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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 1 octobre 2009

Je devrais me raser 3

Je n'ai rien à dire de ces temps-ci, parce que j'ai décidé d'enrayer le «négatif». J'ai effacé tous les messages qui me «dérangeaient», qui me ramenaient trop en arrière. Je n'ai plus rien à foutre de cette époque, de ces problèmes. Le suicide de Nelly m'a beaucoup fait réfléchir à tout ça, cette manie de la confession. J'ai vu un livre de psycho qui s'intitulait Le besoin d'avouer, c'est effectivement ça le problème. Cette obsession de tout vouloir mettre au clair, avant, c'était avec le prêtre, aujourd'hui c'est avec les psychologues et le public en général.

Autant nous étions obsédés par Dieu et la religion, autant nous sommes obsédés maintenant par la psycho pop, mais on ne comprend pas davantage l'être humain. Ce sont les mêmes mécanismes qui se répètent, les mêmes comportements, mais sous d'autres noms. Et je suis plutôt enclin à penser avec le Machiavel des Discours sur la première décade de Tite-Live que «les hommes ne changent pas vraiment».

Je regardais l'entrevue de Nelly avec Christiane Charrette en 2001 : c'était encore la même histoire : on n'était pas «intéressés» par son livre, on était intéressés par «elle», la créature, l'ex-catin. Je trouvais cela très triste, tout ce cirque autour d'elle. On voulait de la confession à la Chritiane F.; on voulait une martyre; on voulait voir des plaies. Je ne veux pas comparer Nelly à un prophète, mais il y a une très belle image dans la Bible : «Jésus a montré la voie, mais les gens sont restés les yeux fixés sur le bout de son doigt». La preuve a été faite des milliers de fois et c'est pratiquement un théorème mathématique, les gens «en masse» sont comme ça, il n'y a rien à faire. La masse est comme chargée de crucifier l'individu «singulier», c'est inévitable, il est trop différent du troupeau. Elle sacrifie toujours le particulier à l'universel.

L'humanité est toujours à la remorque de celui qui voit plus loin, mais bien souvent, il est comme ce cheval fouetté violemment dont Nietzsche enlaça l'encolure en sanglots pour finir par s'effondrer, irrémédiablement brisé, fou.

L'homme est un «animal rationnel», mais la plupart du temps ce qu'il a de «raison» ne lui sert pas, au contraire. Je serais intéressé de savoir à quel pourcentage l'homme est-il un animal. Tous les comportements «automatisés» comme conduire, se laver, manger, etc., les «réactions» émotives, les fonctions vitales, les «opinions» jusqu'à un certain degré, la sexualité, c'est de l'«animal». La «conscience» ne participe que très peu à notre vie de tous les jours. On se réveille par moments et on se dit que «le temps passe vite», parce qu'on n'est pas «là».

Effectivement, Heidegger a insisté là-dessus par la suite, l'homme n'est pas un Dasein (être-là), mais un Wegsein (ne-pas-être-là), et lui-même ne devait pas faire exception.

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