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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 26 mars 2010

La petite souris de Gurdjief

Vers la fin de son livre La vie n'est réelle que lorsque « Je suis », Gurdjieff parle d'une «anormalité» générale constatée chez l'homme : il a peur d'une souris, et tout le monde grimpera sur une chaise pour l'éviter, mais il n'a pas peur de la mort. Cette anormalité serait due à l'ancienne présence en l'homme (dans le cerveau?) de ce que Gurdjieff appelle l'«organe kundabuffer», mais cette idée est assez ancienne je crois et elle porte d'autres noms. Cet «organe» empêcherait l'homme de voir la réalité telle quelle est, mais depuis très longtemps, il a été retiré par les «créateurs» des êtres humains, des civilisations qui voyagent de galaxie en galaxie aussi facilement que je vais au dépanneur au coin de chez moi, puisqu'il n'était plus nécessaire. Ceux-ci ont alors constaté quelque chose d'étrange : les êtres humains continuaient à se comporter comme si l'organe était toujours là. Il fallait donc que l'être humain fasse un effort supplémentaire pour se débarrasser du comportement différent que cet organe entraînait autrefois, et qui relève seulement depuis ce temps du conditionnement ou du comportement acquis.

Bien sûr, ce sont des théories parmi d'autres que j'ai lu il y a des années, et je n'adhère à rien, je ne fais que lire et observer. Je garde ce que je lis dans un coin de ma mémoire, puis je passe à autre chose. Cependant, le «fait» reste : c'est vrai que nous avons peur de petites choses insignifiantes, mais que nous n'avons pourtant jamais peur de la mort. Et ce fait est, selon moi, une véritable anomalie de l'espèce humaine, c'est très paradoxal.

Ma conclusion, et c'est ma version plus simple des traces laissées par l'«organe kundabuffer» : l'homme dort au gaz.

Et aussitôt me vient à l'esprit cette autre pensée : Il est plus facile à un homme de mourir que de penser.

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