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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 12 janvier 2010

Les beaux discours sur l'«être» des sans-le-sou

25/5/7
J'aime X de tout mon coeur, même si souvent il n'y paraît pas. L'ambiguïté est nécessaire en amour, comme en tout, car tout se retourne constamment en son contraire. C'est une mesure pensée pour faire durer l'amour indéfiniment, mais je crains que même ainsi, tout s'estompe et redescende, personne ne peut rester bien longtemps sur la pointe des pieds.

Je dois relire tout Castaneda et me ressourcer.

29/5/7
Avec le temps il s'est avéré que j'ai empreint l'album With Teeth de NIN d'une profondeur inouïe. Chaque pièce de cet album me ramène maintenant dans le passé, un passé d'une ampleur insondable et vivante. Je me souviens exactement d'une soirée en particulier où j'ai vraiment fait mien cet album, où je l'ai imprégné de toutes mes émotions, de tout ce que je vivais à ce moment-là, de ma douleur. Ce soir-là, il pleuvait; j'étais seul et je revenais sous la pluie le capuchon sur la tête. Je sentais dans l'air ambiant les arbres, le feuillage, l'eau de pluie, l'asphalte mouillé. C'était une froide nuit de printemps, et j'étais mélancolique. Je revenais de faire mon client habituel, un plein, pour lequel je n'avais presque rien à faire et qui payait bien. C'était décidé : j'en avais plus que marre de lui, et de tout en général. Quand je suis revenu de Laval, j'ai appelé mon dealer. J'ai consommé ma coke seul, j'avais envie de mourir. Je suis allé au bar tout près du parc Lafontaine pour me distraire un peu et prendre une Coup de Grisou ou deux ou trois. J'allais et je revenais du bar à chez moi, de chez moi au bar... J'avais besoin d'une présence quelconque, d'un peu de musique, peut-être d'un flirt. Je pensais à elle sans arrêt, je prenais une gorgée de bière, un peu de coke, une autre gorgée, j'allais et je revenais, j'étais seul, j'étais perdu, tout à fait perdu au monde.

Mon caractère s'accuse encore davantage avec le temps, un désir d'être seul, le plus seul possible, je ne sais pourquoi. Je sens que les autres me sucent mon énergie, et ne font que cela.

Lorsque j'ai compris que c'était terminé, j'ai raccroché le téléphone et je suis resté prostré sur le sofa à pleurer pendant une heure ou deux, je ne sais plus. Je savais que j'étais dans une très mauvaise passe, car ça ne m'était jamais arrivé aussi intensément. Je continuais à pleurer, mais je n'avais plus de larmes et j'étais figé comme une statue, mon corps était tout raide. Je croyais que j'allais mourir sur le champ, dans cette position, et je n'y pouvais rien, et en même temps ça m'était complètement indifférent. Je savais que j'étais déjà mort en dedans et que ce n'était qu'une question de temps avant que le corps suive. Tout mon être était vaincu, déchiré. Je me suis levé après un certain temps, tout était mouillé sous moi et autour, j'avais tellement pleuré que de la salive avait aussi coulé de ma bouche; j'ai essayé de marcher pour me rendre jusqu'au lit, c'était comme si j'avais vieilli de cinquante ans d'un coup. Je me suis effondré, et je n'ai même pas cherché à noyer ma peine avec de l'alcool. Je l'ai plutôt laissé me transpercer, en m'ouvrant totalement à elle et en l'acceptant.

La patrie, la forme politique du chez-soi.

Je déteste les optimistes en tous genres, dont la réelle intention n'est toujours que de sucer le social et de s'en nourrir, parce qu'ils ne peuvent trouver leur nourriture en eux-mêmes.

L'art de la suggestion, contre l'expression directe. La suggestion est une forme de non-expression, et pourtant! (amenée par la p.76 de Corrections de Thomas Bernhard)

29/5/7
«C'est de ne pas communiquer ce que l'on ressent, nos émotions, qui nous rend malades.» : voilà son axiome à la «grande gueule» qui le justifie et lui permet de se laisser aller à sa compulsion, son besoin de jacasser sans cesse, sa bougeotte verbale, son «besoin» de se communiquer.

3/6/7
Les beaux discours sur l'«être» des sans-le-sou.

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