Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 8 octobre 2009

Sur l'art de disjoncter

Je vous soude un casque sur la tête qui fait jouer ça en boucle jour et nuit, et je vous fous dans une cellule pour une durée indéterminée...



Première étape : vous allez trouver ça drôle. Deuxième étape : après quelques heures vous allez commencer à être tanné. Troisième étape : ça va commencer à «tourner» et vous allez «perdre le fil». Quatrième étape : vous allez popper toutes les pilules qu'on vous donne pour vous «calmer» et de même, vous allez boire tout l'alcool qu'on vous donne : vous cherchez par tous les moyens à échapper à cette musique qui est devenue une «agression». Cinquième étape : les pilules et l'alcool vous «aident», mais en contrepartie votre «personnalité» et tout votre être se désagrègent. Sixième étape : le langage se décolle de la réalité, vous pleurez jour et nuit, et pour terminer, vous pleurez, mais plus aucune larme ne coule de vos yeux. Septième étape : vous retombez en enfance et recommencez à sucer votre pouce. Huitième étape : vous êtes total fou. Neuvième étape : on fait un scan de votre cerveau et c'est comme si on avait passé un grinder dedans, c'est absolument lisse, il ne reste plus aucune trace de «vous» ni du «monde» en vous. Si on vous compare à un légume, le légume a plus de «présence». Dixième étape : vous êtes fin prêt à aller vivre en Corée du Nord et à devenir un «citoyen modèle».

Bref, les différentes étapes de la douleur finissent, au bout du compte, par achever quiconque. Selon les résistances des différents individus, on pourrait ajouter quelques étapes de plus, mais le corps a ses limites, qui sont comme des lois en physique, et inévitablement tout finit par «casser».

Je réfléchis sur la douleur et l'exemple que je donne est évidemment cocasse, mais pensons, par exemple, à ceux qui souffrent d'acouphène : ces gens ont précisément le même problème. La souffrance causée peut être supportable jusqu'à un certain point, mais après, elle s'insinue si profondément dans l'être qu'elle réussit à tout décâlisser.

sans conclusion...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire