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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 30 mars 2010

Sondage - Âgée de 31 ans, Maude est une célibataire très brillante et...

très directe qui a obtenu un baccalauréat en philosophie. Pendant ses études, elle a consacré beaucoup de temps aux questions liées à la discrimination et à la justice sociale et a également participé à plusieurs manifestations antinucléaires.

Quelle est la probabilité que Maude :

• soit une enseignante à l'école primaire?
• travaille dans une librairie et suive des cours de yoga?
• milite au sein du mouvement féministe?
• soit une travailleuse sociale neuropsychiatrique?
• soit membre de la Ligue des électrices?
• soit une employée de banque?
• soit une agente d'assurance?
• soit une employée de banque et milite au sein du mouvement féministe?

Vous devez classer les traits descriptifs de cette liste en commençant par le plus probable et en terminant par le moins probable. - - -

On nous avait exposé le problème dans notre cours d'épistémologie, je trouvais à l'époque que la réponse était évidente, mais dans le test proposé, ceux qui ont donné la mauvaise réponse (parce qu'il y a deux énoncés critiques) ont été nombreux, et outre les étudiants de premier cycle universitaire on compte même parmi eux des spécialistes ayant acquis une formation en logique (pourtant!) et en statistiques.

Aujourd'hui, je suis tenté de justifier la «mauvaise» réponse, parce que je la trouve naturelle, et qu'il doit sûrement y avoir une raison pourquoi la plupart des gens échouent à ce test simple. La raison se trouve en partie, je crois, dans le fait que ces chercheurs (ceux qui ont conçu le test) ne parlaient pas le même langage que la plupart des gens ou, en tout cas, n'étaient pas dans le même contexte, qui est souvent sans logique, sans nombres et sans probabilités. Le test porterait, en fait, non sur la logique, mais sur les erreurs d'interprétation du langage à utiliser. Ce qui est inhabituel dans le test ci-haut, c'est qu'il soit un test de pure logique froide, mais qu'il soit énoncé dans un langage chaud, sans symboles, sans chiffres. Les gens ont donc tendance à l'interpréter dans un langage chaud, c'est-à-dire en posant une évaluation qui impliquera l'intelligence émotionnelle et mettra de côté la logique froide. Si j'avais effectivement trouvé la bonne réponse dans mon cours d'épistémologie, c'est que je me trouvais dans un contexte froid où on cherche des erreurs dans les processus cognitifs des individus. Si j'avais été dans un cours d'éthique par exemple, j'aurais probablement choisi la «mauvaise» réponse. C'est que dans la vie quotidienne, l'on ne pense pas la «probabilité» dans l'horizon de la logique pure, mais plutôt dans celui des conduites humaines possibles, qui ne sont pas toujours elles-mêmes «logiques» ou même «rationnelles». Conclusion: l'erreur détectée chez presque tous (85% de ceux qui ont passé le test) par ces chercheurs n'est qu'un jeu d'intellectuels de laboratoire à marde en vase clos qui ne font en réalité que projeter leur petit monde étroit sur celui, beaucoup plus large, de la grande majorité qui pense dans un contexte «humain» quotidien.

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