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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 16 août 2009

Chacun son trip

Pour certains c'est l'héroïne, d'autres la cocaïne, d'autres le travail, d'autres l'alcool, d'autres le sexe... Et d'autres encore, toutes ces réponses et davantage! Personnellement, je n'ai jamais compris ceux qui prenaient de l'héro, et encore moins ceux qui s'injectaient tout court. Si je prenais de la dope, je m'arrangeais toujours pour avoir un contrôle sur l'effet, ayant eu des méchants bad trips par le passé qui ont failli me tuer ou me rendre fou, comme l'acide et la coke sniffée, et avec la freebase je pouvais contrôler la quantité et la qualité (par le goût et l'odeur de la fumée), ainsi que la durée du trip par le morcellement des quantités, trip qui n'est jamais long mais très intense, surtout pendant les rapports sexuels. (À ce sujet, j'ai baisé une fille une quinzaine de fois en ligne, et j'aurais pu continuer, car elle en voulait toujours plus étant gelée elle aussi, mais nous avons été obligés d'arrêter abruptement après qu'elle ait lâché un grand cri : avec la friction répétée et les coups secs, mon pénis avait déchiré sa lèvre comme un poignard; elle dut se rendre à l'hosto, le trip était fini. Ça a pris deux semaines avant qu'on puisse rebaiser, mais jamais aussi intensément.)

En revanche, l'injection ou la prise de pilule, ou encore, renifler une poudre qui reste «collée» dans le sang et qui est difficile à éliminer ne permet pas de contrôler ni la qualité ni le trip, qui peut être fatal. Même chose pour le «fort», qui soul trop et trop vite, menant à des pertes de mémoire, à de l'agressivité subite et parfois à se réveiller dans des lits étrangers à faire des choses qu'on n'aurait pas voulu. La bière, s'éliminant facilement, ne mène jamais à ce genre de situations. Donc, prudence avec les substances.

Très tôt dans mon adolescence je recherchais les sensations fortes, les cascades spectaculaires, les sports intenses, la musique heavy, les montées d'adrénaline : j'étais l'antithèse du type zen. Puis, entre amis, premières virées, colle, et les premiers joints de hasch, j'avais même une belle petite pipe en bois artisanale. Je travaillais comme caissier dans un dépanneur et j'ouvris la revue «High Times» qui parlait déjà à l'époque d'une nouvelle drogue très forte et qui causait un fléau aux États-Unis : évidemment, je voulais l'essayer, c'était la «freebase». J'écoutais Led Zeppelin avec mes amis et le chanteur hurlait ce mot, synonyme de tous les vices et de la dépravation totale, dans une des chansons. Nous en rêvions comme d'une belle chatte de femme écartée.

Puis, ma découverte des bas-fonds de Montréal, addiction à la substance convoitée alors qu'on me conseillait de ne pas l'essayer, mais je suis toujours venu à bout de tout, alors je n'avais pas peur. Je dois avouer que j'avais une grande excitation à l'idée d'être «esclave» de quelque chose, de me ressentir différemment, d'être «dépendant» et d'avoir besoin de cette substance, comme un vampire de sang. Ça me donnait une sorte d'identité, de réalité, d'«état de fait» de moi-même, de consistance fatale. Autrement dit, je n'expérimentais pas seulement une drogue, mais je m'expérimentais moi-même à travers cette drogue, je me lançais un défi : le défi de la dépendance impossible. Avais-je enfin quelque chose à quoi m'accrocher pour pouvoir dire «Ça c'est moi», «J'en ai besoin, c'est mon amour, c'est ma vie»? Pendant un certain temps, je l'ai cru dur comme fer. Puis, j'ai compris que toutes les dépendances étaient uniquement et très fortement psychologiques. Le dépendant, ennuyé par tout, veut se faire croire qu'encore une chose au moins, par son pouvoir envoûtant et irrésistible, le retient dans l'existence. L'«amour» naissant fait souvent le même effet. La vie serait bien ennuyante s'il n'y avait ni sexe ni amour!

Aujourd'hui, je suis calmé point de vue sensations fortes. Je modère mes transports en amour, et si je bois, je reste raisonnable, je ne perds jamais le contrôle en rien, sauf lorsque je jouis, et si je prends de la dope c'est en scientifique qui sait ce qu'il fait, mais c'est tellement rare que ça se produit, puisque je n'ai pas besoin de rien prendre pour «tripper», le voyage dans la pensée et dans les connaissances est beaucoup plus excitant et enrichissant, sans vouloir faire mon snob, bien sûr. Personnellement, je ne veux pas perdre ce que j'ai acquis avec peine et labeur, je parle de mon univers mental qui est équilibré et le fun; j'aime ma personnalité, ma stabilité, ma vivacité. Le manque de forme ou l'esprit brouillé à cause de la consommation me rend malheureux, car je ne me sens pas au maximum de mes capacités, je suis incapable de travailler mentalement et j'ai le sentiment de perdre mon temps, une chose que je déteste. Cependant, je ne suis pas contre les «paradis artificiels», nous avons chacun les nôtres, à chacun son trip. Laissons les personnes vivre ce qu'elles ont à vivre, il ne peut en sortir que du bon.

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