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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 11 août 2009

Freud et la pulsion d'agression

Je flirtais depuis quelques jours «Le malaise dans la culture» de Freud, seul livre que j'ai lu d'un bout à l'autre du père de la psychanalyse lors de ma première année d'étude en philosophie à l'université. Le contenu du livre était bien loin dans ma mémoire, mais son impact, toujours frais. Je le feuilletai donc à la librairie «Le Port de Tête» pour me convaincre de le reprendre et je suis tombé sur le passage qui parle de la propriété, du communisme et de la pulsion d'agression : une observation saisissante et qui porte à s'interroger.

Selon Freud, le problème avec le communisme, c'est qu'en voulant abolir la propriété privée «on soustrait au plaisir-désir d'agression humain l'un de ses outils». Autrement dit, la pulsion d'agression étant indéracinable chez l'humain, si le pouvoir d'agresser la propriété d'autrui, de s'approprier ce qu'il possède ou d'exploiter sans dédommagement sa force de travail est supprimé, d'autres formes d'agression imprévisibles, dirigées plus directement vers l'individu, verront le jour. «Si l'on fait disparaître le droit individuel à des biens matériels, il reste encore le privilège venant des relations sexuelles [...]» et si ce privilège est aussi aboli, d'autres formes d'agression et d'inégalités sont à prévoir.

Assurément, les hommes ne sont pas toujours faits pour s'entendre! Et Cioran d'écrire : «Si les rapports entre les hommes sont si difficiles, c'est parce qu'ils ont été créés pour se casser la gueule et non pour avoir des "rapports".» Bien dit! Maintenant, pour confirmer les dires de Freud, nous avons une petite étude intéressante menée récemment. Deux souris, un mâle, une femelle sont gardés ensemble dans une cage; séparément se trouve une autre cage contenant cinq autres souris qui joueront le rôle de l'«intrus». La femelle fut enlevée de la cage et on la remplaça par une autre souris. Immédiatement, la souris mâle manifesta un comportement d'agression envers l'«intrus» : battements de queue, déplacements circulaires, un peu de boxe et même des morsures! La souris a ensuite été entraînée pour pousser sur une manette afin de faire revenir l'intrus, manifestant à nouveau le même comportement agressif. Le plus surprenant, c'est que la souris repousse constamment sur la manette pour revoir l'intrus et reprendre son agression! Les chercheurs ont découvert que l'agression amenait une récompense en dopamine dans le cerveau de la souris, renforçant ainsi le comportement d'agression. Les pacifistes ont un problème sur les bras, puisque les rapports humains semblent reposer sur un équilibre des agressions; voici le lien de l'article : http://www.mc.vanderbilt.edu/reporter/index.html?ID=6131

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