle

Plan ou Destin

Réflexion ou spontanéité

Recherche ou naturel

 

Les héros de la volonté

Le but atteint

Ne peuvent jouir

L’animal est empaillé

 

Elle est préférable

La vie molle

 

*


Impossible de résoudre

L’équation de l’amour

 

C’est le mariage d’une variable

Et d’un inconnu


*


Le bien le plus précieux

De ce monde

C’est la beauté

 

Le monde tourne autour de la beauté

Qu’il le veuille ou non

 

Les grandes productions de la beauté

Les petites productions de la volonté


*


Les choses qui ont de la valeur

Sont sans valeur

 

Vaut par toi-même


*


Il s’en faut

Que le moins pire

Soit

Le meilleur

 

La liberté

Comme le piège

Se referme

Sur elle-même

 

L’amour est plus fort que la mort

La paix est plus forte que l’amour

 

Calme-toi

 

La joie est lors de toute chose

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