Là où je vais je ne serai plus seul je n’aurai plus froid, sur la photo je reconnais ce sourire ces yeux espiègles ce sont ceux de ma femme aux longs cheveux bruns au rire coquin qui m’a toujours rempli de joie, j’aimais t’entendre rire de ce rire rauque moqueur nasillard qui me faisait penser au rire d’une adolescente en train de muer, un rire jeune, sincère, empreint d’une insouciante légèreté, j’aimais te prendre dans mes bras comme une petite poupée ta tête arrivant au milieu de ma poitrine, je te prenais par la taille et te soulevais pour t’embrasser ou je me penchais comme un géant maladroit et rejoignais tes lèvres, nous étions toujours unis par la complicité, par le baiser des amoureux, unis pour la vie, et je te disais c’est pour la vie, pour la vie, oui l’hiver vient et nous serons mariés dans le froid et le givre, nos lèvres s’uniront à jamais nos silhouettes se figeront ensemble pour l’éternité tout en haut de l’escalier en béton gelé nous ferons des poses pour le photographe, frigorifiés dans le vent transperçant de janvier mais l’un contre l’autre heureux d’être enfin unis par le mariage, nous rentrerons à l’hôtel et ferons l’amour, joindrons nos mains nos bagues dans un cri de jouissance, tu es mienne, je suis à toi, la nuit nous enveloppera dans le givre et le froid.
Un matin je me réveillai et ce fut la dernière fois que je
couchais avec toi… Ma vie venait de changer à jamais. Il y avait maintenant un
avant et un après, et un trop tard… Je me suis effondré en moi-même, incapable
de réaliser ce qui était en train de se passer, j’avais perdu celle que
j’aimais. Je découvrais ton nouvel amour, tes mensonges, ta trahison.
L’inconcevable était arrivé, tu m’avais abandonné sans retour. Jeté là comme un
déchet inutile, un croûton, un torchon, un homme fini. Je suis tombé dans des
crises de panique sans fin, des cauchemars de sueurs froides emmitouflé sans
effet dans la perte le deuil la nuit noire m’avala au fond du gouffre et les
jours passèrent immobiles figés dans le froid de l’éternité la folie oui c’est
pour la vie, dis-moi je suis tout pour toi tu es tout pour moi baise-moi
fais-moi jouir oui plus fort je viens en toi mange-moi prend-moi en toi,
tue-moi tue-moi
mon esprit ruiné éclaté le cœur en sang tripes à ciel ouvert
à découvert la conjoncture néfaste l’amour me ment la vie me trahit le destin
me fend je fond en larmes au fond du baril le navire coule à pic suivant les
directives les statistiques l’hiver sera long et froid gelé comme une balle je
traverse les coups du sort les rafales de néant qui font boule de neige par les
temps qui courent la conjoncture funeste sinistre qui n’a pas fini d’achever me
pourchasse me traque veut ma peau mon cerveau ma libido du cash du solide les
planètes crashent dans mon appart la lumière filtre les volutes annoncent le
carnage l’hiver sera rude et froid comme une blessure ouverte à tous les
horizons protoplasmiques la conjoncture givrée comme une balle me traverse le
cœur l’esprit la vie apocalyptique se désiste de l’enfer se tourne vers moi me
vise droit au cœur au centre mon être se déchire en désarroi mon esprit saturé
explosé le cœur au bout du rouleau compresseur les espérances en ruine la vie
me ment l’amour me trahit le destin fond sur moi me fend à belles dents suivant
les statistiques au fond du baril je coule à pic dans le néant le vent sera
rude et cruel glacial hivernal je me sens mourir je ne suis plus là désolé la
vie continue sans moi le destin me trahit dans la boue voici la voix ça sent la
mort le moisi le roussi ferme les stores amène-toi par ici regarde la fin du
monde le diable veut être ton ami l’hiver sera froid et désincarné en moi sans
moi sans toi le gèle sera l’instant présent et la perte ça sent le sang me
pourchasse me traque veut ma peau mon cerveau mes os les planètes se désaxent
tout se renverse en son contraire je flaire le sang sur tes cuisses ta bouche
ma bouche boit ta blessure ta vomissure tu me susurre la version le venin la
mort au fond de toi je coule à pic mon vaisseau crash dans tes entrailles tes
labyrinthes tes univers ectoplasmiques suivant la nervure les statistiques
apocalyptiques prédisent un hiver plutôt froid et rugueux bien arrosé de larmes
salées au goût d’antan comme tu l’aimes dis-moi je suis tout pour toi tu es
tout pour moi dis-moi dis-moi que tu m’aimes dis-moi que tu penses à moi
penses-tu à moi je penses à toi je penses à toi oui je t’aime encore plus que
jamais oui je t’aime est-ce que tu m’aimes oui je t’aime ne me quitte pas ne me
quitte jamais je te veux reste mon cœur bat pour toi ton cœur bat pour moi
l’hiver sera rude et froid les rafales de vent nous ferons plonger l’un vers
l’autre au fond de toi de moi de nous deux nos bouches s’uniront par le givre
sous le ciel bleuté le sang de nos lèvres perlera soudés l’un à l’autre par le
froid nous serons un seul corps caverneux sous les couvertures enveloppés des
cristaux sans avenir sans lendemain sans souvenir dans la nuit profonde
éthylique apocalyptique en détresse de nos dernières pensées nos derniers
baisers nos dernières caresses
Là où je vais je ne serai plus seul je n’aurai plus froid sur la photo je reconnais tes yeux mais ils ne me regardent pas.
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