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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 15 mars 2010

Halte à Albert Jacquard

J'ai écrit un billet sur l'abolition des Jeux olympiques et lorsque j'ai vu le titre du livre de Jacquard Halte aux Jeux, évidemment, j'ai été tenté de le lire. Il est vrai que la situation des jeux est assez aberrante et que sa nature a changé; ainsi, nous ne rencontrons plus d'amateurs au sein des jeux, ce qui était le cas au début et même une condition, mais que des professionnels, et c'est rendu une grosse business, une course à la récolte des médailles dictée par la pression des intérêts financiers. Ainsi, l'esprit initial des jeux n'est plus là, je suis d'accord. Le symbole des Jeux est devenu un logo pour lequel les grandes compagnies paient le prix fort pour pouvoir l'apposer sur leurs produits, même si ceux-ci n'ont aucun rapport direct avec les jeux, et encore moins de valeur nutritive. 

Cependant, là où je ne suis pas d'accord, c'est lorsque Jacquard défend des Jeux ou des sports en général où il n'y aurait pas de compétition, donc pas de médailles et pas de scores : on va faire du sport ou jouer pour le plaisir seulement, mais pas pour gagner à tout prix : cette position-là je la trouve vraiment, mais vraiment aberrante. Comment peut-on être motivé à être compétitif s'il n'y a rien à gagner en bout de ligne? Ainsi, ce genre de réponse va tellement à l'encontre de la nature humaine que c'en est incompréhensible.

Par pur hasard, juste après avoir terminé ce livre, j'ai mis la main sur un livre d'un autre biologiste : Henri Laborit, La nouvelle grille. Eh bien, dans ce livre, je tombe sur ce passage p.114 : «Mais le seul besoin essentiel et qui, lui, n'est pas satisfait de façon générale, ce n'est pas la consommation, mais le pouvoir, car seul le pouvoir permet la satisfaction des besoins [...]» Et il ajoute plus loin qu'autrefois le capital permettait d'assurer la dominance, mais que les technocrates, par leur savoir même, ont le réel pouvoir, puisque les capitalistes dépendent d'eux pour faire fonctionner leurs entreprises. «La preuve est là que la recherche de la dominance, du «pouvoir» est bien la motivation fondamentale de l'homme puisque [...]» Et là, immédiatement, je pensais à Nietzsche et à la Volonté de Puissance et au fait que j'aurais peut-être dû continuer à le lire...

Ainsi, ces deux biologistes s'opposent dans leur réponse sur la nature humaine : un croit que l'homme peut participer à des jeux sans «compétitionner», et l'autre croit que la motivation fondamentale de l'homme est la domination, autrement dit, le pouvoir, et que, par conséquent, il lui serait donc impossible ou peu motivant de jouer sans vouloir compétitionner, autrement dit, sans vouloir plus de puissance, que ce soit par le capital, le savoir ou une meilleure performance sportive et des distinctions sous forme de médailles ou autres récompenses.

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