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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 28 mars 2010

Chanter avec les mouettes

Un autre dimanche plate du câlisse. J'ai même pas la force de lire ou d'écrire ou de faire de la musique. Dans mon cerveau : rien. En ce moment, je ne trouve rien de plus ennuyant que d'écrire un blog. Je crisserais toute ça là, encore une fois, pour la xième fois, pis je recommencerais, jusqu'au jour où je ne recommencerais plus : je me fermerais la gueule définitivement. Je parlerais aux mouettes, ou aux bibittes, à mon chat, aux plantes, ou encore, à la moquette.

J'ai eu comme une période d'emballement au début où je mettais beaucoup d'effort dans mon blog, la première année, j'écrivais de longs textes sérieux et travaillés. Je faisais des lectures complètes de livres pour alimenter mes propos, je prenais ça à coeur. Aujourd'hui, je me câlisse plus ou moins de tout ça. Je suis bien conscient que des gens me lisent d'un peu partout, mais ça ne me dérange pas de parler de mes choses les plus personnelles, parce que vous voyez, ça n'a plus aucun sens que ce soit personnel ou pas. Je peux dire n'importe quoi, cé tu vrai? cé tu faux? personne ne le sait vraiment. Par exemple, présentement je mange un morceau de pain avec beurre et camembert crémeux : ça a l'air vrai n'est-ce pas? Pourquoi en effet mentirais-je sur des choses aussi banales? Eh bien, c'est faux : je suis en train de taper, c'est tout. Je tape n'importe quoi.

Allez, au revoir. M'en va me coucher moi. Je vais ouvrir la porte de mon balcon et chanter avec les mouettes, mes compagnons dans l'ennui total.

S'il y avait de la neige, je me coucherais dans la neige tel que recommandé par Dostoïevski dans les périodes de lassitude totale, mais il n'y en a pas. Par contre, ça ne marche pas vraiment, je l'ai déjà essayé : j'avais pris une brosse un soir de tempête en hiver, je suis allé dehors dans le gros vent et le froid avec la ferme intention d'aller me coucher sur l'Île-aux-chats : j'ai traversé la rivière gelée, pis je suis allé me coucher dans la neige qui était d'ailleurs assez épaisse sur cette île. Je n'avais aucun souci, le vent sifflait là-haut dans les branches au dessus de ma tête, je me suis endormi rapidement, avec la pensée que je ne me réveillerais peut-être pas, j'avais une envie vague de mourir. Quand je me suis réveillé, j'avais les jambes gelées jusqu'aux genoux : j'ai bien failli passer tout droit : on m'aurait retrouvé au printemps, en train de dégeler. J'ai paniqué, j'ai essayé de me lever, mais je ne sentais plus rien. Je me suis mis à courir comme j'ai pu, c'était comme si je courais sur des échasses. Il y avait des «criques» un peu partout sur la glace, des trous bien cachés qui menaient directement dans l'eau, je devais faire attention pour les éviter dans le noir. Ça résonnait dans mes jambes et ça faisait tellement mal, je ne croyais pas pouvoir m'en sortir, tout mon corps était gelé, ma face, mes bras, mes mains, toute, mais surtout mes jambes que je ne sentais plus. Arrivé chez moi, je n'ai rien dit à mon père, j'avais 15 ou 16 ans, je ne disais jamais rien de ce que je vivais à personne, je suis allé à la salle de bain, et maudit que j'avais peur qu'on ait à m'amputer, c'était terrible, j'ai mis mes pieds et mes jambes sous l'eau tiède, puis au bout de quelques minutes, j'ai recommencé à avoir des sensations, puis c'est tout. Ça s'est terminé drette là mon trip d'aller me coucher dans la neige.

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