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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 15 août 2009

Les masses critiques

Les masses peuvent-elles être critiques? À première vue, lorsqu'on croise la masse d'imbéciles de gros puants attardés dans l'autobus, on doute de la possibilité. Le gars est dans la trentaine, style rocker, gros bras velus, cheveux longs noirs et l'air tough, ben tabarnak, il a le dernier tome de Harry Potter dans les mains et le lit avidement. Est-ce possible? En tout cas, c'est pas le premier que je vois faire ça. Allo dans le coco! C'est pour les enfants ces histoires, mettez-vous donc à lire des choses plus intelligentes si vous voulez avancer dans la vie sur le plan de la culture et de l'esprit.

Prenez des cours à l'université, apprenez une autre langue, activez-vous le ciboulot au lieu d'être complaisant envers vous-même et d'aller vers le plus facile. Si vous cherchez votre «chez vous» et que vous vous ennuyez de votre maman, prenez-vous un bon chocolat chaud ou encore faites-vous chauffer de la soupe poulet et nouilles style grand-maman : la question sera réglée et votre intelligence ne sera pas hypothéquée à cause de votre manque d'affection, ou de tétées.

Lorsqu'on réalise à quel point nous sommes empêtrés dans une multitude innombrable de gens sans instruction, stupides et entêtés par-dessus le marché, on se demande c'est quoi l'optimisme de penser qu'on peut s'en sortir «tous ensemble». À ce qu'il semble, ceux qui bloquent les rues pour faire des fêtes improvisées destinées à opérer un changement dans les mentalités et se rapproprier notre espace autant «physique» que «mental» monopolisé par les multinationales, ne sont qu'une petite minorité de gens «réveillés», le reste dort au gaz dur en sacrament.

Si le système tient bien fermement en place, c'est parce qu'il y a des gens qui le supportent et qui pensent tous «toi, fait quelque chose» et finalement ne font rien en se rassemblant en rond autour de la victime en se disant que le monde est «écoeurant». Si le monde est «écoeurant», c'est à cause de votre passivité. Pensez-y deux secondes : ceux qui vous font la vie dure ne sont vraiment pas nombreux, et nous ressemblons à un éléphant qui saute sur un tabouret parce qu'il a peur d'une souris. C'est aussi un problème d'estime de soi : les gens ne se croient pas capables de faire quelque chose ou encore «autorisés» à le faire, alors ils ne font rien en renvoyant leur responsabilité de citoyen sur les «autres», qui eux, font de même et ainsi de suite.

Je ne suis pas complètement pessimiste par rapport à l'avenir de l'humanité, car je crois qu'une «masse» intelligente et qui agit dans son meilleur intérêt est possible, en tout cas c'est mon rêve, et c'est peut-être une utopie. La clé du succès passe selon moi par l'éducation (initiative, responsabilité, sens critique, courage) et le règlement urgent des inégalités, afin de permettre aux individus d'avoir accès aux mêmes avantages et de s'épanouir pleinement.

Tout le monde peut s'accorder pour dire qu'il est injuste qu'un jeune, parce qu'il provient d'une famille pauvre et doit donc travailler plus tôt pour subvenir à ses besoins, passe le temps qu'il pourrait consacrer à ses études et à son avancement à remplir les poches d'un gros capitaliste dans un fast-food, alors que l'enfant de ce dernier bénéficie de la meilleure éducation sans être obligé de travailler, et se retrouve aussi sans dette à la fin de ses études. Résultat concret : le jeune qui provient d'une famille pauvre «paie» en réalité les études de l'enfant du gros capitaliste qui l'exploite. N'est-ce pas une belle façon de s'assurer la mainmise sur le pouvoir et les capitaux! Comme on dit : «au plus fort la poche», c'est toujours la même histoire qui se répète, et je crois que ça peut changer si les intellectuels font un bon travail «avec» les gens et non «contre» eux en se vendant par avidité ou par inconscience à ceux qui, injustement, ont tout, et dont la vie est un vrai «lit de roses».

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