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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 31 mars 2010

Pétage de coche : le larmoyisme spectaculaire

Je mange mes céréales, j'ouvre la tévé pour essayer d'avoir un peu de nouvelles, ce qui est toujours très difficile, vu qu'on ne parle toujours et uniquement que de sport, bandés que nous sommes sur les pousseux de rondelles, sport qui ne m'intéresse guère par ailleurs, comme tous les autres sports, sauf peut-être les combats extrêmes ayant moi-même fait des combats dans ma jeunesse, et quand ce n'est pas les sports, c'est la météo mur à mur ou les maudits commerciaux de chars, ou encore, et ça c'est le pire, les maudits commerciaux qui fessent...

Ça me tente-tu moi qui viens de me réveiller et qui suit de bonne humeur, ce qui est assez rare vu mon état dépressif, d'avoir une femme agressée qui me braille d'en face pendant une minute? La réponse est non. Même chose pour les commerciaux qui nous montrent des personnes en train de crever dans des accidents de chars ou d'autres qui se font décapiter ou mutiler dans des machines d'usines : ça m'écoeure au plus haut point, ça me révulse à un point tel, vous ne pouvez même pas savoir. Mon équilibre psychologique est déjà fragile, et à chaque fois que je vois ce genre de choses, ça m'affecte énormément et il m'arrive de pleurer; j'ai pas les moyens de me taper des provocations de ce genre, émotionnellement parlant. On est écoeuré de voir de la violence et de l'injustice, et on nous en rajoute toujours plus. Ce qu'on ne comprend pas, c'est que ces tentatives de conscientisation ont une efficacité égale à zéro : les gens s'ouvrent au début parce qu'ils sont curieux, mais par la suite, ils se ferment encore plus parce qu'ils sont écoeurés d'en voir, étant émotionnellement sursollicités. Tant qu'à y être, ils pourraient aussi nous montrer des animaux en train de se faire torturer ou dont on enlève la fourrure avant même de les avoir tués, des pauvres forcés de vendre leurs organes dans un parking en Inde pour nourrir leur famille, des parents en train de louer leurs enfants à des pédophiles, des femmes enlevées, droguées et forcées de se prostituer attachées à un lit 24h sur 24, des braconniers en train de tuer impitoyablement des éléphants pour prendre leurs défenses et s'en aller en laissant leurs bébés à eux-mêmes, des victimes de Norbourg en train de se suicider avec une ceinture après le cadre de porte de toilette... Écoutez, des écoeuranteries y en a partout. C'est à croire que le monde c'est juste ça quand tu y donnes les moyens d'être méchant. J'ai pas besoin qu'on vienne me le foutre en pleine face en plus, je le sais. Je le sais aussi que je peux changer de poste, mais le mal est fait, je sais de quoi ça parle pis je pense juste à ça pour le reste de la journée.

On va me dire que je ne pense qu'à moi, petit bourgeois de merde en pantoufles, etc. Ça n'a rien à voir, et savez-vous pourquoi? Parce que c'est du spectacle et toujours que du spectacle. On est dans le larmoyisme, et ça fait longtemps en cibole, et dans le spectaculaire. Le larmoyisme spectaculaire est à la mode. Mais le pire là-dedans, c'est qu'y a un prix à ça, un prix sociétal. Quand j'en ai déjà ras-le-bol, je ne vois pas comment le fait de me foutre ces images dans face va m'aider à passer une meilleure journée, à être de bonne humeur, gentil avec les autres, à être plus compatissant, plus négociable, etc., et surtout, je ne vois pas comment ça viendra me conscientiser... Au contraire, je change de poste ou je ferme le son : je veux rien savoir, je ne suis plus capable d'en prendre. Écoutez, j'en ai mangé d'la marde en masse dans ma vie, et je vais sûrement en manger encore plus, puisque la vie c'est essentiellement ça on dirait  : dépressions, tentatives de suicide, toxicomanie, prostitution, victime d'agression sexuelle, prison, itinérance, et j'en passe, et je me considère quand même responsable en grande partie de ce qui m'est arrivé... J'en ai plus qu'assez de la manifestation de la violence, du spectacle de la violence et de la victimisation à outrance. Comme c'est rendu là, nous sommes tous des victimes d'une chose ou d'une autre. Nous vivons dans un monde de victimes, d'irresponsables, et de spécialistes en victimologie. On peut-tu mettre nos culottes esti pis casser la gueule pour de bon à ceux qui le méritent? En Chine, les criminels importants on leur fout une balle dans tête, ça fini là mon petit bonhomme. Ça coûte pas un million de dollars comme au Texas, ça coûte une cigarette et une balle. C'est clair, net et efficace : on te fait un petit trou en avant de toi, pis tu t'en va . Tu sais pas vivre esti? On te décrisse de l'existence!

Eille, esti de bande de caves de câlisse! Ici on argumente pour savoir si on devrait rétablir la peine de mort, pis si ça coûterait pas trop cher, pis etc. Ça finira jamais parce qu'on est payé pour tourner en rond. Le criminel a été pris en flagrant délit : les mains maculées de sang, l'arme du crime est là, il tient la tête de sa victime dans ses mains, il y a trente témoins, des enregistrements vidéo, audio, des aveux par-dessus le marché, il y a possiblement une dizaine d'autres victimes de ce tueur... Et on va l'envoyer se faire vivre en prison sur notre bras pendant 20, 30, 40 ans sinon plus? Si les murs de la prison s'ouvraient demain à cause d'un énorme tremblement de terre, il retournerait immédiatement violer et tuer d'autres victimes... On ne peut pas moralement permettre cela et il faudrait le mettre, selon moi, hors service définitivement, il n'y a aucun risque à prendre.

Oubliez les droits humains, c'est du niaisage pour petits-bourgeois qui ont de l'argent à jeter par les fenêtres. En Chine, ça fait partie des règles du jeu : tu veux vendre de l'héroïne à notre jeunesse et les foutre dans la merde, eh bien, quand on t'attrape, tu sais ce qui t'attend : une balle dans tête. Le criminel le sait très bien, mais il essaie quand même de déjouer le système, et quand il se fait prendre, il fume sa cigarette parce qu'il sait que la game est terminée pour lui : il s'est fait assez de fun sur le dos des autres, maintenant il doit accepter son sort le petit comique. Ça fait partie du jeu, arrêtons de donner des droits aux méchants et de dorloter ceux qui font le mal de façon évidente.

Ce larmoyisme vient affecter directement la politique, parce que les gens ne croient plus en rien lorsqu'ils voient le mal triompher partout à cause de l'inefficacité du système. Et c'est avec les commerciaux qui fessent qu'on nous met ce fait, cet échec, dans la face. Deux mille ans de christianisme nous ont rendus bonasses jusqu'à l'idiotie.

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