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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 11 janvier 2010

Mimer la non-divinité

27/5/7
Le sens de cette pluie. Tout peut avoir un sens différent à un moment donné. Parfois elle me rend joyeux, parfois elle me rend triste. J'accepte souvent avec plaisir qu'elle tombe et coule sur moi, car cela fait partie de mon acceptance des éléments, et de ma vie fragile. Autrefois, par contre, alors engouffré dans mes projets aliénants, je rêvais que la pluie soit éliminée par un quelconque procédé technique : je la trouvais inutile. Depuis que ces projets sont tombés à l'eau, j'aime la pluie.

Le plus grand amour est parfois un prétexte pour libérer la bête sexuelle en nous, puisqu'il mène à l'échec, loin de l'amour. Ces amours brisés sont finalement heureux, tout en croyant qu'ils ne le seront pas. C'est l'affirmation tortueuse de l'animal en chacun, mais que personne n'accepte et ne veut s'avouer. L'amour est un détour pour arriver à l'animal en nous.

La seule différence entre l'animal et nous, c'est que nous savons ce que nous faisons, mais que néanmoins, nous ne pouvons pas plus nous en empêcher, tout comme lui.

Le criminel ne pense jamais aux autres que pour servir ses propres intérêts, et c'est son crime.

Le pouvoir politique du voile : cacher le visage de l'autre, c'est l'effacer en tant qu'individu, lui enlever son identité et ses droits.

Lévinas et le visage d'autrui.

28/5/7
Je ressens en moi depuis quelque temps un incroyable sentiment religieux. Je me sens détaché de toute forme humaine, détaché des désirs, détaché de tout. Je sens que j'ai atteint la perfection d'une certaine forme en moi-même. Je ne sais ce qui se passe en moi, mais je me sens profondément pur, profondément religieux. J'ai probablement atteint un point d'équilibre.

Je ne suis plus de ce monde. Jamais je n'ai connu en moi-même une aussi grande volonté de pureté et de dépouillement et d'unité avec moi-même et avec le tout.

Je ne perçois la beauté que mathématiquement et de façon détachée. Elle ne signifie plus rien pour moi par elle-même. Je n'ai plus d'envies, aucune envie ne se trouve en moi; je suis comme revenu à un état d'avant la puberté où la beauté ne m'était d'aucune utilité. La beauté est inutile, et la laideur ne change rien. J'ai absorbé la beauté et je la trouve en moi, les motifs de mon esprit la produisent et j'arrive à m'insérer entre ses interstices.

La disparition de l'envie et du désir, le repos en soi.

Je célèbre ces nuits passées seul à méditer sur l'existence. J'ai toujours été seul, et c'est ma nature profonde que d'aimer la solitude; j'aime voir le monde, l'observer seul et me concentrer en moi-même jusqu'à la densité extatique. Je traverse alors dans un autre monde, au-delà de la parole et de l'action. Je ne peux que contempler ce monde absolument merveilleux.

Le détachement s'accorde très bien avec la sérénité, mais pas avec ce monde. Pour vivre en ce monde, et le vivre, il faut éprouver un manque, mimer un manque, le manque fondamental dont ce monde est habité : la non-divinité.

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