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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 1 janvier 2011

Le paradoxe des cadeaux «inutiles»

Un cadeau «inutile» typique ne paraît justement pas inutile de prime abord, comme ce merveilleux pot à fouetter du chocolat chaud...


ou cette pierre à griller...


On se dit en le déballant qu'on va essayer ça, de la viande grillée sur une pierre, que ce pourrait être amusant, qu'on va faire une petite soirée entre amis autour de la pierre à griller, à jaser, à se bourrer la face de viande grillée sur une pierre à griller, mais au bout du compte, quand on arrive à la maison, on sacre la boite dans l'armoire, pis elle finit là, elle reste là pour des mois voire des années sans être utilisée, et puis, finalement, un beau jour, on se résigne lors d'un «grand ménage du printemps» à la jeter aux poubelles, là où elle devait aller avant même d'être conçue en industrie...

C'est la même chose pour le pot à fouetter du chocolat chaud: on se dit qu'on va enfin pouvoir se faire du «vrai bon chocolat chaud», et on imagine des hivers très froids, et des dedans très chauds et chaleureux avec son copain ou sa copine, près du feu, en buvant une bonne tasse de «pur bonheur», mais une fois arrivé chez soi, on sacre le pot dans l'armoire et ça finit là, jusqu'au jour fatidique où il sera évacué avec le reste des autres cochonneries qui encombrent nos armoires lors d'un «grand ménage du printemps»...

Si nous nous imaginons tout ça en déballant ces cochonneries, c'est parce que nous sommes des pros en «automarketing»... C'est notre «vendeur intérieur» qui nous fourre... Ce petit lutin né des commerciaux de chars...

Quand on regarde ça de même, il n'y a pas que ce genre de bidules, dignes résultats du «progrès», qui sont inutiles: les grosses piles de livres de Ken Follett qui s'amoncellent dans les librairies et qui fondent, étonnamment, à vue d'oeil, sont autant «inutiles», puisque rares sont ceux qui vont réellement se taper Un monde sans fin ou Les Piliers de la Terre jusqu'à la fin...

Encore là, ce sont de grosses briques «inutiles» qui ne seront pas lues, parce que le livre est trop gros, que c'est trop long, parce qu'on n'a jamais le temps de «s'asseoir dans son fauteuil avec sa pipe au coin d'un feu» et lire ces grands livres fascinants... En revanche, ils feront «bonne parure» dans notre bibliothèque, et c'est là, précisément, qu'ils finiront...

Ceci résume en gros le mode de vie capitaliste: l'art de faire des bidules dont on n'a pas besoin et de les vendre aux gens en faisant travailler leur imagination... Paradoxalement, l'impératif de «sauver constamment du temps», parce que «le temps, c'est de l'argent», est une perte de temps totale et une course au pur gaspillage, puisque la plupart de ces choses finiront à la poubelle ou ne seront pas utilisées...

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