Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 30 mars 2010

On revient toujours à nos premières amours

Les femmes donnent toutes la même impression : qu'elles ne repensent jamais à leurs ex-amours. Si c'est vraiment le cas, cela prouve qu'il n'y avait vraiment aucune nécessité dans ces relations, ou peut-être que cela prouve autre chose, c'est très possible. Je crois bien ne pas me tromper en disant que les femmes n'aiment pas comme les hommes, et je crois bien ne pas me tromper non plus en disant que les hommes «chérissent» leurs femmes bien plus que l'inverse. Vous les femmes, vous êtes comme de petits bijoux pour nous les hommes, et vous le savez, c'est pour ça que vous êtes coquettes. Des hommes ont détruit des pays entiers pour avoir la femme qu'ils désiraient, ou pour plaire à une, ou avoir les faveurs d'une autre. Le monde n'est qu'un grand jeu pour le sexe, le pouvoir et l'argent; un grand jeu ou les hommes se cassent la gueule mutuellement pour réussir à planter leur petite graine. S'il n'y avait pas le sexe dans nos vies, l'amour et la séduction, et je parle des hommes et des femmes, il ne resterait souvent pas grand-chose, à part nos petits hobbies et nos petites passions; je dis «petites» passions, car personne n'irait se sacrifier pour un théorème mathématique, une oeuvre d'art, etc., alors qu'on le ferait à tout moment pour l'être aimé, même si celui-ci est en réalité le plus méprisable. On finirait par mourir d'ennui à la surface de ce globe, errant sans but comme des fourmis à la retraite, sans passion foudroyante, sans rien pour occuper nos pensées définitivement, sans illusions, sans déceptions. Le sexe est derrière tous nos combats. Sans la passion, l'amour, la volupté, la séduction, la jalousie, les illusions, le jeu, la lutte : le monde ne serait qu'un désert et l'humanité aurait tôt fait de disparaître. L'être humain est un être sexuel de part en part (Sartre), etc.

Mais cette impression n'est peut-être justement qu'une impression... Beaucoup de femmes sont obsédées par leurs amours, par tel homme en particulier, puis tel autre. L'homme aimé est comme planté dans leur esprit, et il y est d'autant plus fermement planté qu'il les aime moins. C'est une mécanique cachée qui repose sur l'amour-propre des femmes. Cela vaut aussi pour les hommes : moins une femme se montre «acquise», plus ils l'aiment. Certains pourraient dire que cela est la preuve que l'amour n'est qu'un jeu de pouvoir, mais loin de là. Avoir le «pouvoir» sur l'être aimé ou l'avoir seulement pour soi, à soi, sert encore à autre chose : ce n'est pas la finalité de la relation. Le pouvoir ou l'exclusivité n'est qu'une partie du jeu, la première partie. Premièrement, l'exclusivité est double : l'exclusivité sexuelle dit que cette personne ne fait l'amour qu'avec moi, et l'exclusivité amoureuse dit que cette même personne n'aime que moi (d'un amour charnel) et personne d'autre. J'aimerais ajouter à ce sujet que l'exclusivité sexuelle ou la «fidélité», ce que nous pouvons vérifier concrètement, matériellement, n'est jamais une preuve d'amour, mais nous nous en tenons d'autant plus à celle-ci que nous ne pouvons vérifier et prouver l'autre : l'amour ça se passe dans la tête, et dans le coeur; il n'offre que peu de prise.

Pour revenir à mon impression, effectivement, ce n'est peut-être qu'une impression, mais alors les femmes sont beaucoup plus secrètes que les hommes. Je sais juste que ce n'est pas bien vu pour une femme de montrer ce genre de choses, car la femme doit être aimée uniquement, complètement et irrémédiablement, sinon cette personne ne vaut pas la peine qu'elle s'en souvienne : c'est comme une défaite inscrite à son tableau. Elle passe à autre chose aussi facilement qu'elle change de poste de télé, ou c'est peut-être ce qu'elle veut faire croire, par orgueil. Pour ma part, ce n'est pas mon cas, et ce n'a jamais été mon cas.

Je m'aperçois en vieillissant que je repense plus souvent à mes anciennes amours. Ça arrive comme ça, par hasard, j'ai envie de sentir le parfum qu'elle portait, pourquoi? essaie de savoir... C'est du pur masochisme, mais bon, je saisis le parfum et le sens sur un bout de papier, je repense à elle, lorsque j'avais seize ans, mon premier amour... Je me souviens que je devenais malade lorsqu'elle devait me quitter pour aller travailler à Toronto, j'en avais la nausée sur le chemin du retour. Je ne pouvais supporter physiquement qu'elle me quitte, mais je ne disais rien à personne et je cachais la souffrance que je ressentais; je comprenais qu'il ne servait à rien d'en parler, car aucun mot n'aurait pu suffire à rendre ce déchirement de tout mon être. Bref, je me comportais conformément à mon genre, comme un vrai gars qui ne montre pas ses émotions. Mais j'étais malade d'amour, c'était physique, charnel, psychologique, c'était tout, un désir d'éternité, je ne sais pas quoi dire d'autre... mais ce n'était pas un jeu de pouvoir... C'était le feu du dedans, ou appelons ça comme on veut, mais ce n'était pas un petit jeu de pouvoir.

Ça ne m'a pas empêché de la laisser, car je n'avais plus de contrôle sur moi-même et je devais me concentrer sur mes études. C'est un choix que j'ai regretté par la suite pendant le restant de mon adolescence et de ma jeune vie d'adulte. J'ai fini par me désintéresser de mes études, et même, de la vie; je suis devenu cruel envers moi-même et envers les autres. Mais le choix avait été fait et il était impossible de revenir en arrière. Et même si elle était revenue, ce n'aurait pas été pareil, tout aurait été différent après la blessure causée par la séparation. Nous aurions perdu la magie de l'amour naissant, de nos premières impressions, de nos premières caresses. Ce ne fut, après tout, qu'un amour d'été, un amour pendant les vacances scolaires. Et c'est ce qu'elle me confirma par la suite, lorsque j'ai reçu une lettre d'elle, la seule et l'unique, et où elle parle des 2 mois fous que nous avons passés ensemble, etc. Plus de vingt ans plus tard, il ne me reste plus d'elle que ce parfum... Un parfum qui, je m'en rends compte aujourd'hui, aurait pu aussi bien faire à une autre femme.  

Aucun commentaire:

Publier un commentaire