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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 1 janvier 2011

Mon grand-père est mort à Noël...

Il est mort à 94 ans dans l'aile de soins spéciaux où il était, probablement de la grippe. Il ne filait pas bien depuis qu'il avait pris le vaccin contre la grippe. Ma grand-mère n'a pas pu le voir pour Noël parce que son aile était en quarantaine à cause de la grippe justement... Elle a en voulu apparemment au personnel de l'établissement de l'avoir empêchée de voir son mari avant qu'il meure... C'est compréhensible.

On ne peut rien faire sans qu'on cherche constamment à nous protéger, même si c'est pour le pire... À quoi cela sert-il de la protéger de la grippe si elle ne peut pas pour Noël voir son mari avec qui elle a passé 70 ans de sa vie?

Pour ma part, je n'avais pas une bonne relation avec mes grands-parents du côté de mon père depuis au moins 17 ans... J'avais décidé à un moment donné de ne plus leur parler, même si ma grand-mère voulait, elle, me reparler il n'y a pas longtemps... J'ai dit à ma mère qu'elle pouvait m'appeler, mais elle a toujours eu peur de le faire... Elle a peur j'imagine que je lui reproche des choses... Par exemple, que je lui reproche de ne m'avoir pas aidé lorsque je l'ai appelé pour lui demander de m'héberger temporairement dans la chambre d'invité du sous-sol, puisque j'étais dans la rue... C'était la seule personne qui me restait, ma famille ne voulant pas m'aider...

Je n'irai pas à l'enterrement, et je ne reparlerai pas à ma grand-mère... Je n'irai pas à l'enterrement parce que mon père ne sera pas là: il doit rester dans son pays pour faire des traitements de chimiothérapie... Je ne sais pas s'il va passer l'année... J'ai recommencé à lui parler depuis que j'ai appris la nouvelle il y a quelques mois déjà, mais les dialogues sont courts... On ne se parlait plus depuis des années... Puis, tout d'un coup, il me dit qu'il m'«aime»... Pourtant, c'est lui qui m'a expulsé de la maison alors que je n'avais pas terminé mes études... Il avait besoin de «liberté» je suppose... Il m'a condamné ainsi à végéter d'emploi minable en emploi minable pendant pratiquement 20 ans... Je suis devenu dépressif et j'ai essayé plusieurs fois de me suicider, ne pouvant faire ce que je voulais faire; finalement, j'ai perdu espoir, je me suis découragé et me suis résigné à mon sort, c'est-à-dire à mourir lentement d'une vie insignifiante dans les marges de la société...

La vie est une saloperie...

Je me retrouve à la fin écrasé sans pitié comme un déchet...

On me demande d'avoir un «coeur»...

J'en ai un pour les animaux, mais rarement un pour les humains, j'ai assez goûté à la médecine de ces enfants de chiennes de crisse de sales...

L'an passé, lorsque ma tante est morte d'un lymphome, ma mère a acheté un lot sans m'en parler, pour que nous soyons enterrés tous à la même place, cordés comme des sardines avec notre ticket pour le Ciel, mais j'ai refusé d'être enterré à côté d'elle ou d'un autre membre de ma «famille»... Premièrement, je lui ai dit que je tenais à être bouffé par de beaux gros vers luisants et non pas à être incinéré comme elle le voulait... Et deuxièmement, je lui ai dit que j'allais être enterré aux côtés de ma fidèle compagne qui m'a tant aidé à me sortir de la merde après toutes ces années passées à me reconstruire, c'est tout... J'imagine que ce fut comme une claque en pleine face pour elle...

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