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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 13 septembre 2021

Letters to Patricia 3

Entends-tu ce matin le crépitement de la bouilloire?

C’est encore gris dehors, il fait froid, le printemps s’en vient.

Je fais mes boîtes, j’empile mes livres, je me fais un petit kit de survie littéraire, en prévision de l’isolement. Je suis un peu dans mon monde, et tranquillement, je fais mes adieux à mon ancienne vie.

vas-tu venir me voir?

Le temps passe si vite.

J’aurais aimé avoir une nouvelle chance de te connaître, te découvrir, dans mes bras entendre à nouveau ton rire, t’aimer toujours plus, explorer tes contrées secrètes.

Parcourir ton corps dans ses coins et replis, mais je dois changer d’air, partir à la découverte d’une nouvelle terre.

Je me souviens de notre première soirée au bar, près de chez moi. Évidemment, j’étais tellement nerveux que je suis arrivé en retard, tu m’avais alors texté un exaspéré You’re late. Je crois que je suis arrivé de justesse quelques secondes avant que tu ne partes et disparaisse à jamais. Ces quelques secondes ont tout changé… 

Oui

Nous avons parlé philosophie autour d’une bière. Nous avons parlé de Dieu, de la mort, de la vie. Nous avons parlé de choses sérieuses, de choses qui font mal. J’argumentais les yeux ailleurs, je ne te regardais presque pas. 

Et pourtant

Je te trouvais si belle. Et plus nous parlions, plus je me rendais compte, que je t’aimais déjà

D’un amour fou, insensé, sans espoir

Il n’y avait aucun mot pour le dire, aucun remède, j’étais à ta merci, je le savais trop bien

J’étais entré dans ton orbite, ton repère, tu étais mon soleil, mon bien, mon mal, ma perte irrémédiable

Nous parlions de tout et de rien, mais il n’était au fond jamais question

Que de toi

Que de toi non de philosophie

À jamais inoubliable, retiens-moi Patricia, je perds pied

will you comme see me?

Je pars

I’m leaving, Patricia

Je t’écris dans mes rêves pour te dire que je pense souvent à toi. Je ne sais plus comment te rejoindre, je ne sais plus quoi te dire. Mais je sais que j’aimerais être avec toi, et que tout aille comme c’était supposé aller entre toi et moi. Je sais que je t’aime. Je t’aime, mais je ne sais pas quoi te dire de plus. Je sais, t’en voudrais davantage. Mais je n’ai plus rien. J’ai perdu la faculté de parler comme avant. Ma situation est tellement différente depuis que nous nous sommes vus la dernière fois. C’est comme si ça faisait des siècles. En fait, je ne sais pas quoi te dire, parce que je ne sais plus si tu pourrais m’aimer encore aujourd’hui. Tu sembles tellement loin. Je semble tellement loin. Je suis perdu. Je t’ai perdu. Ma vie a changé. Je t’écris pour te dire que j’ai choisi de partir, et que je ne reviendrai jamais. Je sais que tu sais probablement que je suis une pomme pourrie. Que je suis condamné. Je comprends pourquoi tu sembles t’éloigner. Je comprends que tu ne pourrais pas comprendre. Adieu mon amour. 

Adieu

Nous habitons un ventre. Nous habitons un corps. Nous habitons une tombe.

Exilé dans ton cœur 

Tu habites mon cœur 

Mes pensées

Ma vie

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