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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 24 septembre 2021

Louise Lecavalier: image, parole, mouvement

Je faisais une sieste, le premier après-midi d'automne, et lorsque je me suis éveillé, je pensais à cette danseuse qui m'avait tant impressionné durant mon adolescence, la fabuleuse et trop inaccessible Louise Lecavalier. Elle semblait me parler dans ses gestes subtils, sa grande sensibilité, me parler de choses difficiles à exprimer, de sa souffrance, de son intensité, et j'aurais aimé pouvoir lui répondre, mais tout un monde nous séparait à l'époque, et en même temps, rien, puisque nous étions maintenant reliés par un autre monde, magique celui-là.

Je sortais lentement de mon sommeil, c'était déjà le soir, une lumière tamisée sur ma commode adjacente au lit éclairait faiblement la chambre de sa lumière jaune et chaude, au sous-sol. Je me retrouvais dans des lofts spacieux, en hauteur et ouverts sur la ville lumineuse au rythme des sons jazzés, du wah-wah mélancolique, dans la nuit profonde et tragique. Un couple danse dans la pénombre, c'est Louise et probablement Marc Béland, je danse avec eux à travers les époques: oui, je suis en train de consulter leur fiche sur Internet.

Je me surprends à découvrir que Louise est encore active, oui, c'est incroyable! Elle est toujours aussi créative et arrive avec de nouveaux projets aux titres parfois en anglais, comme j'ai moi-même tendance à le faire pour le titre de mes textes; j'apprends aussi, à mon grand étonnement, qu'elle est originaire de Laval, l'endroit où j'ai grandi, et je n'arrive toujours pas à le croire, dire que j'aurais pu la côtoyer! Mais cela me fait réaliser en même temps l'influence qu'elle a pu avoir sur ma vie, non seulement elle, par son style de danse nouveau, mais aussi le concept un peu thrash en tant que tel de La La La Human Steps, troupe créée par le chorégraphe Édouard Lock.

À ce moment dans mon lit, encore ensommeillé, je voyais ce qu'avait fait Louise comme étant plus que seulement de la danse, je le voyais comme formant un tout complet, alliant l'image, le mouvement, et la musique, l'ensemble constituant une dynamique éclatée, mais parlante.

Je me suis dit qu'il fallait que je mette cette danse en paroles, tout ce phénomène, toute cette idée. Mais je me suis dit aussi que cette entreprise était un peu étrange, puisque la danse devait déjà être la traduction de sentiments et de paroles, et moi je voulais refaire le travail en sens inverse. La vérité est qu'il est presque impossible de traduire en paroles le tout que forme cette danse, car cela relève en grande partie d'une dimension évanescente, faite d'impressions fugaces, de sentiments profonds, de sons, d'images, de mouvements.

Même si l'entreprise semble plus ou moins vouée à l'échec, je persiste à vouloir transposer en paroles, en poésie, la danse de Louise Lecavalier. Son style percutant, spectaculaire, original, éclaté et sauvage, sa douceur et sa rudesse.

Site de Louise Lecavalier: https://louiselecavalier.com/

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