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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 18 janvier 2010

Mes maîtresses 1

Je me prépare à sortir, c'était je crois un vendredi ou un samedi, dans l'unique but de me trouver une amante pour la nuit. Je me dirige vers le Headgar pour prendre une bière que je me dois de siroter jusqu'à ce qu'elle soit terminée : c'est le temps que je me donne pour me trouver une femme qui me plaît dans cet endroit, sinon je m'en vais ailleurs pour prendre une autre bière, et ainsi de suite, jusqu'à ce que je trouve celle qui sera digne de mon corps d'Adonis. En top shape physiquement et mentalement, à l'aise pour aborder n'importe quelle fille de façon cool, je porte Versace Man, c'est mon brand pour les sorties de baise, et je ne me suis jamais senti aussi «sôcial» pour l'intellectuel introverti et inhibé que je suis habituellement.

Ne trouvant rien à ce bar, et ayant bu la dernière goutte de ma bière, conscient du temps qui est critique, je sors et je me dirige vers mon prochain bar : le défunt Zingue sur Mont-Royal. Mais en rentrant déjà, il n'y a rien, et je sens que si je m'installe, rien ne se passera non plus, parce que la crowd n'est pas sur la crouse, mais en mode «jasette sur un coin de comptoir en lisant le Voir». Par delà tout ça, il y aussi une question de «feeling» là-dedans : après tout, j'étais en mode «chasse», et je tenais absolument à manger de la chatte ce soir-là, j'en étais carrément obsédé, et je voulais éviter de m'endormir dans un endroit où ça ne «bougeait pas». Je ne pensais donc qu'à «ça» derrière mon attitude très ouverte, mais quand même assez réservée, puisque je «choisissais». C'est surtout en marchant sur la rue que je spot les femmes qui me regardent ou ont l'oeil pétillant : je sais alors que la soirée est bonne, les filles sont dans un bon mood. Ce soir-là par contre, je me cherchais en mautadit dans les visages : le pouls de la nuit était mort. Inquiétant... Branlette en perspective.

Je file donc vers le Barracuda, mais je n'aime pas ce bar qui est fait sur le long et qui ne correspond pas à mon type d'endroit pour mes tentatives de séduction. Je ne perds pas de temps et je sors en me disant que je n'ai plus aucune ressource... Je n'ai pas envie d'aller trop loin et je ne veux pas sortir du Plateau, de plus, il commence à être tard et les jeux seront bientôt faits. Je descends donc sur la rue tout près, et je me dis que je vais avoir du front, et que je vais tenter d'aborder les femmes directement sur le trottoir : je vais couper l'herbe sous les pieds de tous les mecs qui poirotent dans les bars du coin!

J'aborde donc les femmes qui me plaisent en commençant par un simple «Salut, comment ça va?» en souriant, puis tout en marchant à ses côtés «Qu'est-ce que tu fais?» sur un ton badin, et j'enchaîne là-dessus pour repérer ses intérêts puisque la question est vague et peut aussi bien dire «qu'est-ce que tu fais ?» que «qu'est-ce que tu fais dans la vie en général?», ça analyse rapidement dans ma tête, je trouve les points de convergence possibles en 10 secondes, puis, «Tu veux venir prendre un verre avec moi?», «On pourrait continuer à jaser», etc., je faisais carrément du speed dating sur le trottoir sans même le savoir. Les femmes semblaient charmées que je les aborde directement dans un lieu où tous normalement ne faisaient que marcher en faisant la moue aux «amours manqués». Je voyais que ça plaisait, car je parlais bien, j'étais diplomate (ça ne m'arrive pas souvent habituellement), et je n'étais pas trop «insistant» tout en étant très entreprenant : pour cela, je me suis inspiré très tôt de l'attitude d'esprit zen, et plus tard, de l'attitude décontractée des latinos.

Bref, j'ai réussi à aborder 4 ou 5 filles et à presque les convaincre, malgré le fait que certaines d'entre elles avaient déjà des chums! (assez ennuyants merci j'imagine! eh oui, j'ai déjà fait des cocus) Finalement, un peu découragé de ma soirée, je demande une cigarette à une jolie femme pressée au look très sophistiqué. Elle me répond qu'elle habite tout près, et qu'elle m'invite à venir fumer un joint avec elle! J'en revenais pas que ça ait été aussi facile! Maintenant j'étais un peu craintif, je me disais que j'étais peut-être tombé sur une maniaque qui voulait me découper en morceaux avec un complice une fois ben gelé. Elle, en revanche, semblait très confiante : j'étais un pur inconnu, mais elle «savait» que j'étais un gars «correct». En tout cas, elle m'a fait confiance instantanément, au point de m'amener chez elle sur-le-champ. Déjà, à l'entrée de son appart, j'étais excité à l'idée de la baiser, car elle était belle, elle parlait bien, on voyait tout de suite que c'était une femme intelligente et bien éduquée. Je la félicitais aussi intérieurement, car je trouvais qu'elle avait pas mal de guts pour faire confiance aussi facilement à un gros gars comme moi.

Une fois rentrés, on s'est installés à la cuisine, nous avons jasé un peu tout en roulant le joint et elle m'a avoué qu'elle avait tout de même un peu de crainte du fait d'avoir invité chez elle, comme ça, un pur inconnu. Je faisais tout ce que je pouvais pour détendre l'atmosphère, et elle aussi. Du coup, je me rendais compte que par son acceptation aussi subite, c'était elle le chasseur, et non moi! J'étais le «chassé» dans tout ça!

On fuma le joint tout en jasant de choses et d'autres, et je pris soin de ne pas trop prendre de grosses puff pour garder la tête froide un peu et continuer à voir où je m'en vais : après tout, j'étais en territoire inconnu, je devais garder toutes mes facultés en tant que chasseur et proie en même temps!

Le joint était fini, elle l'écrasa, resta pensive tout en me regardant, puis, je me disais que j'allais bientôt me faire mettre à la porte, mais elle me demanda d'un coup : «Veux-tu m'embrasser?» avec un certain désir dans sa voix et dans ses yeux. Elle a sorti ça de nulle part pendant un silence que je trouvais embarrassant, puisqu'il indiquait qu'on n'avait plus rien à se dire et que c'était la fin de notre rencontre. Elle a tout sauvé une seconde avant que je dise «Je dois partir, ça m'a fait plaisir de te rencontrer».

Je me suis levé, je suis venu près d'elle qui était assise sur la chaise en face de moi, puis je l'ai embrassé tendrement sur la bouche, enlaçant ma langue avec la sienne, mais sans trop exagérer, puisque je voulais lui donner envie de poursuivre la chose plus en «profondeur» dans son lit. Je retirai ma bouche doucement, elle était émerveillée, et je savais que je ferais cet effet, puisque j'étais loin d'embrasser comme un poisson. Je ne me souviens pas de la suite exacte, mais on s'est retrouvé finalement dans son lit et on a fait l'amour. Elle avait une belle chatte trimée et ma queue était bien serrée dedans. Je n'ai pas réussi à la rentrer vraiment au complet et à la baiser comme telle, elle hésitait et ne voulait pas y aller à fond, je sentais qu'elle se retenait... J'ai appris par la suite qu'elle avait vécu une grande peine d'amour il y avait de cela deux ans, et elle ne s'en n'était pas encore remis. Elle ne couchait avec aucun homme, et n'aimait aucun homme. En fait, elle avait peur de retomber amoureuse, et peur de s'engager dans une relation qui pourrait la rendre malheureuse.

Avant de la quitter ce soir-là, je me souviens qu'elle m'a plaqué contre le mur et que nous nous sommes embrassés intensément et à pleine bouche dans le portique pendant une bonne vingtaine de minutes. Les passants déambulaient en face de l'appart et voyaient dans l'obscurité ce qui semblait être deux personnes en train de s'embrasser passionnément derrière la buée qui s'accumulait dans la vitre de la porte d'entrée. J'avais peur qu'on pense faussement de l'extérieur que c'était une agression et qu'on alerte les flics, puisque c'était assez intense notre affaire, ça ressemblait à une lutte, une lutte contre nos pulsions sexuelles! Je me demandais comment qu'on faisait pour ne pas retourner dans le lit et baiser sauvagement comme des bêtes! Mais elle s'y opposait, elle ne se sentait pas prête et trouvait qu'on allait trop loin, trop vite.

Finalement, on s'est revus plusieurs fois. En même temps, j'avais d'autres maîtresses avec lesquelles c'était très sexuel, et je l'avais mise sur la glace en tant que blonde potentielle. Je savais qu'elle ne voulait que de l'affection et des caresses, et non du sexe hard. Alors on passait une soirée ensemble chez elle, on écoutait un film bien collés l'un contre l'autre, elle se sentait bien dans mes bras, on s'embrassait longuement et tendrement, je lui faisais des petits massages lorsqu'elle ne filait pas, puis je quittais, sans rien attendre de plus d'elle, car je ne pensais pouvoir occuper que le rôle d'un «homme de remplacement», c'est-à-dire d'un homme qui réapprend à aimer et à baiser aux coeurs brisés en mille morceaux. J'ai su bien plus tard qu'elle avait des sentiments pour moi et qu'elle m'aimait par un «incident» avec une des ses amies, mais j'étais déjà rendu loin et je ne pouvais plus me permettre de réessayer avec elle.


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