Hegel l'avait prédit, Fukuyama l'a réitéré, je n'y croyais pas, je trouvais cela comme bien d'autres, un peu ridicule, mais aujourd'hui, lorsque je porte attention aux médias et à leur contenu, je crois que nous sommes effectivement à un point où les bases solides, les fondations, ont été établies, et que ce qui nous reste en grande partie, ce sont les histoires individuelles, la vie quotidienne, les accidents, les anecdotes, les quelques rares découvertes scientifiques importantes, etc. Les bouleversements majeurs sont terminés et nous sommes à l'époque où un accident d'auto prend une envergure médiatique nationale, et souvent même, internationale : c'est quand même incroyable. Il n'y a pas de nouvelles, ou on veut délibérément s'accrocher au sensationnalisme, ou les gens ne sont pas intéressés à en apprendre davantage. L'esprit du téléspectateur est moulé sur la «formule» des médias, et lorsque celui-ci s'y attarde c'est toujours «sur le fly», de façon un peu distraite, en mode «curieux», un peu comme on prend machinalement, alors qu'on a faim, un hamburger au fast-food le plus près. Bien sûr quand on y pense, il y a d'autres émissions qui apportent des «nouvelles», comme «Découverte», mais celles-ci sont plus détaillées, plus élaborées, etc., et on doit s'y attarder plus longtemps afin d'assimiler ce qui y est dit, car souvent on explique certaines notions. Les modalités de la nouvelle dans le cadre de ce qu'on appelle l'«actualité» empêchent de faire cela puisque nous sommes davantage dans un mode «gestion de crise» à propos d'un accident d'auto ou d'une maison qui brûle. Il m'arrive de penser en écoutant le bulletin qu'il n'y aurait souvent pas de différences si j'écoutais à la place les appels entrants au 911 toute la journée. Ce qui autrefois dans les nouvelles prenait la petite place des «faits divers» occupe maintenant toute la place.
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