Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 17 septembre 2009

L'insoutenable légèreté de l'«autre»

Imaginons une femme «standard»; qu'il y a un seul type de femme sur toute la planète, et qui nous raconte à chaque fois les mêmes bobards en nous lançant à chaque nouvelle rencontre «Hé hé, allo, c'est encore toi!», est-ce que l'homme, dans ce cas, serait toujours autant tenté d'aller voir «ailleurs»? La réponse est : «oui». Et pourquoi donc? -Parce qu'enfreindre l'interdit est toujours excitant, ne serait-ce que pour vérifier qu'elles sont vraiment toutes identiques.

Je pensais au mythe originel d'Adam et Ève et aux machines. Ma réflexion m'a fait remettre en question la définition de l'homme en tant qu'«animal rationnel». Je crois plutôt qu'un être humain digne de ce nom est avant tout «désobéissant». Une machine ne désobéit jamais. Un animal, assez souvent. Les machines et les animaux ne se recoupent pas, mais pouvons-nous nous définir par rapport à la machine, qui est une entité non naturelle, de notre propre fabrication? Possiblement. La machine ne désobéit jamais, et si elle le fait c'est parce qu'elle est brisée ou qu'elle a été programmée pour désobéir à l'intérieur de certaines limites, elle continue donc toujours d'obéir dans une désobéissance qui n'en est pas vraiment une. Alors, ce qui caractérise de façon essentielle l'être humain, c'est qu'il désobéit. Il se donne sa propre loi, s'autodétermine (je pense à Kant, mais sans plus). Je pense au danseur et à sa danse : il décide à chaque instant de ses propres gestes, de ses prochains mouvements, qui sont à chaque fois création sur-le-champ, en mouvement. Si une «machine» était seulement capable de danser (je n'ai pas dit éprouver des secousses musculaires en tout sens) et de créer ses propres chorégraphies, elle serait déjà très proche de ce que nous appelons un être «humain».

On pourrait, selon moi, identifier «conscience» et «capacité à désobéir», ou encore «capacité à se donner sa propre loi», «capacité à s'autodéterminer». Je crois que le «test de la pomme» dans le mythe originel en révèle beaucoup sur la nature humaine, sur ce qui fait l'«humanité» de l'homme. Ève, en désobéissant à Dieu même, le Big Boss (imaginez, faut le faire!), a prouvé par sa conduite qu'elle était humaine, ou «consciente» si l'on veut, ce qui est selon moi une notion plus mystérieuse, se rapprochant de l'âme et que je préfère rejeter. En tant qu'«autodéterminante», Ève appartient à une autre classe que celle des animaux, qui sont en grande partie «déterminés», et ce «test» est une métaphore pour illustrer l'«essence» de l'homme ou la nature humaine. Par contre, en ce qui concerne Adam, rien n'a encore vraiment été prouvé, à part que c'était un «innocent».

Aucun commentaire:

Publier un commentaire